mercredi 2 février 2011

Le rêve, message de l'inconscient




 Le rêve, message que nous adresse l'inconscient, est un moyen privilégié de connaissance de soi. Il ne se limite pas à la vie personnelle : il nous met en contact, par l'intermédiaire de ses images-symboles, avec des réalités archétypales et universelles. 

 


Dans la mythologie grecque, Hypnos, Dieu du Sommeil, est le frère jumeau de Thanatos, la Mort, tous deux fils de la Nuit. Hypnos a pour fils Morphée, le Dieu des Songes.
Mort, sommeil, songes font partie d'une même famille, nourrie par une mère inspiratrice, la Nuit.

Un voyage intérieur


Mort et sommeil sont en fait deux états dans lesquels l'être échappe au conscient et où l'inconscient s'exprime. Le rêve est alors une porte qui s'ouvre vers un gigantesque univers.

L'expression tomber de sommeil est significative. Lors d'une séance d'hypnose, un analyste relate les expériences de ses patients, qui décrivent ainsi leurs sensations (1) : "Je tourbillonne, tout mon corps flotte et tourne comme une toupie. Je suis un derviche tourneur. Je suis en train de dégringoler dans une tombe". Ou encore : "Je suis au fond d'un puits. L'espace semble infini, il s'enfonce". Un autre parle "d'un gouffre profond".


Dans la plupart des langues, on dit sombrer, tomber, dans le sommeil. En hongrois, c'est alomba merült : se glisser sous le sommeil, comme dans de l'eau. Cela n'est pas sans nous rappeler les témoignages de mort clinique. Lors d'un arrêt cardiaque bref, la personne se voit sortir de son corps et flotter. Quand l'arrêt est plus long, il y a visualisation d'un long tunnel très sombre conduisant à une lumière éblouissante (2).
Dans les croyances animistes, en Floride, l'âme appelée Tarunga, quitte le corps pendant le rêve et revient au réveil. Un jour elle ne revient pas et c'est la mort. On éveille un dormeur doucement, avec précaution, de peur que son âme n'ait pas le temps de revenir. Dans certaines autres traditions, le retour précipité de l'âme est la cause des migraines que l'on éprouve parfois au réveil. Tous ces témoignages prouvent que le sommeil, qui entraîne la disparition de l'état de conscience qui est le nôtre en état de veille, nous amène vers un monde intérieur, décrit dans toutes les cultures.

Au début du siècle, Freud fut un des pionniers de la science des rêves, qu'il définit comme la "voie royale vers l'inconscient". Cependant, dans son approche, le rêve est limité à une interprétation personnelle et temporelle. Le sommeil serait un défoulement de la conscience, qui satisfait en rêve des désirs qu'elle n'oserait vivre dans la réalité. Le rêve canalise essentiellement le refoulement sexuel. La conscience est supérieure à l'inconscient, "sorte de boîte à ordures du conscient".

Jung, disciple de Freud, approfondit la démarche et chercha durant de longues années à créer un pont entre les rêves et les expériences spirituelles faites par les hommes à travers les âges. Il entreprit une vaste enquête au Nouveau-Mexique, au Kenya, en Amérique du Nord, aux Indes et en Europe, pour étudier sur place mœurs, religions et psychologies. Grâce à cette longue quête, il put s'assurer du bien-fondé de sa théorie de l'inconscient collectif, en dégagea l'existence d'un fond commun psychique universel, producteur d'archétypes.

La psyché ou âme se compose d'une infime partie consciente, qui se définit par la relation avec le moi, et d'une partie insondable inconsciente. Selon l'image jungienne, la conscience est comme un îlot qui flotte dans l'immense mer de l'inconscient, divisé en deux zones : inconscient personnel et inconscient collectif.
L'inconscient personnel rassemble tout ce que nous avons refoulé et n'avons pas encore perçu de nous-mêmes. Selon Jung, il a "la caractéristique qu'il pourrait tout aussi bien être conscient". Il est strictement lié à l'expérience personnelle de l'âge zéro à l'âge actuel.

L'inconscient collectif est commun à l'espèce humaine. Il s'est élaboré à partir de la mémoire de toute l'expérience ancestrale depuis des millions d'années. C'est une sorte "d'image éternelle du monde".

