mercredi 22 juin 2011

Formation réactionnelle



Terme utilisé pour la première fois par S. Freud en 1903.
Il s’agit de lutter contre des représentations psychiques pénibles en les remplaçant par un contre-symptôme (un symptôme contraire à celui qui serait plus en adéquation avec la représentation).
Ce symptôme à l’envers devient alors un trait de caractère du sujet (de la personne). Ces formations réactionnelles prennent valeurs symptomatiques lorsqu’elles deviennent rigides, compulsionnelles.
Par exemple, on suppose qu’un individu a une attirance inconsciente envers une autre personne de culture, ou de religion différente, ou encore d’une certaine orientation sexuelle. Ne pouvant pas assumer cette attirance, considérée comme déviante soit au sein de sa communauté, soit par rapport à une morale acquise, il pourra montrer de la peur, de l’agressivité et une haine forcenée envers la communauté de cet "autre" différent, même si inconsciemment il reste attiré par lui.
Ce comportement est une formation réactionnelle par rapport à une attirance inconsciente et refoulée.

Une formation réactionnelle est une transformation d'attitudes, ou plus généralisée, du caractère, permettant de substituer des comportements acceptables en opposition à des pulsions inacceptables. Elles font donc l'économie du refoulement. Elles sont symptomatiques dans leur rigidité, fixation, parce qu'elles sont compulsives et exagérées.
Il s'agit d'un contre investissement, dans une attitude autorisée, de l'énergie pulsionnelle retirée aux représentations interdites : par exemple la sollicitude peut être une formation réactionnelle contre des représentations violentes ou agressives, de même que les exigences de propreté de l'obsessionnel constituent une formation réactionnelle contre son désir de souiller. C'est un mécanisme précoce mais fragile qui se développe avec prédilection pendant la période de latence au profit des valeurs mises en avant par les contextes historiques, sociaux et culturels, et au détriment des besoins pulsionnels frustes, agressifs ou sexuels directs, tout en cherchant à les draîner de façon indirecte. Cet aspect fonctionnel et utilitaire contribue à l'adaptation du sujet à sa réalité ambiante. À un degré de plus, ce mécanisme conduit aux originalités du caractère propre du sujet par rapport à celui des autres. Si les formations réactionnelles deviennent trop systématiques, trop impératives, trop rigides, on entre alors dans la pathologie caractérielle. Dans les névroses classiques, ces formations demeurent puissantes mais limitées à un type déterminé spécifique du mode de relation d'objet et de chaque norme de névrose. (Source : Sous la direction de Jean Bergeret. Psychologie pathologique. Théorique et clinique. 8e édition, Masson, Paris).
La formation réactionnelle est donc un mécanisme de défense consiste en la transformation d'un trait de caractère en un autre, généralement mieux admis sur le plan social : plutôt que de lutter contre une pulsion, risquant ainsi de la refouler et de subir les conséquences symptomatiques du refoulement, le sujet inverse celle-ci.

Les comportements ou les pensées issus du trait de caractère contre lequel s'est développée la formation réactionnelle, sont supprimés. L'énergie qui accompagnait ces anciens comportements est quant à elle réinvestie sur les nouveaux.

En général, un trait de caractère issu d'une formation réactionnelle se distinguera par son aspect excessif et son développement subit.

Il est important de noter que les nouveaux comportements adoptés suite à une
formation réactionnelle sont en rapport, voir à l'opposé, de ceux qui ont été abandonnés par le sujet, ou dont ce dernier cherche à se défaire : l'habituel client des prostitués milite dans des associations de lutte contre la prostitution, l'individu réputé avare se prend à effectuer des dons importants, la personne dite "sale" lave subitement avec excès tous ses objets personnels, etc... Mais dans tous ces cas de figure, nous constatons que les nouveaux comportements sont valorisants socialement, au contraire de ceux qu'ils remplacent.

Une remarque ou une situation désagréable et impromptue, peuvent se trouver, par exemple, à l'origine d'une formation réactionnelle.

