samedi 25 décembre 2010

Le cauchemar

L’origine des cauchemars

Vous venez de cauchemarder et vous êtes submergés par la peur… S’ils sont souvent isolés, ces images désagréables hantent parfois régulièrement vos nuits. Mais d’où viennent ces rêves qui ont mal tourné ? Qu’est-ce qui les provoque ?
Alors que le scénario des rêves agréables est souvent irréaliste, celui des cauchemars est terrifiant, parce qu’il semble décrire un danger réel (menace de mort sur soi ou sur un proche, menace sur l’intégrité de son corps, menace d’abandon, etc.). Parfois le dormeur réussit à s’arracher au “film” en s’éveillant. Mais, dès qu’il s’abandonne de nouveau au sommeil, le “film” reprend son cours et la terreur aussi. On se souvient parfois toute sa vie d’un cauchemar inquiétant. Il arrive, d’ailleurs, que ce souvenir redéclenche la même terreur que le cauchemar lui-même.

Sommeil paradoxal et cauchemars

L'origine des cauchemarsD’après les neurologues, les rêves surviennent durant les périodes du sommeil profond, nommées “sommeil paradoxal”. Cette phase, que les chercheurs savent maintenant provoquer à l’aide d’injections chimiques, se déclenche spontanément, selon un cycle régulier, par émission dans le cerveau d’acétylcholine. Pour y accéder, le dormeur doit se sentir en sécurité : n’avoir ni faim, ni soif, se trouver dans un bon équilibre thermique, etc. Parfois un événement fortuit perturbe le dormeur, dont le corps est resté, malgré tout, en liaison avec le monde extérieur : bruit soudain, changement brutal de température… Parfois, c’est une digestion difficile ou une montée de fièvre qui affecte le sommeil. Ces facteurs de troubles, en privant le rêveur de tranquillité, sont susceptibles de transformer les images paisibles du rêve en cauchemar. A noter que, durant un cauchemar, le dormeur n’est plus dans un sommeil profond, mais frôle l’état de veille.

Langage du rêve et psychanalyse

Les cauchemars ont longtemps été considérés comme des prédictions de catastrophes, avant d’être étudiés par la psychanalyse. Selon la théorie freudienne, les rêves sont l’expression de l’inconscient. Les cauchemars sont la façon choisie par ce côté obscur d’exprimer une angoisse refoulée ou un désir tellement inacceptable qu’il se camoufle en punition : le contenu immoral de la pensée est alors censuré et remplacé par l’image horrible du cauchemar. Ainsi, entre deux et cinq ans, à l’âge du complexe d’Œdipe, l’enfant cauchemarde fréquemment : le désir symbolique de meurtre du parent de même sexe se réalise, dans le sommeil, à travers des images qui le terrorisent.

L’élément déclencheur du cauchemar

Les thèmes des rêves et des cauchemars sont déclenchés par un événement apparemment anodin qui se produit dans les vingt-quatre heures qui précèdent. Cet événement, qui a une fonction de catalyseur, éveille, dans l’inconscient un souvenir refoulé ou une angoisse oubliée, mais est rarement la cause véritable du cauchemar.

Traumatisme, refoulement et angoisse

Certains cauchemars se répètent plusieurs fois au cours de la vie d’un même individu. La cause peut en être un souvenir traumatisant datant de la petite enfance et complètement enfoui (menace faite à un enfant qui suce son pouce, de le lui couper ; peur de noyade éprouvée par un bébé ayant glissé dans la baignoire, etc.). Il peut s’agir aussi du souvenir d’une situation de violence (guerre, viol, incendie, attentat, déportation, etc.), qui resurgit, durant le sommeil, à peine transformée : pour supporter sa vie présente, l’individu cherche à oublier le traumatisme. Durant les périodes de veille, sa conscience le repousse hors de sa mémoire et le refoule ainsi dans l’inconscient, qui le lui rappelle à travers le cauchemar…

Du rêve au cauchemar…

Les rêves et les cauchemars sont encore le sujet de nombreuses études. Pourtant, la science a déjà fait plusieurs découvertes en la matière. Le Dr Jean-louis Valatx, directeur de recherche au laboratoire de neurobiologie des états de sommeils et d'éveil à de l’INSERM (Unité U480) à l’université Claude Bernard (Lyon), nous dévoile quelques aspects de nos songes.
  Les rêves et les cauchemars sont-ils le propre de l’homme ?
Dr Jean-louis Valatx : Non, l’homme n’est pas le seul animal à rêver. Tous les mammifères connaissent ces périodes au cours de leur sommeil. On l’a démontré notamment chez le chat : lorsque l’on supprime la paralysie musculaire survenant au cours du sommeil paradoxal, il se met à agir durant son sommeil. Les oiseaux également présentent du sommeil paradoxal mais on ne sait s'ils rêvent étant donné la brièveté de ces épisodes (10 à 30 secondes), alors que les périodes de rêve chez l’homme durent environ 20 minutes et se reproduisent toutes les heures et demie.
En ce qui concerne les cauchemars, il est plus difficile de dire si les animaux en font. Car c’est une notion subjective. Regardez chez l’homme : un même rêve va être ressenti par une personne comme un cauchemar, et pas par une autre. Or il est difficile de demander à un animal comment il ressent ses rêves !
 Sait-on à quoi servent les rêves ?
Du rêve au cauchemarDr Jean-louis Valatx : Sur l’utilité des rêves, il y a autant de théories que de chercheurs ! Chacun a développé ses propres suppositions. L’hypothèse qui semble se dégager est qu’ils serviraient à mémoriser les événements de la veille. Mais ce rôle reste controversé. D’autant que l’on a toujours des incertitudes sur la nature même du stockage des souvenirs !
  Est-ce que tout le monde rêve ou fait des cauchemars ?
Dr Jean-louis Valatx : Tout le monde fait des rêves, mais ne s’en souvient pas forcément. Cela dépend des gens et surtout des moments : si l’on se réveille à la fin d’une période de sommeil paradoxal, on aura plus facilement le rêve en mémoire. Et on peut s’entraîner à les retenir, en essayant de se le remémorer dès le réveil et en notant aussitôt ce dont on se rappelle.
 On ne fait qu’un seul rêve par nuit ?
Dr Jean-louis Valatx : Pas du tout ! Le rêve dont vous vous souvenez le matin n’est bien souvent que le sommet de l’iceberg ! Car comme je le disais, il y plusieurs périodes de rêve différentes durant la nuit : une vingtaine de minutes toutes les heures et demie. Et de plus, chaque période peut contenir plusieurs histoires distinctes. Au réveil, vous vous souvenez donc du dernier rêve de la dernière phase de sommeil paradoxal !
  Que sait-on de l’origine des cauchemars ?
Dr Jean-louis Valatx : Les cauchemars se produisent durant le sommeil paradoxal. Dans la moitié des cas, ils mettent en scène un événement de la veille. C’est-à-dire qu’il fait ressortir une anxiété ou une angoisse récente. Mais il peut s’y mêler des souvenirs plus anciens, vieux de dix ou quinze ans par exemple. Il peut également y avoir des cauchemars post-traumatiques, qui vont se produire à la suite d’un choc (accident, guerre…). Dans ce cas, ils sont souvent récurrents et se reproduisent très régulièrement. Des problèmes physiologiques peuvent également intervenir. Ainsi, une maladie ou des douleurs chroniques vont avoir des effets au niveau cérébral durant le sommeil et auront des répercussions sur le contenu des rêves. Même de simples problèmes de digestion pourront influencer l’apparition de cauchemars.
 Pensez-vous que l’on peut interpréter les rêves et les cauchemars ?
Dr Jean-louis Valatx : Le rêve fait appel aux souvenirs. C’est donc à chacun d’interpréter ce dont il se souvient, en fonction de ce qu’il a vécu. Par contre, on peut interpréter certains rêves et cauchemars de manière purement physiologique. Par exemple, lors du sommeil paradoxal, les deux hémisphères cérébraux fonctionnement de manière indépendante. Ainsi, si vous rêvez de quelqu’un que vous connaissez, mais ne comprenez absolument pas ce qu’il dit, c’est que c’est votre cerveau droit qui rêve. De plus, lors du sommeil paradoxal, le corps est “paralysé”, ce qui évite les mouvements. Or cela peut expliquer les rêves où l’on ne parvient pas à bouger les jambes ou les bras ou ceux dans lesquels on s’imagine en train de voler.

 
Cauchemar ou terreur nocturne ?
Ses pleurs vous réveillent au milieu de la nuit. Vous vous précipitez à son chevet. Simple cauchemar ou vraie terreur ? Apprenez à différencier ces deux empêcheurs de dormir en rond…