Jung explique : "Tout comme le corps humain révèle une anatomie commune par-delà toutes les différences raciales, la psyché possède de son côté, au-delà de toutes les distinctions culturelles et conscientes, un substrat commun que j'ai désigné du nom d'inconscient collectif". Ces expériences ancestrales se traduisent par des images-symboles, archétypes indépendants du temps et de l'espace, par de-là toute conception individuelle, et ont donné naissance aux dieux et aux héros mythologiques.
Ainsi mythologie et psychologie se retrouvent dans la sentence de Delphes : "Connais toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les Dieux".


C'est ainsi que, bien souvent, dans nos rêves, nous sommes confrontés à des images-symboles inconnues jusque-là de notre sphère consciente mais qui recouvrent une trame archétypale. Leur interprétation nous permet de faire émerger à la conscience une connaissance intérieure.

La fonction générale du rêve, au niveau psychique, est de rétablir un équilibre. Le rêve compense les déficiences de la personnalité et en même temps donne des signaux d'alarme au rêveur.

Quatre grands types de rêves


Du rêve "bilan de la journée" on dit généralement qu'il est "bête". Le rêveur le trouve banal, car il reprend des événements de la journée sans importance particulière. C'est en fait une expression de l'inconscient personnel. Mais il n'y a pas de rêve banal. Tous ont leur importance. Et il faudra chercher quels détails, couleurs ou formes le sujet a plus particulièrement retenu de sa journée.

Le rêve "compensatoire" réduit ce qui a été surestimé dans la journée par le conscient, et souligne au contraire ce qui a été dévalué. Il a une fonction de rectification qui permet de rétablir un équilibre indispensable pour permettre à la personnalité de vivre mieux les événements. Ainsi aux événements lourds et pénibles de la journée répondent dans la nuit qui suit des rêves gais. C'est une soupape compensatoire de l'inconscient, un lâcher prise indispensable pour survivre. Ce type de rêve peut apporter des solutions au sujet, et faire partie des rêves "d'avertissement".
Dans le rêve de "transmutation" l'inconscient présente des événements forts et différents du vécu du sujet, qui créent des tensions dans l'âme. On se réveille par exemple avec l'envie de pleurer, ou avec une sensation d'angoisse. Ce type de rêve met en jeu des forces internes et crée un conflit avec le moi. C'est une activation de nos fonctions psychologiques. En même temps, ces rêves apportent un élargissement de la conscience : ce qui était éteint en nous se réveille.

Les rêves de mort font partie de cette catégorie (3). Que le sujet rêve sa propre mort ou celle d'un autre sujet, ces rêves sont généralement à interpréter comme symbole de transformation et de passage et signifient qu'un renouvellement intérieur est en train de se produire.

Lorsqu'on rêve la mort d'autrui, on peut l'interpréter, dans plus de neuf cas sur dix, comme une mort symbolique. C'est l'image de ce que la personne représente pour nous qui cherche à mourir ou qui se manifeste négativement. Par exemple, le fait de voir en rêve mourir son père peut être le signe que nous acceptons mal l'autorité, que nous avons un problème de hiérarchie ou que nous avons une faiblesse dans notre polarité yang, active ; ou encore que nous acquérons notre autonomie par rapport à lui.

Ces rêves, bien sûr, marquent très fortement le rêveur, qui ne doit pas négliger le message pressenti.
Les "grands rêves" sont des rêves dans lesquels émerge l'inconscient collectif. Le sujet peut ne pas voir de rapport entre sa propre personne et le rêve qu'il a fait. Celui-ci est chargé de symboles et d'archétypes, inconnus ou presque jusque-là du rêveur. Ces rêves peuvent reprendre des trames mythologiques, avec un dénouement. Ils sont très revitalisants pour le sujet, et l'ouvrent à une dimension intérieure insoupçonnée. Bien souvent ce sont ceux dont on se rappelle le moins. Car notre mémoire est sélective et a tendance à retenir avant tout les rêves les plus proches de notre sphère de conscience, donc les moins symboliques.

