Comme les trois précédents, ce quatrième Colloque se propose de promouvoir – dans la logique des objectifs du GRELPP – une lecture des œuvres de langue espagnole suivant une grille principalement psychanalytique et/ou philosophique. Il s’agira d’explorer la façon dont les auteurs hispaniques et hispano-américains représentent le rêve et le mettent en scène, par diverses stratégies d’écriture, pour questionner le rapport à la réalité et traduire les déguisements du désir. On s’interrogera sur la façon dont le rêve met en jeu la condition humaine dans sa relation au monde et sur la nature signifiante de l’activité onirique, en tentant de démonter les mécanismes qui lui sont propres dans les récits élaborés par les auteurs étudiés.
Annonce
Depuis l’Antiquité, l’obscurité et l’insaisissabilité du rêve fascinent l’homme, qui tente d’en percer les mystères en déchiffrant sa symbolique. Par sa résistance à la compréhension et le défi à la raison qu’il constitue, le rêve se prête à de nombreuses interrogations philosophiques ayant trait à la conception même de l’existence humaine. Par la confusion qu’il crée entre le réel et l’irréel, le rêve suscite le doute sur la réalité du monde environnant et la fiabilité de la perception. La vie éveillée n’est-elle qu’un songe ? Le rêve n’est-il pas la vraie vie ? Les paradoxes du rêve, qui se caractérise à la fois par son universalité et sa singularité, confrontent l’homme à la complexité de ses modes de pensée et posent la question des rapports intrinsèques de la vie éveillée avec l’activité onirique. Le questionnement sur l’essence du rêve se trouve à la base d’une réflexion ontologique qui interroge le statut métaphysique de la réalité. Dans son traité De la divination par le sommeil, Aristote se demande si le rêve est porteur de savoir, s’il est de l’ordre de l’entendement ou de la sensibilité. Les philosophes rationalistes classiques, comme Descartes, réduisent le rêve à une trompeuse illusion pour asseoir l’irréfutable vérité de la pensée diurne, garante de l’existence humaine, alors que les sceptiques se servent de l’argument du rêve pour mettre en cause la certitude du monde objectif. Si les philosophes allemands de la nature ont foi en la puissance imageante du rêve, qui leur semble plus réel que l’univers vigile, Sartre définit le rêve comme « l’odyssée d’une conscience vouée par elle-même, et en dépit d’elle-même, à ne constituer qu’un monde irréel » (L’imaginaire – 1940 –, Gallimard, folio essais, 2002, p. 339). Bachelard, qui cherche la « vérité onirique profonde » de l’être (L’eau et les rêves – 1942 –, Paris, Le livre de poche, biblio essais, 2001, p. 11), considère le rêve comme l’une des sources premières de l’imagination par sa faculté de transformer les images issues de la perception, ce qui lui donne sa propre dynamique de création.
À l’aube du XXe siècle, les travaux de Freud sur le rêve révolutionnent l’approche et la compréhension de ce phénomène psychique en le définissant comme « accomplissement de désir » (L’interprétation des rêves– 1900 –, Paris, PUF, 1999, p. 113) et en faisant de son interprétation « la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique » (ibid., p. 517). L’herméneutique freudienne vise au dévoilement des modalités de fonctionnement de l’appareil psychique en se mettant en quête d’un sens caché pour découvrir les désirs inconscients à la base du rêve, interrogeant ainsi les limites du champ de la conscience et remettant en cause le système de pensée cartésien. Par le processus de déchiffrement qu’implique la traduction de son contenu manifeste en contenu latent, le rêve pose une énigme qui concerne l’identité même du rêveur, scindé entre son moi onirique et son moi vigile.
La conception du rêve de Jung rompt avec la théorie freudienne dans la mesure où le psychanalyste suisse n’interprète pas le rêve comme l’expression des désirs refoulés mais comme le produit de l’inconscient le plus profond qui cherche à se dévoiler par le biais de la symbolique onirique. Selon l’approche junguienne, les procédés de symbolisation du rêve sont propices à la découverte des archétypes qui configurent l’inconscient collectif. Dans Essai d’exploration de l’inconscient (1961), Jung prête au rêve la fonction compensatrice de relier le moi conscient à l’inconscient, équilibrant et enrichissant ainsi la psyché. Il lui accorde aussi une fonction prospective en le considérant comme une force de renouvellement au service du développement de la personnalité.
