samedi 26 mars 2011

Somniloquie ou Je parle durant mon sommeil


La somniloquie ou le fait de parler durant son sommeil est un phénomène qui frappe plus de de la moitié des jeunes enfants et un peu moins de 5% des adultes. Le discours prononcé durant le sommeil peut n’être que des mots éparpillés et dit à tort et à travers, mais il peut également être une discussion complète et très détaillée.

Faut-il soigner la somniloquie ?

Médicalement, il n’y a pas à s’inquiéter. Parler durant son sommeil est quelque chose de normal et sans aucune conséquence sur votre santé. Mais si jamais vous prononcez des profanités durant votre sommeil, ou que votre discours devient dramatique et émotionnelle, il peut être utile de chercher l’assistance d’un spécialiste du sommeil.
Dans certains cas, la somniloquie peut être causé par un autre trouble de sommeil. Quelques médicaments peuvent également chez certains sujets provoquer une somniloquie. Enfin, l’abus de pilules et de substances chimiques peut être à l’origine de ce symptôme.

La somniloquie concerne également votre conjoint

Le conjoint peut également être consterné par le discours du dormeur. Le compagnon de chambre cherchera à interpréter un discours qui est prononcé de manière complètement inconsciente et désordonnée de la part du dormeur. Ça peut mener à des incompréhensions et à de la consternation.
Votre partenaire de chambre peut surveiller votre discours à l’aide d’un appareil d’enregistrement avec la fonction : enclenchement au bruit. Ces appareils s’enclenchent lorsqu’ils détectent un bruit qu’ils assimilent à un discours.
Il existe certains dispositifs mécaniques pour empêcher de dormir comme le mouthguard porté de nuit et qui empêche le dormeur de parler.

Somnambulisme


Le somnambulisme, qui signifie en latin marcher en dormant, est une pathologie du sommeil d'origine neurologique.

Il se traduit par un comportement moteur survenant lors d'un éveil incomplet en sommeil lent profond. Généralement limité à des déambulations dans le lieu d'habitation, il peut toutefois conduire à des actes plus dangereux pour le sujet (sortie, défenestration) ou pour d'autres individus (conduite d'un véhicule, comportements violents, voire homicide).

Ils semblent être éveillés, et ont les yeux ouverts. Ils sont capables de répondre à des ordres ou à des questions par oui ou non. Ils semblent toutefois ennuyés par les questions et ils s’irritent si l’interrogatoire est trop long. Lorsqu’on les réveille, ils sont confus et mettent un peu de temps avant de reprendre leurs esprits. Près du tiers des somnambules réagissent de façon agressive. La personne n’a aucun souvenir de ce qu’elle a fait, pas même de s’être levée pendant la nuit. La plupart du temps les épisodes sont courts (quelques minutes et parfois jusqu’à 30min).

Pathophysiologie

Le somnambulisme survient généralement durant les phases 3 et 4 du sommeil, ou sommeil profond. Cette phase correspond au premier tiers du cycle du sommeil (pendant les deux premières heures suivant l'endormissement).

Les somnambules ont une régulation anormale des ondes courtes (observables sur un encéphalogramme). Cette régulation est liée au système thalamo-cortical, qui engendre une paralysie musculaire naturelle durant le sommeil.

Ainsi, des séries d'événements moteurs complexes peuvent intervenir sans que le sujet soit conscient.

Le somnambulisme n'est pas dangereux en tant que tel, mais le mouvement sans connaissance consciente peut entraîner des dangers. La raison pour laquelle il ne faut pas réveiller un somnambule est la suivante: celui ci peut avoir des gestes violents et vous frapper. De plus, croyant à un mauvais rêve, il peut s`enfuir et trébucher et se blesser grandement.

Le somnambulisme de l'enfant

Le somnambulisme s'observe le plus souvent chez les enfants, surtout les garçons entre 7 et 12 ans. Ces accès de somnambulisme disparaissent en général à la puberté.

Aux phases ambulatoires les plus courantes s'ajoutent parfois des phases où l'enfant urine dans un lieu innaproprié, utilise des mots obscènes absents de son répertoire courant. La prévention de chutes dangereuses reste toutefois l'aspect le plus important du somnambulisme infantile.