Un langage symbolique


Nous présentons ci-dessous deux exemples assez courants, les rêves de maison et les rêves d'eau, qui peuvent aider le lecteur à mieux se situer.
Etant donné que nous vivons quotidiennement à l'intérieur de maisons, chez nous ou au bureau, il est naturel que nos rêves se situent, la plupart du temps, dans des pièces que l'on reconnaît mais que l'architecte de notre inconscient a disposé de manière nouvelle. En fait, la maison, c'est nous.

Ce qui s'y passe n'est que le reflet de ce que nous vivons en nous. C'est pour cela que la comparaison symbolique de la maison nous renseigne sur notre état psychologique intérieur : pièces larges et claires, ou salles obscures et étroites, décorées ou vides... Les pièces courantes, salle à manger, bureau, reviennent moins que des pièces apparemment secondaires, mais davantage porteuses de sens pour notre inconscient (salle de bain, cave, WC).

La cave représente l'inconscient personnel. C'est dans la cave qu'on trouve généralement les réserves (alimentaires, ou vieux objets entassés plus ou moins propres). Elle renferme dans nos rêves les réserves de l'âme et les possibilités de l'inconscient. Il y fait noir, et il faut y apporter la lumière. Rêver d'un escalier qui descend à la cave fait allusion à cette descente dans les profondeurs où se trouvent richesses et terreurs.

La cuisine est le foyer de la maison. Grâce à une forme d'alchimie, la maîtresse de maison transforme les aliments en mets divers propres à la consommation. C'est pour cela qu'on l'associe dans les rêves à la digestion psychique.
La chambre à coucher représente la sphère intime de chacun. Souvent dans les rêves, le lit occupe le côté gauche, celui de l'inconscient.

Les rêves de WC sont très nombreux. Ce petit espace occupe en fait une place bien plus importante qu'il n'y paraît. C'est dans ce lieu que l'enfant a pris conscience des phénomènes de son corps, et c'est là que l'adulte, le plus pauvre ou le plus évolué, rejette les substances de son corps devenues superflues. Mais les rêves de cabinet n'ont rien d'indécent. Ils font allusion à une délivrance, indiquent qu'on en a terminé avec certaines affaires psychiques. On met de l'ordre, on se débarrasse de ce qui a été utilisé et ne sert plus.

La salle de bain est l'espace où l'eau vivifiante et pure coule et nettoie. Les parfums, les couleurs, généralement pastel, font allusion à la purification de notre inconscient. Nous étudierons plus loin le symbolisme de l'eau dans le rêve.
Le grenier est au sommet de la maison. Il domine d'en haut le monde des réalités. Il y a des greniers encombrés de décombres couverts de toiles d'araignées. Souvent on y trouve des fantaisies, des costumes vieillots. C'est le monde de notre pensée et l'image de notre tête. Les rêves où l'on voit un incendie prendre sous le toit peuvent constituer les premiers indices de troubles mentaux. Parfois, plutôt que des mansardes encombrées, le rêve présente des pièces vides.

Ne serait-ce pas une partie de nous-même encore inexplorée ?
Les escaliers ont naturellement leur importance, ils relient symboliquement les différentes parties de notre personnalité. Ils représentent le lien en nous. Si une marche manque, ou si la rampe est fragile, il veut signifier que ce lien est précaire : il y a en nous une partie à consolider. Les rêves d'escalier en colimaçon sont preuve de maturité intérieure. Ils représentent la spirale d'évolution autour d'un axe bien défini.
La façade est la présentation extérieure de nous-même : neuve, en réfection, vieille, palais ou cabane. Elle renseigne sur l'importance que l'on donne à son image vis-à-vis des autres.

Nombreux seraient les exemples de maisons illustrant toujours la réalité intérieure de l'individu. Dans l'analyse freudienne, la maison est la matrice féminine, maternelle (4).
L'eau est, avec la forêt et la terre, le plus grand symbole de l'inconscient. Elle représente avant tout la vie qui nourrit les plantes, les animaux, les hommes. "Psychologiquement, dit Jung, l'eau signifie esprit devenu inconscient". L'eau contient en elle-même le germe de toute chose. Elle détruit, désintègre les formes mais purifie et fait renaître (Moïse et Osiris, "sauvés des eaux").