La prose narrative, la poésie et le théâtre de langue espagnole sont riches en représentations oniriques et en récits de rêve dont la construction littéraire passe par l’élaboration d’un discours qui, comme le remarque Jean-Daniel Gollut dans Conter les rêves, la narration de l’expérience onirique dans les œuvres de la modernité, doit « rendre compte verbalement de cette expérience étrange et si peu faite apparemment pour être pliée aux formes du langage » (Paris, José Corti, 1993, p. 7). L’écriture du rêve dans la création littéraire pousse à son paroxysme le questionnement sur les procédés par lesquels le rêve rêvé, fruit de l’activité psychique nocturne, se transforme, par l’inévitable truchement de la conscience, en rêve raconté, ce qui implique le passage de la représentation figurée d’objet sous forme de pensée visuelle à une narration constituée de pensées verbales, qui doit lutter contre le caractère fuyant du rêve pour pouvoir le mettre en mots.
Le foisonnement des images oniriques, ainsi que leurs multiples combinaisons, témoignent de la créativité du rêve, qui fait intervenir des processus primaires et secondaires, mêlant différents matériaux – restes diurnes, pensées latentes, excitations corporelles – déformés par le travail du rêve, dont les mécanismes, notamment le déplacement et la condensation, sont proches des modalités littéraires. Le rêve peut se transformer en source d’inspiration privilégiée de l’écrivain, tant par la liberté de création qu’il lui procure que par la recherche de sens qu’il suppose.
Comme les trois précédents, ce quatrième Colloque se propose de promouvoir – dans la logique des objectifs du GRELPP – une lecture des œuvres de langue espagnole suivant une grille principalement psychanalytique et/ou philosophique.
Il s’agira d’explorer la façon dont les auteurs hispaniques et hispano-américains représentent le rêve et le mettent en scène, par diverses stratégies d’écriture, pour questionner le rapport à la réalité et traduire les déguisements du désir. On s’interrogera sur la façon dont le rêve met en jeu la condition humaine dans sa relation au monde et sur la nature signifiante de l’activité onirique, en tentant de démonter les mécanismes qui lui sont propres dans les récits élaborés par les auteurs étudiés.
Université Paris Ouest Nanterre - La Défense
200, Avenue de la République – 92001 Nanterre Cedex
R.E.R : ligne A, direction Saint Germain-en-Laye
SNCF : Ligne Gare Saint Lazare – Nanterre-Université
Station Nanterre-Université
CRIIA - Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines
GRELPP (Groupe de Recherches en Littérature, Philosophie et Psychanalyse)
4e COLLOQUE INTERNATIONAL
Les révélations du rêve dans la littérature de langue espagnole
Jeudi 25, vendredi 26 et samedi 27 mars 2010
Salle des Conférences, Bât. B Salle Paul Ricœur, Bât. B (B016)
Le GRELPP tient à remercier, pour leur précieux soutien, l’Université Paris Ouest Nanterre - La Défense, tout particulièrement l´ED 138 « Lettres, Langues, Spectacles », l´EA 369 et l’UFR LCE, ainsi que le CRIAL/CRICCAL de l’Université de Paris III.
À l’aube du XXe siècle, les travaux de Freud sur le rêve révolutionnent l’approche et la compréhension de ce phénomène psychique en le définissant comme « accomplissement de désir » (L’interprétation des rêves– 1900 –, Paris, PUF, 1999, p. 113) et en faisant de son interprétation « la voie royale qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique » (ibid., p. 517). L’herméneutique freudienne vise au dévoilement des modalités de fonctionnement de l’appareil psychique en se mettant en quête d’un sens caché pour découvrir les désirs inconscients à la base du rêve, interrogeant ainsi les limites du champ de la conscience et remettant en cause le système de pensée cartésien. Par le processus de déchiffrement qu’implique la traduction de son contenu manifeste en contenu latent, le rêve pose une énigme qui concerne l’identité même du rêveur, scindé entre son moi onirique et son moi vigile.