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La formation réactionnelle comme mécanisme de défense

              La tradition freudienne désigne par Formation réactionnelle l'attitude ou l'habitus psychologique de sens opposé à un désir refoulé, et constitué en réaction contre celui-ci (par exemple la pudeur s'opposant à des tendances exhibitionnistes). En termes économiques, la formation réactionnelle est un contre-investissement d'un élément conscient, de force égale et de direction opposée à l'investissement inconscient. Les formations réactionnelle peuvent être très localisées et se manifester par un comportement particulier, ou généralisées jusqu'à constituer des traits de caractère plus ou moins intégrés à l'ensemble de la personnalité. Du point de vue clinique, les formations réactionnelles prennent valeur symptomatiques dans ce qu'elles offrent de rigide, de forcé, de compulsionnel, par leurs échecs accidentels, par le fait qu'elles aboutissent parfois directement à un résultat opposé à celui qui est consciemment visé. (LAPLANCHE et PONTALIS).
   C'est dans les Trois essais sur la théorie sexuelle de 1905 que Sigmund FREUD donne à la formation réactionnelle une signification générale. Il la considère comme une voie vers la sublimation, avec la différence (avec cette sublimation) que la formation réactionnelle ne change pas seulement de but (satisfaction "culturelle" contre satisfaction directe des pulsions), mais choisit le but directement opposé au but originel. Cette formation réactionnelle, de plus, ne réussit pas complètement ce détournement de but.
Michèle BERTRAND insiste beaucoup sur le versant généralisé de la formation réactionnelle : "la formation réactionnelle peut aussi devenir un trait de caractère permanent et sa signification est alors plus générale : elle n'est pas seulement le symptôme d'une pathalogie particulière (qui peut être anodin et courant), mais l'un des processus sociaux en acquérant, comme trait de caractère permanent, des "vertus" qui vont à l'encontre de nos buts sexuels.".  Ce que nous nommons, caractère, écrit Sigmund FREUD, "est en grande partie construit avec un matériel d'excitations sexuelles et se compose de pulsions fixées depuis l'enfance, de constructions acquises et d'autres constructions destinées à réprimer les mouvements pervers qui ont été reconnus non utilisables. Il est ainsi permis de dire que la disposition sexuelle de l'enfant crée, par formation réactionnelle, un grand nombre de nos vertus".  C'est cette voie de recherche que suit ensuite Wilhelm REICH dans sa notion de "cuirasse caractérielle".
   Dans Les Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort, publié en 1915, Sigmund FREUD montre que l'altruisme peut avoir pour origine l'égoïsme, et la compassion la cruauté. Des motifs "nobles" peuvent avoir le même effet que des motifs "non nobles". Il explique comment nombre de circonstances, dont la guerre, peuvent révéler cette transformation : la formation réactionnelle est fragile, et la pulsion refoulée peut faire un retour éclatant dans des actes de barbarie. (Michèle BERTRAND).
 
       Pour les rédacteurs de Vocabulaire de la psychanalyse, le terme de formation réactionnelle invite "à un rapprochement avec d'autres modes de formation de symptôme : formation substitutive et formation de compromis. Alors que dans la formation de compromis, nous pouvons toujours retrouver la satisfaction du désir refoulé conjuguée à l'action de la défense (dans l'obsession par exemple), dans la formation substitutive n'apparaît que l'opposition à la pulsion.
 
     Pour les rédacteurs de Les mécanismes de défense, la formation réactionnelle est la transformation du caractère permettant une économie du refoulement, puisqu'à des tendances inacceptables sont substituées des tendances opposées, qui deviennent permanentes. Ils insistent donc, encore plus que Michèle BERTRAND sur l'aspect structurel de la formation réactionnelle sur la personnalité. Les formations réactionnelles citées par Sigmund Freud, indiquent-ils, ont un point commun : être valorisées par la société, ce que relève Jean BERGERET (1972/1986).
    Les auteurs s'attardent sur ce qui distingue un trait de caractère dû à ce mécanisme de défense d'un trait de caractère spontané. Ils dégagent trois particularités qui, selon eux, "permettent de distinguer les traits de caractère spontanés des traits réactionnels" :
- L'exagération et la rigidité du trait de caractère (manière d'être stéréotypée, selon  Roger MUCCHIELLI (1981) ;
- La propension des instincts inhibés à réapparaître (Pierre JANET, 1903/1976) ;
- L'expression des pulsions instinctives refoulées peuvent s'exprimer indirectement : "un homme rigide et puritain, qui refoule ses désirs sexuels manifestera un intérêt prétendument désintéressé pour la lutte contre la prostitution et la pornographie" (citation savoureuse, sauf erreur, de Sylvie FAURE-PRAGIER, 1973).
   Il est entendu que la distinction entre sublimation et formation réactionnelle n'est pas facile à faire, et nous avons tendance à penser que cela dépend beaucoup de l'environnement social (de sa perception par l'individu et de la perception de l'individu par cet environnement)... Une société qui favorise l'autorité aura sans doute tendance, selon nous,à ne pas considérer certains formations réactionnelles conduisant à une propreté rigoureuse, à une discipline constante, à un respect de la hiérarchie comme pathologique, même si dans d'autres contextes, les observateurs peuvent juger exagérés ces types de comportement.
    C'est lorsqu'elle est rigide, selon les auteurs de Les mécanismes de défense, que la formation réactionnelle peut être très invalidante. dans la névrose obsessionnelles par exemple. C'est le cas, dans la "cuirasse du Moi" , particulièrement étudiée par Wilhelm REICH.
 
