1er rêve de Paul Robinson
L’enfant mort
La plainte funèbre montait toujours au bord de l’eau et la religieuse ne me parlait plus que par signes. Elle me reprochait quelque chose, mais je ne pouvais pas comprendre ce qu’elle voulait dire. Je crois que j’étais surtout préoccupé par la crainte de tomber soudain endormi comme un homme ivre. (Rêve I)
Elle observa sans doute mes efforts pendant toute cette lutte contre le sommeil, car elle renonça soudain à me parler et s’éloigna vers d’autres ombres noires qui l’attendaient sous les arbres. Les religieuses entouraient l’enfant mort, sans le protéger toutefois contre les corbeaux...
— Qui est cet enfant? demandais-je.
— Vous ne le reconnaissez donc pas, dit une voix...
Marie-Claire Blais
L’Insoumise
Québec 1966 Genre de texte roman
Contexte
Ce rêve se situe à la toute fin de la première partie du roman. Désigné comme « Rêve I », il semble se poursuivre dans les lignes suivantes sous l’intitulé « Rêve II - Jeudi ». Madeleine Robinson lit le journal intime de son fils Paul dans lequel le jeune homme relate son quotidien, ses amours secrètes avec Anna ainsi que d’étranges visions qui s’apparentent à des rêves.
Notes
Elle : Anna, femme d’âge mur, mariée et mère d’un garçon qui entretient une relation avec Paul, un jeune étudiant.
Édition originale
L'insoumise, Montréal, Les Éditions du Jour, 1966, p. 61-62.
2e rêve de Paul Robinson
Les églises abandonnées
Rêve II – jeudi :
Peu à peu, les religieuses levèrent vers le ciel leur tête rigide, redressèrent leurs épaules lourdes et parurent contempler le ciel aveugle, les nuages immobiles. Je sentis soudain que je tremblais de froid. Je m’étonnais aussi de ne pas rencontrer mes camarades de faculté. Mais ils étaient déjà dans leurs salles d’études. Je passais devant les églises ouvertes, désertées, on avait interrompu les funérailles et seules les statues nocturnes tournaient vers moi leur visage bouleversé. Je me souvenais d’odeurs précises, le parfum de l’encre me rendait triste, soudain. J’avais une terrible nostalgie de la médaille que Frédérick avait obtenue à ma place, au Gymnase, je passais devant les églises abandonnées...
Marie-Claire Blais
L’Insoumise
Québec 1966 Genre de texte roman
Contexte
Ce rêve « Rêve II » se situe à la toute fin de la première partie du roman dans la suite logique du « Rêve I ». Madeleine Robinson lit le journal intime de son fils Paul dans lequel le jeune homme relate son quotidien, certains moments vécus avec son amoureuse Anna de même que certains rêves. Ne se préoccupant guère des exigences de ses parents, Paul s’absente régulièrement de ses cours à l’université et cesse d’aller à l’église.
Édition originale
L'insoumise, Montréal, Les Éditions du Jour, 1966, p. 62.
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