Chacun de nos rêves est le reflet de notre âme. Mohamed Chéguenni
jeudi 10 mars 2011
Rêves d'enfants
Le fait qu'au cours de la consultation psychologique des personnes parlent souvent d'un de leurs rêves d'enfant, ne nous permet pas de contourner un chapitre par ailleurs inaccesible à l'amateur qui veut lui-même interpréter de tels rêves. Ces personnes remarquent qu'un de ces rêves est revenu à plusieurs reprises. : c'est par exemple une énorme masse gris noir qui fondit sur eux, c'est une grande femme debout à la porte de la chambre à coucher, ou encore une immense masse d'eau qui coule dans la rue. Ils disent aussi avoir souvent participé à un combat ou vu un oiseau merveilleux et multicolore assis sur le rebord de la fenêtre qui se mirait dans le bassin du jardin. Certains de ces rêves ont l'air d'être directement découpés dans un conte.
Vers la troisième année de sa vie, l'enfant commence à être relativement conscient de ce qui se passe. Il racontera qu'au cours de la nuit, il « a vu quelque chose ». Cet événement interne n'est évidemment pas nettement délimité par rapport aux réalités de la journée. A cet âge, sa vie elle-même est un peu conçue comme un rêve, un rêve dans lequel il projettera, une fois parvenu à un certain âge, un intense sentiment de bonheur.
Spitteler raconte dans une vision rétrospective de sa première enfance : «... les paysages des rêves d'adultes ont beau avoir des qualités merveilleuses, les paysages que peignent les rêves d'enfant sont encore bien plus doux et plus délicieux. Les deux premières années de ma vie constituent ma plus belle collection d'images et mon livre de poésies préféré. » Voilà bien un intense sentiment de bonheur projeté sur les rêves d'enfant. Entre trois et sept ans, il arrive que les enfants racontent au matin le rêve de la manière suivante : « J'ai pensé quelque chose de très drôle cette nuit ». Ou bien : « Cette nuit en dormant, quelque chose de merveilleux m'est venu à l'esprit ». Ou encore : « J'ai eu peur cette nuit, mais j'ai quand même dormi. Maman était partie et il y avait à sa place trois vieilles femmes qui me regardaient méchamment. Elles voulaient me donner quelque chose que je devais manger. J'ai refusé, mais je crois que j'ai finalement accepté ». Certains enfants éprouvent évidemment de la difficulté à accepter la vie qui se trouve devant eux, à la digérer. Il n'y a que des peintres et des poètes enfantins pour représenter les Trois Parques sous une forme aussi inofîensive, qui correspond à la qualité de leur propre mentalité.
Ce n'est pas le lieu ici de parler en détail de la psychologie du petit enfant ; celle-ci est déterminée par le fait que le nouveau-né est le plus âgé des êtres humains, car il n'est encore rien d'autre qu'un passé impersonnel — une masse héréditaire et une entéléchie qui commence à l'instant à se réaliser. Il participe encore magiquement à un autre monde qui lui apporte en rêve le symbole d'une vie future tiré d'une inépuisable réserve d'images vivantes.
Remarquons tout de même au sujet des enfants, que ce sont particulièrement ceux d'entre eux qui ont une jeunesse heureuse, qui vivent entre parents s'aimant tendrement, qui sont par ailleurs tourmentés par des rêves pénibles. C'est comme un avertissement, une préparation à ce que peut être l'existence humaine, c'est-à-dire un horrible calvaire, un labeur dont on ne peut venir à bout qu'à force de peur, de sang et de larmes. Voilà ce que l'inconscient peut vouloir leur apprendre. Nietzsche émet l'idée que dans les rêves l'homme s'exerce en vue de situations futures.
L'activité incompréhensible des adultes se reflète souvent d'une façon angoissante dans les rêves d'enfant — qui seront eux aussi un jour des adultes, incompréhensibles dans leur activité et encore plus incompréhensibles dans la façon de supporter leur destin.
Certains rêves d'enfant sont même le reflet d'une future incapacité caractérielle, d'un manque de vitalité ou d'une mort prématurée, événements qui anticipent l'avenir car ils sont exprimés par un savoir venant d'un fondement psychique universel. Nous reviendrons sur ce phénomène à propos d'autres problèmes.
Les rêves d'enfance dont nous nous souvenons encore plus, tard, qui nous apparaissent beaux et étranges dans l'aurore d'une lointaine jeunesse, étaient et sont encore d'une très haute importance. En eux s'est révélée dès le début de la vie — l'expérience pratique le prouve abondamment — l'expression symbolique de tout un plan de vie. En faisant plus tard la comparaison avec les événements, on voit combien souvent l'âme savait à l'avance jusque dans les infimes détails quels seraient la direction, le mode de vie et les difficultés du destin. Ce qui nous avait frappés étant enfants a touché de ce fait des points latents en nous. Il est naturellement difficile de réunir après coup tout le matériel qui a jadis servi au rêve, d'en expliquer tout le contexte dans ses lointaines ramifications. Le fait que les rêves d'enfant contiennent parfois l'expression symbolique de leur vie future ne doit pas inciter les parents et les éducateurs à questionner les petits au sujet de leurs rêves et encore moins à commenter ceux-ci quand ils leur en font part. Mais ils seront certains que leur fiston est en bonne voie lorsque celui-ci leur dit un jour : « Je suis allé dans une forêt. Alors le loup est venu ; j'ai eu très peur. Mais il ne m'a pas mangé, c'est moi qui l'ai mangé. Après ça mon ventre était tout gros ! »
Lorsque des enfants font souvent des rêves d'angoisse, d'incendie ou de cambrioleurs, les parents feront alors bien de se demander, comme nous le dirons plus loin, si leur propre vie est normale, s'il n'y a pas des tensions latentes, de graves conflits de ménage qui influencent l'inconscient de l'enfant. Car l'enfant est véritablement relié à l'inconscient de ses parents, il participe à leur existence sans le savoir, il est un lieu de résonance.
Les enfants qui d'eux-mêmes racontent leurs rêves peuvent montrer aux parents combien ceux-ci se trompent de route, ils peuvent leur donner l'occasion de réexaminer et d'améliorer le contenu et la forme de leur communauté. La psychologue américaine F. G. Wickes écrit : « Le fait qu'un enfant se réveille après un rêve ou raconte celui-ci sans angoisse ni émotion apparentes, est le signe et la preuve que cet enfant se sent à l'aise parmi les siens. » Un tel récit, il faut l'écouter comme une histoire gaie, bizarre ou triste, en montrant selon le cas telle ou telle mimique expressive compréhensible à l'enfant. Lorsque nous pressentirons le sens pénible et douloureux d'un rêve, nous le garderons pour nous, mais nous essaierons de préserver l'enfant des dangers qui l'attendent dans la vie tout en renforçant sa confiance et le sentiment de sa propre force.
