Ce que la science sait aujourd'hui
Grâce aux nouvelles techniques d'imagerie médicale, les scientifiques peuvent aujourd'hui observer avec précision l'activité cérébrale d'un rêveur. Ils connaissent aussi les mécanismes biochimiques mis en œuvre durant les différentes phases du sommeil. Ils sont d'accord pour accorder de l'importance au rêve, puisque les bébés rêvent beaucoup et que notre cerveau est le siège d'une intense activité quand il rêve. L'évolution n'aurait pas gardé toute cette dépense d'énergie pour rien ! Mais malgré ces constats, on ne sait toujours pas à quoi servent nos rêves.
Les hypothèses ne manquent pourtant pas. Dès les années 50, le professeur et neurologue Michel Jouvet montrait que les petits chats rêvent de chasse aux souris et de combat contre des prédateurs imaginaires, et en concluait à un entraînement aux instincts génétiquement programmés. De la même manière, mais sans que l’on sache à quoi ils rêvent, les bébés humains intégreraient l'inconscient collectif de notre espèce dans leurs songes, apprenant les gestes essentiels à la survie.
Selon des thèses plus récentes, tout tient dans le mélange entre souvenirs et informations nouvellement recueillies. Pour J. Allan Hobson, professeur de psychiatrie à Harvard, notre cerveau intègre en rêvant les données du jour, par " activation-synthèse " de différents circuits neuronaux. Mieux encore : les rêves seraient un outil dans le processus de mémoire - on rêve plus quand on est en situation d'apprentissage. Sont-ils pour autant cet "accomplissement cognitif" que le psychologue américain David Foulkes voient en eux, après une étude montrant que chez l'enfant, leur fréquence et leur complexité se développent au même rythme que les capacités cognitives ? Non, si l'on en croit Claude Gottermans, neurologue à l'université Sofia-Antipolis, qui rappelle que le sommeil paradoxal partage avec la schizophrénie les mêmes caractéristiques psychologiques et physiques. Alors, le rêve est-il une voie de connaissance ou un moyen de se défouler ? Comme la sagesse antique, la science répond qu'il tient un peu des deux.
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