lundi 3 janvier 2011

Songes prescriptifs




Songes prescriptifs
Il doit se faire moine
Le comte Guillaume est en proie à une grande tristesse
Du matin au soir.
Il va se coucher dans son lit orné.
Dieu, qui ne veut pas qu’il soit oublié,
Au moyen d’un de ses anges lui fait connaître sa pensée :
Qu’il aille à Gênes-sur-Mer.
Quand le bon comte entendit ces mots,
Il ne voulut pas désobéir.
Il recommande à Dieu ses sujets,
[Et] Il confie ses terres à son filleul
À qui il fait prêter foi et hommage.
Cela fait, il ne veut pas perdre de temps.
Très rapidement, il apprête son bon destrier,
Il ceint l’épée à son côté gauche,
Il n’oublie pas son bon bouclier,
Toutes ses armes lui sont apportées.
Sans délai, il sort de la ville. […]
Le comte Guillaume vers Gênes s’en va,
Vers l’abbaye que l’ange lui avait désignée. […]
Sans aucune crainte, il pénètre dans le cloître,
Il y trouve l’abbé, il le salue aimablement.
L’abbé le regarde, le reconnaît sans difficulté.
Il s’assied à son côté, et il lui demande :
« Sire Guillaume, que cherchez-vous ici? »
Et le comte répondit : « Je ne vous le cacherai pas.
Un ange m’apparut, envoyé par Dieu,
Afin que je devienne moine et que je vienne ici.
Accordez-moi cela maintenant, ce sera une grande charité. »
« Volontiers, Sire, répondit l’abbé.
Vous serez moine, rien ne l’empêchera. »

Il doit se faire ermite
Cette nuit-là, le redoutable Guillaume dormit.
Voici qu’un ange apparut, envoyé par Dieu,
[Et] Il dit à Guillaume : « N’aie pas peur!
Je t’apporte des ordres du Dieu glorieux qui est au Ciel :
À la naissance du jour, demande à l’abbé la permission de partir,
Prends ton haubert et ton épée en acier,
Toutes tes armes – n’en laisse aucune [ici] –,
Monte [ton cheval], va sans perdre de temps
Directement vers les terres désertes auprès de Montpellier.
[Là] Au milieu des terrains incultes,
près d’une pente abrupte et dangereuse,
Il y a une fontaine auprès d’un rocher.
Jamais un chrétien n’y vécut un seul jour,
Sauf un ermite qui est mort avant-hier :
Des Sarrasins scélérats le coupèrent en morceaux.
Là tu trouveras une demeure et une chapelle.
Deviens ermite, c’est la volonté du Dieu. »
Et Guillaume dit : « Je ne veux pas attendre davantage. »
L’ange s’en va, et, à l’arrivée de l’aube,
Le comte Guillaume demanda à l’abbé la permission de partir.
Et celui-ci s’empressa de la lui donner. […]
Alors s’en va le redoutable Sire Guillaume
Directement vers les terres désertes près de Montpellier.
Auprès de la fontaine, près du rocher,
Il trouve une habitation et une chapelle.
Les Sarrasins les avaient toutes ravagées.
Guillaume y entre.

1150AnonymeMoniage Guillaume

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