mardi 28 décembre 2010

Le sommeil et les rythmes de l'enfant

Pendant le sommeil, de nombreuses fonctions s'accomplissent. La récupération de la fatigue physique et de la fatigue nerveuse passe bien par un sommeil en qualité et quantité suffisantes. Cela à tous les âges de la vie. Chez l'enfant, ces fonctions sont particulièrement importantes.
On a mis en évidence la sécrétion d'une hormone de croissance, qui n'a lieu pratiquement que pendant certains stades de sommeil (sommeil profond). Si ces stades sont supprimés, l'hormone de croissance n'est pas sécrétée. Cette hormone favorise, outre la croissance, la réparation des tissus et des cellules usées. C'est également durant le sommeil profond qu'est sécrétée la prolactine, qui pourrait stimuler le système immunitaire. De plus le sommeil sert à la mise en place et au développement des circuits nerveux durant la vie foetale et les premiers mois de la vie. Le sommeil (et plus particulièrement le sommeil paradoxal) favorise d'autres fonctions mentales et psychiques : mémorisation et organisation des informations acquises dans la journée, résolution des tensions accumulées le jour...
Si les besoins en sommeil sont différents selon les individus et selon l'âge, le seul signe d'un sommeil suffisant est la bonne forme dans la journée. Pour connaître les besoins en sommeil, il faut noter plusieurs jours de suite l'heure d'endormissement et l'heure d'éveil spontané, en dehors des périodes d'obligations scolaires et sociales, et donner à chacun le temps dont il a besoin. Exiger trop d'heures au lit d'un enfant qui n'en a ni besoin ni envie, peut créer chez lui une véritable aversion à l'égard du sommeil. Ne pas lui donner les conditions de temps de sommeil suffisant risque de le priver d'activités précieuses pour sa croissance et son développement.
Le sommeil se déroule par cycles de 1 heure 30 à 2 heures chez l'adulte, les cycles étant un peu plus courts chez l'enfant. Ces cycles se succèdent dans la nuit autant de fois que l'organisme en a besoin pour mûrir, grandir, récupérer et accomplir des fonctions mentales et physiques importantes.
Chaque cycle se découpe en stades précédés d'une période de somnolence, de présommeil qui se caractérise par des signaux indiquant que le cerveau est mûr pour dormir. Le respect de ces clignotants est important : en effet, si on laisse passer la "bonne heure" du sommeil, il est parfois nécessaire d'attendre une heure de plus pour que revienne le besoin de sommeil. Si l'on ne peut pas obliger un cerveau à dormir sur ordre, on peut cependant induire le sommeil, le favoriser grâce aux synchroniseurs que sont le silence, l'obscurité le calme.

LES CINQ STADES

Les quatre premiers stades de sommeil sont du sommeil lent, léger d'abord, puis profond : c'est en sommeil profond qu'est sécrétée l'hormone de croissance et la prolactine - il faut savoir le reconnaître pour ne pas le perturber. Le cinquième stade est le sommeil paradoxal, avec rêves, caractérisé par une grande activité cérébrale et une véritable paralysie du corps, par des mouvements des muscles du visage et des mouvements oculaires rapides à connaître aussi pour ne pas le casser sous peine de perturber les fonctions de ce stade. Le début de la nuit est plus riche en sommeil lent profond, et moins en sommeil léger. Il y a plus de sommeil paradoxal en fin qu'en début de nuit.
Entre deux cycles, le sommeil redevient très léger (période intermédiaire) et des éveils nocturnes peuvent survenir, surtout chez les petits enfants et les personnes âgées.
La meilleure façon de s'éveiller, c'est spontanément, c'est-a-dire lors d'une période intermédiaire. Sinon il faudrait que cet éveil soit provoqué par des bruits non agressifs, progressifs et qui, légers, ne puissent pas casser le sommeil lorsqu'il est profond ou paradoxal, mais seulement lorsqu'il est léger.

LES RYTHMES

Donner à chaque enfant la quantité et la qualité de sommeil dont il a besoin est fondamental. Il est aussi important de respecter ses autres rythmes, mieux connus maintenant grâce aux travaux des chronobiologistes et chronopsychologues.
L'existence de moments de plus grande vigilance, de plus grande disponibilité à l'égard de certaines activités intellectuelles, en particulier l'acquisition de nouvelles connaissances, a tout avantage à être mieux connue à la fois par les parents, les enseignants et les responsables de l'organisation de la vie scolaire. Le respect des rythmes des enfants permettrait à la fois une meilleure efficacité, un meilleur confort pour tous, et surtout une égalisation des chances de réussite scolaire. Selon certaines études, il apparaît clairement que les "bons élèves" sont en général moins sensibles aux perturbations des rythmes, et que les fluctuations de performances les plus grandes sont notées surtout chez les enfants en difficulté scolaire. Il serait souhaitable et urgent d'appliquer à la vie de l'enfant les résultats des travaux réalisés sur les rythmes de vie, même si ces travaux demandent à être poursuivis approfondis et affinés.

