dimanche 10 avril 2011

Détresse


Symptôme de la souffrance psychique qui se traduit essentiellement par deux formes particulières : la tendance à la dépression et le sentiment d'angoisse.

état de détresse Hilflosigkeit
 

Le terme Hilflosigkeit est couramment traduit par "désarroi", "sentiment d'impuissance", "impuissance", car c'est un désarroi dû à un sentiment d'impuissance; le terme de "détresse" est sans doute un peu fort ; même si cette traduction n'est pas fausse, elle ne rend pas l'idée d'impuissance, car c'est bien de cela qu'il s'agit chez Freud. D'ailleurs l'allemand a d'autres mots correspondant mieux au français "détresse" : Not, Notlage, voire Verzweiflung (désespoir). Traduire Hilflosigkeit par "désaide", comme cela est proposé ailleurs, est un non sens. 

 Détresse et santé psychologique
En 1948, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a retenu une définition de la santé mentale qui a été approuvée par 191 états membres : « la santé mentale est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ».

La santé psychologique au travail, quant à elle, est décrite plus particulièrement comme un état d’équilibre cognitif, émotionnel et comportemental qui permet à la personne de produire, d’entretenir des relations professionnelles, de participer aux activités de son milieu de travail et d’en tirer satisfaction.

La santé psychologique au travail

Des chiffres alarmants

La santé psychologique au travail est, le plus souvent, abordée par son versant négatif, soit les problèmes de santé psychologique. Ceci est tout à fait compréhensible si l’on considère l’ampleur de ces problèmes. En effet, près de 500 000 Canadiennes et Canadiens s’absentent de leur travail chaque semaine pour des problèmes de santé psychologique (Conseil du patronat du Québec, 1998) et plus de 35 % des absences au travail sont expliquées par des troubles de santé mentale (Association canadienne des compagnies d’assurances, 2000). L’OMS estime même que, si la tendance se maintient, la dépression sera au deuxième rang des maladies invalidantes en 2020. De plus, les problèmes de santé psychologique sont loin d’être rares. Selon Santé Canada (2002), environ 20 % de la population, soit une personne sur cinq, souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. Sans même parler de maladie mentale, entre 20 % et 25 % de la population présente un niveau de détresse psychologique élevé. Imaginez donc le nombre de personnes qui souffrent de détresse psychologique, même modérée!

Il est donc grand temps de se soucier de la santé psychologique au travail afin de diminuer l’incidence des problèmes qui y sont reliés et d’améliorer ainsi le bien-être psychologique des personnes.

Les principaux problèmes de santé psychologique au travail

Les principaux problèmes de santé psychologique que l’on peut retrouver dans les milieux de travail :
  • Dépression
  • Dépendance : alcool, drogue et jeu compulsif
  • Épuisement professionnel
  • Troubles anxieux
  • Troubles d’adaptation

Les mythes et préjugés sur les problèmes de santé psychologique

Les personnes atteintes de détresse psychologique sont des cas isolés

Faux. Une personne sur cinq ou sur quatre vit un niveau de détresse psychologique élevé. Imaginez maintenant le nombre de personnes qui vivent un niveau quelconque de détresse psychologique! Il peut s’agir de vous-mêmes, de vos collègues, de vos amis ou de votre famille.

La détresse psychologique, c’est pour les autres, pas pour moi

Faux. Tout le monde est amené à vivre des moments de détresse psychologique dans sa vie, que ce soit en réaction à un événement bouleversant, à une situation insatisfaisante et prolongée ou à un trop grand investissement dans le travail. Il ne faut pas oublier que la première phase de l’épuisement professionnel est un enthousiasme débordant face au travail. On a donc l’impression que tout va pour le mieux, mais ce n’est pas le cas.

La détresse psychologique est causée par une faiblesse personnelle

Faux. La détresse psychologique est reliée à notre condition d’être humain ayant des obligations, des besoins, des désirs et des émotions. Elle n’a rien à voir avec une faiblesse personnelle, et les personnes qui souffrent de détresse psychologique n’ont pas à êtres considérées comme paresseuses parce qu’elles n’arrivent simplement pas à « se prendre en main ».

Il faut avoir un sérieux problème pour aller consulter un psychologue ou faire appel au programme d’aide au personnel

Faux. Au contraire, c'est un signe de courage et de maturité. Demander et accepter cette aide est un signe que les personnes tentent de se prendre en main et qu'elles cherchent à éviter que la situation ne s’aggrave.

