dimanche 22 mai 2011

Farruca by Manolo Sanlucar


Erotisme urétral



L’érotisme urétral se réfère à la satisfaction libidinale liée à la miction.

Sigmund Freud ne traite de l’érotisme qu’en rapport aux différents stades de développement psychosexuel*. C’est ainsi qu’il évoque successivement un érotisme oral, un érotisme anal et un érotisme urétral. Pendant le stade oral*, au cours de son alimentation au sein ou au biberon, le nourrisson éprouve un plaisir d’ordre sexuel directement issu de l’excitation de la bouche et des lèvres : c’est l’érotisme oral. Les phénomènes de succion ou de suçotement sont donc considérés comme de réelles activités sexuelles, la cavité buccale constituant la zone érogène*. En outre, Freud  lui associe un mode de relation objectal dont le but sexuel est l’incorporation* de l’objet.
L’érotisme anal se développe au cours du stade anal* : c’est un plaisir sexuel dont la zone érogène est représentée par le sphincter anal, et dont la relation d’objet repose sur la défécation. Selon Freud, l’érotisme anal est lié seulement à une pulsion partielle passive dont la source est la muqueuse anale. Mais d’après K.Abraham, la première phase du stade sadique-anal* contient un érotisme anal lié à l’évacuation des fèces, alors que dans la deuxième phase, c’est leur rétention qui représente l’érotisme anal, la pulsion sadique visant la destruction de l’objet. L’opposition de ces deux pulsions,   l’une sadique, l’autre masochique, qui se révèlent complémentaires par ailleurs, déterminent déjà l’avènement du sadomasochisme.
C’est le troisième stade d’organisation de la libido* infantile, postérieur aux stades oral et sadique-anal, au cours duquel les pulsions sont régies par la prédominance de la zone génitale. Or, au stade phallique, entre trois et cinq ans environ, l’enfant, qu’il soit fille ou garçon, ne connaît que l’organe sexuel masculin comme organe génital selon Freud. Ce stade prégénital est basé sur la constatation par l’enfant de la différence anatomique entre les sexes : présence d’un pénis chez le garçon, absence de pénis chez la fille.
Cette période correspond au développement ainsi qu’au déclin du complexe d’Œdipe*, pendant lequel l’angoisse de castration s’empare du petit garçon qui, néanmoins, attribue à son pénis un pouvoir phallique dont la petite fille est dépourvue.  L’opposition « activité-passivité » du stade anal se prolonge tout en se modifiant en couple d’opposés « phallique-châtré » (ou « phallique-castré »). Chez la petite fille, l’organisation phallique est différente : la découverte de l’absence d’un organe sexuel externe identique à celui du petit garçon détermine en elle une envie du pénis*  qu’elle focalise chez le père, nouvel objet d’amour, la mère étant alors haïe puisqu’elle ne l’a pas dotée d’un pénis. Tant chez le garçon que chez la fille, le pénis est investi comme un organe incarnant la puissance : un phallus mythique omnipotent.
Le stade urétral constitue un stade à part entière, contemporain du stade phallique, que certains incluent voire confondent avec ce dernier. La zone érogène prévalente en est l’urètre, le plaisir urétral provenant à la fois de l’excrétion (la miction) et de la rétention (voir analogie avec le stade anal*) grâce au contrôle du sphincter* vésical, comporte une double dimension, l’une auto-érotique, l’autre objectale (fantasme d’uriner sur autrui). Ce plaisir mictionnel renferme aussi une double signification : phallique-active et passive. Ensuite, la curiosité de l’enfant se déplace vers les différences anatomiques essentiellement sexuelles, et contribue à transformer le stade urétral en un stade phallique à part entière.
L’érotisme urétral, ou urinaire, est un plaisir sexuel lié à la miction et se développe au cours du stade urétral combiné avec le stade phallique*. D’après Freud, l’énurésie infantile est équivalent à une satisfaction masturbatoire, et l’érotisme qui en découle (sic), se situe plutôt pendant la phase phallique. D’autre part, K. Abraham associa au plaisir urinaire un fantasme d’omnipotence infantile. De même Mélanie Klein insista sur le « sadisme urétral » chez l’enfant qui investit l’urine d’un pouvoir maléfique, et qu ‘elle retrouva chez des adultes en analyse qui verbalisaient la puissance de l’urine, vécue comme un agent de destruction, un poison insidieux…
Quant à l’érotisme génital, il s’inscrit dans la phase d’organisation de la libido, au cours du  stade génital* de l’adulte, dont la pulsion de vie, l’Eros, en constitue le point central. Ainsi, ce n’est que sous le primat de la génitalité* que s’effectue la symbiose des  pulsions sexuelles et des élans amoureux pour réaliser un véritable développement libidinal de type adulte.

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L'armoire aux poisons de la science

C'est à la psychanalyse qu'est revenue la tâche d'exhumer les problèmes posés par la sexualité qui moisissaient depuis des siècles dans l'armoire aux poisons de la science. Il semble que déjà, dans la succession selon laquelle se fait le choix des problèmes, un certain ordre se dégage, qui pourrait avoir un caractère contraignant. Même les personnes professant la plus grande liberté de pensée, lorsqu'elles donnent des explications à un enfant, achoppent sur la question comment le fœtus arrive-t-il à l'intérieur de la mère?

Les préoccupations analytiques de même, ont porté davantage et plus profondément d'une part sur la grossesse et l'accouchement, d'autre part sur les actes préparatoires au coït et les perversions ; on négligeait dans le même temps les processus du coït même et leur signification.

Je dois ici avouer que les pensées que je m’apprête à publier gisent, du moins dans leurs grandes lignes, depuis plus de neuf années au fond d'un de mes tiroirs. Je suppose que mes hésitations qui en ont retardé la publication (ou si l'on veut : l'accouchement), ne proviennent pas seulement de raisons objectives, mais également de résistances.
La base de mes réflexions a été fournie par certaines observations faites au cours de l'analyse d'hommes impuissants. Ce fait en soi est encourageant; nous savons combien souvent la déformation pathologique, en mettant en lumière tel ou tel constituant qui existe souvent à l’état latent dans un processus physiologique ou psychologique, nous permet d'atteindre à la compréhension du processus normal.
Abraham, cet explorateur passionné des organisations prégénitales, a rapporté l'éjaculation précoce à une association trop étroite entre la génialité et l'érotisme urétral. Les individus atteints de cette affection traitent leur sperme avec la même légèreté que si ce n'était que de l'urine, c’est-à-dire un déchet de l'organisme, dépourvu de valeur.
Je peux compléter ces observations en y ajoutant des cas où au contraire les malades se montraient exagérément avares de leur sperme et ne souffraient en fait que d'une incapacité à l'éjaculation.
Autrement dit, seule l'expulsion du sperme leur était impossible, ils conservaient intacte leur capacité d'érection et d'intromission. Dans les fantasmes inconscients et parfois conscients de tels malades, l'identification du processus du coït à la défécation joue un rôle primordial (identification du vagin aux cabinets, du sperme au contenu intestinal, etc.).
Souvent, ces malades déplacent sur l'acte du coït l’entêtement et l'opposition qu'ils avaient manifestés dans leur enfance à l'égard de la contrainte représentée par les exigences de la culture : ils sont impuissants quand c'est la femme qui désire le coït; l'érection ne se produit que lorsque l'accomplissement de l'acte, pour une raison quelconque, est défendu ou inconvenant par exemple pendant la période menstruelle).
Ils sont sujets à des explosions de haine et de rage, ou bien leur désir s'éteint si, au cours du coït, la femme les trouble par la moindre chose.
On pouvait émettre l'hypothèse que l'organisation anale de ces malades est dans le même rapport étroit avec l'acte sexuel que, selon les constatations d'Abraham, l'urétralité, chez les sujets souffrant d'éjaculation précoce. Force nous fut donc de supposer que l'impuissance masculine présentait également une technique anale particulière.
J'avais déjà remarqué par ailleurs qu'il n'était pas rare de constater des troubles mineurs de l'acte sexuel présentant un rapport avec la défécation. Beaucoup d'hommes éprouvent le besoin de déféquer avant le coït; de graves désordres intestinaux d'origine nerveuse peuvent disparaître lorsque les inhibitions psychiques de la génitalité sont levées par l'analyse.
La constipation opiniâtre qui apparaît à la suite d'une masturbation excessive, avec gaspillage de sperme, est bien connue. Parmi les « régressions caractérielles », il y a lieu de mentionner ici le cas de ces hommes, par ailleurs généreux, qui se montrent mesquins et même véritablement avares précisément à l'égard de leurs épouses.
Pour éviter tout malentendu, dès maintenant je tiens à signaler que, pour le traitement psychanalytique des impuissances aussi bien de type anal que de type urétral, il n'a pas été nécessaire de pousser aussi avant dans le domaine de la biologie nos recherches intéressant les causes psychiques du phénomène morbide; comme dans toutes les névroses basées sur des déplacements d'affects, il convenait de les chercher dans le complexe d’œdipe et dans le complexe de castration en rapport avec ce premier.
La diversification des types d'impuissance selon les points de vue anal et urétral ne s'est présentée que comme le produit accessoire de la spéculation, susceptible de mettre en évidence les voies suivant lesquelles un mobile psychique provoque, de façon régressive, l'apparition du symptôme.
Nous devons aussi remarquer que les deux modes d'impuissance ne s'observent pratiquement jamais isolement ; il est fréquent, comme nous avons pu le constater, qu'un individu souffrant d'éjaculation précoce, c'est-à-dire d'impuissance de caractère urétral, acquière en cours d'analyse la faculté d'érection et d'intromission, mais perde provisoirement la capacité d'éjaculation, donc devienne aspermatique.
L'impuissance primitivement de type urétral passe ainsi an type anal. La conséquence en est un développement apparent de la puissance, mais qui n'apporte de satisfaction qu'à la femme. Seule la poursuite de l'analyse jusqu'à son terme peut équilibrer en quelque sorte ces deux types de réflexes et amener le rétablissement d'une puissance complète.
Ces observations me conduisent à envisager l’hypothèse que la coopération efficace des innervations anale et urétrale est indispensable à l’installation d'un processus d’éjaculation normal; s'il est impossible en règle générale d'isoler ces deux types d'innervation, c'est parce qu'ils se recouvrent mutuellement, alors que dans l’éjaculation précoce se manifeste seule la composante urétrale, et dans l’éjaculation retardée, seule la composante anale.

