dimanche 9 janvier 2011

Témoignages : rêves prémonitoires



Le rêve est une manifestation psychique et fugitive de l'inconscient survenant durant notre sommeil et dont nous gardons partiellement le souvenir au réveil.
Il surgit de préférence dans la phase du sommeil paradoxal, au cours duquel il semblerait que notre système nerveux soit déconnecté de l'extérieur.
Le rêve est aussi nécessaire à notre équilibre biologique et mental que le sommeil, les aliments ou l'oxygène. Il est notre régulateur de tension psychique, l'exutoire de notre stress, de nos problèmes réprimés durant la journée.
Mais le rêve peut être davantage encore par sa faculté visionnaire, voire prémonitoire. Il nous suggère des solutions, nous indique entre mille la voie à suivre, résorbe notre trop plein de problèmes.

 
Chaque nuit, nous rêvons 2 heures

Chaque nuit, à la fois acteurs et spectateurs, nous passons près de deux heures en compagnie de nos rêves, sans pouvoir exercer aucun pouvoir sur eux, vivant passivement une prodigieuse aventure. Le rêve occupe près d'un douzième de notre existence et un homme de soixante ans aura rêvé en dormant un minimum de 5 années!
Les rêves ont toujours fasciné les hommes qui, à toutes les époques, tentèrent de les déchiffrer. Dans notre histoire, les clés des songes se comptent par milliers. Depuis le XIXe siècle, la science s'y est intéressée et l'analyse scientifique remplace peu à peu les voyants et les empiriques.

 
Psychanalyse

Freud, pour qui les rêves sont l'expression, voire l'accomplissement de nos désirs refoulés, ajoute que leur interprétation est la voie royale pour parvenir à la connaissance de notre âme.

Pour Carl Gustav Jung, ils sont l'autoreprésentation spontanée et symbolique de la situation présente de notre inconscient. Le psychiatre Jean Sutter définit le rêve comme «un phénomène psychologique se produisant pendant le sommeil et constitué par une série d'images dont le déroulement figure un drame plus ou moins suivi d'effet.»

Hiéronymus Zermac, le sage de l'Engadine, affirme que le rêve permet à l'homme d'accéder à un univers parallèle où les valeurs du monde habituel n'ont plus cours.

 
Julien Green note dans son Journal (mars 1938) :

Un des plus beaux récits de rêve prémonitoire est celui-ci, que j'ai entendu raconter à plusieurs reprises. Une femme rêve qu'elle est tirée de son sommeil par une voix qui l'appelle de la rue. Elle se lève et court à la fenêtre : devant la maison un corbillard est arrêté. Le cocher porte un bandeau sur l'œil. Il regarde la femme et lui demande : «Êtes-vous prête?» Elle fait signe que non, et recule. Au même instant, elle s'éveille.
Quelque temps plus tard, elle se trouve au troisième ou quatrième étage d'un grand magasin et attend l'ascenseur avec plusieurs personnes. L'ascenseur arrive, presque plein. Le garçon fait glisser la porte; il porte un bandeau sur l'œil. La femme laisse entrer tout le monde et demeure immobile. «Eh bien! Madame, demande le garçon, êtes-vous prête?» Elle fait signe que non, et recule. L'homme referme la porte et l'acenseur commence à descendre. Quelque chose se rompt; cette grande boîte et tout son contenu vont s'écraser sur le sol...


Témoignage: Rêves prémonitoires
Prédictions de mon arrière grand-mère

A 96 ans, mon arrière grand-mère est considérée par toute la famille comme un tant soit peu gâteuse, à commencer par ses enfants, appartenant eux aussi au troisième âge.

Même mes parents prétendent qu'elle radote! Or moi, son arrière-petite fille, je sais qu'il n'en est rien. J'adore mon aïeule à qui je suis à peu près la seule à rendre visite chaque semaine et à gâter dans la mesure de mes moyens. Aveugle, elle végète dans un centre pour personnes âgées, dont je dirais que c'est un véritable "mouroir"!

Or il n'est pas plus lucide qu'elle!