Les symptômes courants chez les enfants victimes de détresse psychologique sont, notamment, les troubles du sommeil (les cauchemars, l'incontinence nocturne, l'insomnie et les structures du sommeil irrégulières). La peur est également un symptôme courant (peur de l'obscurité, peur de dormir seul, peur de quitter sa maison, peur des étrangers). Parmi les autres problèmes figurent l'anxiété, l'irritabilité, l'incapacité de se concentrer, la régression au stade de développement antérieur au plan comportemental, le repli sur soi-même par rapport aux amis et à la famille, la rébellion, l'agression et les symptômes psychosomatiques tels que les maux de tête et les maladies de la peau. Les enfants deviennent pessimistes quant à leur avenir et ont l'impression de ne plus maîtriser leur vie.
Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) suivants lorsqu'un traumatisme passé n'est pas guéri. Les symptômes du SSPT sont les survivants :
  • Intrusions ou rappels d'images, émotions intenses, cauchemars, et reconstitutions historiques. Ces intrusions laissent souvent le sujet dans un état de grand désespoir, de colère, d'impuissance ou de trahison.
  • Ré-exposition compulsive à un traumatisme. Les victimes de traumatismes ont de fortes chances d'être à nouveau des victimes. L'autodestruction est une réaction courante chez les enfants qui ont été victimes d'abus.
  • Eloignement et répression des émotions. On peut éviter le souvenir de l'événement traumatique en s'éloignant des éléments qui le rappellent, en consommant de la drogue ou de l'alcool et en se détachant des activités quotidiennes.
  • Incapacité à contrôler ses émotions. Les personnes souffrant de SSPT peuvent réagir par d'intenses émotions telles que la colère, la peur et la panique quand elles voient quelque chose qui leur rappelle la source de leur traumatisme. Elles réagissent souvent de manière excessive en menaçant les autres ou en percevant le monde comme un lieu d'insécurité. Les enfants font souvent une régression dans ces circonstances.
  • Attention et distraction. Les personnes souffrant de SSPT ont des difficultés à distinguer les informations pertinentes et non-pertinentes.
  • Altérations des mécanismes de défense et modification de l'identité personnelle. Le traumatisme s'accompagne généralement de sentiments de honte et d'inadaptation. Mais, comme il est trop pénible de vivre avec ces sentiments, la personne atteinte de SSPT les dénie souvent, ce qui ouvre la porte à d'autres abus.
La recherche a montré qu'il existe un lien fort entre la pauvreté et le stress. La pauvreté est due non seulement aux conditions débilitantes créées par le stress, la dépression et la maladie chronique, mais également à la réduction de la productivité des personnes du fait de ces conditions. En conséquence, il est important que la détresse psychosociale et le traumatisme soient identifiés et traités.
Dans le cadre de certaines de ses activités en faveur des enfants bouleversés, l'UNICEF appuie les stratégies qui aident les enfants à se sentir en sécurité, à s'exprimer, à comprendre leur état et à élaborer des solutions constructives pour faire face aux adversités auxquelles ils sont confrontés, et leur faire face. Les adolescents ont besoin d'une approche significative et non-violente pour soutenir et participer aux activités organisées par leur communauté. Le programme psychosocial de l'UNICEF s'articule autour des quatre stratégies suivantes :
  • Promotion du bien-être psychologique et social des enfants ;
  • Prévention de la détresse psychologique et sociale aiguë ;
  • Détection précoce de la détresse psychologique et sociale ; et
  • Traitement et réhabilitation des victimes de détresse psychologique et sociale aiguë.
Les interventions psychosociales devront promouvoir les compétences clés et les résultats suivants chez les enfants et leurs tuteurs :
  1. Attachement solide aux tuteurs;
  2. Attachements significatifs aux pairs et une compétence sociale;
  3. Confiance en autrui;
  4. Sentiment d'appartenance;
  5. Amour-propre;
  6. Autonomisation;
  7. Capacité d'accéder aux opportunités de développement cognitif, émotionnel et spirituel et à la sécurité économique;
  8. Espoir ou optimisme à propos de l'avenir;
  9. Sens de la responsabilité de ses propres actions;
  10. Compréhension des besoins, des droits et des sentiments d'autrui;
  11. Créativité; et
  12. Adaptabilité.

Voici quelques exemples d'activités qui peuvent être menées pour soutenir les enfants en détresse:
Sensibiliser les parents et les enfants sur la manière de surmonter l'adversité:
  • Concevoir et diffuser des messages d'éducation à la radio pour permettre aux parents et aux tuteurs d'apporter un appui psychologique simple à leurs enfants. Certains de ces messages doivent être conçus pour les grands-parents.
  • Elaborer et distribuer des exemplaires de brochures à l'intention des parents et des enseignants. Cette intervention pourrait s'avérer efficace dans les pays africains où l'on enregistre des taux d'alphabétisation élevés.
  • Aider le Ministère des affaires sociales à produire des pièces de théâtre impliquant des enfants pour les éduquer sur leurs droits et à la résolution de problèmes.
Préparer des volontaires pour mener des activités de soutien, d'encadrement et de divertissement/d'expression en faveur des enfants:
  • Formation de volontaires de soutien psychosocial chez les jeunes pour mener des activités d'encadrement, de divertissement et de sensibilisation au profit des enfants et de leurs parents.
  • Formation de volontaires pour fournir un appui psychosocial direct et assurer une intervention immédiate en faveur des enfants.
Former des professionnels pour mener des activités psychosociales avec les enfants:
  • Formation des conseillers pédagogiques;
  • Formation des travailleurs sociaux à l'appui psychosocial et fourniture de supports pédagogiques et thérapeutiques pour leurs activités avec les enfants et les familles;
  • Initiation à l'enseignement et formation des enseignants en interventions psychosociales.
Activités en faveur des enfants ayant besoin de protection particulière:
  • Activités de loisirs, d'expression et d'éducation pour les enfants vivant près d'une zone de conflit ou dans un ménage affecté par le VIH/SIDA;
  • Conseils psychologiques et sociaux individuels et de groupe pour les enfants blessés.
  • Soutien psychologique aux enfants en situation de détresse par des rencontres en tête-à-tête, des jeux, le counselling familial et des séminaires et des pièces de sensibilisation.
  • Cours de formation de soutien à l'intention des professionnels psychologiques.
Les sujets de formation essentiels devraient comprendre : le bien-être psychologique et social ; les sources de stress/crise et les réponses au stress/à la crise, l'intervention immédiate, y compris le processus de résolution de problèmes ou de guérison ; les problèmes psychologiques et/ou sociaux courants et les directives préconisées ; les activités d'intervention, qui pourraient comprendre le dessin, l'écriture, la chanson, la danse, les discussions, le jeu, le jeu de rôle ou le théâtre ; et les compétences en animation de groupe. Voir sur www.ovcsupport.net les réponses proposées par FHI [NB! anglais].
La formation des formateurs devrait être étalée sur une certaine période afin de s'assurer que les participants mettent en pratique ce qu'ils apprennent. La formation devrait être participative et comprendre le jeu de rôle, les discussions en petits groupes, des feuilles de travail, des journaux, etc. Les matériels pédagogiques devraient être à la fois théoriques et pratiques et comprendre, de préférence, des supports que les stagiaires peuvent utiliser avec les enfants ou les adultes avec qui ils travaillent.
Même si les interventions décrites ci-dessus ne sont pas toutes appropriées au contexte africain, nombre d'entre elles peuvent être adaptées pour être utilisées avec les enfants d'Afrique, en particulier ceux affectés par le VIH/SIDA et les conflits.
L'Alliance Save the Children a élaboré un certain nombre de directives utiles pour travailler avec les enfants affectés par le conflit armé et les déplacements de population. Ces directives cadrent avec l'approche de l'UNICEF décrite ci-dessus et qui s'applique aux enfants vivant avec le VIH/SIDA et confrontés à d'autres situations stressantes.
  • Adopter une perspective à long terme qui intègre le bien-être psychosocial des enfants.
  • Adopter une approche communautaire qui encourage les efforts personnels et se fonde sur la culture, les réalités et les perceptions locales du développement de l'enfant.
  • Promouvoir une vie de famille normale afin de renforcer la capacité de résistance naturelle de l'enfant.
  • Mettre l'accent sur les soins primaires et la prévention d'autres dangers dans le cadre du processus en essayant de guérir les blessures psychologiques des enfants.
  • Fournir un soutien et une formation au personnel qui s'occupe des enfants.
  • Assurer la clarté des questions éthiques afin de protéger les enfants.
  • Promouvoir les droits des enfants.

