mardi 4 janvier 2011

Rêve d'Hitler




Hitler et le chien

Je ne fais pas de rêves, il se peut que je ne m’en souvienne pas. Je n’en ai retenu qu’un seul, il m’a vivement intriguée, non seulement parce qu’il n’a rien à voir avec mon état actuel, mais surtout parce que je ne me suis jamais intéressée ni à Hitler ni aux chiens. J’ai donc vu Hitler dans mon rêve et quelqu’un d’autre, ils étaient couchés dans l’herbe et discutaient. Je ne sais pas qui était l’autre, un officier peut-être, pourtant il ne portait pas d’uniforme. J’ai vu quelqu’un qui était simplement là. Le chien de ce dernier avait assisté par hasard à une réunion secrète de l’état-major du Führer. Je n’ai pas vu le chien dans mon rêve. Hitler considérait donc que l’animal devait être exécuté, et l’autre, en pleurant doucement, lui disait : «Mais moi je n’ai personne au monde excepté vous et ce chien.»
J’imagine que je me trouve dans le salon d’une grande maison de campagne, il y a des gens que je connais plus ou moins. Par les fenêtres on voit la mer. Ils sont en train de parler d’un sujet qui me touche. J’essaie de dire quelque chose, cependant aucun son ne sort de ma bouche. Je gesticule pour attirer leur attention, mais je ne réussis à capter le regard de personne. Je réalise que personne ne sait que je suis là. Quelqu’un parle de moi au passé. Je n’existe peut-être que dans la mémoire de l’un des invités. Alors je me lève et sur la pointe des pieds je quitte la pièce, tel un souvenir qui veut se faire oublier.

Vassilis Alexakis
Talgo
Grèce   2003 Genre de texte
Roman
Contexte
La narratrice est une jeune Athénienne, Éléni, qui évoque la fin de sa liaison avec Grigoris, un Grec installé à Paris. Le rêve n'a pas de lien explicite avec la suite de l'histoire, en dehors de sa valeur symbolique.
Texte témoin
Vassilis Alexakis, Talgo, Stock, 2003, p. 27-28. (Traduit du grec par l’auteur).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire