samedi 25 décembre 2010

Le sommeil paradoxal

 

Sommeil paradoxal et cycle du sommeil 



Le
sommeil occupe environ un tiers de notre existence ! Il est constitué
d’une succession de cycles, qui s’enchaînent tout au long de la
nuit.Faisons le point sur ces différentes phases, pour vous aider à
comprendre le fonctionnement de votre "horloge biologique".




Le
sommeil est longtemps resté un mystère. A la fin des années 50, le
docteur Michel Jouvet découvrit l’existence du sommeil paradoxal,
permettant la compréhension actuelle des phénomènes électriques qui se
passent au niveau de notre cerveau lorsque nous dormons.


Les cycles du sommeil, kesako ?



Le
sommeil comporte plusieurs cycles qui se répètent plusieurs fois dans
la nuit.  Un cycle comporte plusieurs phases et est précédé d’une
période d’éveil calme, plus ou moins longue, préparant
l’endormissement. 


Cycle sommeil


Un cycle du sommeil, d’une durée moyenne de 90 minutes, comporte :


Une phase de sommeil calme à ondes lentes (activité lente sur les enregistrements cérébraux), durant de 60 à 75 minutes et comportant 4 stades :






Une phase de sommeil paradoxal,
plus courte, où l’activité cérébrale est plus intense : cette période
s'accompagne de mouvements oculaires rapides provoqués par les ondes du
cerveau, en rapport selon la plupart des auteurs avec les rêves. Le
sommeil paradoxal dure en moyenne 15 à 20 minutes ;


Une phase de sommeil intermédiaire, brève, avec des micro-réveils débouchant sur un nouveau cycle ou, à la fin de la nuit, sur le réveil complet.


Une succession de cycles…Par
ailleurs, la durée des périodes de sommeil paradoxal, avec rêves,
s’allonge progressivement au cours de la nuit. Ainsi, la première partie
de la nuit voit prédominer le sommeil lent, profond, physiquement
réparateur, tandis que la seconde partie est plus favorable à la
récupération psychique et nerveuse.


Le
sommeil sera reconstituant si les cycles se succèdent harmonieusement.
Il n’y a pas de règle absolue concernant le nombre de cycles nécessaires
à une bonne récupération : certaines personnes se sentent bien avec 3
cycles par nuit, pour d’autres il en faudra 6 ou 7.




Faire enregistrer son sommeil



En
cas de troubles du sommeil, par exemple en cas fatigue chronique, ou de
doute sur des apnées du sommeil, un enregistrement électrique peut être
réalisé. C’est l’enregistrement polysomnographique, terme barbare
désignant un recueil de données électriques obtenues par :




       
  • Des capteurs cérébraux pour un électroencéphalogramme ;
  •    
  • Un détecteur de mouvement des yeux ;
  •    
  • Un détecteur de la contraction musculaire fixé au niveau du menton.


L'électromyogramme,
les rythmes respiratoires, l'électrocardiogramme et la saturation en
oxygène du sang sont aussi enregistrés et étudiés, par exemple pour
mettre en évidence desapnées du sommeil.


Cet
examen est réalisé dans certains services spécialisés ou en
laboratoire, dans des conditions de confort qu'il faudrait rendre
optimales; parfois une nuit d'adaptation est nécessaire. Ainsi seront
précisées les heures de l'endormissement et des éveils, la durée totale
du sommeil, l'enchaînement des différents stades, et surtout
d’éventuelles anomalies.


Même
si vous ne vous souvenez jamais de vos rêves et avez l’impression de
dormir d’une traite, votre sommeil est donc un phénomène complexe, fait
d’alternances de périodes calmes et d’autres plus fertiles…Que cela ne
vous empêche évidemment pas de bien dormir !






       
  • Stade I : endormissement, comprenant 2 sous-stades - stade IA : somnolence et IB : assoupissement ;
  •    
  • Stade II : sommeil léger ;
  •    
  • Stade III : sommeil profond (sommeil établi)
  •    
  • Stade IV : sommeil très profond (sommeil lent profond).








                                                                                                                                                                                                              






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LE SOMMEIL PARADOXAL - PARTICULARITÉS



           
SECURITE

            Dans les conditions habituelles, le sommeil paradoxal ne survient jamais au cours de l'éveil. Il doit être préparé ou initié par une phase préalable de sommeil lent.
De nombreux mécanismes de contrôle empêchent le sommeil paradoxal de
survenir pendant l'éveil et le début du sommeil. Les deux mécanismes de
contrôle les plus important sont situés dans le locus coeruleus (LC, NA)
et dans le raphé dorsal (RD, 5-HT). Le sommeil paradoxal ne peut
apparaitre que si toute activité a cessé dans ces deux structures (
neurones SP-off).
Le rêve n'est donc possible qu'après vérification de nombreux systèmes
de sécurité (indice de sécurité). Cette protection est particulièrement
adaptée puisque le rêve s'accompagne d'une augmentation très importante
du seuil d'éveil et d'une paralysie quasi totale. Cette notion de
sécurité semble fondamentale et explique en partie les variations des
durées de rêve chez différentes espèces. Les animaux chassés, qui ont de
nombreux prédateurs et sont donc rarement en sécurité, dorment peu,
d'un sommeil très léger, et la durée totale des périodes de sommeil
paradoxal n'excède pas 15 à 20 minutes par 24 heures. Au contraire, les
chasseurs (carnivores) et le champion du rêve, le chat domestique,
parfaitement en sécurité et qui n'a pas à chasser pour trouver sa
nourriture, dorment beaucoup et la durée de sommeil paradoxal peut
excéder 200 minutes par 24 heures. Chez l'homme, la durée moyenne de
sommeil paradoxal est de 100 minutes par 24 heures.


           

           
PERIODICITE

            Un
des phénomènes les plus marquants du sommeil paradoxal est sa
périodicité. Ces phases de sommeil paradoxal surviennent toutes les 90
minutes et sont séparées par du sommeil à ondes lentes. Ainsi, au cours
d'une nuit de sommeil, surviennent 4 ou 5 phases de sommeil paradoxal
(100 minutes soit 20% de la durée totale du sommeil). Cette périodicité
ultradienne du rêve au cours du sommeil est une caractéristique
d'espèce. Elle est assez étroitement corrélée au logarithme du poids du
corps de l'animal et donc à son
métabolisme.
Elle est de 10 minutes chez le rat, de 25 minutes chez le chat, de 90
minutes chez l'homme et de 180 minutes chez l'éléphant. Des expériences
récentes sur l'animal montrent qu'il est possible de faire varier la
durée ou la périodicité des phases de sommeil paradoxal en modifiant
l'énergétique cérébrale en jouant soit sur la température (demande
énergétique) soit sur l'oxygénation (offre énergétique). La périodicité
du rêve apparait donc contrôlée par des phénomènes économiques centraux
(soit le rapport entre l'offre et la demande énergétique cérébrale). Le
rêve semble, en effet, nécessiter une grande dépense énergétique
(augmentation de la consommation de glucose couplée à une augmentation
de la consommation d'oxygène : fonctionnement cérébral aérobique), qui
se distingue de celle de l'attention. La conscience onirique dépense
donc une quantité d'énergie beaucoup plus importante que la conscience
éveillée. L'obligation de renouveler les réserves énergétiques au cours
du sommeil à ondes lentes explique sans doute que les systèmes
responsables de l'activité onirique ne puissent fonctionner que de façon
périodique.


           

           
RELATION AVEC LA TEMPERATURE

            Il
existe, par ailleurs, une relation très nette entre la température
corporelle interne et la survenue du sommeil paradoxal. Le sommeil
paradoxal ne survient jamais en hyperthermie et succède toujours à une
phase de sommeil lent, où la température centrale baisse.
La diminution de la température de l'hypothalamus est un prédicteur très fiable de la survenue du sommeil paradoxal.
Chez le chat pontique, la régulation thermique disparait et l'animal
devient poïkilotherme. On peut alors entrainer le rythme ultradien du
sommeil paradoxal en faisant varier la température externe. Une
diminution de température entraine aussi une augmentation considérable
du taux de sommeil paradoxal: il passe de 15% de la durée du sommeil à
60% voire 80%. La température corporelle est au minimum (36,5°C) vers 3
ou 4 heures du matin, heure à laquelle un sujet présente le maximum de
sommeil paradoxal. De plus, le système de régulation du sommeil
paradoxal en fonction de la température ne respecte pas la loi de
VantHoff & Arrhenius, loi fondamentale de la biologie. Cette loi
pose que la vitesse de réaction d'une réaction chimique diminue lorsque
la température décroit: une baisse de 10°C s'accompagne d'une activité
biologique divisée par 2. Au contraire, au cours du sommeil paradoxal,
l'activité biologique décuple au fur et à mesure que la température
diminue, le sommeil paradoxal mettant lui-même en jeu un processus de
refroidissement par une vasodilatation très importante au niveau
cérébral.