Eau pure, claire et transparente : trop pure, l'eau n'est pas forcément naturelle. Elle peut exprimer un excès d'intellectualisme ou de morale dogmatique. Elle exclut l'impur qui est pourtant contenu dans tout élément.

L'eau souillée signale que le rêveur entre en contact avec son ombre, c'est-à-dire avec la partie la plus obscure de son âme, qui salit son inconscient. Il est en fait en contact avec une grande partie de sa propre fertilité, encore immature. Cette eau sale peut aussi vouloir dire au rêveur qu'il faut accepter la vie dans tous ses aspects, les meilleurs comme les pires et sortir de l'utopie.

L'eau peut-être habitée de poissons ou d'algues : dans ce cas, c'est une eau nourricière qui symbolise un inconscient riche. Parfois, les algues ou les poissons sont morts. C'est un avertissement : il est temps de prendre davantage soin d'une vie intérieure qui s'étiole.

Traverser l'eau est l'indication d'un changement fondamental d'attitude et d'état de conscience qui conduit à une nouvelle vision du monde. Se laisser glisser dans l'eau est une forme de laxisme qui indique que le rêveur se laisse engloutir par le flot psychique. Il se laisse submerger par ses instincts. La visualisation de la surface de l'eau évoque la limite entre conscient et inconscient, entre lumière et ombre. Se regarder dans ce miroir est une prise de conscience de soi. L'eau vert émeraude représente, par excellence, la pureté des forces intérieures (5).

Ces quelques exemples se voudraient une incitation à une découverte plus profonde. Se découvrir par ses rêves, c'est se voir différemment et dévoiler des parties de soi-même insoupçonnées. La nuit offre une rencontre avec l'autre visage de soi, et toutes les images que nous présente le rêve peuvent être des repères sur le chemin de la connaissance.

(1) Les portes du rêve, Céza Roheim, Payot, 1973.
(2)  Voir Entretien avec Raymond Moody, in revue Nouvelle Acropole, n° 110.
(3) Voir La symbolique de la mort dans les rêves, in revue Nouvelle Acropole, n° 110
(4) Les rêves et leur interprétation, Ernest Aeppli, Payot,1986.
(5) La symbologie des rêves, Jacques de la Rocheterie, Imago, 1986.
Sur le sommeil et les rêves, voir aussi les ouvrages de R. Fluchaire et notre rubrique A Lire.

Par Catherine PEYTHIEU
Article paru dans la revue 130

Rêve et inconscient



Il est vrai que, si l'on prend la peine d'y réfléchir, le sommeil est fascinant. Nous pouvons nous rendre compte qu'un rêve a un sens, mais
seulement dans l'après-coup ; un sens capable de nous révéler sur notre vie des choses que nous ignorons, et un sens qui parfois peut changer
le cours d'une vie. Or, ce sens ne nous apparaît pas pendant que nous sommes plongés dans le sommeil, en train de rêver. Quelle
est donc cette instance, qui, en nous, est capable de produire le rêve, et de nous délivrer un message, presque à notre insu ? Quelle est l'origine de ce savoir, qui, au moment où il est élaboré puis mis en scène, ne se sait pas encore ? C'est une question non résolue à l'heure actuelle, ni par la biologie du sommeil, ni par les théories psychanalytiques sur le rêve, de quelque école soient-elles.
 
