mercredi 31 octobre 2012



Rêve

Définition

« Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres; le monde des Esprits s'ouvre pour nous. »

GÉRARD DE NERVALAurélia, ou Le rêve et la vie

«Le rêve est une élimination comme le labeur littéraire.» Victor Hugo

samedi 13 octobre 2012


L’origine des cauchemars

Vous venez de cauchemarder et vous êtes submergés par la peur… S’ils sont souvent isolés, ces images désagréables hantent parfois régulièrement vos nuits. Mais d’où viennent ces rêves qui ont mal tourné ? Qu’est-ce qui les provoque ?
Alors que le scénario des rêves agréables est souvent irréaliste, celui des cauchemars est terrifiant, parce qu’il semble décrire un danger réel (menace de mort sur soi ou sur un proche, menace sur l’intégrité de son corps, menace d’abandon, etc.). Parfois le dormeur réussit à s’arracher au “film” en s’éveillant. Mais, dès qu’il s’abandonne de nouveau au sommeil, le “film” reprend son cours et la terreur aussi. On se souvient parfois toute sa vie d’un cauchemar inquiétant. Il arrive, d’ailleurs, que ce souvenir redéclenche la même terreur que le cauchemar lui-même.

Sommeil paradoxal et cauchemars

L'origine des cauchemarsD’après les neurologues, les rêves surviennent durant les périodes du sommeil profond, nommées “sommeil paradoxal”. Cette phase, que les chercheurs savent maintenant provoquer à l’aide d’injections chimiques, se déclenche spontanément, selon un cycle régulier, par émission dans le cerveau d’acétylcholine. Pour y accéder, le dormeur doit se sentir en sécurité : n’avoir ni faim, ni soif, se trouver dans un bon équilibre thermique, etc. Parfois un événement fortuit perturbe le dormeur, dont le corps est resté, malgré tout, en liaison avec le monde extérieur : bruit soudain, changement brutal de température… Parfois, c’est une digestion difficile ou une montée de fièvre qui affecte le sommeil. Ces facteurs de troubles, en privant le rêveur de tranquillité, sont susceptibles de transformer les images paisibles du rêve en cauchemar. A noter que, durant un cauchemar, le dormeur n’est plus dans un sommeil profond, mais frôle l’état de veille.

Langage du rêve et psychanalyse

Les cauchemars ont longtemps été considérés comme des prédictions de catastrophes, avant d’être étudiés par la psychanalyse. Selon la théorie freudienne, les rêves sont l’expression de l’inconscient. Les cauchemars sont la façon choisie par ce côté obscur d’exprimer une angoisse refoulée ou un désir tellement inacceptable qu’il se camoufle en punition : le contenu immoral de la pensée est alors censuré et remplacé par l’image horrible du cauchemar. Ainsi, entre deux et cinq ans, à l’âge du complexe d’Œdipe, l’enfant cauchemarde fréquemment : le désir symbolique de meurtre du parent de même sexe se réalise, dans le sommeil, à travers des images qui le terrorisent.

L’élément déclencheur du cauchemar

Les thèmes des rêves et des cauchemars sont déclenchés par un événement apparemment anodin qui se produit dans les vingt-quatre heures qui précèdent. Cet événement, qui a une fonction de catalyseur, éveille, dans l’inconscient un souvenir refoulé ou une angoisse oubliée, mais est rarement la cause véritable du cauchemar.

Traumatisme, refoulement et angoisse

Certains cauchemars se répètent plusieurs fois au cours de la vie d’un même individu. La cause peut en être un souvenir traumatisant datant de la petite enfance et complètement enfoui (menace faite à un enfant qui suce son pouce, de le lui couper ; peur de noyade éprouvée par un bébé ayant glissé dans la baignoire, etc.). Il peut s’agir aussi du souvenir d’une situation de violence (guerre, viol, incendie, attentat, déportation, etc.), qui resurgit, durant le sommeil, à peine transformée : pour supporter sa vie présente, l’individu cherche à oublier le traumatisme. Durant les périodes de veille, sa conscience le repousse hors de sa mémoire et le refoule ainsi dans l’inconscient, qui le lui rappelle à travers le cauchemar…