A part ses rides et son handicap, elle a une santé de fer, un caractère serein, une nature franche et ouverte. C'est à chaque fois une joie pour moi de passer quelques heures auprès d'elle, de marcher à ses côtés en lui offrant l'appui de mon bras. Sa préférence va aux promenades dans la nature, car sa cécité a vigoureusement développé ses autres sens, en particulier l'ouïe et le toucher.

A cent mètres d'un chêne, elle le "reconnaîtra" à la vibration de ses feuilles. Elle me dit le nom de l'arbre dont elle touche l'écorce, m'annonce une fleur à son parfum, prédit le temps qu'il fera au degré d'humidité de l'air, etc.

Mais ce que j'aime le plus en elle, ce sont ses récits du temps jadis, où elle me raconte la vie d'autrefois. Parfois, elle entrecoupe sa narration en me disant par exemple, tiens! j'ai rêvé cette nuit que le chien de Viviane est mort!

Viviane est ma tante et hier encore son teckel était bien vivant. Or j'apprendrai trois jours plus tard qu'elle a perdu son chien.

Un autre exemple, il y a quelques mois, au mois de mai, Tatie me dit que mon frère Marc aura son bac avec mention!

Or, Marc est un paresseux qui ne travaille que par à-coups, et qui a toutes les chances de rater ses examens et de redoubler sa terminale. Mais à notre surprise à tous, Marc passa brillamment son bac et obtint effectivement une mention.

Il y a deux mois, elle me dit que nous allions voir apparaître une petite sœur de plus dans la famille et que ça ferait du ramdam!

Cette fois, je ne fus pas loin de penser moi aussi que l'aïeule radotait! Or, une semaine plus tard, on sonna à la porte de notre appartement, et une ravissante jeune fille timide apparut dans l'encadrement et demanda à parler à mon père.

Après un long concialiabule dans son bureau, mon père reparut, gêné, tenant la jeune fille inconnue par le bras, et nous la présenta comme Martine sa fille naturelle... notre demi-sœur! Juste avant sa mort, sa mère lui avait confié le secret de sa naissance et de ses origines.

Je pourrais vous relater vingt prémonitions stupéfiantes de mon aïeule, dont l'une me toucha de très près. Voici une semaine, Tatie me dit:

- Ne t'en fais pas Josy! Jean n'était pas le bon!

Comme frappée à vif, je lui demandais des explications, elle me précisa:

- Il te trompe avec ta meilleure amie et te quittera sans prévenir car il est lâche! Mais ça ne lui portera pas chance!

Stupéfaite, au bord des larmes, (Jean est mon fiancé et nous devons nous marier au printemps prochain), je balbutiai:

- Pourquoi dis-tu cela?

- Je l'ai vu en rêve!

Je rentrai chez moi bouleversée et téléphonai à Jean qui vivait chez ses parents. Gênée, sa mère me dit: "Il ne vous a pas écrit?"

- Non!

- Il est parti en voyage dans le midi avec un groupe de spéléos!

- Il ne m'a rien dit!

Quelques jours plus tard, j'apprenais par la presse que l'on avait retrouvé son corps et celui de trois autres camarades dont mon amie Flo, au fond d'un gouffre du Montenegro.

Josiane Martin - Nantes

  Chez certains êtres sensibles et prédisposés, le rêve est capable de dévoiler l'avenir proche. Peut-être pourrons nous expliquer cela plus tard, lorsque nos connaissances auront progressé.
Si le rêve exprime parfois nos aspirations profondes et s'il lui arrive de les accomplir, il nous satisfait rarement. Le bonheur qu'il nous procure est intense et fugace. Il cœxiste souvent une angoisse latente dans nos songes, une frange de frustration, de désirs inassouvis.

Pourtant, il arrive qu'un rêve nous propulse au sommet de la grâce, nous permette d'accéder à la plénitude absolue, nous donne la sensation sublime d'être au cœur des choses. Le réveil alors et ses réalités prosaïques, nous laisse un goût de paradis perdu.

