Les rêves de la jeune Elisabeth
Visions maternelles
Une nuit elle vit en songe sa mère, la reine Gertrude, lâchement assassinée plusieurs années auparavant, qui vint s’agenouiller devant elle et lui dit : « ma chère fille, bien-aimée de Dieu, je te supplie de prier pour moi; car j’ai encore à expier les négligences de ma vie; souviens-toi de la douleur avec laquelle je t’ai mise au monde, et aie pitié de mes souffrances actuelles; demande à Dieu de les abréger, et d’envisager plutôt que mes péchés la mort ignominieuse que j’ai subie quoique innocente : tu le peux si tu veux; car tu es pleine de grâce à ses yeux. »
Élisabeth s’éveilla en pleurant, se leva de son lit et se mit sur-le-champ en prière; après avoir prié avec ferveur pour l’âme de sa mère, elle se recoucha et se rendormit. Sa mère lui apparut de nouveau, et lui dit : « bénis soient le jour et l’heure où je te donnai la vie, ta prière m’a délivrée : demain j’entrerai dans le bonheur éternel. Mais prie toujours pour ceux que tu aimes; car Dieu soulagera tous ceux qui t’invoqueront dans leurs peines. »
Élisabeth se réveilla encore le cœur tout réjoui de cette vision, et en versa des larmes de joie : puis fatiguée elle se rendormit d’un si profond sommeil, qu’elle n’entendit pas la cloche des matines des frères mineurs, où elle avait coutume de se rendre, et ne s’éveilla qu’à prime.
Charles de Montalembert
Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie
France 1836 Genre de texte prose
Contexte
Le récit de rêve se situe vers la fin du livre qui compte 34 chapitres, au chapitre 28 qui raconte « comment le seigneur fit éclater sa puissance et sa miséricorde par l'entremise de la chère sainte Élisabeth et de la vertu merveilleuse de ses prières. »
Entrée au tiers-ordre de saint François, Élisabeth se consacre par la prière au soin des malades et au salut des âmes. Son secours est même réclamé par les âmes des trépassés qui ne reposent pas en paix, comme le suggère ce rêve.Texte témoin
Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe,Paris, Bailly, 1836, p. 254-255.
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