lundi 3 janvier 2011

Vision de Guillaume



Vision de Guillaume

Message divin
Lorsqu’il fait nuit, le comte se couche. Cette nuit, il n’a ni bu, ni soupé, mais s’est plutôt saoulé de la gloire du Ciel. Qui sert bien Dieu ne peut être dépourvu. Le paisible comte dort dans un buisson, mais Dieu ne l’a pas oublié. Il le réconforte bien avec un de ses anges qui l’avertit en songe : « Seigneur Guillaume, sais-tu ce que Dieu t’a demandé? Tu l’as servi de bonne volonté et ton corps a beaucoup été accablé des coups des païens. Par moi, le roi de majesté, qui a fait préparer ton lit au paradis, demande que tu y viennes quand tu devras mourir. Cependant, il veut encore t’éprouver, encore te faire endurer de grandes peines. Tu feras ton ermitage dans ce désert. Tu serviras Dieu du matin jusqu’au soir et il te fait dire qu’il te donnera beaucoup [de choses]. Tes bienfaits seront récompensés au Ciel. » Alors, l’ange ailé s’en va et le marquis reste dans le buisson branchu jusqu’au lendemain matin. Le comte Guillaume est si rassuré par la parole que Dieu lui a envoyée qu’il ne craint pas plus la mort qu’un oeuf pelé.

Anonyme
Moniage Guillaume
France   1120 Genre de texte
Chanson de geste
Contexte
Après la mort de sa femme Guibourc, Guillaume d’Orange souhaite se retirer dans un couvent, mais en est exclu à cause de son tempérament colérique. Guillaume se cherche alors un endroit où construire un autel pour adorer Dieu. Un jour, il se retrouve dans un désert et reçoit la visite d’un ange en songe. Celui-ci lui assure une place au paradis, mais lui dit qu’il faut encore servir Dieu avant d’accéder à l’au-delà. Inspiré par cette vision céleste, Guillaume décide alors de bâtir son lieu d’adoration dans le désert.
Texte original Li quens se couche quant il fu avespré ;
Cele nuit n’a ne bëu ne soupé,
Mais de la gloire del ciel est saoulés :
Qui bien sert Dieu ne puet estre esgarés!
En un buisson se dort li quens söef,
Mais li vrais Dieus ne l’a mie oublié,
Par un suen angele l’a bien reconforté,
En avision li a amonesté :
« Sire Guillaumes, sés que Diex t’a mandé?
Tu l’as servi de boine volenté
Et sour paiens ton cors mout agrevé.
Par moi te mande li rois de mäisté
Qu’en paradis a fait ton lit paré,
Quant che venra que tu devras fines.
Ne mais encore te voldra esprover,
Encor t’estuet grans paines endurer :
En cest desert feras tu ton hostel,
Serviras Dieu et main et avesprer ;
Et il te mande qu’il te donra assés,
Tes biens fais t’iert el ciel guerredonés. »
A tant s’en va li angeles enpenés,
Et li marchis est el buisson remés
Jusc’al demain que il fu ajorné.
Li quens Guillaumes fu si assëurés
Pour le parole que Dieus li ot mandé,
Ne doute mais le mort un oef pelé.

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