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Des inhibitions qui révèlent leur origine

La simple récapitulation du déroulement de l'acte sexuel depuis l'intromission du pénis jusqu'à l'éjaculation semble appuyer cette hypothèse. La phase finale du coït, l'écoulement du sperme, est indiscutablement un processus urétral ; non seulement le canal d'écoulement est commun avec l'urine, mais encore, pour l'un comme pour l'autre, c'est une augmentation de la pression qui provoque l'expulsion du liquide.

Par contre, pendant la friction, il semble que ce soient des influences «freinatrices », très probablement sphinctériennes, qui se manifestent, et c'est précisément leur accroissement excessif et malencontreux qui est à la base de l'absence totale d'éjaculation.
Mais tout porte à penser que la tendance urétrale (ou éjaculatrice) est présente dès le début, pendant la période de friction, et qu'il y a donc lutte permanente entre la tendance à l'évacuation et celle à la rétention, lutte où la tendance urétrale remporte la victoire finale.
Cette double finalité de l'innervation est peut-être le reflet de la double direction de la friction car l'alternance intromission-retrait pourrait correspondre à l'alternance de la volonté d'éjaculation et de l'inhibition qui vient s'y opposer à chaque fois. Naturellement nous devons aussi accorder de l'importance à l'accroissement d'excitation due à la friction prolongée, et supposer que c'est le dépassement d'un certain seuil d'excitation qui vient enfin à bout de la crampe sphinctérienne.
Cette hypothèse laisse supposer l'existence d'une interaction complexe et minutieusement accordée ; sa perturbation pourrait être à l’origine de ces modes de stimulation nerveuse ataxiques, subnormaux, que nous connaissons sous le nom d'éjaculation précoce et d'éjaculation retardée.
Une certaine ressemblance se révèle frappante entre les anomalies de l'éjaculation que nous venons de signaler et le trouble de la parole que l'on désigne par le terme de bégaiement. La parole normale est rendue possible par la coordination judicieuse des réflexes nécessaires à l’articulation des voyelles et des consonnes.
Lorsque la parole devient par moments impossible par une répétition incoercible des voyelles ou d'une crampe s'installant lors de la prononciation des consonnes, il se produit le genre de bégaiement que les spécialistes appellent, selon le cas, bégaiement clonique ou bégaiement tonique.
Il n'est pas difficile de deviner que je voudrais comparer les stimuli nerveux nécessaires à l’articulation des voyelles à l'urétralité, et les coupures qui séparent les voyelles des consonnes (à bien des égards semblables à certains effets sphinctériens), à l'inhibition anale.
Et peut-être même ne s'agit-il pas ici d'une simple comparaison, mais d'une référence à une parenté plus étroite entre ces deux états morbides ; pour preuve nous citerons ce fait curieux que les désordres susmentionnés de la stimulation nerveuse des bègues ont effectivement dû être ramenés, avec l'aide de la psychanalyse, à une source érotique-anale ou érotique-urétrale. Donc, à mon avis, le mécanisme pathologique des troubles de l'éjaculation peut être considéré en quelque sorte comme un bégaiement génital.
Il me faut rappeler ici une donnée de l'embryologie, à savoir que le pénis, instrument de la dernière phase du coït (l'éjaculation), est, de par son origine, propre à unir des tendances anales et urétrales. En effet, le pénis - acquisition fort tardive dans l'histoire du développement individuel - provient de l'intestin et, chez les mammifères inférieurs, du cloaque uro-génital.
Après cette digression physiologique, revenons aux connaissances psychanalytiques solidement fondées que nous possédons et efforçons-nous d'établir une relation entre l'état de faits que nous venons de décrire et la théorie de la sexualité de Freud.

