figubabilité? figurabilité? Rücksicht auf Darstellbarkeit
Une coquille affecte apparemment le mot français, qui est sans doute prise en considération de la figurabilité. Rücksicht correspond à "prise en compte", mais la traduction "soumission" serait plus légère. L'expression allemande peut donc être rendue par "soumission à l'obligation de représentation figurative / plastique" (se dit de l'inconscient dans le rêve).
Freud considère une prise en considération de la figurabilité, traduction littérale de l'allemand : Rücksicht auf Darstellbarkeit, traduit de façon plus correcte et plus claire par " la soumission à l'obligation de représentation figurative". L'inconscient ne peut faire passer un message, un contenu dans le rêve qu'en présentant ce message sous forme d'image ou de scène animée, et de telle sorte que le contenu soit acceptable par la censure du rêveur. L'expression freudienne de Rücksicht auf Darstellbarkeit indique que l'inconscient tient compte du fait que les contenus oniriques ne peuvent être abstraits, doivent être figuratifs pour être (re)présentables. Donc, par cette expression, Freud entend que le rêve cherche à revêtir un aspect cohérent, à se présenter sous la forme d'un scénario digne d'intérêt, alors que l'histoire que relate le rêve masque l'histoire inconsciente, le théâtre du Je. La figuration fera adopter des représentations connues de la conscience, et fera éventuellement intervenir des éléments diurnes non refoulés. Cette figuration-là est narration vide, elle ne relate pas l'histoire du sujet comme sujet du désir ; elle s'attarde sur la logique, le discours cohérent, et masque complètement la parole irrationnelle qui tient pourtant lieu de sujet.
Dans la théorie freudienne le travail du rêve est l'opération qui conduit du contenu latent - des pulsions et représentations inconscientes - au contenu manifeste du rêve, autrement dit le rêve tel qu'il se présente au rêveur.
Le travail du rêve présente cette formation comme déterminée, donc non pas aléatoire mais bien modelée en fonction de la structure psychique et des expériences du rêveur. Ce travail s'observe d'abord dans le rêve, dont l'interprétation est la voie royale menant à l'inconscient, mais il s'observe dans d'autres formations. Par exemple, l'analyse des œuvres d'art gagne beaucoup à emprunter le chemin de l'interprétation des rêves (contes, mythes, légendes). L'inconscient ainsi mis à jour s'écrit, peut-on dire, sur le corps social du langage.
Le travail du rêve met en jeu différentes étapes, brouillant les pistes et permettant à la satisfaction hallucinatoire de désirs inconscients de se déguiser, de différentes manières, jusqu'à former un compromis entre les différentes exigences de la personnalité.
Chaque élément du rêve renvoie à de nombreuses représentations. Ces représentations se condensent pour échapper à la critique ; il y a là déguisement, réduction, compression du rêve. Mais la condensation appelle également une autre remarque.
C'est dire que d'après cette thèse de la psychanalyse le rêve n'est pas simplement déterminé, mais bien plus surdéterminé, chaque élément du rêve renvoyant à plusieurs éléments inconscients. Il y a donc satisfaction de tendances de plusieurs registres ; l'interprétation d'une même scène se composera de plusieurs interprétations, se situant à différents niveaux.
Plus simplement, ce sont deux images qui se superposent en une.
Le déplacement, c'est le déplacement de l'intérêt, où plutôt un semblant de déplacement de l'intérêt. L'affect se voit décollé d'une représentation : donc les délégations psychiques de la pulsion se divisent. Suite à cette isolation, l'affect sera déplacé sur une représentation auparavant anodine, sans intérêt particulier, et surtout ne contredisant pas les valeurs du Moi.
Suite a déplacement, ce qui semble essentiel au rêveur n'est qu'anodin ; l'essentiel lui échappe complètement. Le déplacement est un mécanisme de défense.
Jacques Lacan travaillera le déplacement comme métonymie.
L'interprétation du rêve s'efforcera donc , à partir du contenu manifeste, de retrouver le travail du rêve et son contenu latent
L'appareil psychique fait face à différentes excitations, potentiellement nocives pour le développement. Il y a un travail psychique spontané, un mode de fonctionnement de l'esprit, qui cherche à lier l'excitation, à la travailler de par l'association de représentations entre elles.
On retrouve une idée similaire dans la théorisation de la compulsion de répétition comme allant au-delà du principe de plaisir.
L'élaboration désigne ici un travail du rêve. Après déplacement de l'affect entre les représentations du rêve et condensation des éléments, le rêve sera remanié par ce que Freud appelle la prise en considération de la figurabilité, ou encore élaboration secondaire.
L'élaboration secondaire du rêve consiste à le scénariser, le transformer en un récit cohérent.
L'élaboration fut d'abord définie par Charcot comme créatrice du symptôme hystérique. Suite à un traumatisme, l'événement est revécu, pensé et repensé, travaillé, symbolisé, jusqu'à ce qu'un symptôme, formation de compromis, survienne en tant que satisfaction pulsionnelle.
Il s'agit là du modèle de l'après-coup : le traumatisme intervient mais le symptôme ne se dégage que plus tard. Ce modèle sera travaillé comme modèle même de la névrose. Selon ce schéma, l'enfant vit sa sexualité infantile et le traumatisme ne crée pas de névrose ; vient ensuite la période de latence ; puis à la puberté survient le symptôme névrotique, conséquence d'un traumatisme infantile.
Selon McDougall, ces deux conceptions de l'élaboration paraissant opposées se complètent, l'élaboration comme formation de symptôme représentant un premier travail psychique, une solution hâtive.