 

 La détresse psychologique des enseignantes et enseignants : les conditions de travail mises en cause (Fédération Autonome de l'Enseignement)
 

Montréal, le 10 février 2010 – Une recherche effectuée par l’École nationale d'administration publique (ENAP), auprès du personnel enseignant membre de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), démontre que près de la moitié des enseignantes et enseignants vivent de l’anxiété. La recherche réalisée par Nathalie Houlfort, Ph. D., professeure à l’ENAP, démontre clairement que la surcharge de travail et le manque de contrôle sur la tâche demeurent les principaux facteurs de stress vécus par le personnel enseignant. Parmi les principaux facteurs qui minent la santé mentale des enseignants, on trouve :

la charge élevée de travail;

les difficultés liées au maintien de la discipline en classe (gestion de classe);

les difficultés relationnelles avec les directions, marquées par le manque de soutien, le manque de liberté et le style de gestion non approprié.
Détresse plus importante chez les profs
Si on compare avec les données d’une enquête de l’Institut de la statistique du Québec, la présente étude rapporte un taux deux fois plus élevé de santé mentale moyenne ou médiocre chez le personnel enseignant qu’au sein de la population en général, soit 19 % comparativement à 8,1 %. L’étude effectuée auprès de plus de 2000 enseignantes et enseignants a mesuré différents symptômes de détresse psychologique. 73,9 % rapportent que leur besoin d’autonomie n’est pas satisfait au travail. L’insatisfaction du besoin d’autonomie chez les enseignantes et enseignants sondés semblerait en partie causée par l’implantation du renouveau pédagogique. De plus, 60 % des enseignantes et enseignants présentent des symptômes d’épuisement professionnel au moins une fois par mois. Plus de 20 % en font l’expérience au moins une fois par semaine.
Charge de travail
La charge de travail élevée ainsi que les difficultés liées à la gestion de classe affectent négativement le besoin de compétence des enseignantes et enseignants. 35 % de ceux-ci vivent aussi des conflits travail/vie personnelle. Ceux-ci sont principalement causés par le stress et la pression qu’engendre leur tâche. Le manque de soutien de la direction a également un impact négatif sur le besoin d’affiliation des enseignantes et enseignants. Ces derniers ne se sentent pas respectés ni appréciés par leur supérieur. L’étude révèle que 23 % des profs ont l’intention de quitter leur travail d’ici cinq ans.
Fédération autonome de l’enseignement – 6555, boulevard Métropolitain Est, bureau 100, Montréal (Québec) H1P 3H3
Téléphone : 514 666-7763 - Télécopieur : 514 666-7764 - Courriel : fae@lafae.qc.ca
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Il est indéniable que les profs ont été dépossédés de leurs moyens au fil des ans. On leur impose une tâche de plus en plus lourde en leur enlevant en même temps les outils pour réaliser adéquatement leur mission qui est d’enseigner. Le manque de temps, le manque de ressources et l’absence de reconnaissance limitent grandement l’autonomie des profs. La détresse psychologique qui souvent en découle les conduit inévitablement vers l’épuisement professionnel et en incite plusieurs à quitter l’enseignement. C’est dramatique, il faut que le gouvernement réalise que le décrochage touche aussi le personnel enseignant qui souhaite enseigner, mais qui ne dispose ni des conditions, ni des moyens pour le faire, précise le président de la FAE, Pierre St-Germain.
L’étude souligne que des ajustements à la tâche de travail, par exemple la diminution du nombre d’élèves par groupe, l’augmentation du temps personnel pour effectuer la planification des cours et l’ajout de ressources pour les élèves en difficulté, permettraient de libérer davantage les enseignantes et enseignants pour accomplir leur mission.
Cette étude vient confirmer une fois de plus que nos revendications sont légitimes. On se bat pour une éducation de qualité, mais pour cela, il faut donner aux profs des conditions qui soient humaines et qui tiennent compte de leurs besoins. Avant de parler de stabilité dans le poste, encore faudrait-il que le gouvernement s’assure de retenir les profs en fonction et prenne les mesures pour éviter qu’ils ne tombent malades. Les conditions d’exercice de la profession se sont dégradées dramatiquement, les profs s’épuisent et tout ce qu’on trouve, c’est d’en ajouter encore davantage à leur tâche. Il faut que cela cesse. Nous ne sommes plus au signal d’alarme, mais à l’incendie à éteindre, d’ajouter le président de la FAE, Pierre St-Germain.
Offrir plus de latitude aux enseignantes et enseignants et faire davantage confiance en leur jugement professionnel pourrait augmenter le sentiment de contrôle envers la tâche à réaliser.
Il est aussi intéressant de constater que l’étude confirme le haut niveau d’attachement des enseignantes et enseignants aux élèves et à leur profession. Ça, nous le savions déjà et, pour notre part, nous n’avions aucun doute là-dessus, de conclure monsieur St-Germain.
La FAE regroupe neuf syndicats de l'enseignement qui représentent quelque 30 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes ainsi que le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier.
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Source : Fédération autonome de l'enseignement
Renseignements : Armand Dubois, conseiller du Service des communications
Bureau : 514 666-7763, poste 296
Cellulaire : 514 910-1754

 

 

L’INTÉGRATION DANS L’ENTREPRISE ET LA DETRESSE
 
Debra L. Nelson et James Campbell Quick
 
On entend par intégration dans l’entreprise le processus par lequel une personne extérieure à celle-ci devient un membre à part entière de son personnel. Alors que les premières études concernant cette intégration portaient essentiellement sur des indicateurs d’adaptation, tels que la satisfaction au travail ou le rendement, les recherches plus récentes s’intéressent davantage aux relations qui existent entre intégration et stress professionnel.
 