L'interlocuteur ne doit jamais faire part à l'enfant des menaces qui le guettent pour ne pas augmenter son angoisse, car son esprit n'est pas mûr, il n'est pas assez fort pour un tel enseignement.
L'interprétation des rêves d'enfant est une entreprise extrêmement délicate même pour celui qui possède les connaissances scientifiques et psychologiques requises. Le mieux est de ne pas y toucher.
Mais adulte, on essaiera de reprendre ses propres rêves d'enfance, d'en comprendre la profonde portée, profonde parce que les rêves sont encore vivants dans notre mémoire. On sera étonné de reconnaître combien de motifs et de problèmes de notre vie ont déjà été indiqués dans de précoces rêves enfantins et sont en gros toujours restés les mêmes. Si les choses allaient bien, nous avions alors pas à pas, de plus en plus consciemment lutté et surmonté ces problèmes pour notre plus grand profit. Peut-être avons-nous reçu la grâce de résoudre ce que la vie nous a donné sous une forme chaotique.
Après-coup
Définition :
Réactualisation dans le présent du sens attribué par le passé à un évènement oublié. Un fantasme, une expérience ou un souvenir de l'enfance peuvent être perçus totalement différemment à l'adolescence lors de l'apparition des pulsions sexuelles adultes ou sous le coup de l'acquisition de connaissances donnant un sens nouveau à l'évènement refoulé.
Certains souvenirs parasites peuvent réapparaître et ainsi se voir donner un sens qui ne peut être admis par le conscient. Refoulé sous le coup de son nouveau sens, le souvenir devient alors parasite.
Lorsque d'anciennes impressions et traces mnésiques sont remaniées ultérieurement, elles se voient conférer à ce moment un nouveau sens et une efficacité psychique, grâce aux acquis du développement.
Exemple: Emma est envoyée, à 8 ans, faire des courses. Elle est victime d'attouchements dans un magasin, de la part d'un vendeur. Refoulé, cet évènement n'a pas de conséquence immédiate.
Mais plus tard, à l'adolescence, cet évènement ressurgit lorsqu'elle entre dans un commerce ou des commis rigolent.
Elle s'enfuit et développe ensuite une phobie des magasins.
Emma a en fait associé inconsciemment l'ancienne trace mnésique, inactive, avec ce nouvel épisode en fait sans rapport.
Emma a donc associé l'ancienne expérience pouvant maintenant être évaluée, du fait de son âge, avec la présence actuelle des commis. C'est "l'après-coup".
Freud a fait de l'après-coup (Nachträglichkeit) le caractère propre de la vie sexuelle. Parmi les souvenirs pénibles, certains seulement sont sujets au refoulement ; certains seulement peuvent susciter un affect que l'incident lui-même n'avait pas provoqué. L'explication de cette action différée propre aux images mnésiques de caractère sexuel est liée à l'hypothèse d'un « élément organique entrant en jeu dans le refoulement », plus précisément à celle d'un « changement de rôle » des sensations olfactives. Les stimuli périphériques et l'excitation organique interne étant insuffisants à déterminer la décharge sexuelle, il faut admettre l'effet à retardement de représentations spécifiques. « Nous devons supposer, écrit Freud, qu'à l'âge infantile les décharges sexuelles ne sont pas encore localisées, comme elles le seront plus tard, de sorte que les zones ulté […]
I- Depuis son premier repérage par J. Lacan dans le texte de L’homme aux loups, son déploiement initial par J. Laplanche et JB. Pontalis, puis l’extension et l’approfondissement qu’elle a connus grâce à de multiples et parfois remarquables travaux - notamment dans notre groupe - la notion d’après-coup est devenue une sorte de Schibboleth conceptuel de/pour la psychanalyse française. Elle paraît résumer, à travers la diversité des manifestations qui la font invoquer, la dimension temporelle, la forme de causalité les plus spécifiquement métapsychologiques.
Nul doute qu’une telle condensation soit propice aux malentendus : c’est pourquoi, il vaut la peine d’offrir à l’après-coup un après-coup à Deauville.
II- L’après-coup se saisit aisément à travers la théorie freudienne de la séduction et les deux temps du traumatisme. Il fait alors couple avec la mise en latence, et sous-tend la dynamique du refoulement. À partir de ce modèle première topique, l’après-coup habite toute la réflexion théorico-pratique sur le statut de la trace mnésique et les enjeux de ses remaniements. Le lien est dialectique entre remaniement pathogène et remaniement thérapeutique ; le postulat d’un après-coup symbolisant est un axe de l’association libre.
III- Sans doute est-ce à partir des remaniements métapsychologiques de 1920 - eux aussi après-coups des traumatismes de la clinique - qu’on peut réinterroger la problématique de l’après-coup en deuxième topique ; à la limite, la compulsion de pure répétition signerait la négativation de tout remaniement transformateur. Une manière de poser l’enjeu pratique face aux patients limites est de se demander comment faire émerger une capacité à l’après-coup.
Françoise Coblence et Jean-Luc Donnet
Sous l’influence de l’après-coup, la trace, notion statique, latente, dénuée de vie propre, prend vie, se ranime et, mobile, plastique, force agissante avec tous les caractères d’actualité et de réalité du présent, répète et transforme, impose au psychisme traumatisme, ouverture et déploiement. L’ « origine au présent » devient source permanente du devenir. L’association du refoulement à l’après-coup propose du refoulement une représentation qui est moins d’ouverture que de transformation, jusqu’à la métamorphose, et où se déploie la psyche.
Le contexte, littéralement ce qui entoure le texte, c’est l’éclairage, d’un texte , sa vivification. Le traumatisme est alors traité par le psychosoma comme un appel à la représentation. Cette conception où le vivant ne peut se développer que vers l’accès à la représentation va vers la créativité et peut offrir une voie où le salut se situerait dans la représentation et le langage.
La notion de l’après-coup interroge le fonctionnement linguistique et la position du sujet. Pour la philosophie taoïste, et les langues à prédicat, tout est dicté par le paysage , là où, les langues centrées sur le sujet insistent sur la part de maîtrise et de décision du je , ou du ich freudien. Lee Ufan , philosophe et sculpteur coréen envisage que pour que la pensée puisse être plus ouverte ( donc « créative »), il faudrait que le langage , dépassant le sujet ou le prédicat se consacre à la mise en valeur des relations dynamiques. Ce que Bion a mis en valeur, concentrant son intérêt non sur les choses mais sur l’analogie et le type de lien entre les choses.Sa notion de capacité négative complémentaire à l’attention flottante, permet un pont avec la philosophie des langues à prédicat et de l’Orient.
