mardi 4 janvier 2011

Le rêve de Wettin




Le rêve de Wettin

Vision des tourments
Comme Wettin malade était couché, les yeux fermés (oculis clausis), il vit entrer un démon sous la forme d’un clerc noir et sans yeux, portant des instruments de supplice; une légion de diables l’accompagnaient avec des lances et des boucliers. Mais plusieurs personnages vénérables, habillés en moines, vinrent bientôt les chasser. Alors apparut, au pied du lit de Wettin, un ange environné de lumière et vêtu de pourpre, qui l’appelait d’une voix douce. Wettin obéit et fut transporté à travers le chemin charmant de l’immensité, jusque dans de très-hautes montagnes de marbre. Le long de cette vaste chaîne, coulait un fleuve de feu où étaient plongés une infinité de damnés, parmi lesquels un grand nombre de prêtres de tout rang que Wettin avait connus. On voyait plusieurs de ces prêtres liés par le dos, au milieu des flammes, à des souches brûlantes, et vis-à-vis d’eux, étaient enchaînées de la même manière les femmes qu’ils avaient séduites. Des bourreaux armés de verges les fustigeaient sans pitié, en leur disant: «Soyez punis par où vous avez péché!»

Anonyme
France   824 Genre de texte
Histoire
Contexte
Wettin, religieux du cloître d’Augie-la-Riche, fit ce rêve en 824, la veille de sa mort. Il le redit à tout le couvent, et son abbé, Hetto, le rédigea aussitôt après. Ce songe aurait été un des plus populaires du moyen âge.
Ce genre de récit deviendra, selon C. Labitte, «une arme entre les mains des évêques contre les princes, puis entre les mains des moines contre les évêques.» Il inspirera les descriptions de l’Enfer et du paradis de La Divine Comédie de Dante.Texte témoin
C. Labitte, «La Divine Comédie avant Dante», Revue des Deux Mondes, IV Série, 31 (1842), 719-20.

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