 
Témoignage: Le Rêve et la Psi.
Amateurs de rêves

Depuis deux ans, avec des amis, nous occupons nos loisirs à nous raconter et à étudier nos rêves, à flirter avec la précognition onirique et la parapsychologie.

Amateurs, pas du tout spécialisés dans une science quelconque, nous ne sommes équipés d'aucun appareil et avons mis au point nos méthodes d'analyse et de contrôle sans influence extérieure.

Parmi la douzaine de membres de notre groupe, au moins trois personnes (dont moi-même) sont absolument matérialistes, très peu crédules ou influençables. Or, les résultats positifs, sur plusieurs centaines d'expériences, ne sont pas négligeables. J'en arrive moi-même à dire: "Il y a quelque chose, même si je ne sais pas quoi!"

Ainsi, réunis en communauté dans la propriété de l'un d'entre nous, il fut décidé que je choisirais seul, chaque jour une reproduction de tableau célèbre ou un poster de grand format que j'enfermerais dans un cartable à dessins et que je placerais dans ma chambre.

Chaque participant devait penser très fort à cette image afin d'essayer de la retrouver en rêve.

Or, la première nuit je choisis une rose de Redouté, la seconde nuit La Joconde, et la troisième une reproduction de la façade de Notre-Dame de Paris.

Si la plupart n'eurent pas de rêve significatif, trois d'entre nous eurent des songes intéressants.

Laure H. rêva la première nuit qu'elle se promenait dans un jardin embaumé par des roses.

Marie-Pierre S. raconta qu'il cueillait des fleurs.

Patrick G. qu'il était peintre et peignait un bouquet de roses.

Monique L. qu'elle assemblait des roses en bouquet lorsque un minuscule serpent la piqua. Au cours de la seconde nuit, Gilbert A. rêva qu'il faisait l'amour avec une très belle femme au sourire mystérieux.

Babeth Z. rêva qu'elle visitait le musée du Louvre.

Mon épouse (qui n'était absolument pas dans la confidence des sujets choisis par moi seul) rêva que je la trompais avec la Joconde.

Au matin de la troisième nuit, Jean-Paul M. nous dit qu'il avait rêvé toute la nuit de gargouilles et de monstres grimaçants. Pierre S. qu'il se promenait sur les quais de la Seine à travers le vieux Paris, Bernard K. rêva qu'il était un chevalier et participait à un tournoi sur une place d'une ville hérissée de tours et de flèches gothiques, devant une église immense.

Gisèle M. nous raconta frissonnante comment, dans un cauchemar, Quasimodo l'emportait dans les tours de Notre-Dame.

Je vous rapporte cette expérience telle que je la notai le plus fidèlement possible. J'aimerais que des lecteurs de la revue refassent cette expérience selon le même protocole.

Jean-François Donnart - Vincennes.

 
Témoignage: Rêve prémonitoire
Marie-Jeanne

Il y a quinze jours je rêvai une nuit que ma fille Marie-Jeanne qui habitait le Dauphiné, courait derrière moi et, me plaqua soudain deux mains glacées sur les yeux, me demandant qui elle était.

Je répondis: - Marie-Jeanne, évidemment!

En me retournant pour l'embrasser, je vis avec effroi le teint blafard et les traits tirés de ma fille qui semblait complètement épuisée. Ses mains violacées, recroquevillées, squamées par le gel, son regard hagard me disaient qu'elle était en état de choc grave.

A mon réveil, impressionnée et angoissée par mon rêve, j'en parlai à mon mari, puis j'appelai ma fille au téléphone pour me rassurer. Mais je n'arrivai pas à obtenir la ligne. Je tentai vainement de la joindre à son bureau. Une standardiste me dit que par suite d'encombrement il me faudrait rappeler ultérieurement.

Aux nouvelles de midi j'appris par la télévision que de fortes chutes de neige rendaient la région Rhône-Alpes impraticable, immobilisant des centaines de voitures sur les routes, coupant les lignes électriques et le téléphone.

Elle arriva deux jours plus tard, complètement épuisée, ayant passé une nuit dans la voiture bloquée par la neige. Son visage et les mains couvertes de pansements souffraient de fortes engelures.