Bion, comme Meltzer, introduit des implications techniques à partir de l’idée d’existence d’une dimension esthétique de l’esprit, et envisage le cabinet psychanalytique comme un « atelier » à l’écoute des créations de forme ( en analogie avec les formes artistiques capables d’articulations avec les expériences émotionnelles qu’elles peuvent héberger, dont la signification n’est pas fixée et qui ont un degré élevé de non saturation et d’ombres. Cette dimension esthétique, poïétique, peut s’exprimer de façon noble dans la voie métaphorique au sein de l’espace multidimensionnel de la rencontre analytique marqué par l’altérité.
La notion freudienne d’après-coup se heurte à celle de Vérité. Il semble peu probable qu’il existe une vérité déposée en un lieu de notre psyche et que l’on exhumerait telle quelle , car si Freud emploie la notion de « stratification », il a déjà l’intuition que « les matériaux présents sous formes de traces mnémoniques se trouvent de temps en temps remaniés suivant des circonstances nouvelles » Or, il apparaît aujourd’hui que ce remaniement serait constant tant dans la psyche que dans son inscription dans le corps et les processus mnésiques. Il semble plutôt s’agir, dans ce qui fait retour, d’un matériel déjà transformé par l’autoérotisme ou la symbolisation de l’analyse ce qui rejoint l’idée de J. André de l’après-coup opérateur, transformateur , passeur, et le met au centre de création psychique.Freud livra un après-coup intime dans son souvenir d’enfance sur l’Acropole.
Les traces, constructions ou préconstructions, sont déjà reconstructions par rapport à d’autres suivant la place où nous les situons sur le curseur du temps et dans l’actualisation de la séance Freud, découvreur des théories actuelles de la science y eut sûrement réagi et, sa théorie, liée à la notion tant de trace que de localisations cérébrales issue des théories neurologiques de son temps eût pu en être remaniée dans l’après-coup des transformations des hypothèses biologiques. Si les processus de mémoire cérébraux traitent et choisissent les informations au fur et à mesure qu’ils les enregistrent , on a donc toujours affaire à du reconstruit , quelle que soit la forme « archaïque » qu’il puisse prendre dans les tableaux cliniques que nous sommes amenés à rencontrer.
La créativité est alors essentielle au vivant et aux processus psychiques, au sein même de la notion d’après-coup qui serait la mise en lumière de construction par reviviscence en séance et à travers celle-ci d’une création déguisée, pourvoyeuse ou non de formes dites artistiques. La créativité est représentée par quelque chose qui va « se faisant », un « ce faisant » porté par l’axe transféro-contre-transférentiel, un « first being » au sens de Winnicott , qualité du vivant et non événement, elle nuance l’aspect ponctuel et instantané du traumatisme.
L’interprétation mutative, « coup interprétatif », dont le pouvoir de création relance des potentialités restées virtuelles s’inscrit dans l’idée de la création. Elle serait métaphorisante par excellence.
Dans la perspective Freudienne, le créateur littéraire est un héros qui« écrirait son personnage de l’intérieur » et le soumettrait fictivement – et en mobilisant un jeu identificatoire – aux cheminements douloureux de son destin pulsionnel. On pourrait comparer la création d’un héros littéraire à un travail similaire à celui du rêve qui répartirait l’émotion éprouvée sur différents rôles. Par analogie fonctionnelle , l’analysant peut être entendu comme auteur d’une fiction privée et intime inscrite dans le lieu de la séance dans laquelle les personnages qui nous sont évoqués , reconstruits par l’imaginaire du patient dévoilent, en parole ou en geste, différentes identifications comme différents rôles du moi dont le processus ne serait pas sans analogie avec celui décrit par Proust « chaque être est détruit quand nous cessons de le voir , puis son apparition suivante est une création nouvelle différente de celle qui l’a immédiatement précédée, sinon de toutes »
Cette affirmation , qui suggère des constructions successives( donc un rôle de l’après-coup) éclaire le paradoxe philosophique qu’à chaque instant de la vie coexiste , sous le joug de l’après coup , je suis le même/ je ne suis pas le même . Paradoxe du vivant auquel n’échappe pas la biologie puisque toutes nos cellules meurent au fur et à mesure , et notre corps d’aujourd’hui , s ‘il est entièrement renouvelé par rapport à celui d’hier est pourtant toujours notre corps.
L’interprétation mutative est un cas particulier , « érigé », de la voie métaphorique, permanente de l’auteur de la psychanalyse. Le danger de la théorie de l’après-coup ne consisterait il pas à croire que l’analyse a élucidé la rétroaction pour mettre en évidence le lien entre un événement et le traumatisme et de mettre l’accent sur ce qu’aurait de trop obsessionnel l’après coup oubliant ce que sa découverte devait aux patientes hystériques, -et sans doute pas par hasard-. N’aurions nous pas avantage parfois à ré-hystériser le concept freudien d’après-coup ? L’une des racines de l’hyper-théorisation n’est elle pas la façon de réagir à l’obscur de la transformation psychique là où Freud lui-même définissait sa métapsychologie comme les échafaudages autour d’une construction que l’on puisse remettre en question à tout moment, autrement dit une métapsychologie au service de la clinique et pas l’inverse comme la séduction théorique risque parfois de nous y conduire, de nous y invertir ?
Il ne se passe rien et beaucoup de choses changent
Il existe cependant des indices pour suspecter à l’origine de ces changements dont l’analyste ne sait pas « par où ça passe » selon l’expression de P.Marty, un fonctionnement intrinsèque au langage lui même, la métaphore.
Paul Valéry affirmait « les évènements sont l’écume des choses » , soulignant la fascination de l’être humain pour l’événement. Pourtant dans l’analyse, souvent, il ne se passe rien et beaucoup de choses changent. La métaphore permet de se dégager du contexte tout en conservant des liens d’ancrage avec lui , d’éviter la tautologie illustrée par Gertrud Stein dans sa formule célèbre« une rose est une rose est une rose est une rose ».
De façon métaphorique, analyste et analysant bâtissent une demeure éphémère vouée à l’oubli, mise en abyme de l’éphémère intrinsèque à l’existence, de la même manière où Jabès écrivain en exil affirme que son œuvre poétique constitue sa demeure et où la patiente de J.André énonce « ici a été mon premier chez moi ».
Le « ramonage de cheminée » de l’hystérique se fait par le langage, même s’il est des après- coup dans la représentation silencieuse, le « happening analytique « est alors une métaphore en mouvement. L’idée de condensation est d’ailleurs commune à la métaphore et au rêve où la condensation onirique est un déguisement. La métaphore traduit la créativité déguisée.
La voie métaphorique
Au sein du processus analytique, existe, éclairé par l’après-coup, un travail de transformation aboutissant à une auto-création. Découverte et création fictive se combinent dans le révélation de sens nouveaux et l’élucidation du transfert. La prescription faite par Bion à l’analyste de supprimer toute mémoire et tout désir offre la voie à l’inconnu, à l’émergence d’une élaboration créative à deux, dans, par , au delà et en-deça de la répétition.