Le somnambulisme de l'adulte

Entre 10 et 20% des adultes seraient sujets au somnambulisme, avec des écarts nets dans certains pays (40% en Suède). Chez l'adulte, le somnambulisme peut avoir des causes psychologiques (notamment en période de stress), psychiques, ou être liée à la consommation d'alcool. Des prédispositions génétiques ont récemment été envisagées après des études menées par l'hôpital universitaire de Berne. Un gène spécifique aux somnambules vient d’être découvert. Un chercheur a réalisé une étude portant sur 74 personnes atteintes de somnambulisme. Il a découvert que 50% d’entre elles possédait un gène appelé HLA DQB1*05 qui fait parti des gènes impliqués dans la régulation du système immunitaire : ces gènes permettent de faire la distinction entre les cellules de l’organisme et celles qui lui sont étrangères. Mais il reste encore à définir la relation exacte entre le somnambulisme et ce gène. En conséquence on peut se demander si le somnambulisme peut être une maladie auto-immune c’est-à-dire provoquée par un mauvais fonctionnement du système de protection de l’organisme

Les symptômes du somnambulisme

Le somnambulisme simple : on distingue deux cas comportementaux. Pour le premier, l’enfant ou l’adulte s’assoit sur son lit tout en exécutant des gestes plus ou moins adroits. De temps en temps, il peut se mettre à parler. Dans le deuxième cas, le somnambule se lève et déambule dans l’habitation pour ensuite retourner spontanément dans son lit. Ses yeux sont grands ouverts et son regard est inexpressif. Si on lui parle, il peut répondre, il peut même exécuter des ordres. Mais le somnambule s’irrite très vite et devient grognon. Parfois, il peut réaliser des actes relativement élaborés, éviter des meubles, descendre des escaliers, vider une armoire, fouiller le réfrigérateur, se mettre à manger, faire la vaisselle, ou uriner dans un coin; voire chez les adultes, conduire un véhicule. Sauf dans cette dernière situation, ce type de somnambulisme n’est pas dangereux et se déroule tout au plus une fois par mois durant 10 minutes. Il tend à disparaître au bout de quelques mois ou à la puberté chez les enfants. Si le somnambule commet des actes dangereux pour lui ou pour son entourage, nous passons au second type de manifestation.

Le somnambulisme à risque : c’est une forme accentuée du somnambulisme simple. En effet, la durée dépasse 10 minutes, la fréquence est de 2 à 3 fois par semaine et les actes du somnambule sont dangereux. Par exemple il peut utiliser un couteau, faire des gestes violents qui peuvent le blesser lui et son entourage ou bien, par sa maladresse, il peut tomber (d’une mezzanine ou des escaliers). Lors de ce type de somnambulisme, les risques de défénestrations sont courants.

Le troisième type est nommé le somnambulisme de « terreur ». Les premières crises de somnambulisme de terreur peuvent apparaître avant 6 ans ou après 10 ans et peuvent persister après la puberté. Les crises débutent tôt après l’endormissement. Lorsque l’on tente de calmer, retenir, réveiller ou consoler le somnambule, celui-ci peut devenir encore plus agressif. Chez l’enfant, le risque de défenestration est deux fois plus important lors de cette crise. Le somnambule est dans un état neurovégétatif (inconscient), il est dans un état de terreur, il court et déambule violemment en poussant des hurlements. Sa fréquence cardiaque, sa respiration et son activité musculaire augmentent. Son cortex cérébral* reste probablement en sommeil lent profond ce qui explique l'amnésie lors du réveil. Ce genre de somnambulisme peut se reproduire plusieurs fois par nuits et cause des problèmes psychologiques au somnambule.

Causes autres que génétique

- Dans un cadre comportemental:
. Le stress ou les tensions nerveuses: produites chez l’enfant par des histoires familiales ou des événements traumatisants, et chez les adultes par la vie actives des adultes.
. Le manque de sommeil : si l’enfant comme si l’adulte, se couche tard, ses rythmes du sommeil sont bouleversés. Une privation du sommeil peut augmenter la fréquence et la complexité du somnambulisme . En effet, il y a plus de cas de somnambulisme lors d’une nuit de récupération que lors d’une nuit normale (sur 15 patients 100% on eu une crise lors d’une nuit de récupération contre 60% lors d’une nuit normale).
. Les migraines (en particulier chez les femmes)

- Dans un cadre environnemental :
. une maladie : il existe un lien étroit entre la fièvre et le somnambulisme. Il a été, aussi, associé à la Maladie de Gilles de la Tourette. Certaines formes de l’épilepsie ou d’énurésie peuvent également entraîner le somnambulisme.
. la puberté : le trouble chez l’enfant peut être lié aux facteurs de croissance comme la puberté.