L’intégration dans l’entreprise: un modérateur du stress professionnel
L’arrivée dans une nouvelle entreprise est en soi une expérience stressante. Le nouveau venu est confronté à une myriade de facteurs de stress: ambiguïté des rôles, conflits entre les rôles, conflits entre les exigences du travail et celles de la vie privée, politique interne de l’entreprise, contraintes temporelles, surcharge de travail. Ces facteurs de stress peuvent engendrer des symptômes de détresse psychologique. Selon certaines études réalisées dans les années quatre-vingt, il semble néanmoins qu’une bonne intégration peut atténuer le lien entre facteurs de stress et tension.
 
Deux grands thèmes se dégagent des travaux de recherche actuels sur la question de l’intégration dans l’entreprise:
 
1. L’acquisition d’information au cours du processus d’intégration.
2. L’appui des supérieurs hiérarchiques au cours du processus d’intégration.
 
L’information que le nouveau venu acquiert au stade de son intégration dans l’entreprise permet d’alléger l’énorme incertitude qui accompagne ses efforts de maîtrise des nouvelles fonctions, tâches et relations interpersonnelles. Cette information est souvent fournie par des programmes officiels d’orientation. A défaut, ou en complément de tels programmes, l’intégration a lieu de manière informelle. De récents travaux montrent que les nouveaux venus qui recherchent activement cette information s’adaptent plus facilement (Morrison, 1993). Par ailleurs, ceux qui sous-esti-ment les facteurs de stress de leur nouvel emploi manifestent des symptômes de stress plus prononcés (Nelson et Sutton, 1991).
 
Le soutien des supérieurs hiérarchiques au cours du processus d’intégration est particulièrement important. On constate dans ce cas moins de stress né d’espérances déçues (Fisher, 1985) et moins de symptômes de détresse psychologique (Nelson et Quick, 1991). Ce type d’appui peut aider les nouveaux salariés à faire face aux facteurs de stress d’au moins trois manières. Premièrement, en leur offrant un soutien concret (des horaires souples, par exemple) permettant d’atténuer un facteur de stress précis. Deuxièmement, en leur apportant un soutien psychologique qui leur permettra d’affronter plus efficacement le stress. Troisièmement, en leur expliquant comment fonctionne leur nouvel environnement (Louis, 1980). Il dépend d’eux, par exemple, de présenter la situation de telle manière qu’elle paraisse stressante ou non stressante.
 
En résumé, les efforts d’intégration qui contribuent à donner au nouveau salarié toute l’information dont il a besoin et à lui apporter le soutien de ses supérieurs peuvent éviter qu’un facteur de stress ne se transforme en souffrance psychologique.
 
L’évaluation de l’intégration dans l’entreprise
L’intégration dans l’entreprise est un processus dynamique, interactif et fondé sur la communication et qui se déroule sur une certaine durée. De cette complexité naît la nécessité d’évaluer les efforts d’intégration déployés par l’entreprise. Deux grandes méthodes ont été proposées à cet effet. La première consiste à établir des modèles d’intégration par étapes (Feldman, 1976; Nelson, 1987). Ces modèles conçoivent l’intégration comme un processus progressif à plusieurs étapes dont chacune comporte des variables de base. La seconde recense les différentes stratégies que les entreprises mettent en œuvre pour aider les nouveaux venus à s’intégrer (Van Maanen et Schein, 1979).
 
Dans les deux cas, on part du principe qu’il existe certains signes d’une intégration réussie, à savoir, notamment: la performance, la satisfaction au travail, le dévouement à l’entreprise, l’investissement dans le travail, le désir de rester dans l’entreprise, etc. Si le processus d’intégration est un modérateur du stress, les symptômes de détresse psychologique, en particulier s’ils sont faibles, devraient figurer parmi les indicateurs du succès de l’intégration.
 
Les effets de l’intégration sur la santé
Le rapport entre intégration et stress n’ayant été considéré que depuis peu, rares sont les études traitant des effets de l’intégration professionnelle sur la santé. Il est prouvé pourtant que le processus d’intégration peut être lié à des symptômes de détresse psychologique. Les nouveaux venus dans l’entreprise qui ont trouvé utiles les échanges avec leurs supérieurs et avec d’autres nouveaux arrivants ne manifestent que peu de symptômes de ce genre, comme la dépression ou l’incapacité de se concentrer (Nelson et Quick, 1991); quant à ceux qui ont une bonne connaissance des facteurs de stress inhérents à leur nouvel emploi, ils ne font mention que de symptômes légers, tant psychologiques (irritabilité, par exemple) que somatiques (nausées et maux de tête).
 
L’intégration dans l’entreprise étant source de stress, les conséquences qu’elle peut avoir sur la santé sont des variables qu’il y a lieu d’étudier. Des études sont à mener sur l’éventail des ces conséquences en combinant les données subjectives recueillies auprès des intéressés et les mesures objectives.
 
L’intégration dans l’entreprise en tant que moyen d’intervention contre le stress
Les études faites de nos jours sur l’intégration dans l’entreprise tendent à y voir un processus générateur de stress qui, s’il n’est pas convenablement géré, peut engendrer des symptômes de détresse psychologique et des troubles somatiques. Les entreprises disposent d’au moins trois axes d’intervention pour faciliter cette transition et faire en sorte qu’elle ait des résultats positifs.
 
Premièrement, les entreprises devraient veiller à ce que les nouveaux arrivants aient une vue réaliste des facteurs de stress qu’ils risquent de rencontrer dans leur nouvel emploi. Elles peuvent, par exemple, leur donner d’emblée un aperçu objectif du poste qui précise les facteurs de stress les plus fréquents et les moyens d’y faire face (Wanous, 1992). Sachant à quoi s’attendre, le nouveau salarié sera alors en mesure d’élaborer à l’avance ses propres stratégies d’adaptation et supportera plus facilement le choc de la réalité de ces facteurs de stress.
 