Le transfert peut y être considéré comme la métaphore par où s’effectue la mutation de sens. La métaphore, invention, transformation, transfiguration d’expérience multiples, illusion, voile certains registres pour en privilégier d’autres.
Tout langage, métaphorisant, crée et recrée, dans l’ambiguité et la polysémie, jette un pont, depuis le présent de l’énonciation, entre passé et futur en une intégration novatrice . Le contre-transfert de l’analyste influence le trajet de la transformation d’un processus créé par la patient en une représentation affective et idéelle . En ce sens il influe sur le transfert. Emerge alors , dans l’expérience ( c’est le propre du vrai self) de la séance, une formulation de ce qui n’était jamais advenu à l’existence psychique, jamais pensé.
La liberté de l’analyste est fondamentale pour se laisser toucher par des représentations informelles ou archaïques, par l’aspiration impérieuse à l’existence d’un jamais advenu ou accompli, en deçà de la répétition.
Si la métaphore est une voie royale pour l’analyse, elle n’est pas toujours possible d’emblée pour certains patients : si l’analyste est l’objet, chez les patients psychotiques par exemple , ou encore s’il n’a rien à voir avec lui,chez ceux décrits comme opératoires, la capacité de métaphorisation peut être très faible et avec elle le flux vital de l’analyse.
L’analyste tente alors de la favoriser ou de l’induire, imagine l’inimaginable, propose des formes à ce qui n’a encore que le statut d’une trace psychique et n’est pas né à la conscience du patient en tant que représentation. Une sorte d’hystérisation, où la construction interprétative sous-jacente est implicite, incombe alors à l’analyste pour donner forme à un irreprésentable dans un contexte de perte partielle de ses repères familiers et de vacillement recevant violemment la charge d’excitation liée aux expériences archaïques qui déborde le patient pour tenter de la mettre en scène et de lui donner forme métaphorique, au sein de son propre psychisme , dans le cadre contenant de la séance.
Anzieu qui lit le Freud de l’interprétation du rêve de l’injection faite à irma relève le passage du paysage(une vue) à une formule, « bellevue » une inscription, un panneau, quelque chose qui relève de l’ordre du code, du travail théorique, de la symbolisation déplaçable. Il reconnaît dans cette démarche et dans le travail créateur la capacité , -dont témoigne l’emploi de la métaphore -, de dépasser l’enlisement en court-circuitant les étapes intermédiaires sur le cheminement entre la perception et le registre du code théorique. Dans l’après-coup se dévoilent, à travers le trajet métaphorique, les significations masquées par le refoulement ou parfois par la projection.
Si la métaphore est la voie de choix pour l’accès aux contenus refoulés, de nombreux auteurs ont souligné l’intérêt des systèmes paradoxaux (et donc de la figure de l’oxymore) dans les clivages. Les interprétations paradoxales qui font varier le registre de l’après-coup dans une économie de chaos fécond, sont de maniement transférentiel délicat et nécessitent une confiance suffisante dans une relation de base.Dans les bons cas, elles rendent possible ensuite le recours métaphorique sur un matériau remanié donc l’analysabilité.
Parfois, chez certains artistes par exemple, le fonctionnement métaphorique est , en quelque sorte inactivé par un mode d’utilisation particulier multipliant les métaphores. Trop de métaphores y tue la métaphore. Elle y est néanmoins présente et audible .L’analyste alors doit renoncer transitoirement à l’exploiter directement et ,comme dans les arts martiaux accompagner le mouvement sans le contrer et sans forcément dévoiler son écoute ni interpréter en dépit d’un flux de matériel surabondant et lié de façon très ,sinon trop, claire. Le temps que s’établisse aussi un contact en deça de la parole. La parole est alors selon les termes de V. Novarina, metteur en scène et poète, « comme une danse d’attente en attente de la parole ».
Dans l’idée de déplacement de contexte à l’origine de la signification, le but c’est le chemin, pour qu’advienne la possibilité, à travers la métaphore de déployer de nouveaux espaces de significations. d’un scénario partagé, d’un espace commun pour l’écoute et l’observation, une sorte de « sens commun non commun » où l’analyste fait une transformation de la transformation qu’il entend du patient combinant son intuition psychanalytique avec l’utilisation de ses théories implicites. L’utilisation de la métaphore , dont la formulation peut être délibérément différée, est un acte où l’analyste met en scène sa créativité et se lie intimement à la notion d’après-coup. Forme de joute oratoire poétique avec ce qu’elle comporte de geste et de jeu ( au sérieux Winnicottien) la psychanalyse, lorsqu’elle interroge la notion de l’après-coup se doit, comme l’énonçait déjà C. David de rendre à la poésie ses droits.La traduction anglaise de « deferred action » serait compatible avec cette hypothèse.
(Texte de discussion au sein d'un atelier au 69 ème congrès des psychanalystes de Langue Française des Pays Romans sur le thème de l’Après-coup, atelier intitulé « Après-coup : la création déguisée ? Texte publié dans les Communications préalables au Congrès, avril 2009, PUF Editeur.)
Freud, dès 1895, dans l'Esquisse, avait pris comme modèle de l'après-coup précisément une problématique d'adolescence, celle bien connue d'Emma, cette jeune femme présentant la phobie d'entrer seule dans un magasin. Lors de l'investigation que Freud avait alors entreprise, était apparu le souvenir, à l'âge de 13 ans, d'être allée dans un magasin de vêtements où elle avait eu la conviction que les deux vendeurs se moquaient d'elle, riaient (il y en avait un en particulier qui semblait l'intéresser beaucoup mais qui la regardait d'un air goguenard), et c'est depuis ce moment-là, dit-elle, qu'avait surgi sa phobie des boutiques. Freud, très justement, s'interroge sur le lien de cause à effet entre les deux événements, lien qui n'allait pas de soi, d'autant qu'elle prétendait que c'était parce que ses vêtements étaient l'objet de moquerie qu'elle ne pouvait plus pénétrer dans un magasin: ce que Freud pointe comme proton pseudos (premier mensonge), c'est-à-dire comme une fausse connexion, un lien qui est fait là, apparemment en toute bonne foi, entre deux éléments dont le rapport de cause à effet est rien moins qu'évident. En poursuivant son investigation, il apprend que, quelques années auparavant, elle était allée se chercher des confiseries dans une boutique dont le patron avait essayé de lui caresser les organes génitaux à travers sa robe, avec une sorte de sourire sardonique. D'où le lien, alors établi par Freud, entre ce qui s'était passé à travers la robe et le sourire sardonique du marchand de bonbons d'une part, et les rires attribués aux vendeurs de vêtements d'autre part. Il montre ainsi comment le premier événement, effectivement traumatique, n'avait pu être intégré par l'enfant et que ce n'était que dans un second temps, dans un après-coup, que cette scène revêtait toute sa signification, dès lors qu'elle concernait une préadolescente prise dans sa problématique pulsionnelle et sa culpabilité. Cet épisode implique apparemment un traumatisme «réel.» Ultérieurement on s'est bien rendu compte que les choses étaient infiniment plus compliquées et que c'était à partir de tout ce qui était élaboration par le sujet, au niveau inconscient, de ses propres désirs, dans le registre de la séduction, de l'angoisse de castration, de la scène primitive, que les événements vécus se voyaient intégré au sein de cette problématique fondamentale, d'abord et avant tout pulsionnelle. L'après-coup ne s'en trouve pas pour autant remis en cause, dont l'adolescence constitue à juste titre le paradigme.