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L’éjaculation précoce
Dans la pratique quotidienne du neurologue, nul trouble n’est aussi fréquent que l’éjaculation précoce. Ce trouble est connu non seulement des médecins mais aussi des non-médecins: l’éjaculation aussitôt la pénétration ou même la précède et simultanément l’érection disparaît. Cette description ne rend cependant que grossièrement compte de cette affection. Il est vrai que des travaux plus approfondis ont traité de l’éjaculation précoce, mais ils ne saisissent pas non plus son essence; la constitution du trouble n’est pas élucidée.
L’éjaculation précoce n’a pas fait l’objet d’une investigation dans la littérature psychanalytique. Il n’en a été question jusqu’ici que dans le cadre général des impuissances. Il en est ainsi des écrits de Steiner (1907) et de Ferenczi (1908). Le premier de ces auteurs donne une vue ramassée des faits recueillis par la psychanalyse dans ce domaine. Ferenczi s’occupe plus précisément de l’origine des troubles. Dans son écrit les causes inconscientes de l’impuissance prennent leur pleine valeur. Mais la prise en considération particulière de l’éjaculatio praecox ne s’y trouve pas non plus.
Et pourtant la littérature psychanalytique offre les bases qui peuvent permettre d’établir une investigation plus précise. A côté des œuvres de Freud, il faut rappeler certaines communications importantes de Sadger; je serai amené à m’y référer à maintes reprises.
J’ai eu l’occasion de traiter l’éjaculation précoce chez un certain nombre de névrosés. Il n’est pas dans mon intention d’exposer ici l’un ou l’autre de ces cas. Bien plutôt, je rapporterai les résultats de mes analyses précises sous une forme condensée, et dans la mesure ou je leur accorde une valeur générale.
L’urètre comme zone érogène privilégiée
    Comme nous l’avons mentionné, à bien des égards la description habituelle de l’éjaculation précoce et incomplète. Si l’on a des patients qui s’observent bien et que l’on suive attentivement leur description et leurs associations libres, on relève un fait qui n’a pas été suffisamment pris en considération jusqu’ici. On apprend en effet que leur éjaculation ne résulte pas d’une activité expulsive rythmique mais qu’il se produit un écoulement sans force. Lorsqu’il n’y a pas de mouvements corporels actifs et d’érection maximale, ni de contractions rythmiques de la musculature, lorsque l’écoulement du sperme se fait " ante portas ", ce n’est guère qu’en tant que substance que le sperme évoque l’excrétion normale des produits sexuels. La ressemblance de l’éjaculation précoce avec un autre processus physiologique, la miction, devient frappante. Celle-ci s’accommode du repos corporel, d’un membre non érigé et d’une contraction musculaire étale (non rythmique).
    Aussi peut-on concevoir l’éjaculation précoce comme l’amalgame de deux processus: eu égard à la substance émise, c’est une éjaculation, eu égard au mode de production, c’est une miction.
    Il est surprenant de constater la régularité des associations des patients qui tôt ou tard aboutissent à cette donnée. Avant d’y parvenir, on apprend de nombreux faits qui permettent de conclure au plaisir pris à uriner et à l’érogénéité marquée de l’urètre chez ce groupe de névrosés.
    Mais il ne faut pas méconnaître une différence considérable entre l’éjaculation précoce et la miction, que les associations des patients nous apprennent également. La miction s’effectue sous la pression d’une excitation qui ne peut être longtemps surmontée au cours de la petite enfance, cependant le moment même est soumis, pour une bonne part, à la volonté. Jusqu’à un certain point, il en est de même de l’éjaculation normale.
    L’éjaculation précoce, par contre, est essentiellement indépendante de la volonté du patient. Consciemment il souhaite l’accomplissement normal de l’acte sexuel. Il est à chaque fois surpris, comme d’un événement extérieur, par son éjaculation qui se fait de façon précipitée. Bien des patients nous disent éprouver au moment prématuré ou s’accomplit l’éjaculation un sentiment de honte lié à de la peur ou à une accélération de leur cœur.
    L’éjaculation précoce se produit donc à l’insu de la volonté consciente de l’individu. si initialement elle pouvait évoquer la miction normale, nous allons dorénavant être obligés de modifier cette conception. Dans le dessein d’établir une comparaison nous traiterons de la miction telle qu’elle a lieu dans la petite enfance. L’écoulement passif du sperme tel qu’il se produit au cours de l’éjaculation précoce concorde parfaitement avec la miction involontaire de la première enfance, incontinence qui, on le sait, peut se prolonger chez les névrosés jusqu’à un âge avancé, sous une forme plus ou moins marquée.
    Les associations libres des patients nous livrent un matériel qui nous conduit très précisément vers cette solution. Si nous les suivons sans préjugés, nous obtenons des données anamnestiques très semblables d’un cas à l’autre. en dehors des réminiscences concernant la miction volontaire et le plaisir qu’elle procurait dans l’enfance, nous apprenons qu’il fut difficile d’habituer ces patients à la propreté, qu’à l’âge adulte il leur arrivait de perdre involontairement de l’urine en plus ou moins grande quantité, que tard dans l’enfance, ils mouillaient leur lit, que les excitations de toutes sortes suscitaient une invincible envie d’uriner. ces mêmes sujets qui n’ont acquis que tardivement et éventuellement imparfaitement la maîtrise de leur fonction vésicale ont tendance à perdre leur sperme prématurément et de façon précipitée. Ils font valoir l’identité de l’impression corporelle que leur donnent et l’éjaculation précoce et l’incontinence urinaire. D’autres souvenirs infantiles importants seront mentionnés par la suite: ils concernent le plaisir exhibitionniste d’uriner sous les yeux d’autrui et de bénéficier de son aide.
    Les névrosés dont il est question ici sont restés fixés à un certain point du développement de leur libido. De façon infantile, ils tirent plaisir de l’écoulement de leurs produits corporels. Cependant, l’éjaculation précoce a simultanément une signification de plaisir et de déplaisir. Ne pouvant aboutir au plaisir maximal sur le mode fort, viril de l’activité, ils en sont réduits au plaisir le plus grand pour eux, celui de l’écoulement passif. D’autre part, l’éjaculation précoce leur est une source de déplaisir. Ils souffrent de sentiments pénibles d’insuffisance; ils éprouvent une peur nerveuse lorsque apparaît l’éjaculation prématurée. Fréquemment, ils se la reprochent. Cet état d’ambivalence doit être souligné. En règle générale le caractère déplaisant de l’éjaculation précoce n’est pas pris en considération. Chez un patient l’aspect plaisant est accentué; chez un autre, c’est l’inverse.
    Ce que nous avons dit jusqu’ici permet de percevoir que la libido des névrosés souffrant d’éjaculation précoce présente un manque d’activité virile. Cela nous familiarise avec une autre particularité de la vie sexuelle de ces névrosés; mais nous ne nous y attarderons pas pour le moment pour étudier de nouveau le plaisir excrétoire de ces patients.
    Si le plaisir urétral est trop accusé, ce " trop " sera compensé par un " trop peu " par ailleurs. L’examen d’une série de cas clairs nous apprend –malgré les nuances individuelles -que chez tous ces patients la zone génitale (au sens strict) n’est pas devenue directrice. Il faut rappeler ici les données fondamentales de Freud déjà contenues dans les trois Essais sur la théorie sexuelle. A l’avènement de la puberté, le primat de la zone génitale s’instaure chez l’enfant masculin, tandis que les autres zones érogènes en deviennent tributaires. Elles fournissent le plaisir préliminaire tandis que l’excitation de la zone génitale (en particulier du gland du pénis) conduit à la satisfaction complète. Pour le sexe féminin, l’âge de la puberté est celui ou l’érogénéité la plus marquée à se déplacer au vagin; l’établissement de cette zone directrice est souvent gêné du fait de la persistance de l’excitabilité infantile prévalente du clitoris, c’est-à-dire de l’organe qui est l’homologue du pénis chez la femme. Le passage de l’accentuation érogène du clitoris à l’orifice de la vulve constitue, comme Freud l’a clairement dit, l’abandon d’un trait masculin de la sexualité féminin. Si le clitoris prévaut par contre, l’inexcitabilité de la femme pendant l’acte sexuel donne lieu à ce que l’on nomme la frigidité.
    De fait, dans de nombreux cas d’éjaculation précoce, il se révèle que la surface du gland pénien de ces patients est peu excitable. Ils ont souvent une intolérance à l’emploi de préservatifs: la couche protectrice enlève aux terminaisons nerveuses de la muqueuse le peu d’excitabilité dont elles disposent.
    Une partie des cas semble en contradiction complète avec cette constatation. Ce sont les névrosés pour lesquels le moindre contact sexuel avec le corps de la femme – particulièrement le plus léger contact manuel de sa part – suffit à provoquer l’éjaculation. Cette hyperexcitabilité de la zone génitale n’est cependant nullement le signe de sa primauté, mais au contraire l’expression de son impuissance. Les fonctions génitales masculines propres (érection, pénétration, friction du sexe féminin) en sont exclues. Dès avant le début même de l’érection, il y a écoulement séminal que nous avons reconnu comme l’équivalent de l’incontinence d’urine. Ce n’est que par la suite que ce mode nous deviendra entièrement compréhensible. Tandis que dans la frigidité le gland du clitoris a pour ainsi dire monopolisé toute l’excitabilité, il se passe l’inverse dans l’éjaculation précoce de l’homme. le gland pénien a perdu son excitabilité normale: la sexualité de ces hommes a de ce fait perdu son caractère proprement masculin.
    L’éjaculation précoce et la frigidité féminine comportent d’autres correspondances.
    A côté de la réduction de la sensibilité générale, il y a souvent chez ces patients une érogénéité particulière du périnée et de la partie postérieure du scrotum. Cette région, du point de vue de l’histoire du développement, correspond à l’entrée du vagin et à son pourtour. La relation entre l’éjaculation précoce et la frigidité féminine pourrait donc se formuler comme suit: la zone directrice correspondant à l’appartenance sexuelle a cédé la signification qui lui revient à la partie du corps qui représente l’équivalent de la zone directrice chez l’autre sexe.
    Les sensations de plaisir de l’éjaculation précoce sont d’ailleurs localisées dans la partie périnéale de l’urètre masculin. Cette musculature mérite une attention particulière car elle sert à l’élimination su sperme. Sa fonction s’accomplit normalement sous forme de contractions rythmées. Au cours d’une éjaculation précipitée, il y a un affaissement, comme au cours de la miction. Il est remarquable que chez certains de nos patients, la musculation périnéale exécute des contractions spontanées. Cela a la valeur d’un symptôme névrotique indépendant de la conscience. Je mentionnerai les crampes périnéales, souvent décrites par les patients.
    La conception de l’éjaculation précoce telle qu’elle apparaît sur la base des investigations psychanalytiques semble en contradiction avec un fait. Dans la grande majorité des cas, l’éjaculation prématurée ne survient que lors d’une tentative d’acte sexuel et non au cours de l’excitation masturbatoire. On peut se demander pourquoi dans ce cas le compromis entre éjaculation et miction n’a pas lieu. A cette objection nous pouvons pour le moment opposer l’hypothèse que c’est la rencontre avec la femme qui suscite le trouble névrotique; mais il nous reste alors à connaître plus précisément la position des névrosés, qui nous retiennent ici, par rapport au sexe féminin.