 
Mme Angèle Barrault - Corbeil.

 
Témoignage: Rêves prémonitoires
J'ai peur de mes rêves

Il y a quelques mois je subis une intervention chirurgicale douloureuse suivie de complications et de deux autres interventions. Je restai plus d'un mois à l'hôpital et j'en ressortis très affaiblie, au bord de la dépression nerveuse.
Dès que je fus de retour à la maison, je passai des nuits terribles, peuplées de cauchemars. Il faut dire qu'avant mon opération mon ménage n'allait déjà pas trop bien et que jamais mon mari ne vint me visiter.
Le médecin qui me suivait me dit qu'il était habituel que les anesthésies que j'avais subies provoquent durant quelques semaines ces séquelles, et il me prescrivit du valium.
Or, une nuit je rêvai que mon mari me quittait. Affolée, je me réveillai en proie à la plus vive angoisse.
Un mot se trouvait sur la table de nuit où il m'annonçait son départ, me disant qu'il me laissait tout.
Quelques jours plus tard, je vis en rêve mon fils Jacques rouler comme un fou à bord de la voiture que lui avait prêtée un de ses amis.
J'étais à son bord, sur la banquette arrière, essayant de le calmer, le suppliant de rouler moins vite. Mais il ne tenait aucun compte de ce que je disais et la voiture se mit à zigzaguer dangereusement sur la route avant de percuter un arbre, de se renverser dans un champ après plusieurs tonneaux.
L'accident me réveilla. En sueur, je me dressai sur mon lit, terrorisée, regardai machinalement l'heure: trois heures du matin. J'allai à la chambre de mon fils. Il n'était pas rentré. Je n'arrivai pas à me rendormir. Vers huit heures du matin, les gendarmes m'appelaient pour me prévenir qu'il était arrivé un malheur à mon fils.
Depuis, j'ai également fait quelques rêves moins macabres. Une nuit je rêvai que ma fille Josiane était enceinte. Comme elle n'était pas mariée, cela m'angoissa tout de même, car, très instable, elle n'avait pas de travail fixe.
Or, lorsque je la questionnai à ce sujet, elle me traita de folle.
Pourtant, quelques semaines plus tard, je découvris par hasard dans sa chambre une lettre d'une de ses amies lui donnant l'adresse d'un médecin qui accepterait de lui prescrire une I.V.G.
Je rêvai encore que j'allais avoir une forte rentrée d'argent. Un mois plus tard, une de mes tantes décédait et j'étais son unique héritière.
Avant hier j'ai vu en rêve un énorme incendie. Or le lendemain, dans ma rue, un hôtel vétuste brûlait de fond en comble entraînant la mort de plusieurs personnes.
Marie Malavoine - Paris

  Chez certains êtres sensibles et prédisposés, le rêve est capable de dévoiler l'avenir proche. Peut-être pourrons nous expliquer cela plus tard, lorsque nos connaissances auront progressé.
Les physiologistes se sont attaqués à la citadelle du rêve avec toute la puissance de leur technique et ils ont fait une découverte imprévue: au cours du sommeil, c'est au moment où l'électrœncéphalogramme ressemble le plus à l'état de veille que le sujet est le plus isolé du monde extérieur.
Imprévue, puisque le rêve apparaît dès lors comme une sorte d'éveil sur le monde intérieur, situation si insolite que les spécialistes, faute de mieux, lui ont donné le nom de "phase paradoxale".
Eveil sur le monde intérieur, activité diffuse du système nerveux central malgré la privation du tonus musculaire et des perceptions sensorielles. Dans cette sorte d'isolement s'installe une conscience libérée des contraintes ordinaires.
 
Témoignage: Prémonition
Mes rêves sont-ils prémonitoires ?