Deuxièmement, les entreprises devraient mettre à la disposition des nouveaux venus diverses sources d’information pouvant leur être utiles, sous la forme de brochures, de programmes informatiques interactifs ou de lignes directes d’appel à l’aide (ou les trois à la fois). Le flottement qui accompagne l’arrivée dans une nouvelle entreprise peut être considérable et le fait de multiplier les sources d’information est un bon moyen d’atténuer cette incertitude. Les nouveaux venus devraient aussi être encouragés à rechercher eux-mêmes tous les moyens possibles d’information.
 
Troisièmement, les programmes d’intégration dans l’entreprise devraient explicitement prévoir comment apporter un soutien moral au nouveau salarié. Le supérieur hiérarchique est un acteur clé en la matière et peut jouer un rôle décisif par sa disponibilité affective et psychologique (Hirshhorn, 1990). On peut aussi envisager la désignation d’un mentor, ou des activités menées conjointement avec des collègues plus anciens et plus expérimentés, ainsi que des contacts avec des collègues eux aussi récemment arrivés dans l’entreprise.

 

La détresse psychologique a considérablement augmenté en France. Elle a été multipliée par trois en vingt ans, selon le rapport sur la santé mentale que le Centre d'analyse stratégique a remis à la secrétaire d'Etat chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko Morizet, le 17 novembre. Un Français sur cinq serait touché par cette détresse psychologique.

Ce rapport intitulé "La santé mentale, l'affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de la vie" présente différents chiffres liés à la santé mentale en France, dont celui de l'impact de la crise sur le moral des Français.

Un tiers des Français considère que la crise affecte leur moral, les 45-59 ans (40%), les travailleurs indépendants (44%) et les ménages pauvres (44%) étant encore plus nombreux à le penser. Plus de la moitié des Français s'inquiéterait pour leurs proches à cause de la crise.

Contrairement aux idées reçues, le suicide est en recul, représentant mois de 2% des décès. La dépression, dans sa forme la plus sévère, est stable, autour de 3%.

Les jeunes seraient particulièrement touchés par cette détresse psychologique, avec un pic d'anxiété chez les 15-19 ans. Les actifs, avec un rajeunissement de la population, et les femmes seraient actuellement les plus exposés.

Les femmes et les hommes développent des profils de santé mentale différents. Les femmes développent des symptômes ou des pathologies, comme la détresse psychologique, le stress, les idées suicidaires et les tentatives de suicide.

Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir consommé des médicaments psychotropes au cours de l'année, quel que soit l'âge (24,3% des femmes contre 13,8% des hommes chez les 18-75 ans).

Les hommes sont davantage sujets aux addictions que les femmes. Violence et drogues seraient aussi propres à des comportements surtout masculins.

Par ailleurs, les personnes âgées se suicident plus que la moyenne. Les plus de 85 ans ont des taux de suicides aboutis six fois plus élevée que les 15-24 ans. Les personnes divorcées et les veufs ou veuves connaissent les taux de décès par suicide les plus élevés.

Les célibataires et les personnes mariées présentent à l'inverse les taux de décès par suicide les plus faibles. Le rapport précise certaines idées liées à la santé mentale, notamment que la consommation d'alcool à l'adolescence concerne surtout les enfants des ménages favorisés.

Une étude "Les Français et la santé mentale" a été réalisée pour ce rapport en octobre 2009, auprès d'un échantillon de plus de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

Détresse et cancer

Stress, détresse psychologique et troubles psychiatriques associés au cancer

Le stress favorise le développement de conditions prédisposant au cancer
Maladie caractérisée par la prolifération anormale et désordonnée des cellules. À l’exception des cellules cancéreuses, certains fluides physiologiques (sang, liquide lymphatique) forment par la suite une tumeur maligne (dite tumeur primaire) qui envahit les tissus adjacents. Pour beaucoup de cancers, les cellules cancéreuses peuvent migrer vers d’autres organes et y proliférer. Ces proliférations, distantes de la tumeur primaire, sont appelées métastases.
. Inversement, le cancer, de même que son traitement, génèrent souvent du stress et sont associés à de la détresse émotionnelle chez les personnes atteintes de cancer et leurs proches
Les personnes ayant un lien significatif selon le patient. Elles comprennent : la famille biologique; la famille par alliance (liée par le mariage/par contrat et conjoint de fait); la famille choisie, des amis.
.

La détresse

Terme utilisé pour ne pas rendre pathologique une réponse normale à une maladie menaçante, la détresse caractérise les défis émotionnels vécus par le patient et ses proches
Les personnes ayant un lien significatif selon le patient. Elles comprennent : la famille biologique; la famille par alliance (liée par le mariage/par contrat et conjoint de fait); la famille choisie, des amis.
[296]. On peut la définir comme une expérience déplaisante de nature psychologique (cognitive, comportementale, émotionnelle), sociale et/ou spirituelle pouvant interférer avec la capacité de composer avec le cancer
Maladie caractérisée par la prolifération anormale et désordonnée des cellules. À l’exception des cellules cancéreuses, certains fluides physiologiques (sang, liquide lymphatique) forment par la suite une tumeur maligne (dite tumeur primaire) qui envahit les tissus adjacents. Pour beaucoup de cancers, les cellules cancéreuses peuvent migrer vers d’autres organes et y proliférer. Ces proliférations, distantes de la tumeur primaire, sont appelées métastases.
, ses symptômes physiques et ses traitements[297].
Tout au long de l’évolution de la maladie, cette condition touche près de la moitié des patients, selon le Dr Pierre Gagnon, psychiatre spécialisé en oncologie à l’Hôtel-Dieu de Québec. Pour en souligner l’importance, la Stratégie canadienne pour le contrôle du cancer a fait de la détresse le sixième signe vital à tenir compte dans l’évaluation du patient[298]. Négliger cet aspect compromet les résultats des traitements, décroît la qualité de vie des personnes atteintes de cancer et accroît les coûts de santé[299].
La détresse s’étend sur un continuum allant des peurs communes aux affections
psychiatriques[297]. Environ 50 % des patients avec un cancer avancé correspondent aux critères d’un désordre psychiatrique, les plus communs étant le trouble d’adaptation (11 à 35 %) et la dépression majeure (5 à 26 %). Des symptômes significatifs d’anxiété se retrouvent chez 25 à 48 % des patients alors que 2 à 14 % des personnes atteintes de cancer avancé correspondent aux critères des troubles anxieux incluant le syndrome de stress post-traumatique. Selon les paramètres employés lors de l’évaluation, on notera par ailleurs qu’entre 20 et 80 % des patients sont atteints d’une forme atténuée de ce syndrome[300].
L’implantation régionale d’un outil d’évaluation du degré de détresse chez les patients en oncologie est prévue en 2011.