Destins des pulsions masculines actives
    Sans les délimiter trop précisément l’un par rapport à l’autre, on peut diviser en deux groupes les névrosés qui souffrent d’éjaculation précoce. On trouve ce symptôme chez des hommes qui du fait de leur mollesse, de leur absence d’énergie, de leur passivité, paraissent peu virils. D’autre part, on le rencontre chez des hommes fébriles hyperactifs, toujours pressés. La contradiction apparente est facile à résoudre pour le psychanalyste. Toute activité qui ne parvient à son but que par la hâte et la précipitation se révèle menacée d’obstacles.
    Le névrosé hâtif est en fuite devant des résistances inconscientes personnelles; il est obligé de mettre ses projets à exécution avec une hâte fébrile avant que ses résistances ne surgissent et ne l’obligent à se résigner. Le névrosé apathique a abandonné ce combat; l’hyperactif s’en défend.
    Les hommes atteints d’éjaculation a abandonné ce combat; l’hyperactif s’en défend.
    Les hommes atteints d’éjaculation précoce sont dotés de résistances très marquées, en partie conscientes, en partie inconscientes, à l’encontre des performances spécifiquement masculines, actives.
    Les névrosés à prédominance apathique expriment généralement une répugnance consciente à l’égard de l’activité sexuelle. Ils ont même le désir sans fard d’assumer le rôle féminin. Un tel patient que je suivais préférait le rôle de succube et en donnait une justification rationnelle: s’il payait une fille, il ne voulait pas par-dessus le marché avoir un effort à fournir; bien plutôt, la fille pouvait bien " travailler " pour la peine. Il est clair qu’un névrosé qui présente un tel degré de répulsion à se mouvoir n’est pas précisément un sujet favorable pour un traitement médical, surtout s’il prend consciemment parti pour son anomalie. Son objectif mental est d’arriver à la satisfaction sexuelle sans aucun effort actif.
    Les hyperactifs, ceux qui vivent dans une hâte perpétuelle, voient souvent dans le coït un devoir pénible dont il faut se débarrasser au plus vite. Cette hâte ne cède pas au cours de leurs relations avec une femme. Des facteurs inconscients font alors que, pour ces névrosés, l’acte sexuel se termine précipitamment, avant même que d’avoir vraiment commencé.
    La répugnance aux activité motrices concerne d’autres domaines encore. Je mentionne simplement la conduite de ces patients vis-à-vis du sport. Fréquemment, il ont une aversion pour tout travail musculaire; d’autres pratiquent le sport. Fréquemment, il ont une aversion pour tout travail musculaire; d’autres pratiquent le sport avec un amour- propre exagéré, et d’une façon fébrile et précipitée, pour s’en détacher brusquement lors d’un échec.
    Mais le manque de ressort, la passivité de ces névrosés sont une manifestation réactionnelle, chaque psychanalyse nous l’apprend à nouveau. Il se révèle qu’elle apparaît en lieu et place de pulsions sadiques violentes trop prononcés.
    La tendance de ces névrosés aux paroles excessives, à la rage et aux actes de violence est très marquée si elle n’est pas inhibée par un autre trait de caractère également caractéristique: la lâcheté. La violence démesurée et la paralysie de la combativité masculine normale voisinent ici de prés. L’alternance fréquente d’amour- soulignée dans ce groupe de névrosés.
    Cette description touche à toute une série de manifestations qu’il est habituel de rencontrer à côté de l’éjaculation précoce chez les névrosés. Mais nous sommes restés en surface. Laissons-nous guider par les associations des patients et nous apprendrons qu’originellement leur libido avait bien une composante sadique. En effet, la psychanalyse nous enseigne que dans la plupart des cas il existe, à côté de la position non virile- passive, ou précipitée- active, une position offensive- cruelle vis-à-vis de la forme. Les rêves et les fantasmes nous apprennent souvent qu’ils s’imaginent tuer la femme par le coït. Dans ces imaginations, le pénis est l’arme du sadisme.
    Nous constatons assez souvent le résultat de la modification réactionnelle entraînée part de telles pulsions. Le sexe de l’homme ne doit alors plus être dangereux; il ne doit pas entrer vis-à-vis de la femme dans un état ou il pourrait être au service du sadisme. La flaccidité et l’éjaculation précoce écartent ce danger. De plus bien des patients craignent en exécutant l’acte sexuel de faire souffrire la femme. Il ne leur reste un peu de puissance que s’ils ont la certitude de son consentement total. Leurs pulsions agressives sont à ce point écrasées que toute initiative sexuelle proprement dite leur est impossible. Certains ne peuvent nouer aucune relation de leur propre initiative; d’autres sont capables d’ébaucher une relation mais ils abandonnent leur activité au moment ou ils doivent passer à l’acte corporel.
    L’un de mes patients était en général impuissant, au début de son mariage. Il se sentait hostile et agressif à l’égard de sa femme. La plus légère dispute le rendait totalement inopérant. Il avait cependant une puissance relativement bien meilleure lorsqu’il s’était réconcilié avec sa femme. Une activité sexuelle lui était donc accordée lorsque momentanément les raisons d’hostilité et de vengeance disparaissaient.
    Des associations plus précises nous prouvent que pour l’inconscient, l’éjaculation précoce est le contraire achevé de l’assassinat. il n’est pas rare que la représentation inconsciente et parfois consciente de sa propre mort soit liée par le sujet à son éjaculation précoce. C’est une mort par alanguissement; certains patients l’expriment en disant se sentir disparaître, fondre. Il est significatif que fréquemment l’éjaculateur précoce éprouve une impression d’évanouissement.
    La peur qui accompagne souvent l’éjaculation précoce objective également la perte de l’activité masculine. Ce sont plus particulièrement les patients vivant dans une hâte fébrile qui l’éprouvent.
    Cette hâte et cette peur nous rappellent à nouveau ce comportement des femmes frigides qui vivent dans une précipitation continuelle. La curieuse peur de ces femmes de " ne pas arriver à finir " et qui concerne tous les actes de la vie quotidienne, nous la trouvons chez nos névrosés masculins. Ils se débarrassent de leurs fonctions sexuelles comme s’ils allaient être dérangés à chaque instant. Cette peur d’être dérangé est étroitement reliée dans l’inconscient des patients à leur relation au père. Ils craignent l’œil omniscient du père et sa main qui punit. Nous nous trouvons ici en terrain connu; la peur de castration, dont Freud a reconnu la signification dans la vie psychique du jeune garçon et dans l’inconscient de l’homme adulte, est également à l’œuvre dans la psychogenèse de l’éjaculation précoce.
    Les patients en question éprouvent une crainte marquée du sexe de la femme. Il a pour eux un caractère insolite. La psychanalyse confirme régulièrement que le manque d’un pénis chez la femme a suscité initialement cette peur de castration. L’approche physique de la femme réveille toujours à nouveau cette crainte.
    Il est une autre peur proche parente de celle-ci, celle de perdre son pénis du fait de l’acte sexuel. Fréquemment les patients informent le médecin d’une peur qui ne les a pas quittés depuis la puberté. Il s’agit de la phobie de ne plus pouvoir retirer le pénis du corps de la femme, mais de devoir l’y abandonner. Cette peur qui prend appui sur une théorie sexuelle infantile, est ravivée au moment de la puberté. D’après cette théorie la femme dérobe le sexe de l’homme en l’arrachant ou le coinçant au cours du premier et unique accouplement. Une telle peur contribue à son tour à expliquer le fait d’un élan de la libido et d’une érection mais disparaissant dès la pénétration ou dès le moment de l’approche physique. De telles raisons inconscientes font qu’au dernier moment le patient se met en sécurité; consciemment, il réagit avec sentiment d’insuffisance très vif et pénible à cette retraite peu virile.
    Dans quelques cas, les associations des patients fournissent la preuve que leur éjaculation précoce était une façon de s’émasculer aux yeux de la femme. Nous éluciderons par la suite les fantasmes de ce type.
    Il est une forme d’expression de la réduction de l’activité sexuelle de nos patients. Nous savons avec quelle fréquence les résistances névrotiques à accomplir un acte se manifestent comme une maladresse au cours de son exécution. Les névrosés atteints d’éjaculation précoce ont souvent une maladresse de ce genre dans leur vie sexuelle. Leur incapacité à pénétrer la femme sans son aide est typique. C’est surtout pour cela qu’ils craignent de rencontrer une femme sexuellement inexpérimentée qui ou bien ne peut rien leur apprendre dans ce domaine, ou bien ne peut rendre de tels services. Une autre explication de ce comportement sera envisagée par la suite.