La conception du rêve de Jung rompt avec la théorie freudienne dans la mesure où le psychanalyste suisse n’interprète pas le rêve comme l’expression des désirs refoulés mais comme le produit de l’inconscient le plus profond qui cherche à se dévoiler par le biais de la symbolique onirique. Selon l’approche junguienne, les procédés de symbolisation du rêve sont propices à la découverte des archétypes qui configurent l’inconscient collectif. Dans Essai d’exploration de l’inconscient (1961), Jung prête au rêve la fonction compensatrice de relier le moi conscient à l’inconscient, équilibrant et enrichissant ainsi la psyché. Il lui accorde aussi une fonction prospective en le considérant comme une force de renouvellement au service du développement de la personnalité.
La prose narrative, la poésie et le théâtre de langue espagnole sont riches en représentations oniriques et en récits de rêve dont la construction littéraire passe par l’élaboration d’un discours qui, comme le remarque Jean-Daniel Gollut dans Conter les rêves, la narration de l’expérience onirique dans les œuvres de la modernité, doit « rendre compte verbalement de cette expérience étrange et si peu faite apparemment pour être pliée aux formes du langage » (Paris, José Corti, 1993, p. 7). L’écriture du rêve dans la création littéraire pousse à son paroxysme le questionnement sur les procédés par lesquels le rêve rêvé, fruit de l’activité psychique nocturne, se transforme, par l’inévitable truchement de la conscience, en rêve raconté, ce qui implique le passage de la représentation figurée d’objet sous forme de pensée visuelle à une narration constituée de pensées verbales, qui doit lutter contre le caractère fuyant du rêve pour pouvoir le mettre en mots.
Le foisonnement des images oniriques, ainsi que leurs multiples combinaisons, témoignent de la créativité du rêve, qui fait intervenir des processus primaires et secondaires, mêlant différents matériaux – restes diurnes, pensées latentes, excitations corporelles – déformés par le travail du rêve, dont les mécanismes, notamment le déplacement et la condensation, sont proches des modalités littéraires. Le rêve peut se transformer en source d’inspiration privilégiée de l’écrivain, tant par la liberté de création qu’il lui procure que par la recherche de sens qu’il suppose.
Comme les trois précédents, ce quatrième Colloque se propose de promouvoir – dans la logique des objectifs du GRELPP – une lecture des œuvres de langue espagnole suivant une grille principalement psychanalytique et/ou philosophique.
Il s’agira d’explorer la façon dont les auteurs hispaniques et hispano-américains représentent le rêve et le mettent en scène, par diverses stratégies d’écriture, pour questionner le rapport à la réalité et traduire les déguisements du désir. On s’interrogera sur la façon dont le rêve met en jeu la condition humaine dans sa relation au monde et sur la nature signifiante de l’activité onirique, en tentant de démonter les mécanismes qui lui sont propres dans les récits élaborés par les auteurs étudiés.
Université Paris Ouest Nanterre - La Défense
200, Avenue de la République – 92001 Nanterre Cedex
R.E.R : ligne A, direction Saint Germain-en-Laye
SNCF : Ligne Gare Saint Lazare – Nanterre-Université
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CRIIA - Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines
GRELPP (Groupe de Recherches en Littérature, Philosophie et Psychanalyse)
4e COLLOQUE INTERNATIONAL
Les révélations du rêve dans la littérature de langue espagnole
Jeudi 25, vendredi 26 et samedi 27 mars 2010
Salle des Conférences, Bât. B Salle Paul Ricœur, Bât. B (B016)
Comité d’organisation :
Françoise Aubès, Lina Iglesias, Amadeo López, Béatrice Ménard, María Angélica Semilla Durán, Emmanuelle Sinardet, Sylvie Turc-Zinopoulos,Le GRELPP tient à remercier, pour leur précieux soutien, l’Université Paris Ouest Nanterre - La Défense, tout particulièrement l´ED 138 « Lettres, Langues, Spectacles », l´EA 369 et l’UFR LCE, ainsi que le CRIAL/CRICCAL de l’Université de Paris III.
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