Il s’agit d’un petit résumé sur les principaux éléments de la pratique psychanalytique. Nous passerons en revue quelques éléments centraux : le règle fondamentale de toute analyse, les résistances au cours de la cure, la place de l’interprétation, les matériaux inconscients et la notion de transfert.
Il y a plus d’un siècle, Freud travaillait sur un cas d’hystérie et découvrit que chez certains malades le fait de se rappeler des épisodes très lointains de leur enfance aboutissait à la disparition des divers symptômes de l’hystérie. « Comment peuvent subsister des souvenirs dont nous ignorons totalement l’existence et qui, cependant, sont toujours susceptibles de provoquer des troubles suffisamment graves parfois pour qu’ils empêchent le déroulement d’une vie saine ? » s’interrogea Freud. La légende dit que Freud était un piètre hypnotiseur, plus sérieusement, cette réponse ne le satisfaisait pas car l’hypnose ne suffisait pas à résoudre de manière durable les symptômes et les résultats étaient trop transitoires. Il inventa donc la psychanalyse, l’étude des rêves et... la méthode investigation analytique.

La règle fondamentale

La règle fondamentale en psychanalyse est de laisser son imagination vagabonder et dire absolument tout ce qui nous passe par la tête en réponse à des mots, des phrases ou des idées du psychanalyste. Bien sûr cette règle n’est jamais respectée, mais lorsqu’elle ne l’est pas cela signifie que l’analyste vient de toucher un point essentiel. Ainsi on peut dire que la pratique psychanalytique repose précisément sur la transgression de sa propre loi fondamentale. L’impossibilité d’observer la règle fondamentale est due à la résistance, pierre angulaire de la thérapeutique. Laplanche & Pontalis définissent la résistance comme tout ce qui, dans les paroles de l’analysé, s’oppose à l’accès de celui-ci à son inconscient. Tout ce qui entrave le travail thérapeutique sera appelé résistance.

Les résistances

Il existe plusieurs formes de résistances, d’abord consciente : le patient ne parle pas, il reste silencieux comme s’il ne voulait pas aborder un sujet désagréable. Préconsciente : le patient parle d’une manière désaffectivée, le discours est monotone, stéréotypé. Tout est banalisé pour éviter de ressentir sa propre émotion. Le patient peut parler d’une façon logorrhéique afin de masquer son embarras. Inconsciente, le patient est toujours content ce qu’on lui dit. Il ne manifeste ainsi aucun émoi négatif.
Le travail analytique consiste à repérer ces différentes formes de résistances, en prendre conscience, démontrer qu’il s’agit effectivement d’une résistance puis chercher à élucider ses motifs et enfin interpréter la résistance.
Dans la théorie freudienne, l’interprétation tient une place tellement centrale qu’on pourrait caractériser la psychanalyse par l’usage de l’interprétation. C’est un acte de parole. Il s’agit de comprendre le sens caché (latent) d’une conduite, d’un fantasme donc de le restituer dans la dynamique inconsciente propre à chaque sujet.
Même si pour Freud l’interprétation des rêves est la voie royale vers l’inconscient, elle doit cependant rester exceptionnelle et toujours subordonnées aux buts thérapeutiques (on ne vient pas en analyse pour faire interpréter ses rêves !).

Le moment de l’interprétation

Interpréter revient à amener à la conscience, chez le patient, des émois et des représentations dont il n’avait pas connaissance. Tout l’art de l’analyste-interprête est donc de savoir attendre le moment opportun où le patient sera apte à recevoir une signification nouvelle de sa conduite ou de son discours. Mais comment déterminer le moment favorable ? Il s’agit d’évaluer, pour un matériel donné, la distance entre le conscient et l’inconscient du patient. Postulons que l’interprétation sera efficiente si la distance est suffisamment réduite pour que l’interprétation fasse effet de pontage. On appréciera cette distance en observant les infiltrations primaires dans le comportement du patient (lapsus, acte manqué etc.) et plus encore la concordance de phrase entre le ressenti de l’analyste et les associations du patient.