Le cauchemar : une mise en scène de ses peurs

Il survient le plus souvent vers la fin de la nuit, au terme d’un cycle de sommeil, durant la phase de sommeil paradoxal. Les cauchemars les plus classiques chez l’enfant sont peuplés de fantômes, de dragons et d’autres monstres aperçus au cours de la journée à la télévision ou dans les livres. Parfois, ils expriment ses conflits intérieurs comme la jalousie d’un cadet, la sévérité d’un parent, etc.
Lorsque votre enfant se réveille en proie à un cauchemar, apaisez-le, consolez-le et écoutez-le s’il souhaite décrire ce qu’il vient de vivre. Une fois rassuré, il devrait se rendormir sans problème.
Dans la journée, entamez une discussion de fond à propos de ses cauchemars. Rappelez-lui que les monstres n’existent pas, regardez avec lui les livres ou les films qui les abritent… et aidez-le à dépasser les peurs que ces créatures suscitent.
Aidez-le également à extérioriser ses frustrations et les conflits qui l’agitent. Expliquez-lui que sa réflexion se construit et que les cauchemars, étapes nécessaires, n’ont rien d’inquiétant. Si vous percevez un vrai mal-être, lié par exemple à l’arrivée d’un petit frère dans la famille, évoquez avec lui cette situation, les changements qu’elle implique, etc.
Les cauchemars, fréquents dans la petite enfance, s’estompent vers 5 ans, reviennent passagèrement autour de la dixième année, pour disparaître tout à fait par la suite.
La terreur nocturne : l’expression d’un conflit
Spectaculaire, la terreur nocturne survient en général durant les premières heures de la nuit, pendant une période de sommeil profond. L’enfant se dresse sur son lit, en larmes, agité de soubresauts. Il hurle, son corps exprime les signes caractéristiques de la peur : sueurs, nausées… A la différence du cauchemar, il est encore endormi, ne vous reconnaît pas et n’a pas conscience de ce qui lui arrive. Ne le réveillez surtout pas, il serait incapable d’expliquer son trouble et se trouverait en proie à une confusion accrue. La plupart du temps, quelques minutes après la terreur nocturne, l’enfant se calme seul et reprend paisiblement le fil de sa nuit.
Certaines terreurs nocturnes surviennent lorsqu’un enfant ne dort pas assez, quand par exemple il ne fait plus de sieste. Ménagez-lui alors des plages de sommeil plus longues. D’autres sont la manifestation d’un conflit intérieur ; parlez-en avec lui, tentez de comprendre ce qui le préoccupe, amenez-le à mettre des mots sur certaines situations qu’il vit mal.
Si ces terreurs persistent, n’hésitez pas à consulter un spécialiste, pédiatre ou psychologue, qui l’aidera à démêler les fils de son inconscient.

 

N'ayez plus peur des terreurs nocturnes !

De nombreux enfants sont victimes de terreurs nocturnes. Attention, ces crises de panique qui surviennent au milieu de la nuit ne doivent pas être confondues avec les cauchemars. Quelles sont les causes de ce phénomène ? Que faire pour que les crises disparaissent ?
Vers minuit, Valérie a été réveillée par les hurlements stridents de Lola, quatre ans. Assise dans son lit, pâle et en sueur, les yeux dans le vague, la fillette ne l'a pas reconnue et n'a pas été capable d'expliquer la raison de ses cris. Paroles de réconfort et baisers, rien n'a semblé l'atteindre. Elle s'est calmée et tue brusquement puis a replongé dans son lit, laissant sa maman à la fois soulagée et désemparée !

A ne pas confondre avec un cauchemar

Cris, regard terrifié, coeur qui bat la chamade, respiration accélérée, sueurs… l'enfant qui vit une "terreur nocturne" présente tous les symptômes de la panique ! Survenant le plus fréquemment entre trois et six ans, cette conduite hallucinatoire nocturne survient en début de nuit (dans les trois premières heures après le coucher) : l'enfant se trouve alors au dernier stade (dit stade IV) du sommeil lent : il dort profondément, et va passer en phase de sommeil paradoxal (celui des rêves). Cette transition, pour une raison inconnue, s'articule mal, d'où cet état d'intense et bruyante agitation. L'enfant ne se réveille pas, et même s'il ouvre les yeux, il dort pourtant bel et bien, et ne se souviendra de rien le lendemain matin ! Ni monstres, ni vilaines sorcières ni kidnappeurs d'enfants ne sont à incriminer, comme dans un vilain cauchemar (qui, lui, survient plutôt en fin de nuit, réveille souvent l'enfant et occasionne des difficultés de ré-endormissement) !

Que faire ?

En fait, rien ! Laissez tranquillement l'enfant, il va retrouver un sommeil paisible en quelques minutes. Ne cherchez surtout pas à le réveiller pour qu'il se calme, vous ne feriez que créer chez lui désarroi et confusion. Ces manifestations survenant souvent chez des enfants qui ont de gros besoins de sommeil et pendant des périodes de la vie très riches en acquisitions et en évolution, veillez à ce que votre enfant ait assez de repos et mène une vie régulière. Couchez-le un peu plus tôt par exemple…

Quand faut-il s'inquiéter ?

Si les terreurs nocturnes ont de quoi impressionner les plus calmes des parents, elles restent assez banales, fort heureusement sans gravité, et disparaissent vers six ou sept ans. Si le phénomène devient fréquent (plusieurs fois par semaine) et qu'il semble s'installer (depuis plusieurs mois), mieux vaut toutefois en parler au pédiatre, qui décidera de la conduite à tenir.

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