           Serban INONESCU, Marie-Madeleine JACQUET, Claude LHOTE, Les mécanismes de défense, Nathan Université, 2003 ; Michèle BERTRAND, article La formation réactionnelle, dans Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette Littératures, 2002 ; Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976. 
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Formation réactionnelle/substitutive

C’est un mécanisme de défense* qui permet au sujet de maintenir refoulé un désir archaïque inacceptable en adoptant l’attitude psychologique exagérée de la tendance inverse. L’énergie psychique utilisée par la formation réactionnelle montre, en terme économique*, une intensité d’investissement de l’élément conscient à la fois opposée et égale à celle de l’élément inconscient.
S. Freud remarque rapidement la présence de ce mécanisme dans la névrose obsessionnelle* où il est amplement utilisé par le sujet jusqu’à en transformer la structure de sa personnalité. Ainsi et pour exemple, la formation réactionnelle protège de façon constante le sujet contre ses tendances scatologiques en attribuant à sa personnalité une attitude permanente d’extrême propreté toutefois, plus cette attitude est remarquable (dans sa force de contre-investissement), plus elle désigne, en elle-même, la pulsion à laquelle elle s’oppose.
La formation réactionnelle apparaît aussi, à un certain moment, comme un mécanisme utile au bon déroulement de la construction psychique de l’individu.
Ainsi, S. Freud émet-il dans Trois Essais sur la théorie sexuelle une hypothèse sur le mécanisme de la sublimation* qui « détourne » l’énergie des motions sexuelles infantiles : « Les motions sexuelles de ces années d’enfance seraient (…) perverses en soi (…) et portées par des pulsions qui, (…) ne pourraient susciter que des sensations de déplaisir. Elles éveillent ainsi des contre-forces psychiques (motions réactionnelles) qui, afin de réprimer efficacement ce déplaisir, édifient les digues psychiques (…) : dégoût, pudeur et morale. »

En résumé, la formation réactionnelle est un mécanisme de défense psychologique qui pousse quelqu'un face à état émotionel difficile à supporter, à adopter un comportement opposé à celui qui lui est naturel. 
En anglais "reaction-formation". Cela consiste à réagir en formant une attitude artificielle et exagérée à l'opposé du sentiment de départ.
L'exemple le plus simple consiste, face à quelqu'un que l'on déteste, à adopter une attitude particulièrement amicale et qui obnibule les sentiments réels que l'on éprouve à son égard.
Ce n'est pas un comportement conscient et délibéré visant à un but, mais un mécanisme de défense inconscient pour combattre une anxiété, un inconfort mental.
Cela ne fait pas disparaître le sentiment initial, il perdure et alimente le besoin de tenir cette conduite exagérée.

Exemples de formations réactionnelles

Quelques exemples très communs.
  • La mère dont l'enfant est anormal et qui le chérit particulièrement.
  • L'homosexuel qui exhibe avec ostentation ses relations féminines et va même jusqu'à critiquer les gays.
  • A l'opposé le gay qui voit un homosexuel dans un hétérosexuel voudrait être comme lui.
  • L'alcoolique qui clame les vertus de la sobriété.
  • Celui qui est effrayé par la guerre veut promouvoir le pacifisme et tente de dissuader les autres, plutôt que s'avouer ses propres peurs.

