n.m. (angl. autoerotism ; allem. autoerotismus)
Activité dispensatrice de plaisir et réalisée par un individu par l'utilisation de tout ou partie de son propre corps, ou d'un objet, dans l'objectif de se procurer le plaisir attendu.
L'autoérotisme est une notion chère aux psychanalystes (mais non exclusive à la psychanalyse), qui voyaient en celle-ci une activité normale sous condition d'être temporaire et non systématique. Dès l'antiquité cependant, l'autoérotisme était connu et pratiqué ; plusieurs fois réprouvé par la morale ou la religion, les points de vue sur l'autoérotisme se sont diversifiés par la suite.
La première forme d'autoérotisme s'observe à l'intérieur même du ventre d'une mère : le foetus suce son pouce et cette activité le calme (on observe par exemple, à la suite d'un choc, le foetus sucer le pouce, ce qui diminue la fréquence de ses pulsations cardiaques). D'autres formes d'autoérotisme apparaissent avec l'âge et le niveau de développement, conservant la caractéristique consistant à tirer jouissance de son corps par ses propres moyens. Masturbations ou succions représentent les formes les plus connues d'autoérotisme, mais les activités auto-érotiques sont très nombreuses. Qualifiées parfois de perversions, ou augmentées d'un sens péjoratif, elle n'en restent pas moins des activités qui tendent à calmer, soulager une angoisse ou procurer un plaisir, et en ce sens, constituent soit un mécanisme de défense, soit un épanouissement de soi. C'est ainsi qu'avec l'évolution des moeurs, les activités auto-érotiques tendent à perdre de leur "nocivité" morale.
On les considère de plus en plus, normales, à condition qu'elles ne représentent pas le signe manifeste d'un défaut adaptatif aux relations affectives et sociales, ou d'une angoisse omniprésente (par exemple, par leur caractère systématique ou exclusif). La sexualité et la vision que l'on peut en avoir sont énormément liées à la pensée de l'époque.
La psychocriminologie et la médecine légale se sont intéressées de près à l'autoérotisme par la nature des accidents qui lui ont été donnés de constater, parfois spectaculaires ou bizarres. L'un des premiers cas décrit par exemple un homme pendu avec les parties génitales attachées (Bernt, 1821), décédé à la suite vraisemblable d'un accident auto-érotique. Les formes les plus communes en sont l'asphyxie provoquée (strangulation, compression de la nuque ou des organes respiratoires) et la cordophilie que l'on retrouve dans le bondage (plaisir à être attaché). Ces plaisirs et la recherche de l'orgasme par des moyens auto-érotiques (sans tenir compte de succion et masturbation) sont bien plus communs que ne le suggèrent les seuls accidents tragiques dont rendent compte la médecine et la littérature.
L'auto-érotisme, terme créé par le célèbre sexologue Havelock Ellis pour désigner plus particulièrement la masturbation, définit le comportement tendant à la satisfaction sexuelle, dans lequel le sujet n'a recours qu'à son propre corps (par opposition à l'allo-érotisme qui fait intervenir une autre personne).Il a été repris par les psychanalystes dans un sens plus large encore pour définir un certain mode de satisfaction des pulsions, lorsqu'elles s'expriment en dehors de l'objet qui, normalement, procure le plaisir attendu. Ainsi le nourrisson lorsqu'il suce son pouce, fait de celui-ci un substitut du sein maternel, et se procure en "tétant" le plaisir qui lui permettra de s'endormir calmement
Le plan d'ensemble des Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905) montre, en effet, avec une entière clarté l'incidence majeure qu'a eue sur le développement du concept de libido et du concept connexe de zone érotique la mise en évidence des relations œdipiennes. « Avec le commencement de la puberté, nous dit Freud au début de la troisième section, apparaissent des transformations qui amèneront la vie sexuelle infantile à sa forme définitive et normale. La pulsion sexuelle infantile était jusqu'ici essentiellement auto-érotique ; elle va maintenant découvrir l'objet sexuel. Elle provenait de pulsions partielles et de zones érogènes qui, indépendamment les unes des autres, recherchaient comme unique but de la sexualité un certain plaisir. Maintenant, un but sexuel nouveau est donné, à la réalisation duquel toutes les pulsions partielles coopèrent, tandis que les zones érogènes se subordonnent au primat de la zone génitale. » En même temps que sont ainsi reprises et renouvelées dans un nouveau contexte des conceptions déjà acquises émerge donc, au principe de la synthèse.
L'auto-érotisme et le morcellement pulsionnel
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Il donne le suçotement comme type même des manifestations sexuelles et des expériences de plaisir.
Freud en rend compte en référence à la présence et à l’intervention de la mère.
Les premières satisfactions dites sexuelles vont d’abord s’étayer des fonctions vitales et physiologiques du besoin. Ainsi, le plaisir buccal, la volupté de sucer sont vécues en conjonction avec la satisfaction du besoin de nutrition. Le suçotement comme acte autoérotique est la recherche d’un plaisir déjà éprouvé, celui donné au préalable par la mère dans le maternage (allaitement).