- Dans un cadre toxique :
. la prise de certains médicaments de la classe des psychotropes est consommé par moins de 10% des jeunes actuels. Il y a moins de consommation que chez les adultes. Les adultes utilisent plus de médicaments contre le stress(particulièrement le lithium), et pour dormir.
. l’alcool et les drogues.

Quels sont les traitements les plus courants ?

Certains patients souffrent de troubles psychologiques liés à leur propre perception du somnambulisme, qui reste assez peu étudié et est mal connu du grand public. Les comportements violents peuvent également avoir un impact psychologique important notamment sur le couple.

Une croyance populaire veut qu'il ne faut pas réveiller un somnambule. Dans les faits il n'y a aucun danger à le réveiller. Il peut seulement être désorienté ou embarrassé. En tout cas, mieux vaut le réveiller que de lui permettre de se mettre en danger.

En tant que maladie, le somnambulisme peut être traité :

- Dans les cas simples, il faut chercher à supprimer les causes tel que le manque de sommeil, le stress et éviter les exercices violents en soirée. Ils doivent également dormir à des heures régulières et adapter l’environnement : dormir au rez-de-chaussée ou verrouiller la porte de sa chambre.

- Si les crises se manifestent trop souvent, les médecins peuvent prescrire des benzodiazépines, du diazepam ou du lorazepam, qui suppriment les crises en éliminant les phases du sommeil profond. Mais l’efficacité de ces benzodiazépines se limitent au début du traitement, il s’en suit un phénomène d’échappement.

- On peut aussi utiliser l’hypnose avec un thérapeute: les résultats semblent efficaces. Si des troubles psychologiques surviennent après les crises, il est préférable de consulter un médecin psychiatre.

Complexe d'Electre


Pour Freud, le complexe d'Électre est le "complexe dOedipe au féminin", c'est un concept qui explique le développement psychique chez la petite fille. Faisons le point.

Ce concept est lancé par le médecin psychiatre Carl Gustav Jung, dans les années 1860, en référence à l'héroïne grecque qui vengea son père Agamemnon, en assassinant sa propre mère Clytemnestre.
Pour Freud, la mère est le premier objet de l'amour chez le petit garçon comme chez la petite fille. Vers l'âge de trois ans, l'enfant découvre que ses parents ont des rapports sexuels et il se sent alors exclu de cette relation : la fille comme le garçon cherchent à se mêler à la relation du couple.
Lors d'une première phase dite « phallique », le garçon peut s'interposer avec le père en exposant son pénis. Le père affirme alors son autorité en condamnant ce geste et chez l'enfant naît alors la peur de la castration. La petite fille qui n'a pas de pénis ne peut entrer en conflit avec le père, et dans ce cas la peur de la castration se traduit par la frustration de ne pas avoir de pénis.
La fille peut alors réagir de trois façons :
Le rejet de sa sexualité, le rejet de la castration, le choix du père comme objet, qui se traduit par une attirance, la mère devient alors une "rivale" dans la quête du pénis manquant.
Dans ce schéma, la fille développe alors une attirance calculée pour le père afin de se "procurer" le pénis  qui lui fait défaut. La mère devient provisoirement une rivale dans cette quête du pénis.
Contrairement au complexe d'Œdipe, qui prend fin avec la "castration", celui d'Électre débute par la castration, qui provoque la convoitise du père et  s'arrête au moment où la fille s'identifie à la mère.

Le nombre de relations amoureuses, réelles ou imaginaires, entre de très jeunes femmes et des hommes nettement plus âgés, a poussé les fondateurs de la psychanalyse Sigmund Freud et C. G. Jung, au début du siècle dernier, à se pencher sur ce phénomène d’un point de vue féminin.
Cette tendance compulsive amenant la fille à se tourner vers le père ou une image paternelle, conséquence du complexe de castration pré-pubataire féminin, fut décrit pour la première fois par Jung sous le nom de « complexe d’Electre ». Il établissait alors sciemment une analogie avec le complexe d’Œdipe freudien.
Durant cette phase, la fillette s’oriente vers le père et rivalise avec sa mère, à l’image du garçon amoureux de sa mère et rival du père pendant le complexe œdipien. Le complexe d’Electre n’est alors résolu qu’à partir du moment où la fixation érotique sur le père est repoussée par le processus d’identification à la mère. Une résolution incomplète de ce complexe peut amener plus tard à un comportement névrotique. La mise en parallèle des complexes d’Electre et d’Œudipe est flagrante. A l’instar de Freud, Jung a choisi un personnage de la mythologie grecque pour illustrer ce phénomène.