Dans la psychanalyse et la psychiatrie

Ce phénomène a été longuement décrit par Freud car il fait partie des activités inconscientes (subconscientes selon la terminologie psychanalytique). Dans le livre "Instincts et leurs vicissitudes" écrit en 1915, il distingue la formation réactionnelle, la formation substitutive et la formation de compromis.
Ce comportement peut atteindre des formes extrêmes auxquelles sont confrontés les psychiatres. Il se rapproche des névroses obsessionnelles.
Le syndrome de stockholm, ou l'on a vu les otages prendre le parti des geoliers contre les sauveteurs, adopter leur cause et leurs slogans, peut être considéré comme une forme de formation réactionnelle.

Et dans le mentalisme...

En détectant un comportement réactionnel, on retrouve la tendance réelle à laquelle obéit la personne. Et on le détecte de par son exagération ou son intransigeance.
Une attitude de sollicitude peut par exemple dénoter une tendance à la cruauté. Un idéal affiché de vertu peut être une tendance à la débauche.
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La névrose obsessionnelle

D'autres mécanismes de défense : Isolation, annulation et formation réactionnelle
L'altération typique du caractère des obsédés n'est pas toujours due directement à la régression. Elle est aussi causée par l'emploi d'autres mécanismes de défense : la formation réactionnelle, l'isolation et l'annulation. L'utilisation de ces mécanismes dépend également, il est vrai, de la régression pathognomonique, la formation réactionnelle, l'isolation et l'annulation étant beaucoup plus destinées à combattre des désirs prégénitaux, alors que le refoulement est un mécanisme plus en rapport avec la génitalité. Les formations réactionnelles sont profondément enracinées dans chaque personnalité obsédée. En combattant une hostilité inconsciente, l'obsédé tend à être une personne agréable dans tous ses rapports et de façon générale. Ceci peut lui apporter une grande satisfaction narcissique rendant malheureusement difficile le traitement psychanalytique.
Les formations réactionnelles sont cependant rarement efficaces l'esprit de l'obsédé reste occupé par la lutte perpétuelle entre la formation réactionnelle et l'impulsion originelle toujours effective.
Quelques exemples supplémentaires d'isolation typiques peuvent être donnés. Un patient présentant des doutes obsessifs, trouvait très difficile de se soumettre â la cure analytique, protestant violemment contre la règle fondamentale de l'association libre. Il apparut qu'il agissait ainsi afin de garder secrète l'existence d'une petite amie - non parce qu'il se refusait à en parler, mais parce qu'au cours de son traitement il avait parlé de masturbation, et il souhaitait que l'image de cette amie fat éloignée de tout ce qui pouvait avoir rapport avec la masturbation.
Il sentait qu'il pourrait parler d'elle si, pendant la même séance, il était sûr de ne pas penser à la masturbation. Plus tard, il apparut combien cette isolation avait peu réussi; un symptôme compulsif ressenti douloureusement par le patient et dissimulé à grand peine était l'obligation de penser « petite putain » chaque fois qu'il voyait cette jeune fille, ou qu'il entendait son nom. Ce symptôme provenait d'exigences instinctuelles incestueuses contre lesquelles le Moi se défendait. Ceci est un exemple de tentative infructueuse d'isoler la tendresse de la sensualité.
Il était intéressant d'observer comment le patient, qui avait des tendances aux réactions paranoïdes, combinait dans ses défenses contre l'instinct les mécanismes d'isolation et de projection. Une fois, pour démontrer l'absurdité de la psychanalyse, il déclara que l'association libre était un non-sens, les gens n'ayant que les pensées qu'ils désiraient, puisque la pensée « petite putain » n'était pas voulue par lui.
Quelques jours plus tard il accusa l'analyste de sensualité et de vulgarité, de traiter son amie de petite putain, et de faire mauvais usage de sa confession en lui trouvant un comportement vil. Quelquefois, les obsédés effectuent une remarquable isolation au moyen du mariage. Ils décident que leur vie conjugale n'a aucun rapport avec leur sexualité infantile. « Maintenant je suis marié, je n 'ai plus à me tourmenter au sujet de la sexualité. » Ces mariages ne peuvent être heureux. Les patients érigent de sévères obsessions et compulsions dès que les désirs sexuels infantiles apparaissent dans le mariage, en dépit de l'isolation.