           

           

LE SOMMEIL PARADOXAL - MÉCANISMES


           
Le
sommeil paradoxal ne peut apparaitre que lorsque les systèmes
aminergiques sont silencieux (neurones SP-off du locus coeruleus :
nor-adrénergique et du noyau du raphé dorsal : sérotoninergique) et que
le noyau bulbaire adrénergique sympatho-excitateur (nPGCl) est déprimé
(baisse de la température centrale, baisse du métabolisme basal).
Rappelons que les structures du pont et du bulbe sont suffisantes à
l'apparition périodique du sommeil paradoxal. Il se trouve donc, au
niveau pontobulbaire, des systèmes exécutifs responsable de l'apparition
et du développement du sommeil paradoxal.

           
ACTIVATION CORTICALE

            Les neurones cholinergiques mésopontins (voie réticulo-thalamo-corticale) et les neurones cholinergiques ou GLU / ASP du noyau réticulé bulbaire magnocellulaire (MC),
qui se projettent sur l'hypothalamus postérieur et les noyaux
cholinergiques mésopontins (Ch. 5 & 6) et du télencéphale basal (Ch.
4) (voie réticulo-hypothalamo-corticale) sont, en partie, responsables
de l'activation corticale du SP



           
SACCADES DE MOUVEMENTS OCULAIRES

            On enregistre également un système endogène d'excitation du cerveau, au moyen de l'activité ponto-géniculo-occipitale (Activité PGO).
Les neurones cholinoceptifs qui constituent le générateur endogène de
l'activité PGO sont situés au niveau de la réticulée pontique
(Ponto-Pedoncular-Tegmentum = PPT / Latero-Dorsalis-Tegmentum = LDT).
L'activité PGO est transmise à chaque noyau oculomoteur (survenue de
saccades de mouvements oculaires rapides), au corps genouillé latéral et
au cortex occipital (système visuel). Les neurones PGO-on qui
projettent vers le corps genouillé latéral (CGL) sont cholinergiques.
L'activité PGO survient dans la grande majorité des neurones de la
formation réticulée, dans le thalamus (noyaux intra-laminaires), et dans
les aires corticales. L'activité du générateur PGO semble intéresser
tout l'encéphale. En effet, si l'on introduit une microélectrode dans
n'importe quel endroit du cerveau, on a environ 60% de chances
d'enregistrer l'activité unitaire d'un neurone modulée par l'activité
PGO. Cette stimulation entraine l'excitation des systèmes sensoriels
(Pulvinar : noyau relais de l'aire du schéma corporel & CGL :
afférences visuelles) et des systèmes moteurs (neurones pyramidaux de
l'aire motrice). Des influx descendants moteurs (faisceau pyramidal)
vont donc répondre à ces stimulations et gagner la moelle épinière pour
déclencher des gestes et des comportements.


           

           
ATONIE POSTURALE

            Un
deuxième mécanisme entre alors en jeu, qui bloque, par une inhibition
descendante puissante, les motoneurones spinaux. Le déclenchement de
l'atonie posturale est commandé par un petit groupe de neurones de
taille moyenne, situés dans le
LC alpha
et sur sa partie interne (péri-LC alpha). Ces neurones sont
cholinoceptifs. Il existe donc nécessairement des neurones
cholinergiques dont l'excitation est essentielle dans l'apparition et le
maintien du sommeil paradoxal (neurones SP-on cholinergiques). Les
neurones bulbaires du
noyau réticulé magnocellulaire
(MC), dont certains ont une activité tonique spécifique du sommeil
paradoxal (SP -on), sont les afférences cholinergiques principales des
noyaux LC alpha et péri-LC alpha. Les neurones du LC alpha et du péri-LC
alpha sont silencieux pendant l'éveil, commencent à devenir actifs
quelques minutes avant le sommeil paradoxal pour atteindre un taux de
décharge maximal pendant le rêve. Leur activité cesse à la fin de chaque
phase de rêve. Ces neurones activent les neurones bulbaires du noyau
magnocellulaire. Les neurones bulbaires du MC activent les
interneurones inhibiteurs spinaux
(glycine), provoquant ainsi une inhibition puissante des motoneurones
spinaux. Seuls échappent à cette inhibition les noyaux oculomoteurs et
les motoneurones respiratoires (commande inspiratoire du diaphragme).

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