Le cauchemar de Clary
Rongée par la culpabilité
Le sommeil, malgré moi, me saisit au milieu des réflexions les plus lugubres; un songe affreux vint ajoûter à ces noires impressions. J’étois dans un souterrein éclairé d’une lampe funèbre, et j’allois tomber dans une fosse. J’apperçois un vieillard dont les cheveux blancs couvroient le visage; il accourt, en me disant : «ce n’est pas à toi de mourir, c’est à moi que cette fosse est destinée : voilà où ma fille m’a conduit!» je reconnais mon pere; je veux l’embrasser. «retire-toi,» poursuit-il, «ou, si tu m’approches, étends ce linceul sur moi.» je me trouve entre les mains un drap mortuaire; il m’échappe un cri; j’entends retentir de la terre jettée sur un cercueil, et une voix sépulchrale qui prononce ces mots : «c’est ici que nous t’attendons.» je me réveille avec horreur; la lumière finissoit.
François de Baculard d’Arnaud
Épreuves Du Sentiment
France 1772 Genre de texte nouvelle
Contexte
Le rêve figure dans la nouvelle intitulée « Clary ».
Clary, fille d’un paysan, se fait courtiser par Mévil, un noble qui veut l’épouser. Comme il menace de se suicider si Clary refuse de partir de chez elle pour le rejoindre à Londres, Clary est déchirée entre Mévil et ses parents qu’elle aime et qu’elle ne peut abandonner. Alors qu’elle est évanouie, Mévil la fait transporter à Londres où elle mènera une vie faste malgré ses remords. La culpabilité qu’elle ressent d’avoir quitté ses parents est dévoilée dans ce rêve qu’elle raconte au baronet Borston.
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