Risque suicidaire à l’annonce du diagnostic

Plusieurs recherches menées dans différents pays ont démontré que les personnes atteintes de cancer
Maladie caractérisée par la prolifération anormale et désordonnée des cellules. À l’exception des cellules cancéreuses, certains fluides physiologiques (sang, liquide lymphatique) forment par la suite une tumeur maligne (dite tumeur primaire) qui envahit les tissus adjacents. Pour beaucoup de cancers, les cellules cancéreuses peuvent migrer vers d’autres organes et y proliférer. Ces proliférations, distantes de la tumeur primaire, sont appelées métastases.
présentent des taux d’idéations suicidaires et de suicide supérieurs, allant jusqu’à deux fois celui de la population générale[301, 302]. Le risque de suicide serait particulièrement élevé au cours des trois premiers mois suivant le diagnostic, puis une seconde période à risque survient 12 à 14 mois après le diagnostic[303].
Parmi les facteurs de risque identifiés figurent un stade avancé de cancer lors du diagnostic, un âge avancé lors du diagnostic chez les hommes, un mauvais pronostic, des métastases, certains types de cancer, le manque de soutien social et des options de traitement limitées [301-304]. Certains de ces auteurs recommandent aux professionnels de la santé et des services sociaux de se préoccuper de la santé mentale des patients en oncologie et de vérifier s’ils présentent des idéations suicidaires.
Une enquête sur 425 personnes décédées par suicide a été réalisée en 1996 au Québec. Les renseignements sur l’état de santé étaient disponibles pour 419 personnes et révèle « qu’une personne sur quatre présentait au moment du décès un problème de santé physique majeur (24,7 %)[104]. Cependant, sur ce nombre, 30 personnes, soit moins du tiers, souffraient d’une maladie mortelle ou dégénérative (…). Le cancer est la maladie mortelle la plus souvent rapportée (…)[305]».
En Chaudière-Appalaches, l’analyse des dossiers des coroners pour les annés 2006 à 2009 montre que, sur 50 personnes décédées par suicide dont les informations concernant leur santé physique sont disponibles, 14 d’entre elles étaient atteintes de cancer, soit 28,0%[306].
Dans le réseau de la santé, il serait opportun de tenir compte que les personnes
diagnostiquées ou traitées pour un cancer sont confrontés à des difficultés importantes et qu’ils peuvent présenter des idées suicidaires. Le personnel concerné pourrait procéder à une estimation du potentiel suicidaire, particulièrement avec les hommes présentant un mauvais pronostic et recevant peu de soutien social, comme les hommes veufs, divorcés ou séparés.
En pratique…
selon l’urgence suicidaire et la présence de symptômes dépressifs, le professionnel pourra choisir de remettre de la documentation sur la problématique du suicide et les services offerts en Chaudière-Appalaches aux personnes atteintes de cancer et leurs proches, les encourager à amorcer un suivi psychosocial ou assurer le
lien avec les services d’aide en cas d’urgence. Les personnes atteintes de cancer et
leurs proches peuvent contacter le service Urgence-Détresse au 1-866-APPELLE pour parler à un intervenant social en tout temps. Le site web «www.prevenirle suicide. com» est aussi un outil d’information disponible.