Il faut une expérience originaire de plaisir, qui doit être initiée par la personne qui s’occupe de l’enfant. L’enfant doit avoir éprouvé le plaisir pour ensuite vouloir le retrouver, le rechercher. Dans l’acte d’assouvir la faim de l’enfant, le plaisir arrive comme prime par rapport à la satisfaction du besoin et qui va être recherché au-delà de l’apport calorique du lait.
Le besoin de répéter le plaisir sexuel, au niveau de la zone orale, va se séparer du besoin d’alimentation impliquant la mise en place d’un acte autoérotique de succion où l’enfant va se servir de son propre épiderme pour retrouver ce plaisir.
La pulsion de conservation est désintriquée de la pulsion sexuelle, qui devient autonome et capable de se satisfaire indépendement de l’objet en se retournant sur le corps propre.
1er schéma pulsionnel de Freud :
L’autoérotisme se met en place car la mère va manquer à l’enfant. Il appraît comme une réponse à un manque. Il est rapporté à l’ordre d’une séparation d’avec la mère impliqué par la perception totalisante de celle-ci. Le sein n’est pas différencié du corps de l’enfant. C’est parce qu ce sein lui manque qu’il peut le différencier comme extérieur. La mère devient un objet chargé d’investissement affectif. Elle ne se contente pas de le nourrir, elle soigne l’enfant, et éveille en lui maintes sensations agréables ou désagréables. Grâce aux soins qu’elle lui donne elle devient sa première séductrice. Elle acquiert une importance unique, incomparable, inaltérable et permanente et devient pour les deux sexes l’objet du premier et plus puissant des amours, prototype de toutes les relations amoureuses ultérieures. La mère a une place particulière et dans nos amours ultérieurs il y aurait toujours l’ombre de la mère derrière ses amoureux. Par rapport à un état de dépendance extrême à l’adulte qui s’occupe de lui, par rapport au manque, s’éveille la sexualité humaine. La fonction sexuelle de l’humain ne peut s’éveiller que s’il y a intervention de l’autre. La relation mère enfant ne peut pas être basée sur le besoin, elle doit être libidinal, amoureuse, sensuelle.
Le discours maternel va souligner le plaisir que trouve la mère à s’occuper de l’enfant. La satisfaction du besoin va devenir source de plaisir et le corps va pouvoir se constituer en zones érogènes. Les zones érogènes buccales, anales, génitales, sont des zones qui concernent les orifices du corps, autrement dit ces lieux d’échanges privilégiés, du côté des besoin, et de la relation à l’autre.
Il articule le corps organique avec la vie psychique. Il situe la pulsion à la limite des domaines psychiques et physiques. La pulsion serait le représentant psychique d’une source continue d’excitation qui provient de l’intérieur de l’organisme. On ne peut pas y échapper.
Il la décompose en 4 éléments :
- Poussée : la mesure de l’exigence du travail psychique imposé du fait qu’il y a corrélation entre corporel et psychisme.
- but : psychique, il faut éprouver une satisfaction au plan psychique, du plaisir, de la jouissance : faire baisser la tension que créée l’excitation
- objet : ce qui rend possible le plaisir, ce qui est le plus variable dans le champ du pulsionnel
- source : le corporel. Tout organe peut être à l’origine d’une excitation.
Notre appareil psychique est un appareil à désirer.
Il aborde la problématique du désir en référence aux premières expériences de satisfaction, dont le psychisme garde la trace. Il insiste sur l’état de détresse premier de l’enfant incapable par lui même de se satisfaire. Le tout petit ne peut pas de manière autonome intervenir sur les tensions internes qu’il ressent. Il faut considérer qu’il y a une première fois, où l’objet est donné à l’enfant sans qu’il l’ait cherché. C’est ce mouvement qui vise à réinvestir les traces mnésiques des premières expériences de plaisir que Freud appelle désir. Le processus de surgissement du désir est lié à la réactivation de la trace mnésique par l’excitation pulsionnelle. Il tente de retrouver une identité de perception, comparable à celle laissé par les 1ère expériences de plaisir. Le désir est séparé du besoin. On est désirant au regard d’un souvenir gardé de la relation à l’autre. Le désir renvoie à un objet originairement perdu. Une situation qui ne se répètera plus. Qui va orienter l’enfant dans la recherche d’un objet susceptible de remplacer cet objet.
La sexualité se déploie dans le champ du désir, elle est de l’odre du pulsionnel et non du biologique, et l’autoérotisme comme première organisation de la sexuelalité, révèle l’écart irréductible que d’autres ont qualifié d’instinct.
La découverte de Freud montre que l’enfant va viser le plaisir et chercher la jouissance. Ce plaisir sexuel du tout petit est d’abord plaisir d’organe (// découpage du corps).
La pulsion sexuelle n’est pas au départ unifiée, elle est éparpillée en pulsions partielles, qui agissent de manière autonome, et naissent à partir de sources somatiques très variées.
Le plaisir est éprouvé au niveau d’une seule zone érogène. L’autoérotisme arrive avant l’unification psychique du corps. Le passage du morcellement à l’unité va supposer la mise en place du processus, le narcissime. Il contribue à l’émergence du Moi et en tant qu’image unifiée et aimable et qui nous fait prendre soi même comme objet d’amour.
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