Rêves prémonitoires et rêves récurrents
Le monde des rêves n'est pas toujours agréable. Qui n'a pas fait de cauchemar? Voilà une sorte de rêve qu'on préférerait ne pas faire! Et pourtant les cauchemars sont aussi des messagers qui peuvent nous aider à comprendre nos peurs et beaucoup plus...
D'après Jeremy Taylor, auteur de l'excellent livre " Where people fly and water runs Uphill ", les cauchemars sont une façon pour l'inconscient de faire comprendre au rêveur l'importance du message qu'il essaie de lui envoyer. Le cauchemar impressionne beaucoup
plus qu'un rêve ordinaire, on ne l'oublie pas. En ce sens le cauchemar est bénéfique, et il faut lui accorder une grande attention.
Certains rêves peuvent mettre en évidence nos sentiments d'infériorité, le manque de confiance en soi vis-à-vis une situation. Ils peuvent aussi exprimer l'angoisse que nous vivons dans la réalité, ou encore le rêve nous fait réaliser notre peur d'avoir à affronter certains
problèmes. Tout cela se traduit en rêve par des agressions, des fuites, des combats disproportionnés et autres événements désagréables.
Les "mauvais rêves" ne sont pas en soi négatifs, au contraire. Ils peuvent annoncer un passage, une transition, une modification de notre moi. Ainsi il ne faut pas considérer les rêves de mort comme un mauvais présage, la mort symbolise le changement et une renaissance. Tout changement est difficile à accepter et à vivre, mais après coup on se rend compte qu'il apporte une grande richesse dans notre vie.
Les rêves récurrents
Il faut prêter une attention particulière aux rêves récurrents, c'est-à-dire qui reviennent souvent. Ils ont un message particulièrement important à nous transmettre et si nous ne prenons pas la peine de les comprendre ils reviendront hanter nos nuits encore et encore...Le rêve récurrent est en général un effort pour compenser un défaut particulier de l'attitude du rêveur à l'égard de la vie. Ou bien il peut remonter à un traumatisme qui a marqué l'individu. Il est possible également qu'un tel rêve soit une mise en garde, un avertissement ou une préparation qui anticipe un événement important à venir.
Il arrive un moment où nous devons faire face à notre peur, et pour cela on peut utiliser la technique du rêve lucide. Il s'agit avant de s'endormir de se programmer: à la minute où le cauchemar récurrent commencera, ou quand apparaîtra le personnage qui nous terrifie, nous deviendrons conscient que nous sommes en train de rêver et que nous pouvons affronter la situation sans danger. Il s'agira alors de sortir de sa terreur et d'affronter la Peur soit en parlant avec elle ou en la chassant, voire même en la tuant. Ce faisant nous prendrons conscience des racines de cette peur et nous l'éliminerons définitivement. Cette approche est efficace autant pour les adultes que pour les enfants. Pour les enfants on peut aussi proposer un objet-talisman à glisser sous l'oreiller et qui les protégera.
Les rêves prémonitoires
Les rêves qui annoncent un événement de façon très claire et précise sont beaucoup plus rares qu'on pourrait le croire mais cela peut se produire chez certaines personnes.
Il y a des rêves qui ressemblent à des rêves prémonitoires, mais qui ne sont que la projection de peurs ou d'attentes inconscientes; et il y a aussi de vrais rêves prémonitoires, qui sont faits par des gens qui ont une sensibilité particulière qui leur permet d'accéder à ce qu'on pourrait appeler la trame universelle. Dans le monde non-physique, le passé et le futur n'existent pas, de même qu'il n'y a pas de frontière entre les gens. Le temps et l'espace n'existent pas. Tout se déroule simultanément. En état de rêve (ou de voyance, transe...) on peut donc avoir accès à une scène d'un futur possible. Ou alors une information nous est donnée pour nous préparer à vivre un événement important mais difficile de notre vie.
Certaines personnes ressentent aussi en rêve les émotions très fortes vécues par des victimes de guerres, catastrophes ou meurtres. Ils apprennent après coup l'événement dans les nouvelles et pensent qu'ils ont fait un rêve prémonitoire, mais il s'agit plutôt de rêves télépathiques.
Il faut considérer tout rêve dans son aspect symbolique. Les vrais rêves prémonitoires sont différents des rêves habituels, on en garde un souvenir très précis, ils sont très réels, et on ressent des émotions très intenses. Il faut garder à l'esprit que les rêves sont là pour nous
aider, pas pour nous faire peur. Alors plutôt que d'angoisser quand un tel rêve se produit, il vaut mieux garder son calme et imaginer un scénario différent mais positif pour désamorcer la peur. Il faut arriver à comprendre de quelle façon ce rêve cherche à nous aider, et parfois cela prend des années avant que l'on comprenne la portée d'un rêve. Donc, patience! Certains rêves sont prophétiques, d'autres sont là pour nous avertir, de sorte qu'en changeant certains comportements ou attitudes on évitera des situations désagréables. Il peut même arriver que ces rêves nous sauvent la vie, comme celui d'un policier qui rêva qu'il inspectait une maison qu'il croyait déserte et fut attaqué par derrière à coups de hache. Quand ce policier se retrouva dans la même maison que celle de son cauchemar, le souvenir de ce rêve lui sauva la vie.
Les rêves et leur symbolisme
Lorsqu’on dépouille les complexes des rêves de leur revêtement imaginatif, en apparence absurde, on s’aperçoit qu’ils mettent à nu les profondeurs de l’inconscient. L’homme apparaît dès lors dans le rêve tel qu’il serait sans culture et sans son adaptation aux exigences éthiques : égoïste, féroce, soumis aux impulsions les plus immorales de la vengeance, de la haine, du désir sexuel, de l’instinct brutal. Il redevient ce qu’il était jadis, aux premiers âges de son développement, pervers polymorphe et d’une immoralité foncière. L’instinct qui se révèle le plus fréquemment et le plus énergiquement en lui est, bien entendu, l’instinct génital ; toutes les satisfactions érotiques refoulées du névropathe, toutes les habitudes infantiles auxquelles il n’a pas renoncé dans l’inconscient, tous les complexes parentaux font leur apparition.