Electre est la fille du roi des Mycènes Agamemnon. Alors que ce dernier revient de la guerre de Troyes, il est assassiné par sa femme Clytemnestre et son amant. Inconsolable, la fille se recueille sur la tombe de son père et aide son frère Oreste à organiser l’assassinat de leur mère. Le mythe d’Electre est l’unique thème tragique grecque traité dans trois oeuvres de grands dramaturges antiques (Achille, Sophocle et Euripide).

Dans « Trois essais sur la sexualité » (1905), Freud rejette le terme de « complexe d’Electre » pour définir cette problématique. Il développe alors un thèse provocante selon laquelle le complexe de castration féminin amènerait à une reconnaissance de la supériorité masculine. Cette théorie est aujourd’hui bien évidemment vivement contestée et pas seulement dans les milieux féministes.

Freud envisage trois possibilités dans l’évolution sexuelle féminine. D’abord, le refus de toute forme de sexualité, amenant alors à la frigidité. Ensuite, un développement rétif pouvant aller jusqu’à un comportement impudique propice à l’homosexualité. C’est cette version que Wolfgang Koeppen a traité dans sa nouvelle intitulé « Das klassische Italien ».

Selon Freud, seule la troisième possibilité permet un développement « normal » : un complexe d’Œudipe féminin non résolu faisant du père l’objet de tous les désirs. Selon Freud, ceci ne pose aucun problème car le complexe ne revêt pas de caractère hostile ou destructeur. « Mignon » de Goethe, « Loulou » de Wedekind ou « Lolita » de Nabokov nous livrent une toute autre version des faits.

D’un point de vue masculin, l’ « Eros pédagogique » platonique constitue une motivation pour la femme-enfant. Le souhait d’être récompensée dans le cadre d’une transmission de savoir et d’une attention pédagogique peut s’étendre jusqu’au domaine sexuel où le professeur, alors plus âgé, peut aussi prendre en charge l’initiation de son élève. Un certain manque d’assurance conjugué à une immaturité et une fixation sur la jeunesse peuvent rendre un homme mûr dépendant d’une femme-enfant, à l’image d’Humbert dans « Lolita » de Nabokov.

Ce dernier est attiré par ce que représente Lolita, image inverse de la femme mûre avec laquelle il ne peut entretenir de rapport d’égal à égal. Il a été marqué par un amour de jeunesse malheureux avec une personne du même âge. Il tente durant toute sa vie, suite à cette expérience malheureuse, de résoudre son traumatisme en pratiquant l’initiation sexuelle. Il s’agit ici d’une allusion ironique à la théorie de Freud.
Dans le roman de Goethe « Mann von 50 Jahren », un homme de 50 ans tombe amoureux d’une nièce de 17 ans. Il vit cette attirance comme un rajeunissement qu’il tente aussi d’atteindre de manière physique, par peur de la perdre au profit d’un homme plus jeune.

Le caractère androgyne de la femme-enfant et le désir sexuel qu’elle éveille autorisent à penser que cette fixation des hommes sur elles constitue un reflet de leur homosexualité latente. De ce point de vue, le beau Tadzio, personnage du livre de Thomas Mann « La mort à Venise » est une version masculine de Lolita. 

Le complexe d'Électre est un concept théorique de Carl Gustav Jung qui l'a nommé ainsi en référence à l'héroïne grecque qui vengea son père Agamemnon en assassinant sa propre mère, Clytemnestre. Il pensait ainsi avoir crée un équivalent du complexe d'Œdipe de Freud mais notons que ce dernier n'a pas accepté cette proposition: Il nous semble sur ce point que ce que nous disons du complexe d'Oedipe ne s'applique en toute rigueur qu'à l'enfant de sexe masculin, et que nous sommes fondés à refuser l'expression de complexe d'Electre qui insiste sur l'analogie du comportement des deux sexes. En effet pour Freud, il n'existe pas de "Loi de la Mère" et on ne peut donc pas régler la question par une simple équivalence tirée de la mythologie.

