mardi 4 janvier 2011

Rêve du roi Loth



Rêve du roi Loth
Une horrible tempête
Le conte dit ici que, après avoir réparti leurs troupes comme on l’a dit plus haut, le roi Arthur et le roi Ban se mirent en marche contre leurs ennemis. Ceux-ci ne s’étaient pas souciés d’établir des gardes ou des veilleurs dans le camp ce soir-là, mais ils étaient tous allés dormir. Toutefois, il advint — ce qui joua en leur faveur — que tous les princes étaient venus dormir sous la tente du roi des Cent Chevaliers, bien convaincus qu’ils n’avaient rien à redouter. Pendant qu’ils dormaient ainsi, il arriva que le roi Loth fit un songe très réel et très horrible : il avait l’impression qu’un vent se levait, si violent qu’il abattait toutes les maisons et tous les clochers de l’endroit où ils se tenaient ; après retentissait un coup de tonnerre accompagné d’éclairs, si fort que tout le monde tremblait de peur ; encore après venait un raz-de-marée si puissant qu’il emportait toutes les maisons, ainsi qu’une part de la population, et lui-même était en grand danger de se noyer dans ces flots. Le roi s’éveilla de frayeur et fit le signe de croix, car il était épouvanté par son songe ; il se leva, se prépara, et alla réveiller ses compagnons auxquels il raconta sa vision dans les moindres détails. Ils lui demandèrent de quelle direction il avait vu venir le raz-de-marée, et il leur répondit que l’orage et la tempête venaient, à son avis, du côté de la forêt. Ils dirent alors qu’ils savaient désormais qu’ils ne tarderaient pas à être pris dans une grande bataille. Ils se levèrent donc à leur tour, réveillèrent tous les chevaliers qui étaient sur place et leur commandèrent de monter à cheval et de fouiller toute la région environnante. Le roi Loth lui-même s’arma et se prépara avec soin.

Anonyme
Le livre du Graal
France   1230 Genre de texte
roman en prose
Contexte
Lors du couronnement du roi jeune roi Arthur et de son accession difficile au pouvoir, plusieurs de ses rois vassaux s’opposent à son règne. S’ensuit alors une guerre entre Arthur et ses sujets insoumis. Un soir qu’Arthur et ses alliés s’apprêtent à attaquer un camp ennemi à Bédingran, le roi Loth d’Orcanie fait un rêve grâce auquel il est averti de l’assaut imminent.
Texte original Or dist li contes que quant li rois Artus et li rois Bans orent ordené lor batailles, issi come li contes ot devant devisé conment, il se furent mis a la voie pour aller sor lor anemis. Et cil ne misent onques escergaite en lor ost gaitier icelui soir, ains alerent tout dormir, mais de tant lor avint il bien que tout li prince jurent el tref le roi des .c. Chevaliers, ne il ne quidoient avoir de nului regart. Et ensi com il dormoient si avint que li rois Loth feri en un songe molt fort et molt espoentable, car il li estoit avis qu’il veoit un vent lever si grant et si fort qu’il abatoit toutes les maisons et les clochiers la ou il estoit. Et aprés vint uns tonnoiles et uns despars si grans que tous li mondes trambloit de paour. Et aprés ce venoit une grant aigue si bruiant que il amenoit toutes les maisons aval et une grant partie de la gent et il meïsmes estoit en grant peril de noiier en l’aigue. En ce que li rois estoit en tel fraour, s’esveilla et se seigna car mot fu espoentés de cel songe qu’il avoit songié. Si se leva et apareilla et ala a ses compaingnons et les esveilla et lor conta sa vision ensi com ele il estoit avenue. Et il li demanderent de quel part il veoit l’aigue venir. Et il lor dist que devers la forest venoit tous li orages et la tempeste, ce li estoit avis. Et il dient qu’il sevent bien de voir qu’il auront par tans bataille grans et merveillouse. Si se leverent et esveillierent tous les chevals qui laiens estoient et les conmandent a monter et a chercier tout le païs environ. Et li rois meïsmes s’arme et atourne molt bien.

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