Il faut pour cela en venir à la notion d'inconscient. L'inconscient, c'est tout d'abord un effet de surprise. C'est ainsi que Freud l'a découvert, en s'intéressant d'un peu plus près à nos petits " ratés " langagiers, les lapsus. Nous sommes à un enterrement, et au moment d'adresser nos condoléances, nous nous entendons dire : "Sincères félicitations" ! Ou l'homme politique, au lieu de dire "Je suis très heureux d'être parmi vous ce soir" commence son discours en disant : "Je suis très peureux d'être parmi vous ce soir ". Cela fait rire, cela surprend. Mais, si l'on veut se donner la peine d'y réfléchir un peu, c'est quand même extraordinaire de se dire que "quelque chose en nous" a été capable de dévier notre parole, totalement à notre insu, pour nous faire dire tout autre chose que ce que nous voulions exprimer. De plus, le plus souvent, le lapsus traduit notre vrai désir, et exprime le fond de notre pensée.
A l'époque, Jung, qui était alors jeune médecin, avait conçu une expérience. Il avait réuni une liste de mots, en soi banals, et demandait au sujet qui se prêtait à l'expérience d'associer le premier mot qui lui venait à l'esprit en entendant le mot-inducteur donné. Par exemple : lit, repos. Il
notait soigneusement le temps de latence entre le moment où le mot-clé était donné et le moment où le sujet répondait. Il enregistrait également certains paramètres émotionnels. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que pour certains mots-clés, le temps de latence doublait voire triplait par rapport aux autres mots. De plus, les paramètres émotionnels se modifiaient. Qui plus est, le sujet ne se rendait absolument pas compte qu'il avait pris deux à trois fois plus de temps pour répondre. En mettant ces mots-clés particuliers ensemble, Jung s'est rendu compte qu'ils correspondaient à des faits significatifs du passé du sujet. Par cette expérience, appelée "des associations", Jung venait de démontrer de façon scientifique l'existence de l'inconscient et ses effets concrets,
au même titre que les lapsus.
 
C'est cela, l'inconscient. Quelque chose qui agit à notre insu, de façon autonome. Quelque chose qui nous agit, et qui parfois nous retient dans des répétitions stériles dont nous ne savons comment sortir, pour peu que nous puissions déjà en prendre conscience (par exemple des
échecs répétitifs, ou l'impossibilité de s'engager dans une relation sentimentale, etc). C'est la pulsion de mort, dont parlait
Freud. Mais l'inconscient contient aussi des forces de changement, et recèle un dynamisme créateur, à l'œuvre dans les rêves et les symboles vivants.
Le passé est irrémédiablement révolu, on ne peut y revenir pour l'infléchir ou le changer. Il est quand même remarquable que la psychanalyse, dans la relation qui se noue entre patient et analyste, mais surtout grâce à l'intervention d'une force inconsciente, puisse offrir un recours possible, une possibilité de rejouer le passé, mais autrement, et ce faisant, de s'en libérer. Cette force vive qui se manifeste dans les rêves et qui vise à un élargissement de notre personnalité, Jung l'a nommée le Soi. Etrange paradoxe que cet inconscient, siège de la pulsion de mort et de répétition, et en même temps lieu d'une vérité libératrice, et d'une sorte de pulsion de vie. Il y aurait bien des ponts à tisser entre la théorie freudienne de l'inconscient et la théorie jungienne. Si toutefois des querelles idiotes de clocher ne venaient pas empêcher toute confrontation sur le fond des théories.
 
Bien sûr, une fois raconté, il devient langage. Mais l'expérience onirique est bien plus riche que ce que nous pouvons en traduire en mots. Dans un rêve, nous évoluons dans toutes les dimensions, tous nos sens sont en éveil. Pour Freud, l'aspect langagier est premier. Nous sommes des êtres de langage, et c'est ce qui fait notre spécificité humaine. Nous sommes parlés avant même notre conception. Et notre entrée dans le monde du langage (universel) se fait au prix d'une perte : celle de la singularité de notre désir. L'inconscient serait cette zone de nous-mêmes qui résulterait de cette perte.
 
Le rêve travestit le désir, pour le rendre acceptable à la conscience. Il y a condensation et déplacement, ce qui veut dire qu'un terme du rêve peut renvoyer à un autre ou encore condenser plusieurs sens différents. Il faut donc décrypter le rêve, à la manière d'un rébus, mais rébus dont la clé est personnelle, c'est à dire dépend des associations du rêveur. Il n'existe donc pas de sens préétabli, ni de vrai dictionnaire des songes ! Pour Jung, qui ne renie pas totalement l'apport freudien sur le rêve (Jung a toujours dit qu'une analyse est d'abord freudienne), le rêve dit aussi ce qu'il dit, sans travestissement. Il vient souvent compenser une attitude consciente trop unilatérale. Mais surtout, il est souvent l'instrument d'un processus de développement de la personnalité, et en ce sens messager de la nécessité d'une transformation intérieure. Pour terminer, le plus important reste que nos rêves nous parlent et nous invitent aux changements et qu'ils sont fiables, car révélateurs de nous-mêmes.
 

