Pour les psychanalystes, nos rêves contiennent toujours un enseignement personnalisé, lié à notre histoire singulière. Entretien avec Jean Sandretto, praticien aguerri de la vie onirique.
Isabelle Taubes
Jean Sandretto, psychiatre et psychanalyste, a décidé de se pencher sur le rêve et le délire, deux phénomènes plus voisins qu’il n’y paraît. Il a travaillé plusieurs années avec Michel Jouvet, neurophysiologiste spécialiste des rêves et collabore régulièrement à la revue de psychanalyse Topique.
“Certains rêves contiennent toute une vie », assure Jean Sandretto, psychiatre et psychanalyste. Pour lui, ils ne sont pas seulement une « voie royale vers l’inconscient », ainsi que les définissait Freud. Ils sont des messagers qui nous expliquent notre passé et nos impasses actuelles et, en même temps, des guides qui nous ouvrent les portes de l’avenir. Plus encore : ils sont indispensables à la survie de notre santé psychique. Démonstration de leur importance par un décrypteur freudien.
Dans cette exploration, certains rêves sont, selon vous, « prophétiques ». Est-ce une réalité ou une façon de parler ? Je crois qu’il existe vraiment des rêves dirigés vers le futur, qui préparent la personne aux évolutions qu’elle va connaître – alors qu’elle-même ne s’en rend pas forcément compte. C’est logique : l’inconscient est toujours en avance sur le sujet conscient. En eux-mêmes, ces rêves ne sont pas différents des rêves habituels. C’est l’effet qu’ils produisent qui nous permet de les reconnaître : brutalement, le champ des possibles s’ouvre et s’élargit, les blocages sautent.
Dans 90 % des cas, ils sont suivis de transformations concrètes dans le moi et l’existence du rêveur. J’ignore pourquoi ils se produisent à un moment et pas à un autre. Peut-être sont-ils l’aboutissement d’années d’interrogations et de travail sur soi.