Charma (1851) et Maury (1861) avaient dit que les passions et les désirs de l’homme se manifestent plus librement dans le rêve que dans la pensée de la vie : “L’âme étant en un profond repos et en son calme, on découvre comme en un fond clair ses vraies affections et convoitises et bien souvent ce qu’on n’ose ni faire, ni dire en veillant, se présente en songe pendant le sommeil” (Charma).
Pour Freud, le rêve n’est jamais autre chose que la réalisation d’un désir plus ou moins dissimulé pendant la veille. Le désir est refoulé pendant le jour par la conscience qui joue le rôle de censeur sévère et il se développe pendant la nuit quand le censeur se repose et cesse sa surveillance.
Cependant le désir ne peut, sauf dans les cas exceptionnels, se réaliser même en rêve d’une façon complète et simple ; cela pourrait réveiller le censeur qui interromprait la récréation, c’est-à-dire le sommeil. Le désir doit même pendant le sommeil se déguiser pour ne pas réveiller le censeur : il doit subir des transformations qui le rendent méconnaissable. Ces transformations se font suivant des lois très simples ; par condensation, par déplacement, par dramatisation, par élaboration, elles arrivent à dissimuler si bien le désir primitif, qu’en écoutant le récit d’un rêve on ne peut plus du tout reconnaître la tendance refoulée qui se réalise grâce à lui. Mais faisons un petit effort, supprimons les effets des modifications surajoutées ; cela est plus facile parce que nous n’avons qu’à enlever la condensation, le déplacement, la dramatisation et l’élaboration secondaires et, à la place du récit du sujet, nous mettrons à nu la tendance qui se dissimulait. C’est là l’interprétation des rêves qui permet, mieux que tout autre procédé, de découvrir les souvenirs traumatiques anciens, source de tendances qui cherchent à se manifester dans les rêves. Une femme rêve qu’elle assiste sans éprouver aucun chagrin à la mort du fils unique de sa sœur ; elle ne peut pas admettre qu’il y ait là la manifestation d’un désir refoulé, car elle ne souhaitait aucunement la mort de cet enfant. Interprétons : en fouillant des souvenirs on trouve qu’elle est entrée jadis dans une maison où venait de mourir un enfant et qu’elle y a rencontré un individu qui est devenu son amoureux, et elle souhaite vivement rencontrer de nouveau ce personnage ; il est évident qu’elle a eu le désir de rencontrer de nouveau son amoureux à l’occasion de ce décès d’un enfant de sa sœur.
Les disciples de Freud ont singulièrement perfectionné cette méthode d’interprétation des rêves. Toutes les lois qui régissent l’élaboration du rêve se résument dans la symbolisation ou l’expression des idées abstraites ou des objets fortement affectés par des sentiments, par des objets concrets ou indifférents choisis à la faveur d’analogies plus ou moins vagues. Il y a comme un déplacement de l’expression verbale ; une expression abstraite de l’idée latente est chargée contre une expression figurée. Parmi les divers éléments qui se rattachent à l’idée essentielle du rêve, celui-là sera préféré qui permet un exposé visuel. Il n’est pas possible de comprendre la technique de l’analyse des rêves sans comprendre la symbolique des songes. Une partie des recherches de Freud et de ses élèves a été consacrée à rechercher la valeur symbolique des images du rêve les plus répandues chez tout le monde. Ces symboles peuvent varier d’un individu à l’autre, se modifier selon les éducations, les races, les civilisations, les religions, les expressions populaires : c’est ainsi qu’un symbole peut être d’une signification différente pour deux individus de nationalité différente, deux hommes inégalement cultivés. Mais ils sont, en général, à peu près les mêmes pour tout le monde. L’inconscient les choisit tels qu’ils existent préformés en lui, préparés par des associations d’idées des plus communes. S’ils appartiennent aux mythes, aux légendes, aux religions, s’ils peuplent la vie imaginaire de l’homme éveillé, comme celle du dormeur, c’est qu’au fond ils ont toujours habité l’inconscient de l’humanité.
En réunissant en parallèle d’une part les représentations symboliques communes, et d’autre part les idées tendances correspondantes et les souvenirs liés aux détails du contenu latent, Freud est arrivé, par une série d’investigations cliniques, à donner comme une sorte de clef des songes ou lexique des symboles.
Il y a, dans les études de Freud consacrées aux rêves, une conception des éléments de ce phénomène et une technique de l’interprétation.
Pour la psychanalyse, le rêve n’est pas du tout dû au hasard ; ce n’est pas un désordre psychique, mais il est déterminé dans ses moindres détails par des lois psychologiques précises. L’état de rêve est un état psychique dans lequel l’influence de l’inconscient s’exerce le plus vivement, d’après Freud, grâce à l’affaiblissement de la censure. Le mécanisme de cette influence, tel que l’explique la structure, est parfaitement déterminé, comme celui des symptômes des maladies ; aussi les rêves non seulement possèdent un contenu qu’on peut déterminer par la psychanalyse, mais aussi un sens. C’est en analysant les névroses que Freud a été amené à analyser les rêves et à les traiter comme des symptômes. Il s’est alors aperçu que tout comme les symptômes ils pouvaient être considérés comme l’émergence dans la conscience des tendances affectives. Ces tendances ou désirs tendent pendant le sommeil à revenir sous un travestissement, souvent très compliqué, dans la sphère psychique, dont ils ont été bannis. Le rêve est donc une réalisation des désirs. Pour saisir les lois qui gouvernent le mécanisme du rêve, Freud s’est adressé à l’enfance, car les rêves de l’enfant sont plus faciles à étudier, étant plus rudimentaires.
Beaucoup de rêves infantiles montrent clairement qu’ils ne sont que des réalisations imaginatives des désirs surtout récents, l’enfant ayant des aspirations de courte portée et déplaçant plus facilement son désir d’un objet à l’autre.
Beaucoup de rêves chez les grandes personnes sont d’ailleurs semblables à ceux des enfants. On y voit clairement l’accomplissement d’un vœu. Trenk, tourmenté par la faim, se voyait assis dans une brasserie devant une table garnie d’un repas copieux. G. Back, qui a pris part à la première expédition de Franklin, rêvait souvent à des repas abondants, alors qu’à la suite de privations il mourut littéralement de faim.