Les rêves télépathiques



Selon les recherches les plus sérieuses effectuées par le Dr Stanley Krippner, nous faisons TOUS des rêves télépathiques. Longtemps, ce sujet était considéré parfois avec dérision où le manque sérieux des témoignages relevait des sciences "occultes".  Néanmoins, les laboratoires du rêve se sont penchés sur ce phénomène avec la rigueur scientifique nécessaire à cette approche.

Krippner est devenu LE spécialiste pour étudier et détecter les "flash" télépathiques lors de nos expériences oniriques. Ces conclusions sont sans appel : nous faisons tous des rêves prémonitoires.

Il ajoute ceci d'étonnant :

"Les dernières recherches dans nos laboratoires du rêves, démontrent de - façon certaine - que chaque sujet a des rêves télépathiques”. J'ai personnellement étudié les travaux de Krippner, et j'ai notamment trouvé ceci qui peut vous intéresser.


# Les rêves télépathiques sont souvent reliés à un évènement négatif !


Au “Stanford Research Institute” on étudia 349 cas de pré-cognition probable ou authentifiée. La majorité d'entre elles ont été constatées :

1- lors de rêves nocturnes :

Les phénomènes télépathiques franchissent plus aisément les "barrières de la conscience" dans la période du sommeil paradoxal. On peut le comprendre quand on sait que les rêves sont le produit de notre inconscient. Ce qui se confirme quand on sait que lorsque l'expérience des rêves se déclenche pendant le sommeil, le nombre de neurones qui entrent en activité peut atteindre presque 80 % -- ce qui est extraordinaire -- par rapport à un état de conscience de veille ou l'utilisation neuronale est en moyenne de 20 %.

2- en état de rêverie ou hallucination :

Déjà, les "intuitifs" ou les personnes clairvoyantes affirment avoir des "visions" parfois prémonitoires lors de périodes de rêverie. Là encore, cela s'explique par les travaux de Krippner qui a mis en évidence que la fréquence des ondes ALPHA du cerveau pendant la phase des rêves est maximale. Or, les personnes douées de capacités extra sensorielles, voient leurs capacités "psi" s'exprimer de façon optimale lorsque le cerveau est phase ALPHA.

Le plus étonnant arrive !
› 50% correspondaient ou présentaient des prémonitions de décès (précognition la plus courante).

C'est un des facteurs les plus surprenant des études réalisées sur des "rêveurs prémonitoires". L'immense majorité de ses rêves "clairvoyants" est qu'ils demeurent fortement négatifs. C'est à dire qu'ils annoncent la plupart de temps des décès, des accidents, des situations de catastrophes. Seulement, une minorité sont en relation avec des intuitions clairvoyantes positives (moins de 15 - 20 %)


# Le rêve, facteur d'éveil de la perception extra sensorielle !

› Le Pr Dunne demanda à 43 volontaires de prendre en note leurs rêves pendant 3 semaines. Résultats :
* 430 rêves enregistrés dont 18 furent… prémonitoires.

Bon nombres de rêves prémonitoires sont associés à d'autres rêves "classiques", ce qui rend difficile de mettre en évidence le "bon grain de l'ivraie". Seule, la solution est d'apprendre à noter systématiquement ses rêves chaque matin. Si un rêve annonciateur d'un évènement est présent dans l'expérience onirique, l'accumulation de données écrites va rendre plus aisé la "détection" de ce type de rêve prémonitoire.

Le Pr Sundow reprit cette méthode pour la perfectionner. Il a découvert ceci :
Plus on éloigne le rêve de l'évènement, moins il y a exactitude et pertinence du résultat.
C'est un critère important. Il semble bien que le "vrai" rêve prémonitoire soit fréquemment en proximité temporelle avec l'évènement perçu dans le rêve.


# Les rêves prémonitoires existent !

Exemple, les Catastrophes ! On entend souvent dire que certains l'avaient prévu.
La Tragédie minière d'Aberland (R.U) 1967. Un chercheur du nom de Barker se rendit sur les lieux pour interroger le voisinage. De nombreux témoignages relatent que la population vivant près du site avaient « prévue » la catastrophe dans … ses rêves.