Exposé du problème

Selon Freud, le développement psychique de l'enfant se déroule selon trois stades successifs. Au cours du premier stade, dit « oral », l'enfant prend son plaisir par l'acte de manger. Le sein de la mère est alors perçu par l'enfant comme objet de plaisir. Lors du second stade, dit « sadique-anal », l'enfant prend conscience de sa puissance sur le monde. Enfin, lors du troisième stade, dit « œdipien » ou « phallique », se développe, chez le garçon, le complexe d'Œdipe : les pulsions d'attirance à l'égard de la mère se renforcent, l'enfant devient de plus en plus exigeant et envahissant, ce qui provoque l'opposition du père, lequel cristallise ensuite sur lui des pulsions hostiles de la part du garçon. À l'adolescence, ce complexe provoque l'attirance du garçon pour les filles, et son rejet des autres garçons, ce qui conditionne une sexualité de type hétérosexuelle.
La difficulté saute cependant aux yeux : s'il en allait exactement de la même manière chez la petite fille, alors l'adolescente devrait ressentir une attirance sexuelle pour les autres filles et un rejet des garçons ; or, ce n'est pas ce qu'on observe ; aussi Freud fut-il amené à aménager le concept de complexe d'Œdipe pour l'adapter au cas de la fille et résoudre l'asymétrie constatée entre le développement psychique des garçons et celui des filles.

 Description freudienne du complexe d'Électre

Pour Freud, il est clair que la mère « nourricière » est le premier objet d'amour chez la fille comme chez le garçon ; il est clair également que la fille, comme le garçon, découvre vers trois ans que les parents entretiennent des relations sexuelles dont l'enfant se sent exclu ; il est enfin tout aussi clair que la fille, comme le garçon, cherche alors à s'interposer entre ses parents.
Toutefois, à ce moment, le processus chez la fille se dissocie nécessairement du processus chez le garçon. En effet, lors de cette première phase, dite « phallique » du complexe d'Œdipe, le garçon peut s'interposer entre ses parents en entrant ouvertement en conflit avec son père, ce qu'il réalise en exhibant son pénis ; le père, qui sanctionne ce comportement, se présente alors comme une figure de l'autorité liée à la peur de la castration.
De son côté, la fille, privée de pénis, ne peut entrer ouvertement en conflit avec le père. Aussi chez elle la castration n'est-elle pas ressentie comme la peur de perdre son pénis, mais comme la frustration de ne pas en avoir. Elle peut alors, selon Freud, réagir de trois façons :
  • rejet pur et simple de la sexualité ;
  • rejet de la castration et donc de son destin de future femme ;
  • choix du père comme objet.
Plus précisément, dans ce dernier cas, la fille commencerait à ressentir une attirance pour son père – attirance toute calculée, s'entend, puisqu'il s'agit de lui soutirer un pénis pour se procurer celui qui lui manque. Cette attirance pour le père peut donc s'élaborer sans entamer la pulsion sexuelle pour la mère « nourricière », même si celle-ci prend, temporairement du moins, figure de rivale dans la quête du pénis paternel.
L'explication proposée par Freud permet ainsi de comprendre comment la fille, malgré le même « point de départ » que le garçon (les pulsions sexuelles envers la mère), en vient à ressentir des pulsions sexuelles pour son père et des pulsions hostiles pour sa mère (situation contraire à celle du garçon).
S'il y a même point de départ dans le désir de la mère, l'angoisse de castration divise garçon et fille quant au début du complexe. La castration est, pour le garçon, la sortie du complexe d'Œdipe : le père pose pour le petit d'homme cette menace par excellence, et cet enfant doit abandonner la convoitise de la mère. La castration met fin au complexe d'Œdipe. Tandis que le complexe d'Électre, à proprement parler, débute par la castration – c'est la castration qui, comme on l'a vu, introduit le désir du père. Cette fonction opposée de la castration quant au complexe chez le garçon et la fille n'est pas sans conséquences sur le développement psychique ultérieur.
Comme le complexe d'Œdipe pour le garçon, le complexe d'Électre trouve à se résoudre au moment de l'adolescence, lorsque la fille surmonte la castration, qu'elle commence à élaborer une personnalité propre empruntant à la fois à son père et à sa mère, et qu'elle se met à rechercher d'autres partenaires sexuels que ses parents. Le désir d'enfant, à l'âge adulte, ne serait alors chez la femme qu'une simple sublimation du désir de pénis ressenti dans l'enfance.
Cependant, si le complexe d'Œdipe permet l'expression radicale de l'attirance à l'égard de la mère et d'hostilité à l'égard du père, au contraire, dans le complexe d'Électre, cette expression se teinte toujours d'ambivalence. La fille est attirée par son père, mais seulement dans la mesure où elle cherche à lui soutirer un pénis ; elle ressent une rivalité à l'égard de sa mère, mais continue par ailleurs à s'identifier à elle. Aussi Freud pensait-il que le complexe d'Électre ne se résolvait jamais complètement chez la fille et que ses effets s'en ressentaient dans sa vie mentale de femme.