Il a été dit que le cas spécial le plus important d'isolation consiste dans l'isolation du contenu idéique de son investissement libidinal. Les cas typiques d'obsession apparaissent froids, abstraits et sans émotion ; en fait, leurs émotions peuvent trouver expression par quelque voie incongrue.
L'exemple d'une telle isolation est donné par un patient qui notait qu'il ne devait pas « oublier qu'il était en colère ».
Les difficultés présentées par les obsédés dans la pratique de la libre association pendant l'analyse, sont dues à leur penchant à l'isolation. Ils ne peuvent pas associer librement, étant toujours en garde pour ne pas relier entre elles des choses qui auparavant étaient en contact. Ils ne peuvent pas se laisser surprendre, soit par des sentiments, soit par des perceptions qui n'ont pas encore été classés en catégories.
Cette façon de penser par classement en catégorie est une caricature de la pensée logique. Cette dernière est aussi basée sur l'isolation, mais l'isolation logique est au service de l'objectivité, l'isolation compulsive au service de la défense. L'isolation, comme il l'a déjà été dit, est en rapport avec l'ancien tabou du toucher.
De nombreux symptômes obsessionnels ont pour but de déterminer les objets qui peuvent ou ne peuvent pas être touchés. Les objets représentant les organes génitaux ou la saleté. Les choses « propres » ne peuvent communiquer avec les « sales ». Une application du tabou du toucher à la peur magique du changement d'une situation pour une autre est présente dans les fréquents rituels du seuil.
Fréquemment, l'isolation sépare les constituants d'un ensemble les uns des autres, alors que des personnes non obsédées n'auraient remarqué que l'ensemble et non les constituants. C'est pourquoi les obsédés ont fréquemment l'expérience de sommes et non d'unités, et bien des traits du caractère compulsif s'expriment exactement dans les termes « inhibition de l'expérience de la Gestalt ».
Répétitions et « chiffres favoris »
il existe encore la « répétition » en tant que forme d'annulation. L’idée contenue dans l'annulation est la nécessité de répétition d'une action dans un but différent. Ce qui a été fait avec une intention instinctuelle peut être refait sur l'instigation du Surmoi. Les instincts refoulés cependant, tentent de pénétrer également dans la répétition aussi, la répétition doit être répétée.
En général, le nombre de répétitions augmente rapidement. Les « chiffres favoris », dont le choix peut avoir une raison inconsciente séparée, sont déterminés et règlent le nombre de répétitions nécessaires ; en dernier lieu, les répétitions peuvent être remplacées par le fait de compter.
Les chiffres favoris sont, en régie générale, toujours les mêmes. Ce ne sont que les mêmes chiffres qui peuvent donner la garantie que ni les instincts, ni le Surmoi l'emporteront. La plupart des compulsions « symétriques » ont la même signification.
On aurait tort cependant de croire que le compter « compulsif » est toujours ainsi motivé. Compter peut avoir des sens variés. Il représente fréquemment le compter des secondes, c'est-à-dire du temps. Le besoin de mesurer le temps peut avoir plusieurs déterminants. Quelquefois c 'est un moyen de rendre une isolation certaine. Il peut être interdit de commencer une activité après une autre, et compter assure ainsi l'intervalle nécessaire. Les connexions de base entre le temps et l'érotisme anal ont déjà été mentionnées. La mesure du temps, à l'origine espace de temps entre deux défécations, peut être utilisée comme moyen de défense contre la tentation de la masturbation anale et peut éventuellement devenir un substitut de masturbation anale.
Le compter compulsif peut être également une défense contre des souhaits de meurtre; en comptant on s'assure que rien ne manque. Mais la défense peut être envahie par l'impulsion, et le compter devenir, inconsciemment, un équivalent de tuer; il peut être alors refoulé à son tour. Ceci est facilité par le fait que compter a, en lui-même, la signification de prise de possession, de maîtrise; compter peut signifier « compter ses propres possessions ».
Un exemple simple du mécanisme de l'annulation est la compulsion névrotique fréquente du lavage. Le lavage est rendu nécessaire pour annuler une action sale antérieure (réelle ou imaginaire).
