lundi 17 janvier 2011

Rêves de Sébastien



Le premier rêve de Sébastien

Le feu des sens
Peut-être parce que j’avais eu froid moi-même, je faisais ce rêve (sachant pourtant que ce n’était qu’un rêve) d’incendier du feu de mes sens ces corps transis de froid que je rencontrais. C’est ainsi que je commençai à aimer Éric.

Marie-Claire Blais Le loupQuébec   1972 Genre de texte
roman
Contexte
Ce récit de rêve se situe au début du premier chapitre. Sébastien, un jeune pianiste, s’éprend d’hommes plus âgés que lui, dont Éric, et espère, par son amour inconditionnel et sa tendresse, leur transmettre un brin de chaleur humaine.
Texte témoin
Le loup, Montréal, Boréal (Compact), 1990, p. 12.
Édition originale
Le loup, Montréal, Éditions du Jour, 1972.



Le deuxième rêve de Sébastien
Un ours en cage
Il ne m’était pas loyal et moi je ne me donnais qu’à lui, me disais-je. Dans plusieurs de mes rêves, il empruntait l’image d’un ours que je veillais dans sa cage : un garçon plus fort que moi apparaissait soudain dans son uniforme de collégien, il ouvrait la cage, me souriant avec ironie et s’enfuyait avec Bernard ricanant à ses côtés. Je sortais de ces nuits troubles en courant à la trace de Bernard, il était peut-être endormi près de la rivière où nous avions l’habitude de nous promener [ ...].

Marie-Claire Blais Le loupQuébec   1972 Genre de texte
roman
Contexte
Ce rêve se trouve à la fin du deuxième chapitre. Sébastien, un jeune pianiste, se remémore son premier amour, Bernard qui l’initia à l’amour de manière parfois cruelle.
Texte témoin
Le loup, Montréal, Boréal (Compact), 1990, p. 62.
Édition originale
Le loup, Montréal, Éditions du Jour, 1972.



Le troisième rêve de Sébastien
La présentation à la famille
Plusieurs fois, pendant les nuits que je passais près de Georges, immobile contre son dos, effleurant parfois de ma main sa nuque en sueurs, quand il lui arrivait de souffrir beaucoup, je faisais un rêve, souvent le même : j’amenais Georges chez mes parents, à la maison, et réunissant mes frères et soeurs autour de la table, je leur disais, sans aucune contrainte, que Georges était leur ami, comme il était le mien. Cette vérité, ils la comprenaient sans effort, la signification sexuelle cachée, ils ne la pénétraient peut-être pas, mais ils manifestaient, pour Georges comme pour moi-même, le même respect, la même douceur perspicace. Nous dînions en silence : l’un de mes plus jeunes frères se blottissait contre les genoux de Georges et le regardait parfois d’un oeil sombre et voluptueux, il lui apportait des choses à manger, prenait de lui un soin bienfaisant et cette entente me réjouissait profondément. Je sortais de ce rêve pour retrouver un Georges aigri qui me disait sèchement : « Vous m’épuisez, vous ne vous rendez pas compte, mais avec vous, je ne dors plus, je ne vis plus, vous me faites beaucoup de mal! Mon dieu, quel malheur de vous avoir connu! »

Marie-Claire Blais Le loupQuébec   1972 Genre de texte
roman
Contexte
Ce rêve se situe à la toute fin du roman. Sébastien, un jeune pianiste, s’éprend d’hommes plus âgés que lui, dont Georges, et espère, par son amour inconditionnel et sa tendresse, leur transmettre un brin de chaleur humaine.
Texte témoin
Le loup, Montréal, Boréal (Compact), 1990, p. 171-172.
Édition originale
Le loup, Montréal, Éditions du Jour, 1972.

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