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Détresse au travail

Deux études montrent que les cols blancs surmenés, les cols bleus disposant de peu de liberté de décision, les professeurs d'université et même les rédacteurs comptent parmi les travailleurs à risque côté santé mentale.
Une étude menée auprès de 2889 cols blancs de la région de Québec révèle que près de 28% des répondants éprouvent un niveau de détresse psychologique élevé. Les personnes qui occupent un poste exigeant sur le plan de l'effort intellectuel, de la quantité de travail à produire et des contraintes de temps à respecter et qui, en plus, disposent de peu de latitude décisionnelle courent 2,5 fois plus de risques que leurs collègues d'avoir un niveau élevé de détresse psychologique.
Les chercheurs Renée Bourbonnais (ergothérapie), Chantal Brisson (médecine sociale et préventive), Jocelyne Moisan (pharmacie) et Michel Vézina (médecine sociale et préventive) en arrivent à ces conclusions après avoir analysé les réponses produites par des cols blancs à un questionnaire évaluant d'une part les exigences, la latitude décisionnelle et le soutien social au travail et, d'autre part, le niveau de détresse psychologique du répondant. La détresse psychologique est évaluée à l'aide d'un questionnaire portant sur la présence et l'intensité d'agressivité, d'anxiété, de symptômes dépressifs ou de problèmes cognitifs au cours de la semaine qui précède. Lorsque le score obtenu à ce questionnaire dépasse le seuil correspondant au 80e percentile de la population (i.e. quatre personnes sur cinq ont un score plus bas), les chercheurs estiment que le répondant a un niveau élevé de détresse psychologique. «Les gens qui appartiennent au groupe de détresse psychologique élevée sont plus à risque de recevoir un diagnostic de maladie mentale que ceux qui se retrouvent dans l'autre 80%», explique la chercheure Jocelyne Moisan.
Les résultats de cette recherche, publiés dans le Scandinavian Journal of Work Environment and Health, viennent s'ajouter à d'autres études réalisées dans le passé sur cette question. En 1980, une étude menée dans la région de Québec avait conclu que 19% des cols blancs avaient des problèmes de santé mentale se manifestant notamment par de l'insomnie, de la fatigue, de la nervosité, des symptômes dépressifs et des problèmes psychiatriques. L'enquête de Santé-Québec 1992-93 révèle pour sa part qu'entre 18 et 25% des travailleurs québécois sont victimes de détresse psychologique. Mince consolation pour tous ces travailleurs, la détresse psychologique serait encore plus élevée chez les personnes sans emploi.
Emplois à risque
Les emplois présentant des risques d'atteinte à la santé mentale ne sont pas l'exclusivité des cols blancs. Les chercheurs Michel Vézina (médecine sociale et préventive) et Suzanne Gingras (Centre de santé publique de Québec) ont récemment analysé les données de l'enquête Santé-Québec 1987 afin d'identifier les emplois associés à un niveau de détresse psychologique élevé ou à un état de bien-être psychologique faible, deux facteurs favorisant l'apparition de problèmes de santé mentale. Rapportés plus tôt cette année dans la Revue canadienne de santé publique, leurs résultats, obtenus à partir d'un échantillon de quelque 8500 personnes, identifient les emplois suivants comme étant particulièrement à risque: certains métiers de la construction, les professeurs d'université, les rédacteurs, les conducteurs de véhicules transportant des passagers, les travailleurs du textile, de la fourrure et du cuir, les travailleurs des services de logement, les préposés aux services des aliments et boissons et, finalement, les opérateurs sur machines de mécanographie.
Parmi les populations à risque, observent les chercheurs, il convient de noter «le nombre appréciable de cols bleus et de travailleurs peu qualifiés du secteur des services traditionnels où la vaste majorité du personnel est composée de jeunes et de femmes, et chez qui on a montré, au Québec, une autonomie décisionnelle significativement plus faible comparativement aux autres travailleurs.» Par ailleurs, les deux chercheurs estiment que l'état de bien-être psychologique faible rencontré chez les professeurs d'université peut être causé par de longues semaines de travail auxquelles s'ajoutent les pressions qu'ils subissent pour publier davantage et pour remplir des tâches administratives. Quant aux risques de détresse psychologique élevée rencontrés chez les rédacteurs, les chercheurs les relient aux contraintes de temps auxquelles ces personnes doivent faire face en raison des heures de tombée récurrentes et implacables. «L'Institut américain de stress classe le journalisme parmi les dix emplois les plus stressants», notent-ils au passage.
JEAN HAMANN

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Le jeu du foulard, la détresse psychologique et l’intimidation : Des adolescents ontariens continuent d’avoir des comportements troublants

Pour diffusion immédiate – Le 1er mai 2008 (TORONTO) Des adolescents ontariens s’y prennent d’une autre façon pour éprouver un état d’extase. En effet, environ 7 % des élèves de la 7e à la 12e année (quelque 79 000 élèves) ont déclaré s’être livrés à une activité qu’ils jugent excitante, appelée le jeu du foulard, au cours de laquelle ils s’asphyxient délibérément ou demandent à quelqu’un de les asphyxier. Ces nouvelles données ont été recueillies dans le cadre du Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario (SCDSEO) 2007, qui contient des indicateurs et fournit des renseignements sur les tendances en matière de santé psychologique chez les jeunes de l’Ontario. Ces résultats sont présentés dans le Rapport sur la santé mentale et le bien-être rendu public aujourd’hui par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) à l’occasion de la Semaine de la santé mentale des enfants.
Le SCDSEO 2007 révèle également qu’environ 3 % des répondants (soit 35 000 élèves) ont déclaré avoir tenté de se suicider au cours de la dernière année. Environ un élève sur dix estime que sa santé mentale est mauvaise. Davantage de filles que de garçons (16 % comparativement à 7 %) sont dans cette situation. Environ 9 % des élèves pourraient avoir un problème lié aux jeux vidéo (qui se manifeste par des symptômes comme une perte de contrôle, l’isolement et la perturbation de la vie familiale ou scolaire). Les garçons sont beaucoup plus susceptibles que les filles d’éprouver ce problème (16 % comparativement à 3 %).
De dire le Dr Jürgen Rehm, scientifique principal à CAMH et porte-parole pour les besoins du sondage : « Nous avons inclus des questions sur le jeu du foulard et les jeux vidéo pour tenir compte de l’évolution constante des comportements des adolescents ontariens. Dans l’ensemble, il n’y a pas lieu de s’alarmer. Toutefois, on constate qu’un grand nombre de jeunes éprouvent une détresse élevée et ont des comportements qui pourraient être autodestructeurs ».
Le Dr David Wolfe, directeur du Centre des sciences préventives de CAMH, ajoute que les adolescents ont toujours été fascinés par l’altération de l’état de conscience. « Les activités comme le jeu du foulard ne datent pas d’hier. Toutefois, il importe que les parents soient conscients de ces comportements et soient prêts à parler à leurs enfants des dangers de ce genre d’activités et des autres activités risquées. »
Le rapport de cette année révèle qu’un pourcentage stable mais élevé de jeunes éprouvent une détresse psychologique élevée. En effet, 31 % des élèves ont déclaré avoir des symptômes de dépression, d’angoisse ou de dysfonction sociale. De plus, environ 21 % des élèves ont consulté un professionnel de la santé mentale au moins une fois au cours de l’année précédente. Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport au pourcentage enregistré en 2005, alors que seuls 12 % des élèves avaient déclaré avoir consulté un tel professionnel.
« C’est un signe encourageant, estime le Dr Rehm, car il indique qu’il y a moins de préjugés entourant les problèmes psychologiques et de santé mentale et que de plus en plus d’élèves et de familles reconnaissent que les professionnels de la santé peuvent les aider à régler ces problèmes. »
L’intimidation demeure un problème chez les jeunes de l’Ontario. Un pourcentage stable mais élevé (environ 30 %) d’élèves ont déclaré avoir été victimes d’intimidation à l’école depuis septembre. La violence verbale est la forme d’intimidation la plus courante (rapportée par 23 % des élèves), suivie de l’intimidation physique (4 %) et du vol ou du vandalisme (3 %).
Le rapport fait état du rôle clé que jouent les parents et les enseignants dans le développement des adolescents. « L’intimidation demeure un problème dans les écoles. Elle peut avoir des effets considérables sur la santé mentale et le bien-être des adolescents, déclare le Dr Wolfe. Il est essentiel que les écoles trouvent des moyens de mettre un terme à ces formes de mauvais traitements et de violence afin que les élèves se sentent en sécurité. Il faut que les jeunes sachent qu’ils peuvent parler de leurs problèmes aux administrateurs de l’école et à leurs parents. De leur côté, les parents doivent être ouverts et honnêtes avec leurs enfants et leur donner les moyens nécessaires de prendre de bonnes décisions. »
Le Rapport sur la santé mentale et le bien-être 2007 décrit la santé mentale et physique ainsi que les comportements à risque des élèves de l’Ontario en 2007 et suit leur évolution depuis 1991 (lorsque cela est possible). Bien que le SCDSEO remonte à 1977, la plupart des indicateurs de la santé physique et mentale ont été inclus dans le sondage au début des années 1990. Pour plus de renseignements, consultez le Rapport sur la santé mentale et le bien-être 2007 - SCDSEO sur le site Web de CAMH.
Le Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario (SCDSEO), réalisé par CAMH, célèbre son 30e anniversaire. Il s’agit de la plus ancienne étude permanente menée auprès des adolescents en milieu scolaire au Canada. Au cours de l’année scolaire 2006-2007, 6 323 élèves de la 7e à la 12e année répartis dans 43 conseils scolaires, 119 écoles et 385 classes ont participé au sondage, qui a été administré par l’Institut de recherche sociale de l’Université York.
Pour obtenir plus de renseignements ou pour organiser une entrevue, veuillez téléphoner à Michael Torres, coordonnateur des relations avec les médias de CAMH, au 416 595-6015.
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus grand hôpital d’enseignement au Canada et l’un des principaux centres de recherche au monde dans les domaines de la toxicomanie et de la santé mentale. Affilié à part entière à l’Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l’Organisation panaméricaine de la santé et de l’Organisation mondiale de la Santé.
CAMH intègre les soins cliniques, la recherche scientifique ainsi que les activités d’éducation, d’élaboration de politiques et de promotion de la santé afin de transformer la vie des personnes touchées par des questions liées à la toxicomanie et à la santé mentale.