Un jour où je faisais le ménage dans la maison, j'entendis un grand bruit, à l'étage. Je suis allée voir, et dans ma chambre, je trouvai la table de chevet renversée. Les cadres de la gravure de sainte Thérèse et de la photo de mon mariage gisaient brisés sur le parquet.
Surprise, j'ai vérifié les pieds du meuble, ils étaient intacts. Je suis allé voir mon jeune fils, il jouait tranquillement dans sa chambre.
A partir de là, plusieurs événements dramatiques et dont j'ai beaucoup souffert se sont succédés.
D'abord, un soir de décembre où je me trouvais seule au salon, les programmes de télévison terminés, prête à aller me coucher, je ressentis soudain un profond malaise.
A minuit quinze exactement, le téléphone sonne. C'est ma mère qui m'annonce la mort subite de mon père.
Quelques mois passent et un matin d'octobre, assise dans la cuisine, je n'arrive pas à détacher les yeux de la pendule qui indique huit heures dix. Là encore je ressens une sorte de malaise indéfinissable. La journée passe, bien remplie par les soins ménagers.
Le soir arrive. Un coup de fil m'apprend que ma sœur s'est suicidée le matin même en se jetant sous le train de huit heures dix!
L'année suivante, alors que je me promène dans la rue, un corbeau ne cesse de tourner autour de moi comme s'il voulait attirer mon attention.
J'essaie de le chasser, mais il n'a pas peur. Il me regarde comme s'il avait quelque chose à me dire. La nuit suivante, je fais un rêve étrange: ma famille et moi sommes réunis autour d'un cercueil fermé, dans une jolie chapelle gothique. J'ignore qui se trouve là-dedans car je me réveille en sursaut, très mal à l'aise.
Je raconte ce rêve à mon mari qui me dit que ce sont des bêtises.
Or, quelques jours plus tard, mon beau-père meurt d'un arrêt du cœur et nous nous retrouvons, toute la famille réunie pour de vrai, autour d'un cercueil, dans une chapelle tout à fait semblable à celle de mon rêve!
Les mois passent.
Un jour de juin, je finissais de préparer le repas en présence de mon fils cadet qui aimait bien m'aider à la cuisine.
Soudain, je ne sais pourquoi, j'eus comme un éblouissement et je dis machinalement, comme si cela allait de soi:
- Je sens que O. va se tuer en moto!
- Tu es folle maman! Pourquoi dis-tu ça? répliqua mon fils.
A peine avais-je prononcé cette phrase, dans un état second, que je revins à moi et que je la regrettai.
- Oublie ça! Je radote! Ce n'est rien! lui dis-je en l'embrassant.
Or, deux heures plus tard, le téléphone sonne encore et l'on m'annonce le suicide de mon frère.
Il venait de se jeter dans le vide, avec sa moto, du haut d'un pont. La chute de 85 mètres le tua sur le coup. Ce drame me fit très mal, entraînant une dépression nerveuse qui dura près de deux ans.
A la clinique où l'on me soigna, j'eus un autre rêve prémonitoire: Je marchais seule sur une route de campagne. En levant la tête je vois un avion en feu. Alors je tends les bras vers lui et je reçois une petite fille que je sauve de la mort. C'est la seule rescapée de l'accident.
Quelques jours plus tard, dans les journaux, je lis qu'un avion vient de s'écraser et que seule une jeune fille avait miraculeusement survécu!
Tout ceci est la vérité, et j'ai des témoins pour le confirmer. Je ne cherche pas du tout à faire du sensationnel, mais il est vrai que je me pose des questions.
Laure Marion - Gargenville.

 
Témoignage: Le rêve et la réalité
Un rêve porte bonheur

Un soir en pleine adolescence, après une journée où tout était allé de travers, je me sentais mélancolique et malheureux. Je baignais dans une sorte de spleen angoissant, abandonné de tous au fond d'un trou de solitude intolérable et à deux doigts du suicide. Mais sans savoir pourquoi, dans le tréfonds de moi-même, je m'accrochais à la vie.
La phrase de Gœthe que notre professeur de français nous avait demandé d'expliquer un jour déjà lointain, émergea des profondeurs de mon désespoir:
"La vie a le goût du bonheur jusque dans le malheur".
Je répétai cette phrase à plusieurs reprises et je m'efforçai de croire que la vie avait le goût du bonheur en appliquant la méthode Coué...
Oui, mais c'était quoi le bonheur? Ma vie n'avait plus de sens, j'étais sans un sou, sans domicile fixe, sans travail, sans amis.
Cette petite phrase anodine me décida pourtant à me reprendre. Je m'allongeai sur un banc public, les yeux au ciel à regarder passer les nuages et me décontractai.
Peu à peu la brise qui chassait les nuages balaya mes idées noires et, à travers les rameaux d'un bel arbre qui étendait ses bourgeons au-dessus de ma tête, en fermant les yeux, je me récitai mentalement un poème de Rimbaud:   "Je m'en allais, les poings dans mes deux poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