Depuis ce constat incroyable, l'état Britannique a créé le ”British Prémonition Bureau”. Il a pour rôle de recenser les “pics” de témoignages de rêves de catastrophes parmi la population.

Vous voyez l'intérêt portée à vos rêves est utile. Vous faites sans aucun doute des rêves télépathiques.

Bergson : le rêve, l’inconscient et le souvenir



« Le  souvenir  !  À  l’état  de  veille,  nous  avons  bien  des  souvenirs  qui  parais­sent  et  disparaissent,  réclamant  notre  attention  tour  à  tour.  Mais  ce  sont  des  souvenirs  qui  se  rattachent  étroitement  à  notre  situation  et  à  notre  action.  Je  me  rappelle  en  ce  moment  le  livre  du  marquis  d’Hervey  sur  les  rêves.  C’est  que  je  traite  de  la  question  du  rêve  et  que  je  suis  à  l’Institut  psychologique  ;  mon  entourage  et  mon  occupation,  ce  que  je  perçois  et  ce  que  je  suis  appelé  à  faire  orientent  dans  une  direction  particulière  l’activité  de  ma  mémoire.  Les  souvenirs  que  nous  évoquons  pendant  la  veille,  si  étrangers  qu’ils  paraissent  souvent  à  nos  préoccupations  du  moment,  s’y  rattachent  toujours  par  quelque  côté.  Quel  est  le  rôle  de  la  mémoire  chez  l’animal  ?  C’est  de  lui  rappeler,  en  chaque  circonstance,  les  conséquences  avantageuses  ou  nuisibles  qui  ont  pu  suivre  des  antécédents  analogues,  et  de  le  renseigner  ainsi  sur  ce  qu’il  doit  faire.  Chez  l’homme,  la  mémoire  est  moins  prisonnière  de  l’action,  je  le  recon­nais,  mais  elle  y  adhère  encore  :  nos  souvenirs,  à  un  moment  donné,  forment  un  tout  solidaire,  une  pyramide,  si  vous  voulez,  dont  le  sommet  sans  cesse  mouvant  coïncide  avec  notre  présent  et  s’enfonce  avec  lui  dans  l’avenir. 
 
Mais  derrière  les  souvenirs  qui  viennent  se  poser  ainsi  sur  notre  occupation  présente  et  se  révéler  au  moyen  d’elle,  il  y  en  a  d’autres,  des  milliers  et  des  milliers  d’autres,  en  bas,  au-dessous  de  la  scène  illuminée  par  la  conscience.  Oui,  je  crois  que  notre  vie  passée  est  là,  conservée  jusque  dans  ses  moindres  détails,  et  que  nous  n’oublions  rien,  et  que  tout  ce  que  nous  avons  perçu,  pensé,  voulu  depuis  le  premier  éveil  de  notre  conscience,  persiste  indéfiniment.  Mais  les  souvenirs  que  ma  mémoire  conserve  ainsi  dans  ses  plus  obscures  profondeurs  y  sont  à  l’état  de  fantômes  invisibles.  Ils  aspirent  peut-être  à  la  lumière  ;  ils  n’essaient  pourtant  pas  d’y  remonter  ;  ils  savent  que  c’est  impossible,  et  que  moi,  être  vivant  et  agissant,  j’ai  autre  chose  à  faire  que  de  m’occuper  d’eux.  Mais  supposez  qu’à  un  moment  donné  je  me  désintéresse  de  la  situation  pré­sente,  de  l’action  pressante,  enfin  de  ce  qui  concentrait  sur  un  seul  point  toutes  les  activités  de  la  mémoire.  Supposez,  en  d’autres  termes,  que  je  m’endorme.  Alors  ces  souvenirs  immobiles,  sentant  que  je  viens  d’écarter  l’obstacle,  de  soulever  la  trappe  qui  les  maintenait  dans  le  sous-sol  de  la  conscience,  se  mettent  en  mouvement.  Ils  se  lèvent,  ils  s’agitent,  ils  exécutent,  dans  la  nuit  de  l’inconscient,  une  immense  danse  macabre.  Et,  tous  ensemble,  ils  courent  à  la  porte  qui  vient  de  s’entr’ouvrir.  Ils  voudraient  bien  passer  tous.  Ils  ne  le  peuvent  pas,  ils  sont  trop.  De  cette  multitude  d’appelés,  quels  seront  les  élus  ?  Vous  le  devinez  sans  peine. 
 