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Sommeil, détresse psychologique et vieillissement
NADINE FORTIN

Le sommeil joue un rôle important dans le maintien de l'équilibre d'un individu. Des perturbations du sommeil peuvent entraîner des troubles psychologiques comme la dépression. D'un autre côté, plusieurs désordres psychologiques tels la dépression ou les troubles anxieux sont identifiables par des symptômes de problèmes de sommeil. Alors quelle est la cause? Quelle est la conséquence? Voilà une situation qui ressemble étrangement à la question : qu'est-ce qui arrive en premier, l'œuf ou la poule?
À la suite de ce constat, Dominique Lorrain et Denis Bélisle, professeurs à la Faculté des lettres et sciences humaines, ont conclu que, peu importe que se soit la maladie mentale qui entraîne des troubles du sommeil ou l'inverse, la qualité de vie s'en trouve affectée. Il faut donc agir à la source. Dès la première consultation pour un problème d'insomnie, il ne faut pas sous-estimer l'information que le sujet peut fournir, même à son insu et, surtout, il faut lui poser les bonnes questions. Une identification précoce du type d'insomnie permettra d'agir plus efficacement. Ainsi, un questionnaire comme le Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI), qui propose un ensemble de questions et un système de cotation permettant d'attribuer un score global à la qualité du sommeil, pourrait aider les cliniciens à bien identifier le problème.
Ces résultats ressortent d'une étude menée au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke. Les troubles du sommeil, notamment l'insomnie, s'accentuent avec l'âge. Près de 40 % des personnes âgées se plaignent de leur sommeil : nombre plus élevé d'éveils durant la nuit, période plus courte de sommeil même si le temps passé au lit est plus long. Entre 12 % et 25 % des personnes âgées de 65 ans et plus souffrent d'insomnie. Chez la population adulte, ce nombre se situe entre 9 % et 12 %. La complexité de la relation entre la dépression ou les troubles anxieux et le sommeil augmente chez la personne âgée. Cette dernière est plus susceptible de faire face à des événements traumatiques de la vie : mise à la retraite, décès d'un proche. De plus, son sommeil change naturellement avec le temps. La frontière entre le normal et le pathologique s'atténue.
Les troubles anxieux, la dépression, les apnées du sommeil et les mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil peuvent entraîner l'insomnie chez les personnes âgées. Les troubles anxieux se caractérisent par une difficulté à s'endormir au coucher, alors que la dépression occasionnera souvent un réveil précoce. Les apnées du sommeil et des mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil entraînent des réveils au cours de la nuit, mais aussi une difficulté à s'endormir.
Les apnées du sommeil consistent en des pauses respiratoires fréquentes et prolongées causant une diminution de l'oxygène dans le sang plus ou moins grave selon la sévérité de la condition. Les mouvements périodiques des jambes sont des mouvements rythmiques et involontaires des membres inférieurs qui peuvent avoir une intensité suffisante pour perturber les cycles du sommeil. Ils peuvent aller jusqu'à causer l'éveil. Dans les deux cas, les personnes atteintes peuvent ne pas avoir directement conscience de leur état. Elles éprouvent souvent une fatigue matinale importante, un manque d'entrain certain, de l'hypersomnolence diurne et, dans les cas graves, il peut s'ensuivre une perte d'appétit et de jouissance de la vie. Ces symptômes ressemblent à s'y méprendre à ceux de la dépression et il n'est pas rare que des personnes ainsi atteintes soient effectivement traitées comme ayant un trouble psychiatrique. Lorsque c'est le cas, le traitement demeure la plupart du temps sans effet ou encore aggrave la situation. Une détresse importante peut alors s'installer et ainsi, par un effet pervers, favoriser l'apparition d'un épisode dépressif, cette fois authentique.

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