Cette action dégoûtante est, en régie générale, la masturbation ou, plus tard, une idée de possibilité éloignée de masturbation. La régression anale est responsable de la conception sale de la sexualité. La masturbation anale dans l'enfance était, de fait, trahie par des mains sales et malodorantes; cette possibilité de trahison peut être évitée par le lavage. Occasionnellement, des obsédés peuvent faire disparaître tous leurs scrupules en se baignant et en changeant de vêtements, les mauvais sentiments étant conçus comme de la saleté pouvant être supprimée par le nettoyage.
Le bain rituel, comme moyen de nettoyage des péchés, est aussi un procédé d'annulation. Il est probable que c'est pour cette raison que le cérémonial névrotique, durant la période de latence, est si souvent en rapport avec le lavage. Les enfants obstinés qui refusent la toilette, refusent, en réalité, l'abandon des impulsions instinctuelles plaisantes. Il est vrai cependant que les rituels en rapport avec le déshabillage et le coucher sont aussi prévalents pour une autre raison: cette occasion présente une tentative de se masturber.
Un exemple de déplacement : la « rumination mentale »
Bien des symptômes typiques d'obsession luttent pour défaire des actions agressives, en général imaginaires. Cette intention est quelquefois manifeste, comme dans la fermeture compulsive des robinets à gaz, ou dans l'éloignement des pierres de la route ; quelquefois, l'intention de pénitence se révèle pendant l'analyse dans de nombreux symptômes. Il n'y a pas de frontière nette entre les symptômes de pénitence et les sublimations créatrices réalisées comme actions antagonistes de désirs sadiques infantiles.
L'usage de la régression, de formations réactionnelles, d'isolation et d'annulation, rend superflu l'emploi du mécanisme de défense du refoulement. Ceci répond à la question : comment se fait-il que, dans l'obsession, des impulsions offensives parviennent à la conscience ? L'impulsion consciente de tuer, par exemple, est, par l'isolation, tellement éloignée de l'impulsion motrice, qu'elle n'a aucune chance de se matérialiser et peut devenir consciente en toute tranquillité.
C'est pourquoi, lorsque l'idée devient consciente, elle est dénudée de toute émotion. Le résultat de la rupture de la connexion originale est que la connaissance spontanée des événements pathogènes de l'enfance ne peut pas être utilisée directement par l'analyse. Aussi longtemps que les émotions correspondantes manquent, l'analyste ne sait pas plus que le patient quels souvenirs de l'enfance sont importants et en quoi réside leur importance ; même s'il en est averti, il ne peut en informer le patient avant que ce dernier n'ait surmonté sa résistance contre la vision de cette connexion.
Le manque de refoulement dans l'obsession est cependant tout relatif. Les compulsions et les obsessions elles-mêmes peuvent entreprendre un processus de refoulement secondaire. Quelquefois les patients ne peuvent pas expliquer en quoi consistent leurs compulsions, ces dernières ont des qualités vagues, incolores, embrumées, et il faut un certain temps de travail analytique pour dégager la compulsion du refoulement et la rendre compréhensible.
Quelquefois, les symptômes compulsifs sont secondairement refoulés, le patient ne les sentant plus appropriés à son système c'est-à-dire ne représentant plus uniquement des formes défensives, mais également des impulsions qui s'y sont introduites. En essayant d'approprier ses compulsions à son système, il falsifie et obscurcit leur contenu originel. Ses propres compulsions, comme le monde entier, doivent s'adapter à son système qui est sa seule garantie de sécurité.
Le déplacement dans l'obsession est souvent un déplacement au petit détail. Bien des obsédés s'inquiètent de petites choses, apparemment insignifiantes ; à l'analyse ces petites choses apparaissent comme étant de grosses choses. La plus connue est la « compulsion à penser » (Gruebelzwang) dans laquelle le patient est obligé de passer des heures à ruminer des pensées abstraites.
Ce symptôme a son origine dans une tentative d'éviter des émotions répréhensibles par la fuite du monde des émotions dans celui des concepts intellectuels et des mots. Cette fuite échoue, les problèmes intellectuels dans lesquels le patient cherche une échappatoire à ses émotions acquérant, par un retour du refoulé, une valeur émotionnelle élevée.
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