De même, sous les influences sexuelles, les rêves procurent des satisfactions qui présentent des particularités dignes d’être notées. Le besoin sexuel, dépendant moins étroitement de son objet que la faim, peut recevoir, grâce à l’émission involontaire du liquide spermatique, une satisfaction réelle. Il arrive souvent que les rêves présentent un contenu vague ou déformé. Tous les rêves d’adultes ayant pour objet des besoins renferment d’ailleurs la satisfaction et quelque chose de plus qui provient des sources d’excitation psychique qui ont besoin d’être interprétées pour être comprises. S’il y a des rêves d’adultes formés sur le modèle des rêves enfantins qui impliquent la satisfaction des désirs, on peut rencontrer, chez l’adulte, d’autres rêves qui naissent sous l’influence de certaines situations dominantes, provenant de source d’excitation incontestablement psychiques. Tels sont, par exemple, les rêves d’impatience : après les préparatifs en vue d’un voyage ou pour assister à un spectacle, on rêve que le but proposé est atteint, qu’on se trouve au théâtre, qu’on est en conversation avec la personne qu’on se disposait à voir. Freud parle d’un tableau de Schwind, qui se trouve à Munich : c’est “le rêve du prisonnier”, dans lequel le peintre a ramené l’origine d’un rêve à une situation dominante. Le contenu du rêve est naturellement l’évasion, qui, dans le tableau, devait s’effectuer par la fenêtre, car c’est par la fenêtre que pénètre l’excitation lumineuse. Les gnomes montés les uns sur les autres représentent les poses successives que le prisonnier aurait à prendre pour se hausser jusqu’à la fenêtre. Le gnome qui forme le sommet de la pyramide et qui scie les barreaux de la grille, présente une ressemblance frappante avec le prisonnier.
Dans les autres rêves, sauf les rêves des enfants et ceux du type infantile, la déformation constitue un obstacle à l’interprétation. On ne peut pas dire de prime abord s’ils représentent des réalisations de désirs ; leur contenu manifeste ne nous révèle rien sur l’excitation psychique à laquelle ils doivent leur origine. Ces rêves doivent être interprétés, leur déformation doit être redressée et leur contenu manifeste remplacé par leur contenu latent. Alors seulement nous pourrons juger si les données valables pour les rêves infantiles le sont également pour tous les rêves sans exception.
L’essence du rapport symbolique consiste dans une comparaison. Nous soupçonnons que la comparaison requiert certaines conditions, sans pouvoir dire de quel genre sont ces conditions. Tout ce qui peut servir de comparaison avec un objet ou un processus n’apparaît pas dans le rêve comme un symbole de cet objet ou processus. D’autre part le rêve, loin de symboliser sans choix, ne choisit à cet effet que certains éléments des idées latentes du rêve. Le symbolisme se trouve ainsi limité de chaque côté.
Les objets qui trouvent dans le rêve une représentation symbolique sont peu nombreux. Le corps humain, les parents, enfants, frères, sœurs, la naissance, la mort, la nudité, - et quelque chose de plus. C’est la maison qui constitue la seule représentation typique, c’est-à-dire régulière, de l’ensemble de la personne humaine. On se voit souvent en rêve glisser le long des façades des maisons, en éprouvant pendant cette descente une sensation tantôt de plaisir, tantôt d’angoisse. Les maisons aux murs lisses sont des hommes, celles qui présentent des saillies et des balcons, auxquels on peut s’accrocher, sont des femmes. Les parents ont pour symboles l’empereur et l’impératrice : c’est ainsi que les rêves où figurent les parents évoluent dans une atmosphère de piété. Les frères ou sœurs ont pour symbole de petits animaux, la vermine. La naissance est presque toujours représentée par une action dont l’eau est le principal facteur : on rêve soit qu’on se jette à l’eau ou qu’on en sort, soit qu’on retire une personne de l’eau ou qu’on en est retiré par elle. Autrement dit qu’il existe entre cette personne et le rêveur une relation maternelle. La mort imminente est remplacée dans le rêve par le départ, par un voyage en chemin de fer ; la mort réalisée, par certains présages obscurs ; la nudité par les habits et uniformes. Nous sommes pour ainsi dire à cheval sur les deux genres de représentations : les symboles et les allusions.
Le rêve possède, d’après Freud, une foule de représentations symboliques pour les organes sexuels, mais c’est là un sujet sur lequel nous n’insisterons pas.
Le rêve lucide : techniques
Voici une bref aperçu des meilleures techniques qui peuvent apporter la lumière de lucidité à vos rêves. Ceci ne se veut pas le remplacement d'un effort constant et engagé comme lire les livres "Créativité Onirique" par Patricia Garfield ou "Le rêves lucide" par Dr. Stephen LaBerge et/ou de suivre les cours offerts par La Fondation R.E.P.O.S./The DREAMS Foundation. Cependant cela peut servir de tremplin pour ceux qui veulent concentrer leurs efforts immédiatement et efficacement. Quelques unes des techniques sont moins appropriées pour un horaire de travail quotidien, mais plus vous pouvez mettre en pratique ces diverses techniques, plus vous aurez de rêves lucides.
Maîtrisez le rappel des rêves. Aucune autre pratique n'est plus efficace. La principale barrière pour réaliser qu'on rêve est que notre mémoire à l'éveil et notre "mémoire de rêve" ne sont pas aussi connectées qu'elles pourraient l'être avec l'intention, la pratique et la concentration. Faire un effort constant pour se souvenir des rêves aidera votre esprit à l'éveil à s'allier plus intimement avec votre conscience du rêve et vous permettra de devenir plus familiers avec le contenu personnel de vos rêves, étant donné qu'ils ne font pas parties habituelles de votre expérience éveillée. Ceci permettra donc à votre raisonnement éveillé et à vos capacités de réfléxion d'être plus présents dans les rêves de façon à reconnaître les environnements ou les émotions inhabituelles ou improbables pendant que nous les expérimentons encore dans le rêve. Le succès avec les rêves lucides est plus probable si vous vous rappelez d'un rêve ou plus par nuit. En fait, vous pourriez déjà avoir eu des rêves lucides sans vous en souvenir (voir les instructions pour se rappeler des rêves de la Fondation R.E.P.O.S./The DREAMS Foundation).
Levez-vous pendant la nuit. La recherche a prouvé que les siestes au matin après une période d'éveil sont extrêmement productives pour rêver lucidement et ce pour trois raisons: (a) Nous avons plus d'activité REM (rêves réguliers) par cycle de sommeil durant la progression de la nuit. (b) Il y a beaucoup moins de temps entre l'endormissement et le début du sommeil REM qu'au début de la nuit. Nous avons donc plus de chances de surmonter la barrière d'oubli entre l'éveil et le sommeil. (c) Nous avons tendance à dormir moins profondément à l'approche du matin. Cette technique requiert probablement plus de motivation (surtout au début) mais offre aussi plus de succès. Les fins de semaines ou les vacances sont de bonnes opportunités pour l'essayer. Ce qui marche le mieux est de se réveiller 1½ ou 3 heures (1 ou 2 cycles de sommeil) plus tôt que d'habitude, rester debout pendant 30 à 90 minutes, puis retourner au lit pour finir le reste de votre sommeil retardé. Pendant la période de réveil, c'est important de vraiment être alerte et réveillé. Quelques unes des meilleures activités pour faire cela sont: prendre une marche de minuit (c'est aussi le fun), faire l'amour, ou méditer (la technique Vipassana est particulièrement bonne). Idéalement, n'importe quoi qui apporte ou maintient votre présence d'esprit.