Le narcissisme comme source de résistance à la sexualité
Notre investigation nous a indiscutablement montré que le développement de la libido a subi une inhibition chez nos patients. Ils n’ont pas accédé à la position normale de l’homme à l’égard de la femme; leur sexualité présente bien plutôt un grand nombre de traits infantiles; plus exactement: leurs émotions sont normales dans la mesure ou leur libido va consciemment – sinon exclusivement, du moins pour des patients, il est vrai, il est difficile d’ébaucher une relation avec la femme; mais ils ont cette particularité en commun avec d’autres névrosés. Ce n’est qu’au moment de l’activité sexuelle au sens strict qu’ils réagissent d’une façon anormale qui leur est spécifique. A l’encontre de leur volonté consciente ils ont alors un trouble qui provient d’un courant libidinal inconscient. Nous savons déjà que ce courant est de type infantile. Leur tendance est de ne pas laisser s’accomplir l’acte sexuel proprement dit. A sa place se produit un écoulement séminal sans force, comparable à l’incontinence de l’enfant. le comportement moteur actif de l’homme est remplacé par une passivité totale.
La question qui se pose alors est celle du type et de l’origine des résistances inconscientes empêchant l’individu de se situer normalement à l’égard de l’autre sexe. A cet égard, les psychanalyses incriminent toutes le narcissisme; non pas au sens d’une régression complète de la libido à ce stade infantile, comme Freud l’a montré pour les maladies paranoïdes. Il s’agit plutôt de l’influence perturbatrice de tendances narcissiques refoulées qui ne sont pas parvenues à une suprématie totale. Elles manifestent cependant leur puissance en contraignant le sujet à certains compromis au quels appartient également le trouble de la puissance sexuelle dont nous traitons.
Une observation même temporaire de certains des patients souffrant d’éjaculation précoce nous conduit à cette conception. On reconnaît dès l’abord dans leur habillement et leur présentation un degré inhabituel de coquetterie. La moindre remarque critique peut les mettre dans un état de rage démesuré. Ils exigent l’admiration de leur entourage et manifestent un amour – propre morbide.
La psychanalyse dévoile totalement ce narcissisme. Elle découvre régulièrement un amour objectal très déficient; c’est le patient lui- même qui est son propre objet d’amour. conformément à l’expérience que nous a communiquée Freud, nous trouvons chez ces malades une valorisation du pénis reliée à des expressions affectives anormales. Elle s’exprime en particulier dans la peur excessive de la perte ou de l’endommagement de l’organe dont nous avons déjà parlé.
Mais la psychanalyse de chaque cas d’éjaculation précoce nous apporte bien d’autres manifestations du narcissisme. Pour les estimer à leur juste valeur, il nous faut jeter un regard en arrière vers les phénomènes correspondants de l’enfance.
Les premières satisfactions libidinales de l’enfant lui sont données à l’occasion des fonctions corporelles comme l’alimentation et l’excrétion. La première sympathie de l’enfant s’adresse aux personnes qui lui procurent la nourriture, les soins, etc. par le fait même qu’elle s’occupent de son corps, elles suscitent des sensations de plaisir par excitation des zones érogènes; l’enfant les reçoit comme des cadeaux.
Nous appelons narcissisme ce stade du développement de la libido ou l’enfant est à ses yeux le centre d’un monde encore limité et ou il reçoit des preuves d’amour d’autres personnes sans offrir de contrepartie.
Les relations avec l’objet d’amour continuent à se développer. L’enfant commence à donner son bien à l’autre personne. Les produits de son corps sont, dans les représentations qu’il en a, des parties de son corps. Ils sont en premier lieu la monnaie avec laquelle l’enfant paie. Ces produits sont marqués d’une surestimation narcissique. C’est une expérience facile à faire que de constater qu’un enfant qui passe de main en main dans le cercle de la famille mouille toujours certaine personne selon un choix mystérieux. C’est là une preuve primitive d’amour, bien antérieure au baiser et à l’embrassade qu’il n’apprend que par imitation. Elle nous rappelle le mode de salutation de certains peuples primitifs. Si l’on donne à un autre un produit corporel, par exemple de la salive, cela signifie: je te donne du mien – qui m’est précieux – c’est donc que je te veux du bien!
L’anamnèse infantile de nos patients nous a permis de constater la valeur de plaisir particulière de la miction et par ailleurs aussi la valorisation démesurée du pénis, habituelle au narcissisme infantile. Manifestement le premier fait est dû à une particularité constitutionnelle. S’il est normal que le pénis soit hautement valorisé au stade du narcissisme infantile – qui se fonde aussi bien sur le plaisir du contact que sur celui de l’excrétion, alors les conséquences possibles d’un plaisir urétral constitutionnellement renforcé sont évidentes. En un temps ou le sujet s’est depuis longtemps tourné vers l’amour objectal normal, il portera en lui un penchant marqué à demeurer narcissique. De plus, la surestimation du pénis comme organe de la miction se fixera tout particulièrement dans les représentations de l’enfant. si par la suite une exigence sexuelle proprement dite s’impose à cet organe, il s’y dérobe. La conséquence en est le compromis que nous avons déjà reconnu dans l’éjaculation précoce.
Ce n’est que maintenant que nous comprenons le but sexuel inconscient de l’éjaculation précoce. Le but sexuel normal est l’accouplement avec la femme; le rôle de l’homme est d’y accomplir une action motrice qui devra lui apporter satisfaction de même qu’à la femme. La tendance à l’éjaculation précoce est toute différente.
La libido de nos patients stagne pour une bonne part au stade du narcissisme. De même que le petit garçon mouille sa mère de ses urines, de même le névrosé mouille la femme par une éjaculation anticipée. Nous pourrons désormais discerner la valeur de substitut maternel de cette femme.
La mère ou celle qui le soigne est amenée à toucher le sexe du petit garçon, aussi bien lorsqu’elle l’aide à uriner que lorsqu’elle le lave et le sèche. Les associations que le patient tire de son inconscient nous montrent le plaisir pris à ces contacts. L’un de ses désirs sexuels inconscients est d’avoir son sexe touché par la femme, puis d’éjaculer sous une forme proche de la miction.
Ici encore la signification maternelle de la femme est transparente. Une particularité, déjà mentionnée nommément, nous devient compréhensible: la tendance des patients à se faire aider manuellement par la femme au cours de la pénétration. Le contact plaisant du pénis était naguère l’une des preuves d’amour les plus remarquables de la part de la mère. L’éjaculateur précoce, comme nous le savons, voudrait non pas aimer mais seulement être aimé. Dans ce but, son inconscient tente de récupérer les chemins de la petite enfance.
Parmi ces chemins, il en est un que nous n’avons pas envisagé et que les associations des patients soulignent pourtant.
Le don des produits de son corps n’est pas la seule manifestation d’amour de l’enfant au stade du narcissisme. L’exhibition est une autre forme de preuve d’amour et de tentative de séduction.
C’est tout particulièrement au cours du deuxième semestre de la troisième année et du premier semestre de la quatrième année que les garçons aiment s’exhiber à leur mère, en particulier lorsqu’ils urinent et n’ont plus besoin de l’aide maternelle comme auparavant; un garçon de cet âge dont l’érotisme anal ne dépassait pas la norme demandait souvent à sa mère s’il devait lui montrer son pénis. Pour nommer cette partie de son corps, il avait une expression personnelle. S’il avait uriné il demandait fréquemment si c’était "  beaucoup ". Ici, le narcissisme, le besoin d’être admiré étaient particulièrement nets. Lorsque les parents se trouvèrent lorsqu’une vague arrivait. Questionné à ce sujet, il répondit: " pour qu’il y ait vraiment beaucoup d’eau. " manifestement, le narcissisme de l’enfant était satisfait à l’idée de se représenter que toute la mer était issue de lui.
Cet orgueil narcissique de la quantité produite qui s’exprime sous des formes si variées est également apparent dans l’éjaculation précoce. Comme nous l’avons mentionné, certains patients sont fiers de l’éjaculation qu’ils ont pu réussir non pas dans le corps de la femme, mais en quelque sorte devant ses yeux.
L’éjaculation précoce comporte donc également une tendance exhibitionniste ou se perpétue la croyance liée au narcissisme infantile, selon laquelle les avantages personnels, en particulier le pénis et la miction, exercent un charme irrésistible sur la femme (la mère).
Nous avons déjà fait allusion à une croyance s’expliquant du fait du narcissisme. Certains patients se bercent de l’illusion que l’éjaculation précoce est le signe d’une passion toute particulière. A cette illusion s’en joint occasionnellement une seconde: celle que l’éjaculation précoce est le signe d’une virilité anoblie par contraste avec la grossièreté agressive d’autres hommes. le symptôme issu du narcissisme refoulé est dans un second temps justifié de façon narcissique. Le but d’un tel comportement est facile à comprendre.
Le patient, par sa délicatesse, voudrait triompher auprès de sa mère, de son père considéré comme violent et grossier. La représentation de la violence du père tire sa source de certains événements vécus par l’enfant; il a épié les relations de ses parents et les a conçues comme un acte violent du père. Sa maturation sexuelle acquise, cette théorie " sadique " du coït persiste dans l’inconscient du fils.
L’acte sexuel normal paraît alors un acte cru. L’éjaculation précoce s’adresse en quelque sorte à la délicatesse féminin de la mère; elle veut dire regarde, je m’approche de toi avec plus de douceur que mon père!
Mais il ne faut pas méconnaître qu’une telle exhibition devant la femme (la mère) a un caractère ambivalent. Ce n’est pas seulement une preuve d’amour avec désir d’être admiré et touché, c’est en même temps un signe de refus de la femme. D’après une expérience psychanalytique unanime, il s’agit là d’une hostilité très accentuée qui se fait surtout valoir sous la forme d’un dédain de la femme.
L’hostilité vient de sources infantiles, en particulier de la jalousie infantile. Le mépris de la femme s’explique aisément par la surestimation du pénis. La femme a moins de valeur, elle est méprisable car cette partie corporelle lui manque. Ceux qui souffrent d’éjaculation précoce sont souvent des détracteurs de la femme; ils ne peuvent assez se gausser de l’ " imperfection " des femmes. Dans certains cas, cette façon de voir s’exprime dans une hostilité très marquée à l’égard des mouvements féminins actuels.
Nous arrivons ainsi à cette conclusion étrange que l’éjaculation précoce est aussi une certaine forme d’hostilité et de mépris que le patient apporte dans ses relations avec les femmes en général ou une femme isolée. Plusieurs patients m’éclairèrent sur cette donnée sue j’avais méconnue auparavant. L’éjaculation précoce – et plus précisément celle qui se fait ante portas – est une façon de souiller la femme avec un produit représentant l’urine. il faut rappeler ici le caractère ambivalent qui marque le don des excréments à une autre personne. Nous les avons vus comme expression de la sympathie enfantine. Une comparaison avec la psychologie collective nous éclairera ici. Le crachat en direction d’une autre personne, de salutation amicale qu’il fut chez certaines peuplades, est devenu, au fur et à mesure du refoulement, c’est–à-dire du développement culturel, le signe le plus marqué du mépris. Tout enfant cependant traverse un stade qui correspond à la conception des primitifs: c’est le stade du narcissisme. Une petite fille de quatre ans dit un jour de sa salive que c’était une " eau de langue belle et pure " mettant au jour une valorisation narcissique non autorisée par l’éducation. Ce qui, par la suite, paraîtra répugnant et impur, apparaît à ce stade sous un jour inverse. A cet égard, soulignons que le petit enfant et le primitif n’ont aucun dégoût de l’urine. il n’est que d’évoquer le fait que certains peuples noirs lavent à l’urine leurs ustensiles culinaires. La valorisation narcissique des produits du corps est encore au premier plan chez eux.
Une autre tendance est étroitement liée à l’intention inconsciente de souiller la femme. D’un cas à l’autre, mes psychanalyses me confirment toujours que le fait de mouiller la femme est aussi un acte d’opposition. c’est le devoir de la mère d’éduquer l’enfant à la propreté, à la maîtrise de ses sphincters. Si la mère devient objet d’hostilité et de mépris, l’enfant s’oppose violemment à ses volontés par un entêtement que nous rencontrons assez souvent chez les névrosés adultes. Ainsi, l’éjaculation précoce est aussi un retour oppositionnel à la forme spontanée de miction de la première enfance.
Nous avons pu montrer précédemment que la souillure de l’objet d’amour par l’urine ou un autre produit corporel est l’expression narcissique infantile de la sympathie, mais une analyse plus approfondie nous offre l’exemple d’une ambivalence marquée et nous apprend à nouveau le caractère de compromis de l’éjaculation précoce.
Le névrosé ambivalent à l’égard de la femme lui donne, mais apparemment seulement, une part de ses biens corporels par voie d’éjaculation précoce. En réalité, son attitude hostile le porte à veiller jalousement sur ce qu’il possède. La femme n’obtient rien: il épargne sa force physique, il ne donne pas de plaisir à sa partenaire; il répond son sperme mais ne le donne pas, il ne lui donne pas d’enfants. au contraire, il suscite l’attente et la déçoit.
Comme nous l’avons montré, chacun de nos patients a une position passive à l’égard de la femme. Il est constamment dépendant de sa mère et il lutte contre dépendance d’origine inconsciente. La lutte défensive apparaît comme une lutte contre cette dépendance d’origine inconsciente. la lutte défensive apparaît comme une lutte contre la femme. Mais dans ce combat le patient ne dispose pas d’une activité virile complète. Il en est réduit à décevoir les femmes et avec chacune, il se venge déceptions amoureuses auxquelles, enfant, il fut exposé par sa mère, et qui se répètent à un âge plus avancé.
Mentionnons certaines manifestations, de même source, qui vont de pair avec l’éjaculation précoce et qui infiltrent le comportement social des patients. Conformément à leur narcissisme et à l’ambivalence de leurs sentiments, ils oscillent entre un transfert précipité et une retenue timorée. Plus d’un réagit à une opinion différente de la sienne, A une critique, etc., par un éclat de rage ou de colère ou bien par une attitude renfrognée de repli.
La convergence de certains traits de caractère est si typique de notre groupe de névrosés qu’on peut déduire de leur existence la vraisemblance psychanalytique de Berlin, il fut un jour question des troubles affectifs d’un névrosé. Dans la discussion, je fis – sur la base du comportement social décrit par l’orateur – la supposition qu’il s’agissait d’un éjaculateur précoce, ce qui me fut immédiatement confirmé.
Je voudrais faire allusion à un trouble névrotique moins connu dans les cercles médicaux. Par sa forme, il s’oppose à l’éjaculation anticipée, mais il lui est intimement apparenté. On peut l’appeler l’impuissance à éjaculer (impotentia ejaculandi). Chez certains névrosés, l’éjaculation ne se produits pas du tout au cours de l’acte sexuel. Ici aussi, il y a refus sexuel issu du narcissisme. Chez ces patients la rétention est la tendance prévalente. L’effet est le même que dans l’éjaculation précoce: c’est le narcissisme qui l’emporte et la femme est déçue. Il est à peine besoin de mentionner que toutes les transitions existent entre l’apparition normale de l’éjaculation, sa précocité ou son absence. L’éjaculation retardée n’est pas un symptôme névrotique rare.
La tâche du traitement psychanalytique, c’est de délivrer le patient de sa position narcissique et de lui montrer la direction d’un transfert sentimental normal ; si l’on parvient à lever son refus narcissique de la femme, la voie est libre pour des relations sexuelles normales; de façon toute semblable, on parvient bien à lever l’homologue féminin de l’éjaculation précoce, la frigidité.
Bien entendu, il y a variations d’un cas à l’autre ; des troubles légers apparaissent épisodiquement chez des hommes prédisposés et peuvent disparaître sans aucun traitement, évidemment avec un risque de rechute. Même dans les cas opiniâtres et récalcitrants, la psychanalyse apporte un résultat thérapeutique ou, pour le moins, une amélioration. Du point de vue du pronostic, il semble que les cas les moins favorables soient ceux ou l’éjaculation précoce apparaît avec la maturité sexuelle et se maintient au cours des années suivantes. Il s’agit ici de cas avec une prévalence marquée de l’érotisme urétrale sur l’érotisme génital, ou le plaisir de l’éjaculation précoce prime sur ses désagréments.
Le traitement de cette affection compte parmi les tâches les plus difficiles du psychanalyste, car il doit engager la lutte avec le pouvoir considérable du narcissisme de ces malades. Une application patiente et conséquente de la méthode lui permettra cependant de vaincre ces difficultés.