Tout  à  l’heure,  quand  je  veillais,  les  souvenirs  admis  étaient  ceux  qui  pouvaient  invoquer  des  rapports  de  parenté  avec  la  situation  présente,  avec  mes  perceptions  actuelles.  Maintenant,  ce  sont  des  formes  plus  vagues  qui  se  dessinent  à  mes  yeux,  ce  sont  des  sons  plus  indécis  qui  impressionnent  mon  oreille,  c’est  un  toucher  plus  indistinct  qui  est  éparpillé  à  la  surface  de  mon  corps  ;  mais  ce  sont  aussi  des  sensations  plus  nombreuses  qui  me  viennent  de  l’intérieur  de  mes  organes.  Eh  bien,  parmi  les  souvenirs-fantômes  qui  aspirent  à  se  lester  de  couleur,  de  sonorité,  de  maté­rialité  enfin,  ceux-là  seuls  y  réussiront  qui  pourront  s’assimiler  la  poussière  colorée  que  j’aperçois,  les  bruits  du  dehors  et  du  dedans  que  j’entends,  etc.,  et  qui,  de  plus,  s’harmoniseront  avec  l’état  affectif  général  que  mes  impressions  organiques  composent.  Quand  cette  jonction  s’opérera  entre  le  souvenir  et  la  sensation,  j’aurai  un  rêve.
 
Dans  une  page  poétique  des  Ennéades,  le  philosophe  Plotin,  interprète  et  continuateur  de  Platon,  nous  explique  comment  les  hommes  naissent  à  la  vie.  La  nature,  dit-il,  ébauche  des  corps  vivants,  mais  les  ébauche  seulement.  Laissée  à  ses  seules  forces,  elle  n’irait  pas  jusqu’au  bout.  D’autre  part,  les  âmes  habitent  dans  le  monde  des  Idées.  Incapables  d’agir  et  d’ailleurs  n’y  pensant  pas,  elles  planent  au-dessus  du  temps,  en  dehors  de  l’espace.  Mais  parmi  les  corps,  il  en  est  qui  répondent  davantage,  par  leur  forme,  aux  aspirations  de  telles  ou  telles  âmes.  Et  parmi  les  âmes,  il  en  est  qui  se  reconnaissent  davan­tage  dans  tels  ou  tels  corps.  Le  corps,  qui  ne  sort  pas  tout  à  fait  viable  des  mains  de  la  nature,  se  soulève  vers  l’âme  qui  lui  donnerait  la  vie  complète.  Et  l’âme,  regardant  le  corps  où  elle  croit  apercevoir  le  reflet  d’elle-même,  fascinée  comme  si  elle  fixait  un  miroir,  se  laisse  attirer,  s’incline  et  tombe.  Sa  chute  est  le  commencement  de  la  vie.  Je  comparerais  à  ces  âmes  détachées  les  souvenirs  qui  attendent  au  fond  de  l’inconscient.  Comme  aussi  nos  sensations  nocturnes  ressemblent  à  ces  corps  à  peine  ébauchés.  La  sensation  est  chaude,  colorée,  vibrante  et  presque  vivante,  mais  indécise.  Le  souvenir  est  net  et  précis,  mais  sans  intérieur  et  sans  vie.  La  sensation  voudrait  bien  trouver  une  forme  sur  laquelle  fixer  l’indécision  de  ses  contours.  Le  souvenir  voudrait  bien  obtenir  une  matière  pour  se  remplir,  se  lester,  s’actualiser  enfin.  Ils  s’attirent  l’un  l’autre,  et  le  souvenir-fantôme,  se  matérialisant  dans  la  sensation  qui  lui  apporte  du  sang  et  de  la  chair,  devient  un  être  qui  vivra  d’une  vie  propre,  un  rêve. »
 
[Bergson  in  :  Le  rêve,  Conférence  faite  en  1901  à  l’Institut  général  Psychologique,  in  L’énergie  spirituelle,  Paris,  Ed.  Alcan,  1919,  pp  95-96]