Technique de visualisation "MILD": Cette technique est très efficace, même s'il est parfois difficile de se concentrer à l'endormissement. Voici les étapes: Avant de s'endormir, utilisez l'autosuggestion pour augmenter votre rappel de rêves et la possibilité de rêves lucides. Après s'être reveillé après une période REM, levez-vous et écrivez tous les rêves dont vous vous souvenez. Avant de vous rendormir, asseyez-vous sur le coté du lit (pour ne pas s'endormir avant la fin de l'exercice) et faites-vous la suggestion suivante: "La prochaine fois que je rêve, je veux me souvenir du fait que je suis en train de rêver." Ensuite, imaginez-vous dans le rêve que vous venez de faire, en le suivant scène par scène. Quelquepart dans la visualisation, imaginez que vous réalisez que vous êtes dans un rêve (idéalement quand quelquechose d'étrange arrive) et faites ce que vous avez planifié (voir ci-dessous) en conséquence. Ensuite, couchez-vous et mettez votre attention sur votre intention de devenir lucide suivie par la visualisation mentionnée.
Restez présent pendant que vous vous endormez. Après que vous êtes au lit, prêt à dormir, surtout si vous vous réveillez pendant la nuit mettez votre attention sur votre respiration et soyez témoin des pensées qui apparaissent, sans les laisser trop attraper votre attention. Si vous vous rendez compte que cela est arrivé, ramenez votre attention sur votre respiration.
Autosuggestion: Quand vous êtes prêt à vous coucher, ou si vous vous rêveillez durant la nuit, adoptez l'attitude de honnêtement vous attendre à ce que ce soir, ou bientôt, vous allez devenir conscient (lucide) pendant un rêve. Essayez de vous convaincre d'une manière amicale et assurée (et non sous pression) et ensuite, laisser cette suggestion aller comme un ballon. La cassette "Trance Induction" du Lucidity Institute peut aider à votre succès avec cette technique.
Planifiez une activité de rêve lucide. Reconnaître que vous rêvez est excitant - la sensation est forte et peut vous réveiller, surtout si vous n'avez rien prévu pour vous occuper. Imaginez que vous vous êtes concentré pendant 3 semaines et tout d'un coup vous vous rendez comte que vous rêvez, sauf que vous vous réveillez tout de suite à cause de l'excitation. C'est bien commun chez les débutants, mais seulement pour ceux qui n'ont aucune activité immédiate planifiée. Pour continuer le rêve après ces premiers moments de lucidité, planifiez une activité spécifique à faire durant votre prochain rêve lucide. Beaucoup de monde choisissent de voler pour leurs premières expériences, mais il n'y a pas de limite aux opportinités. Laissez votre imagination vous prendre. Les meilleures activités pour maintenir un rêve lucide sont celles qui vous engagent dans le scénario du rêve.
Faites des vérifications d'état. Vérifiez toujours votre état de conscience (si vous rêvez ou non) AVANT d'arriver à une conclusion chaque fois que vous avez même la moindre impression que vous êtes peut-être en train de rêver. Comme ça vous ne manquerez aucune opportunité de devenir lucide. Aussi, durant la journée, demandez-vous aussi souvent que vous vous le rappelez, si vous êtes en train de rêver, et faites un test pour le savoir. Ceci paraît peut-être bête, mais cela aidera la possibilité de le faire par habitude pendant un rêve, et vous seriez très content de tous vos efforts à ce moment. La meilleure façon de faire une vérification d'état est de regarder vos mains pendant au moins 5 (mieux de 5 à 10) secondes pour voir si elles apparaissent étranges ou changent. Si oui, vous êtes en train de rêver! Même si beaucoup de gens ont du succès pendant leurs premières semaines (et parfois la première nuit), faire des rêves lucides est une aptitude qui requière du temps et de la patience pour la maîtriser. Dans cette optique, c'est plutôt comme apprendre à faire un sport ou à jouer un instrument de musique que d'apprendre à conduire un vélo (où on apprend à le faire d'un jour à l'autre). Essayer de maintenir une attitude relaxe et joueuse afin d'anticiper vos rêves mais en les laissant venir à leur propre rythme. Essayer trop fort ou être trop sérieux peut limiter votre succès. Le rappel des rêves, les rêves lucides et la motivation ont tous tendance à aller et venir en cycles naturels, et aussi dépendent de ce qui se passe dans votre vie quotidienne. Une pratique de ces techniques pendant quelques mois vous donne plus de chance d'avoir des rêves lucides plus fréquents que des essais intenses mais courts et peu souvent. Un groupe d'études hebdomadaire de personnes qui ont le même intérêt n'a pas d'égal pour maintenir la motivation et l'intérêt. Dès que vous commencez un cycle de "focus" sur ces exercices, gardez-le pour au moins 4 ou 5 jours, parce que les nuits consécutives ont un effet additif.
Gardez balance dans votre vie Les energies subtiles et les prises de conscience reliées avec les rêves lucides sont tres puissants et souvent affectent la facon qu'on apercoit le monde. Une approche de "autant-de-lucidité-aussi-vite-que possible" n'est pas suggéré. Une telle approche peut amener des imbalances et problèmes dans votre vie. Il n'y a pas de raison pour avoir peur, mais gardez cela en tête: les arbres poussent hauts et survivent des orages seulement si leurs racines sont fortes et profondes. Alors, gardez les pieds bien sur la terre en maintenant un focus sur les affaires quotidiennes de votre vie. Pour restorer la balance si les problèmes apparaissent, mangez et dormez bien, et restez en contact avec vos ami(e)s. Des autres suggestions incluent recevoir un massage, faire de l'exercise prolongee dehors, et garder votre attention sur les choses simples et pratiques en place de mettre trop de focus sur vos rêves pendant que la balance n'est pas présent.
Appareil psychique
Définition :
L'appareil psychique est un modèle développé par Freud pour représenter le fonctionnement de la vie psychique.
Dans sa première théorie, Freud distinguera l'inconscient, réservoir des pulsions, du préconscient et du conscient. Puis sa deuxième théorie viendra compenser les faiblesses de la première.
Pour ce faire seront ajoutées trois instances, le moi, garant du principe de réalité le surmoi, siège de la morale et le ça, soumis au principe de plaisir.
Rêve traumatique
La rencontre traumatique fait surgir un réel jusque-là dissimulé par «l'écran du fantasme», révélant pour le sujet l'horreur d'une jouissance insoupçonnée. Si l'insistance du trauma à se répéter peut se repérer cliniquement dans les activités diurnes du sujet, c'est principalement dans les rêves traumatiques qu'elle se manifestera. Le rêve traumatique, qui échapperait à la règle générale d'être «réalisation de désir», se présente comme un rêve de figuration au plus près du réel, dans lequel le versant pulsionnel est au premier plan. C'est dans la relation transférentielle que peut s'articuler la question qui se pose pour le sujet dans cette rencontre traumatique
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