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Psychanalyse des habitudes sexuelles
Dans quelques-uns de mes récents articles, j’ai tenté de compléter notre technique psychanalytique par certaines mesures actives. Dans l’ensemble, ces travaux restaient à un niveau très général; ils ne donnaient aucune précision sur la manière d’utiliser cet expédient psychothérapeutique et laissaient par conséquent une marge trop importante à des conceptions erronées. Je me sens donc obligé de m’expliquer un peu plus sur ces expériences techniques. A vrai dire, la diversité et les multiples ramifications de mon matériel ne me permettent pas encore d’en faire actuellement une présentation systématique.
J’espère cependant arriver à montrer à travers certains exemples caractéristiques tirés de ma pratique comment il est possible d’utiliser avec succès ce qu’on appelle activité, comment ces résultats peuvent trouver une explication sur le plan théorique et enfin comment ces points particuliers s’intègrent dans le reste de notre savoir psychanalytique. Comme toute recherche systématique, celle-ci se trouve nécessairement entachée d’un certain parti pris. En défendant sa thèse contre toutes les objections possibles, on ne donne que trop facilement l’impression de prôner la nouveauté de ce que l’on propose au détriment de ce qui était jusque-là considéré comme juste; cet effort de justification dégénère facilement en plaidoyer.
Pour éviter de produire cette impression certainement fausse, l’auteur se voit obligé de répéter que ladite activité ne prétend nullement remplacer l’analyse actuelle mais la compléter sur quelques points et dans certaines circonstances précises. Toute tentative pour substituer à la technique psychanalytique actuelle une série de mesures et d’abréactions actives ne pourrait avoir que des conséquences fâcheuses. Le but de la thérapie psychanalytique est et demeure la liaison psychique du refoulé dans le Préconscient au moyen de la remémoration et de reconstructions qui finissent par s’imposer. L’activité n’est qu’un moyen auxiliaire qui, utilisé par un analyste expérimenté, peut faire progresser le travail analytique.
L’idée de regrouper les phénomènes dont je veux parler sous l’angle d’une « psychanalyse des habitudes sexuelles » m’est venue seulement au cours de la rédaction quand les associations scientifiques suscitées par notre thème, à l’origine d’ordre purement technique, se sont regroupées d’elles-mêmes autour du sujet indiqué dans le titre.

