Le cercueil
Je dors peu, mais parfois le sommeil m’abat par surprise. Et je fais souvent le même rêve. Je suis dans un bar, entouré de gais camarades, c’est le crépuscule, nous buvons, fumons, jamais l’existence ne m’a semblé aussi légère : et soudain je sens une vive odeur de putréfaction autour de nous, je me retourne et je m’aperçois que Rameau est là derrière moi, il est assis sur un cercueil, il me sourit. Je sais que ce cercueil (en apparence un banc) contient de nombreux cadavres mais Rameau l’ignore. J’essaie de le lui dire de le lui faire comprendre par des signes, des gestes, mais il continue de sourire. Le rêve s’arrête toujours là. Je ne puis dormir plus de trois heures par nuit.
Marie-Claire Blais
David Sterne
Québec 1967 Genre de texte roman
Contexte
Ce rêve se situe vers la fin de la première partie du roman. Le jeune adolescent David Sterne et son ami Michel Rameau étudient ensemble au Séminaire. En quête d’un idéal, Rameau se suicide alors que David choisit de laisser mourir son corps malade, quitte le séminaire et se rebelle.
Texte témoin
David Sterne, Montréal, Boréal (Compact), 1999, p. 43.
Édition originale
David Sterne, Montréal, Éditions du Jour, 1967.
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