DES PERFORMANCES HUMAINES FLUCTUANTES
Face à ces besoins croissants, il faut bien reconnaître que les capacités humaines n'ont guère évolué en matière de résistance physique à la fatigue. Le problème du maintien de la vigilance se pose donc de façon cruciale chaque fois que l'on demande à l'opérateur d'effectuer des taches difficiles, pendant des temps très longs, ou à des moments de la journée et de la nuit où ses capacités sont réduites . En effet, les performances humaines sont fluctuantes car elles dépendent des modifications de la vigilance et des capacités attentionnelles de l'individu. Dans certains cas, les conséquences de l'erreur ou de la non-détection d'informations pertinentes peuvent être très graves. On cite régulièrement les diverses catastrophes industrielles qui se sont produites au cours de la nuit, c'est-a-dire à un moment où la baisse des capacités humaines a pu jouer un rôle aggravant, si ce n'est déclenchant, dans la cascade d'erreurs relevées a posteriori. De plus, la réduction du nombre d'opérateurs dans les équipes au travail (réduction de l'équipage d'un avion, disparition du tandem classique dans la conduite des trains, etc..) accentue les risques dans la mesure où la relève est plus difficilement ou pas du tout assurée en cas de défaillance de l'opérateur principal.LA BAISSE DE LA VIGILANCE A L'ÉTUDE
Ces constats préoccupent beaucoup tous ceux qui ont à assurer la sécurité des hommes et des installations. Ces derniers savent pertinemment que le maillon humain n'est pas d'une fiabilité à toute épreuve et qu'une meilleure sécurité doit savoir mieux prendre en compte les facteurs qui peuvent conduire à - ou faciliter l'apparition de - la survenue de l'hypovigilance. Il est une tâche exemplaire en matière de capacités humaines et de sécurité : la conduite automobile. Dans ce cas précis, l'opérateur peut être plus ou moins bien formé, plus ou moins expérimenté, et il se trouve face à une tâche complexe où les erreurs peuvent être sanctionnées de manière immédiate et parfois de façon irrémédiable.La conduite automobile constitue donc une situation de choix dans l'étude de la vigilance de l'opérateur humain. De complexité variable selon les types de trajet, elle a lieu pendant des durées variant considérablement et dans un espace de faible volume où les paramètres physiques ambiants peuvent prendre des valeurs extrêmes. La conduite automobile constitue donc une tâche exemplaire, propice à l'étude scientifique et dont les enseignements sont susceptibles d'être appliqués à d'autres situations de travail. Du fait de sa compacité, elle est assez facilement simulable. De nombreuses équipes a travers le monde disposent de moyens de simulation de ce type de tâche à des fins scientifiques exploratoires. Dans ce type de démarche de laboratoire, la tendance actuelle est de trouver les moyens de pallier la baisse de vigilance, en mettant au point des systèmes de détection automatique de cette dernière et de déclenchement d'alerte à l'attention du conducteur.
A cette mise en route secondaire d'une procédure de contrôle, nous préférons une démarche de recherche située plus en amont. Pour notre laboratoire qui utilise un simulateur mobile très perfectionné, l'approche scientifique est centrée sur l'identification et la compréhension des mécanismes par lesquels se réalisent les baisses de vigilance et de l'attention et permet de quantifier l'importance des facteurs d'influence se trouvant à l'origine de ces modifications physiologiques et comportementales ou venant les renforcer.
C'est ainsi que sont plus particulièrement étudiés les effets des facteurs de situation (privation de sommeil, moment de la journée ou de la nuit, type de trajet ... ) ou encore l'importance des facteurs physiques ambiants (température, bruit , vibrations, éclairage...) dans la genèse des épisodes d'hypovigilance, voire de somnolence, que l'on observe de façon quotidienne tant en situation expérimentale de laboratoire qu'en situation réelle sur nos routes et autoroutes, malheureusement endeuillées par des accidents dans lesquels l'opérateur humain s'est parfois révélé défaillant.
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