QUELQUES RECOMMANDATIONS

- Tenir compte des "creux" de vigilance : les débuts de matinée et d'après-midi ne devraient pas être consacrés à des apprentissages nouveaux et poussés, que ce soit sur le plan intellectuel ou sportif. Il n'y a pas de disciplines de première et seconde classe, mais des acquisitions nouvelles ou des "révisions" pour chaque discipline. Éviter les devoirs de contrôle !
- Tenir compte du temps d'attention soutenue pour lequel on peut donner des chiffres moyens, mais qui est très variable selon les enfants, la matière enseignée, la fatigue de l'enseignant, la pédagogie...
- Répartir de façon harmonieuse et équilibrée les matières d'enseignement, pour éviter les surcharges horaires quotidiennes.
- Tenir compte des besoins fondamentaux de l'enfant
  • de jeux, de mouvements, d'alternance et de récréations:
  • de temps libre en tout début d'après-midi. La récupération de la fatigue se fera soit par le repos, soit par l'exercice physique libre, sans aucune contrainte : la demande est différente selon les enfants, et selon leur âge en général.
Le développement, le bien-être et l'efficacité scolaire dépendent évidemment aussi d'autres facteurs que le sommeil et l'aménagement des rythmes de vie : comportements affectifs, milieu éducatif (familial et scolaire) rassurant et motivant, qualités pédagogiques des éducateurs, capacités à respecter l'enfant et à répondre à tous ses besoins fondamentaux...
LES PIÈGES
Éducateurs pour la santé, attention aux pièges de l'animation autour du sommeil.
  • Dans le "public" peut se trouver une mère "trop parfaite" (la mère "sainte"). Elle n'a aucun problème, si ce n'est peut-être de mémoire. Par ses déclarations (vraies ou fausses), elle inhibe les autres (à l'animateur de la contenir !).
  • Prendre garde de ne pas culpabiliser les parents et savoir dédramatiser opportunément. Notre objectif est d'abord de conforter les mères dans leur capacité à être de bonnes mères !
  • Certains, cherchant des "normes" dans nos informations (quitte à les transgresser), risquent de se comporter de façon trop rigide. Insister sur la notion de "moyennes".
  • Se méfier du dogmatisme, et éviter de présenter des hypothèses comme des vérités. Rester modeste !
  • D'autres retiennent dans nos informations ce qui va dans le sens de leurs comportements habituels et de leur confort - et non pas ce qui risque de les déranger. Se méfier aussi des mauvaises interprétations, et redire les mêmes choses avec un vocabulaire différent.
  • II en est qui prêtent à d'autres des faits et gestes dont ils sont eux-mêmes acteurs... à manier avec précaution...
  • Pour ceux (ils sont rares, mais ils existent) qui ne se reconnaissent pas (eux ou leurs enfants) dans nos descriptions du sommeil, de ses troubles et des rythmes de vie en général, une précaution oratoire: "dans la grande majorité des cas, on peut constater..."
  • Éviter les "one man show " (sauf s'il s'agit d'une conférence) - si on a affaire à un groupe de taille moyenne (10 à 15 ou 20 personnes), préférer le duo animateur/expert, ceux-ci travaillant ensemble sur le sujet au préalable. C'est à la fois plus confortable et plus efficace.
  • Ne pas psychologiser à outrance quand on n'est pas psychologue. Les approches du thème sommeil sont diverses et complémentaires, les portes d'entrée nombreuses. A chacun de connaître son créneau, ses capacités et ses limites.
  • Méfiez-vous des rêves ! lls risquent de cristalliser les témoignages et les questions et de masquer l'objectif réel de l'action éducative.
Provoquer ou encourager les obsessions autour du sommeil est le plus sûr moyen de créer des problèmes!
F. D.
LIVRES POUR ENFANTS
  • Bisinski P je ne trouve pas mon doudou Paris: L'école des loisirs-Loulou et compagnie, 1997: 8 p.
  • Bode (de) A., Broere R. J'ai peur dans le noir Paris: Hatier, 1996: 33 p.
  • Cannon 1. Stellaluna. Paris: Bayard, 1996 :48 p.
  • Cooper H. C'est la faute à Petit Monstre. Paris: Kaleidoscope, 1995 :40 p.
  • Cooper H Le bébé qui ne voulait pas se coucher Paris: Kaleidoscope, 1996: 40 p.
  • Dr Dolto-Tolitch C., Faure-Poirée C., Boucher J La nuit, le noir Paris: Gallimard Jeunesse, 1994: 12 p.
  • Foreman M. Papa, je ne dors pas ! Paris Kaleidoscope, 1994: 24 p.
  • Gregory V, Miller V Les géants de Catou. Paris: Kaleidoscope, 1995 :30 p.
  • Johnson A, Sweeney J. Katie et les bruits de la nuit. Paris: Flammarion-Père Castor, 1995 32 p.
  • Leavy U., Utton P Une nuit d'orage Paris: Pastel-L'école des loisirs, 1994: 30 p.
  • Ramos M. Au lit Petit Monstre. Paris: Pastel-L'école des loisirs, 1996: 25 p.
  • Saint-Mars (de) D., Bloch S. Lili ne veut pas se coucher Paris: Calligram, 1992 :43 p.
  • Verrept P Qui veut dormir avec moi ? Ed. Mijade, 1994.
  • Waddell M, Firth B. A petits pas dans le noir Ed. Mijade, 1995
  • Whybrow I., Scheffler A. Au lit Barnabé ! Paris: Albin Michel Jeunesse,1997: 14p.

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