L’analyse des habitudes urétro-sexuelles

Une des règles principales concernant l’attitude générale à adopter vis-à-vis de l’analysé se trouve sans doute dans la formule de Freud, selon laquelle l’analyse doit se dérouler dans un état psychique de privation (frustration). Jusqu’à présent le seul sens que nous avons donné à cette règle est celui de laisser insatisfaits les vœux et exigences émis par le patient dans le transfert, notamment son immense désir d’affection et sa tendance à s’installer dans l’analyse en quelque sorte pour toute la vie. Je voudrais maintenant ajouter qu’il est possible d’imposer aussi avec profit d’autres privations, d’ordre divers, et j’en donnerai d’emblée pour exemple la plus importante de mes observations.
Dans un de mes travaux précédents j’ai cite, parmi les exemples destinés à illustrer la tâche active pendant l’analyse, le cas des patients qui présentent pendant la séance le symptôme passager constitué par une forte envie d’uriner et que j’ai empêchés de céder à ce besoin, espérant que l’accroissement de tension, qui affecterait le psychisme à la suite de l’interdiction de l’évacuation, ferait surgir plus facilement le matériel qui tentait de se dissimuler derrière ce symptôme. Plus tard j’ai été amené. à donner également, dans certains cas, des directives concernant la défécation, notamment aux patients particulièrement angoissés par l’obligation d’observer un certain délai.
Là encore, en troublant ces habitudes r je n escomptais tout d’abord rien de plus qu’un certain progrès de 1’analyse. Or les résultats dépassèrent mon attente. Les patients qui présentaient ce symptôme, le besoin d’uriner, s’avérèrent être des personnes qui urinaient en général beaucoup trop souvent, autrement dit des patients atteints d’une forme légère de pollakiurie qui dissimulait la crainte inconsciente de mal contrôler les sphincters urinaires, rejeton et résidu des difficultés de l’enfant à s’adapter à cette discipline excrétoire. On peut constater le même phénomène chez les pointilleux de la défécation.
Ils compensent par leur promptitude et leur ponctualité la tendance infantile érotique-anale à retenir les selles le plus longtemps possible; mais là encore intervient la peur inconsciente qu’une rétention prolongée n’entraîne l’accumulation d’une trop grande quantité d’excréments dont l’expulsion provoquerait une douleur particulièrement vive. C’est souvent le même patient qui m’a obligé à recourir à des mesures tant urétrales qu’anales; il s’agissait en général d’hommes impuissants et de femmes frigides.
La première réaction que je suscitais en perturbant ces vieilles habitudes était en général la suivante : à l’interdiction urétrale le patient répondait par une attitude pleine de suffisance, protestant qu’il était capable de retenir ses urines toute une journée, qu’il était hyperpuissant à cet égard, etc. Quand j’entrais dans son jeu et lui enjoignais de retenir ses urines aussi longtemps que possible, il arrivait parfois à réaliser d’étonnantes performances, se retenant d’uriner huit ou dix heures d’affilée et même une fois vingt-huit heures. En règle générale, il en était ainsi seulement la première fois ou pendant un certain temps.
Le plus souvent, le patient se pliait difficilement à la consigne de poursuivre l’expérience et même il suffisait parfois d’un ou deux incidents révélant la faiblesse que dissimulait cette surpuissance pour démasquer une tendance à l’énurésie jusqu’alors parfaitement inconnue du patient et dont la découverte permettait d’élucider des fragments importants de sa toute petite enfance. Tout se passait comme si les défaillances persistantes des sphincters internes de la vessie avaient été compensées par une innervation accrue des sphincters auxiliaires pour ne se manifester qu’après l’épuisement de ces derniers.
De même j’enjoignais aux pointilleux de l’exonération d’attendre que l’envie vienne d’elle-même. La résistance prenait alors la forme (ce qui était d’ailleurs parfois aussi le cas dans l’expérience urinaire) de craintes hypocondriaques: l’intestin risquait d’éclater ou encore la rétention pouvait provoquer des hémorroïdes et les excréments non éliminés allaient nuire à l’orgasme ou même l’empoisonner; certains se plaignaient aussi de maux de tête, de perte d’appétit, d’incapacité de penser; ils citaient des cas où une longue constipation avait entraîné des vomissements et il était très difficile de les empêcher de recourir à leur vieille habitude de prendre des lavements ou des laxatifs.
Toutes ces craintes étaient en fait de simples constructions phobiques qui barraient l’accès à l’érotisme anal et à l’angoisse anale, tous les deux refoulés. Si l’on refusait de se laisser impressionner, on parvenait assez souvent à entrevoir assez profondément la vie pulsionnelle refoulée derrière ces traits de caractère. Là encore, il y avait des obstinés qui, pour me réduire à l’absurde, retenaient leurs selles quatre, cinq, huit jours et même onze jours dans un cas dûment certifié. Finalement, sans doute quand ils se rendaient compte que je ne céderais pas, ces patients produisaient un scyballe extrêmement dur, suivi d’une selle énorme, le tout accompagné de douleurs intenses, semblables à celles de l’enfantement.
Comme dans les cas urétraux, une seule tentative suffisait généralement, mais pas toujours, à briser l’obstination du patient. Si l’on donnait à nouveau au patient l’ordre de se retenir le plus longtemps possible, cela était loin de lui être aussi facile que la première fois et même il arrivait que cette injonction fasse disparaître une constipation qui durait depuis une éternité. Là encore, au moment de l’évacuation, les prouesses des sphincters externes peuvent, semble-t-il, dissimuler les faiblesses des sphincters internes.
Evidemment je n’aurais jamais accordé autant d’attention à ces deux fonctions si je n’avais fait l’observation remarquable, dont je fils d’abord le premier surpris, que celles-ci permettent de découvrir plus rapidement certaines relations, inaccessibles autrement, d’une part entre les particularités de caractère et les symptômes névrotiques, d’autre part entre leurs sources pulsionnelles et la préhistoire infantile. Ce qu’on appelle les analyses de caractère pourraient notamment exiger cette réduction aux intérêts érotiques oraux, urétraux et anaux à l’aide des procédés actifs comme s’il s’agissait dans ce cas de revenir aux sources pulsionnelles pour intriquer et utiliser différemment l’énergie pulsionnelle qui en dérive.
Ces expériences relatives à la rétention des excréments se sont en outre montrées fécondes dans une direction inattendue, en venant corroborer la « théorie de l’amphimixie» de la génitalité telle que je l’ai exposée dans mon « Essai sur la théorie de la génitalité ». Dans quelques cas, j’ai été en effet frappé par l’influence incontestable qu’une interdiction urétrale exerçait manifestement sur la fonction anale, comme si la tendance à l’évacuation s’était en quelque sorte déplacée en arrière; les patients avaient des selles plus fréquentes, souvent des flatulences et des gaz intestinaux en abondance.
Mais on pouvait remarquer aussi des déplacements d’un autre ordre, par exemple une influence manifeste sur l’appétit et, certainement le plus remarquable et le plus important, l’apparition d’érections même chez des impuissants qui n’en avaient plus depuis longtemps. Il fallait bien mettre ces phénomènes en relation avec certaines conceptions théoriques que j’avais émises dans ma « Théorie de la génitalité » quant à. la genèse de la génitalité, et même il était difficile de ne pas y voir une confirmation expérimentale de la conception qui s’y trouvait exposée, à savoir que les fonctions de rétention et d’évacuation de la vessie et de l’intestin peuvent présenter des innervations anales et urétrales sous forme d’un mélange amphimictique et que ces tendances se trouvent déplacées secondairement sur l’organe génital où elles contrôlent l’acte d’éjaculation et son inhibition.
Outre l’importance théorique de cette découverte, il m’a paru très important sur un plan pratique de voir s’ouvrir, grâce à ces mesures actives, la perspective d’une reconstruction plus facile de la structure prégénitale dans les cas d’impuissance. Je partage d’ailleurs entièrement l’opinion de W. Reich selon lequel tous les cas de névrose, et non seulement les cas d’impuissance manifeste, s’accompagnent de troubles plus ou moins importants de la génitalité et je suis en mesure de démontrer l’opportunité de l’activité urétro-anale dans les structures névrotiques les plus diverses.
A l’objection évidente que dans la rétention il s’agit seulement d’une excitation mécanique des organes génitaux tout proches, je peux répondre que les érections ne se présentent pas seulement sous forme de « rigidité aqueuse », c’est-à-dire quand la vessie est pleine, mais également après l’évacuation. En outre, argument bien plus convaincant, l’attitude psychique de l’analysé parle en faveur de la relation que nous venons de décrire. Ceux dont 1’hyperpuissance dissimulait des faiblesses infantiles latentes devenaient sensiblement plus modestes, tandis que les individus qui réussissaient à surmonter une certaine anxiété au cours des tentatives de rétention faisaient preuve de beaucoup plus d’assurance sur le plan sexuel.
Entre autres, ils trouvaient le courage d’exprimer des associations et des souvenirs profondément enfouis et de progresser dans la situation de transfert à un niveau qu’ils n’auraient jamais pu atteindre auparavant. Au demeurant, je ne suis pas si certain qu’on puisse donner une explication purement mécanique de ce qu’on appelle la «rigidité aqueuse » sans recourir à la conception du déplacement amphimictique de l’innervation.
Ces observations m’ont fourni l’occasion d’assister aux conditions qui président à l’éducation prégénitale des enfants et de les étudier en détail dans la « post-éducation» analytique. J’ai découvert que c’est la crainte de la douleur qui constituait en dernière analyse la cause aussi bien de la tendance à l’évacuation urétrale que de la tendance à la rétention anale; dans le cas de l’évacuation de la vessie, c’est la crainte de la tension provoquée par la vessie pleine et, dans l’évacuation des selles, la crainte de souffrir lors du passage du boudin fécal, qui dilate et distend le rectum. L’évacuation implique donc le plaisir pour la vessie et le déplaisir pour le rectum.
L’utilisation érotique de ces fonctions exige de supporter un accroissement relativement important des tensions en question. L’évacuation de la vessie ne procure un plaisir véritable que si la tension de la paroi vésicale dépasse une certaine limite. De même, la prime de plaisir érotique dans la défécation, que Freud a été le premier à signaler, n’est obtenue que si le déplaisir ou la tension ressentis avant la défécation ont atteint un degré appréciable ; c’est là un phénomène général puisque, selon moi, le caractère spécifique de l’érotisme consiste en un triomphe voluptueux remporté sur une difficulté organique que l’on se crée à soi-même.
Bon nombre de névrosés s’avèrent être des hyper-anxieux qui s’interdisent le plaisir de l’érotisme anal et urétral par peur de la douleur inévitable qui y est associée et il semble que le courage d’affronter l’érotisme prégénital soit un facteur nécessaire sans lequel il ne saurait y avoir d’érotisme génital solide. Dans l’analyse, la lutte contre les habitudes anales et urétrales se répète et aboutit cette fois à une meilleure conclusion; celle-ci présuppose naturellement la suppression de certaines capacités et habitudes qui donnaient l’illusion d’une intégration réussie de cette phase éducative.
Cependant les conséquences physiologiques de ces expériences de rétention ne sont pas les seuls phénomènes importants, il faut y ajouter le matériel associatif livré à cette occasion. L’identification de l’enfant à ses parents passe comme on sait par une première phase prégénitale. Avant d’oser se mesurer à ses parents sur le plan génital, l’enfant essaie de rivaliser avec eux sur le plan des prouesses anales et urétrales, domaine où, en parfait accord avec ma « théorie de la génitalité », les excréments équivalent à des enfants et où les organes de l’excrétion peuvent eux-mêmes jouer le rôle, encore indifférencié sur le plan sexuel, de procréateur.
