dimanche 15 mai 2011

Energie libre - énergie liée


En psychanalyse, l’énergie libre, selon le point de vue économique de l’appareil psychique, caractérise le processus primaire. Cette énergie se dirige vers la décharge d’une manière rapide et directe.
 
énergie libre - énergie liée
    Formes que prend l'énergie psychique respectivement dans le processus primaire et dans le processus secondaire.     Lorsque Freud considère le fonctionnement psychique du point de vue économique, il distingue l'énergie "libre", qui tend à une décharge immédiate et complète (caractéristique du processus primaire et du système inconscient), de l'énergie "liée", c'est-à-dire accumulée dans certains neurones (processus secondaire, système préconscient-conscient).
Ainsi, l’énergie psychique de la pensée, qui peut se traduire par l’intérêt pour un objet ou une activité, réside dans l’appareil psychique. Cette énergie peut s’écouler librement et tendre vers une décharge* immédiate et complète si elle provient du ça* (selon un processus inconscient ou primaire, non structuré) là l’investissement est mobile ; si cette énergie est canalisée par le moi* (processus secondaire en partie structuré) elle sera dite liée, la décharge motrice sera endiguée par la pensée pour se concentrer plus intensément sur l’investissement*.
Pour Freud, la cure psychanalytique est un combat d’énergie ; le rêve*, le lieu de conflits entre énergie libre et énergie liée.

Energie libre, énergie liée et principe de réalité
D’un point de vue économique, le principe de réalité correspond à une transformation de l’énergie libre en énergie liée.
- Du point de vue topique, il carectérise surtout le système préconscient-conscient.
- Du point de vue dynamique, cette énergie pulsionnelle serait plus au servic e des pulsions du moi.

  Freud, dans «Formulations sur les deux principes du fonctionnement psychique» en 1911, le met en relation avec le principe de plaisir auquel il succède. Le nourrisson tente de décharger, de façon immédiate, ses pulsions par voie hallucinatoire (sucer son pouce au lieu de têter par ex..). «...C’est seulement le défaut persistant de la satisfaction attendue (sucer son pouce ne nourrit pas.), la déception qui a entraîné l’abandon de cette tentative de satisfaction par le moyen de l’hallucination. A sa place, l’appareil psychique dut se résoudre à se représenter l’état réel du monde extérieur et à rechercher une modification réelle. Par là un nouveau principe de l’activité psychique était introduit: ce qui était représenté, ce n’était plus ce qui était agréable, mais ce qui était réel, même si cela devait être désagréable.» Freud.

  Pour que le principe de réalité puisse oeuvrer, il faut toute une série de transformations et d’adaptations de l’appareil psychique qui se fera au fur et à mesure du développement de l’enfant; développements des fonctions conscientes, attention, jugement, mémoire, pensée etc... pour arriver à lier l’énergie vers des voies d’évacuation adaptées à la réalité.

  Le fonctionnement du principe de réalité n’annule pas celui du plaisir car à chaque «ratage» du principe de réalité, il reprend aussitôt le dessus. Le principe de plaisir continue égalementà régner dans les fantasmes, les hallucinations, les rêves. Il va chercher en permanence à "tromper" le moi pour arriver à trouver les voies d"écoulement les plus rapides et immédiates. " Tout et tout de suite"

  Les pulsions sexuelles fonctionnent en priorité sur le mode du principe de plaisir et le moi (principe de réalité) aurait beaucoup plus de difficultés à trouver des voies d’écoulement socialement adaptées.

Le Moi serait donc l’instance lié au principe de réalité et le ça à celui du plaisir.
Le moi «...intercale, entre la revendication pulsionelle et l’action qui procure la satisfaction, l’activité de pensée qui, s’étant orientée  dans le présent et ayant utilisé les expériences antérieures, tente de deviner par des actions d’épreuve le résultat des entreprises envisagées. Le Moi arrive de cette façon à déceler si la tentative pour obtenir la satisfation doit être effectuée ou ajournée ou si la revendication de la pulsion ne doit pas purement et simplement réprimée comme dangereuse.» Freud. Il s’agit d’un principe énoncé par Freud selon lequel l’appareil psychique tend à maintenir un niveau aussi bas, ou aussi constant que possible, la quantité d’excitation qu’il contient.
La constance est donc obtenu d’une part, par la décharge de l’énergie déjà présente et d’autre part par l’évitement de ce qui pourrait accroître la quantité d’excitation et la défense contre cette excitation.

  Ce principe est fondamental pour comprendre pourquoi la pulsion, secondaire à toute excitation, pousse jusqu’à satisfaction. Car, la satisfaction ramène l’excitation à un point de tension moins élevée.

  Ce principe est donc en étroit rapport avec le principe de plaisir puisque ce dernier a le même but, ramener la tension à son point le plus bas. Le déplaisir étant l’augmentation de la quantité d’énergie provoquée par les excitations internes et externes.

  Freud a repris ce principe aux travaux d’autres disciplines comme la physique (entropie), la physiologie (la somme des énergies dans un système clos reste constante). Claude Bernard, grand physiologiste, parlera d’homéostasie pour les principes d’échanges corporels.

Freud et Breuer vers 1895 ont travaillé sur ce principe et en ont déduit quelques points essentiels.

- La loi de constance est conçue comme une loi optimum. Il existe un niveau d’énergiefavorable qui doit être rétabli par des décharges lorsqu’il tend à s’accroître mais aussi par une recharge (sommeil, méditation etc...) lorsqu’il s’est trop abaissé.
- La constance peut être menacée par des états d’excitation généralisés et uniformes ou par une répartition inégale de l’excitation dans le système (affects).
- L’existence et le rétablissement d’un niveau optimum sont la condition qui permet une libre circulation de l’énergie cinétique. Le fonctionnement sans entrave de la pensée, undéroulement normal de la libre association supposent que l’autorégulation du système ne soit pas perturbée.

  Puis les points de vue de Freud et de Breuer divergeront, Breuer restera plus sur des explications physiologiques du système neuronique. Freud pensera, lui que le principe de constance ser en lien avec le principe de réalité et que le principe d’inertie le sera avec le principe de plaisir.

En 1920 dans «au delà du principe de plaisir», Freud affine le principe de constance:

- La tendance à la réduction absolue et la tendance à la constance sont considérée scomme équivalentes.
- La tendance à zéro, sous le nom de principe de Nirvana, est considérée comme fondamentale, les autre n’étant que des modifications.
- Il introduit de ce fait, au niveau des pulsions, un dualisme fondamental; les pulsions de mort tendant à la réduction absolue des tensions (principe d’inertie) et les pulsions de vie tendant à maintenir un niveau élevé de tension (principe de constance. Dans les unes l’énergie est libre et dans les autres, elle est liée, processus primaire vs processus secondaire.