L’interprétation « sauvage »

« En révélant aux malades leur inconscient, on provoque toujours chez eux la recrudescence de leur conflit et une aggravation de leur symptôme » disait Freud. Jeter brutalement à la tête du patient les secrets que le thérapeute a cru deviner entraînera l’inimitié du malade et sa fuite. Toutefois l’interprétation sauvage serait nuisible à la cause de la psychanalyse qu’elle tend à discréditer dans l’opinion publique mais pas vraiment pour le patient.
User de la construction freudienne qui a pour but de suppléer la fonction d’interprétation et d’aboutir à la prise de conscience de son histoire infantile. Cette histoire peut-être difficilement accessible d’où la construction à partir de bribes de souvenirs, d’association etc. on reconstruit l’édifice. Pour ne pas imposer sa vison au sujet Freud propose l’utilisation dynamique des constructions : « L’analyste achève un fragment de construction et le communique à l’analysé pour qu’il agisse sur lui à l’aide du nouveau matériel qui afflue il construit un autre fragment (...) au pire elle risque (l’histoire reconstruite incomplète ou définit par l’élaboration et la liberté fantasmatique du patient) comme l’interprétation sauvage, d’avoir un effet bénéfique sur le patient. »

Les matériaux inconscients

Le rêve
Le rêve a, pour Freud, un contenu manifeste (ce dont le rêveur se souvient) et un contenu latent à l’origine de la production du rêve. La démarche psychanalytique affirme que sous les apparences il y a des émois, des désirs, des pulsions inconscientes qui, par le « travail du rêve » ont amené la production manifeste. Le travail du rêve consiste à transformer le contenu latent du rêve en représentation suffisamment acceptable par le conscient. Si le travail du rêve échoue, il y a rêve d’angoisse et cauchemars : c’est qu’il n’y a pas eu suffisamment de transformation. Pour Freud, il existe trois type de rêves, les rêves clairs, ou rêves simples, les rêves raisonnable qui paraissent avoir une cohérence logique, mais le rêveur s’interroge tout de même sur son sens et les rêves obscurs qui sont incohérents et absurdes.
Oubli et lapsus
Les ratés de l’action ou des discours révèlent ce que leur auteur entendait soigneusement protéger. On oubli un nom pour oublier un autre contenu qu’on veut garder refoulé, on oubli le nom qui lui est lié par un lien associatif. De même pour les actes manqués qui attestent que le résultat visé d’un acte n’est pas atteint.
Le lapsus et les actes manqués sont le produit du conflit entre deux intentions, l’une manifeste, l’autre refoulée. Ils sont la résultante, le compromis entre l’agir ou le dire et une force antagoniste qui, elle aussi, veut s’exprimer et qui utilisera l’erreur dans le langage ou l’action. La résultante de ces forces produit les manifestations dont on vient de parler mais aussi le rêve et les symptômes névrotiques.
Le transfert
Pour la psychanalyse, c’est parce que le transfert existe qu’une relation thérapeutique peut exister. Le transfert est le déplacement d’une ancienne relation affective sur la personne de l’analyste. Une des règles fondamentales est qu’il ne faut jamais interpréter le transfert avant qu’il ne soit établi. L’analyste se devra d’annoncer progressivement au patient qu’il vit une relation déjà vécue dans le passé avec une personne clé de son histoire. Les relation de transfert se caractérisent essentiellement par le faut qu’elles sont inappropriées en qualité, en quantité et en durée. Il y a un coté excessif, inadapté qui permet de les repérer comme telles. Il existe deux grandes formes de transfert : le positif (sentiments tendres, confiance, admiration, amour) et négatif (hostilité, méfiance, agressivité, haine).

Conclusion

Il important de comprendre que la démarche psychanalytique ne peut se dérouler qu’au sein d’un cadre. Un lapsus ou un oubli dans le cadre de la cure aura un sens bien spécifique qu’il n’aura pas dans une autre situation de la vie ordinaire. De la même manière on ne peut relever une résistance que dans le cadre thérapeutique et on se gardera d’étendre à tout bout de champ ces conceptions. Un oubli est parfois seulement un oubli et un rêve juste un rêve...