Notre intervention active, surtout en ce qui concerne les selles, pourrait donc se décrire aussi de la façon suivante nous faisons croître certaines tensions jusqu’à ce que la douleur provoquée par la rétention l’emporte sur la peur de l’évacuation; dans le cas des injonctions urétrales, il s’agit plutôt de s’habituer en quelque sorte aux tensions de la paroi Vésicale, d’apprendre à les supporter.
A côté de ces facteurs physiologiques, il ne faut pas négliger le rôle du transfert parental sur le médecin. Les injonctions et interdictions formulées par le médecin répètent en quelque sorte les ordres autoritaires donnés par les personnages importants de l’enfance, avec toutefois une différence non négligeable : dans l’enfance tout concourait à sevrer l’enfant des primes de plaisir, alors que dans l’analyse, cette première éducation trop bien réussie est remplacée par une autre qui laisse à l’érotisme la marge qui lui revient de droit.
En relation avec la régulation des fonctions anale et urétrale, il se produit généralement dans l’analyse une remise en cause de certains traits de caractère qui, comme Freud l’a montré, sont de simples produits de substitution, de fermentation et de sublimation de ces dispositifs pulsionnels organiques. La réactivation analytique de l’érotisme anal se fait aux dépens du caractère anal. Les patients qui étaient jusque-là angoissés et avares deviennent progressivement plus généreux, et il ne s’agit pas seulement de leurs matières fécales ; le caractère urétral facilement inflammable, incapable de supporter une tension, même psychique, sans décharge immédiate, acquiert plus de retenue.
De façon générale, on peut dire que ces mesures convainquent le patient qu’il est capable de supporter plus de déplaisir, voire d’utiliser ce déplaisir même pour obtenir un gain de plaisir érotique supérieur et cette conviction lui dorme un certain sentiment de liberté et de confiance en soi, dont le névrosé se trouve particulièrement dépourvu ; et il faut ce sentiment de supériorité pour que surgissent des aspirations sexuelles plus élevées, de nature génitale, et finalement le courage nécessaire pour réactiver le conflit oedipien et surmonter l’angoisse de castration.
Au terme d’une analyse menée à bien, il apparaît que les symptômes névrotiques relatifs à la miction et à la défécation ne se ramènent pas entièrement aux tendances à répéter les conflits d’adaptation entre les pulsions liées à l’évacuation et les premières exigences sociales. La force traumatique véritablement en jeu ici s’avère plutôt être, comme dans les névroses en général, la tendance à fuir le conflit oedipien et partant la génitalité; les expressions manifestes et latentes des érotismes oral, urétral, anal et autres que l’on trouve dans la névrose sont donc en général secondaires: ce sont des formations substitutives régressives des facteurs proprement névrogènes, en particulier de l’angoisse de castration.
L’identification anale et urétrale aux parents, que nous avons signalée précédemment, paraît constituer une sorte de précurseur physiologique de l’Idéal du Moi ou du Surmoi dans le psychisme de l’enfant. Non seulement l’enfant établit constamment des comparaisons entre ses performances dans ce domaine et celles des adultes mais il se forme en lui une morale des sphincters très sévère qu’on ne saurait transgresser sans remords et scrupules intenses. Il n’est pas exclu que cette morale encore à demi physiologique soit un des ressorts essentiels de la morale ultérieure purement psychique; de même que l’olfaction (avant de manger), acte purement physiologique, serait selon mon hypothèse le prototype ou le précurseur de toutes les réalisations intellectuelles supérieures où il s’agit toujours de différer des satisfactions pulsionnelles (penser).
Il est fort possible que nous ayons grandement sous-estimé jusqu’à présent la signification biologique et psychologique des sphincters. Leur structure anatomique et leur mode de fonctionnement semblent les rendre particulièrement aptes à la production, à l’accumulation et à la décharge des tensions ; ils agissent à la manière d’écluses situées aux points d’entrée et de sortie des orifices du corps et leur degré variable d’innervation permet une variation infinie des sensations de tension et de détente dans la mesure où ils facilitent ou inhibent l’afflux et le reflux des contenus corporels.
Jusqu’à présent on a considéré ces phénomènes uniquement sous l’angle utilitaire et complètement négligé l’importance du jeu des sphincters dans l’approche du plaisir et du déplaisir, sans parler de son importance proprement érotique. On peut facilement constater le déplacement des quantités d’innervation d’un sphincter sur un autre ou plusieurs autres. Un état d’angoisse par exemple s’accompagne souvent d’un rétrécissement marqué de l’ouverture anale et, conjointement, d’une tendance à vider la vessie.
Dans l’hystérie, cette contraction peut être déplacée sur d’autres organes et constituer le globus de la musculature de la gorge, le spasme du larynx (aphonie hystérique), la contraction du pylore, la formation de sphincters atypiques en divers points privilégiés du tube digestif dans l’hystérie, la source de tous ces spasmes s’avère être la peur d’une innervation correspondante des sphincters génitaux, laquelle peut se manifester chez l’homme par des troubles de la puissance et chez la femme par des douleurs menstruelles (contractions utérines).
Ces remarques sur les sphincters conduisent, par association d’idées, à expliquer un grand nombre de symptômes névrotiques par l’angoisse de castration ou l’angoisse de la naissance (Rank) et par l’angoisse de la parturition, cette dernière encore mal comprise et sous-estimée. Pour mesurer l’intensité des fluctuations des émotions et notamment de l’angoisse, on pourrait suggérer à la psychologie expérimentale la manométrie de la tension sphinctérienne anale; l’observation de l’activité sphinctérienne au niveau de la bouche et de la gorge nous a bien permis de mieux comprendre la physiologie et la pathologie de la respiration, de la parole et du chant, en particulier dans leurs relations avec les émotions.
Dans quelques cas où les exercices de rétention furent poussés au-delà d’un certain point, les patients présentaient, généralement à l’occasion d’associations qui réactivaient des vécus infantiles, une vive angoisse et parfois une incontinence passagère. On peut concevoir ce dernier symptôme lié à l’angoisse comme une sorte de panique où disparaît toute considération pour la « morale des sphincters » et où les organes reviennent au stade de l’autosatisfaction infantile primitive.
J’ai déjà indiqué comment l’accroissement de tension débordait des orifices génital, urétral et anal sur tout le tonus psychophysiologique. Les rêves d’un patient, pendant une période d’activité de ce genre, montraient très clairement que s’étirer représentait pour lui une sorte d’érection de tout le corps, qui lui permettait de fantasmer inconsciemment un coït avec sa mère, le corps prenant la place de son pénis insuffisamment érectile.
Cette identification névrotique du corps tout entier aux organes génitaux pourrait s’avérer selon moi d’une grande importance, aussi bien en ce qui concerne la pathologie des névroses que celle des maladies organiques. Lorsque je soumis ce matériel d’observation au Dr Freud, celui-ci résuma brièvement mon point de vue en disant que les impuissants qui manquent de courage pour les relations sexuelles accomplissent le coït avec tout leur corps dans leurs fantasmes (inconscients) ; peut-être est-ce là la source de tout « fantasme intra-utérin ».
Je voudrais donner encore quelques exemples frappants de la manière dont l’analyse peut progresser grâce à l’influence exercée sur les processus d’excrétion. Dans un cas de prurit anal névrotique quasi insupportable et suivi d’onanisme anal et rectal incoercible, le symptôme persistait en dépit d’une investigation interminable du matériel associatif. Il fallut qu’une rétention fécale volontaire assez prolongée et la sensation de tension qui l’accompagne eussent supprimé le caractère d’organe de plaisir inconscient de l’intestin pour que la tendance à déplacer l’érotisme sur les organes génitaux devienne manifeste.
Un autre patient, incapable d’accomplir l’acte sexuel sans avoir auparavant vidé entièrement sa vessie (même alors il n’y parvenait que très partiellement), arriva à supporter des érections plus marquées et plus prolongées à la suite de tentatives réussies de rétention urinaire et à faire en même temps des progrès considérables dans la compréhension psychanalytique de son état. Nombre de patients (dont des hommes) présentent en ce qui concerne leurs selles un comportement qui donne un aperçu intéressant sur la défécation conçue comme accouchement. Dans un cas où la défécation, généralement forcée, procurait, aux dépens de la génitalité, des sensations voluptueuses accompagnées d’éjaculation, le patient renonça à ce symptôme après une rétention forcée suivie d’évacuation douloureuse.
Il est difficile de dire quand et dans quels cas cette tentative peut et doit se faire. Quoi qu’il en soit, il faut pouvoir étayer solidement l’hypothèse d’une régression (ou d’une décomposition) de l’érotisme génital à ses étapes biologiques antérieures, c’est-à-dire d’un déplacement de la menace de castration redoutée, qui à l’origine concerne les organes génitaux, sur les fonctions plus anodines de l’excrétion anale et urétrale. Les mesures que nous venons d’exposer ont pour but de favoriser le déplacement sur les organes génitaux.
Le cas suivant va nous montrer comment des quantités importantes de libido peuvent être liées inconsciemment aux fonctions intestinales. Une patiente avait des crises étranges qui étaient associées à des « sentiments d’éternité » et au cours desquelles elle devait rester un certain temps à l’abri de toute excitation dans un état complet d’introversion. Cette « éternité » représentait en fait i attente indéfinie de l’évacuation intestinale, laquelle fut remplacée, après. l’expérience douloureuse de rétention forcée, par une impulsion irrésistible à mettre un terme à cette « éternité ».
Seulement après s’être permis cet orgasme au stade anal, la patiente put accéder à l’orgasme génital qui lui avait été jusqu’alors refusé. Un patient qui souffrait d’une angoisse de castration extraordinairement intense avait l’habitude d’évacuer un seul et unique étron, par crainte phobique de voir ses selles morcelées par les sphincters. Il avait en outre l’étonnante capacité de réaliser, sans aide extérieure, d’une manière qui m’est tout à fait incompréhensible sur le plan anatomique, un rétrécissement passager du pénis, à un centimètre environ derrière le gland; et ce rétrécissement se produisait généralement au cours de la défécation.
Quand tout son érotisme fut redéplacé sur l’organe génital, son impuissance chronique s’atténua progressivement et une amélioration durable se produisit dès qu’il put élucider son complexe d’œdipe et surmonter son angoisse sexuelle à l’égard de ses parents. Ici, comme dans bien d’autres cas du même genre, la substance fécale plastique signifiait aussi un enfant. Mon élève V. Kovacs, de Budapest, a pu expliquer un tic des muscles faciaux, qui datait de l’enfance, par la tendance latente à l’onanisme et son déplacement sur les intestins; elle a obtenu une guérison durable à l’aide de la psychanalyse et de certaines injonctions relatives à la défécation.
Toutes ces observations tendent à justifier l’idée que l’analyse « bio-analytique » de la fonction génitale est non seulement importante sur le plan théorique mais propre à accroître notre pouvoir thérapeutique.
On complétera ce qui vient d’être dit en ajoutant que l’activité peut dans certains cas concerner aussi bien les fonctions de nutrition que celles d’excrétion ; on peut découvrir l’arrière-plan pulsionnel des traits de caractère oraux par le renoncement à certains plaisirs relatifs au manger, au boire, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, ainsi qu’à la suite du consentement délibéré à des modes de jouissance et de nutrition évités auparavant par idiosyncrasie.