  Mon unique culotte avait un large trou...
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou..."

 
A travers ces vers nostalgiques je parvins si bien à imaginer le bonheur que je m'endormis sur mon banc et me mis à rêver... Mon rêve se peupla d'images merveilleuses.
Entouré d'amis fidèles et chaleureux, je chantais et jouais de la guitare, improvisant des vers; d'adorables et belles jeunes filles me tenaient compagnie; nous échangions des baisers fous entre deux chansons, la vie était belle.
Debout au milieu de ce cénacle, j'en étais le point de mire et tous buvaient mes paroles et m'admiraient. Je me sentais heureux, si merveilleusement à l'aise, en communion avec les êtres et les choses que je m'approchai d'un chevalet, me saisis d'un pinceau et me mis à peindre comme un fou, un visage étrange et si beau que j'en pleurais de joie au milieu du cercle de mes amis éblouis par mon œuvre.
Lorsque je me réveillai sur mon banc, le blue jean's troué, les chaussures béantes, le corps crasseux, je me souvins si bien de mon rêve dans tous ses détails, que je le pris pour un signe du destin.
Je me levai, pas déçu du tout de me voir dans l'état lamentable où je me trouvais, et décidai de la transformer en réalité.
Saisissant ma vie d'une main et mon rêve de l'autre je prospectai la ville à la recherche d'amis aussi démunis que moi. Je m'associai avec un guitariste tzigane et nous nous mîmes à chanter dans les rues et dans les couloirs du métro.
Nous fîmes la connaissance d'une jeune fille qui faisait la manche. A nous trois, nous réussissons à intéresser un bistrot qui accepte de nous laisser chanter dans son établissement.
Au bout de quelques mois ce n'est pas l'aisance, mais ce n'est déjà plus la cloche. Nous dégottons deux chambres de bonne et je m'achète des toiles, des couleurs et des pinceaux.
Quand je ne chante pas avec mes amis, je vais peindre dans la rue, des toiles vraiment naïves. Je n'ai jamais appris le dessin sinon à l'école primaire. Au bout de deux mois je vends ma première croûte ce qui me permet d'acheter un chevalet. Puis une deuxième!
A partir de là, tout alla bien pour moi, de mieux en mieux. Et ce fut à mon rêve que je le dois. Aujoud'hui je suis connu, j'ai de nombreux amis, une femme qui ressemble au portrait que je peignis dans mon rêve, je joue, je chante, je peins et nage dans le bonheur!
Marc Lavanchy - Boulogne.

 
Témoignage: Le rêve et la réalité
Un rêve porte bonheur

Le psychanalyste Claude Tedguy qui rapporte dans son ouvrage comment utiliser et comprendre vos rêves une anecdote sur sa vie personnelle très proche de la vôtre, affirme que si «l'on ne se conditionne pas très tôt à un état d'être, à une forme de comportement, à une manière de dire et de voir, il risque de ne rien se passer et notre vie nous semblera bien ennuyeuse et sans intérêt.»
Il ajoute que «rien d'extraordinaire ne peut arriver aux êtres, s'ils ne l'ont pas désiré fortement, autrement dit, s'ils ne l'ont pas rêvé... Désir puissant, viscéral, allant jusqu'aux limites de la raison, de la réalité et de l'illusion.»
 
Témoignage: Rêve prémonitoire
L'accident

Nous dormions depuis une heure, lorsque les plaintes de mon épouse me tirèrent du sommeil. Laurence s'agitait, et des larmes ruisselaient sur son visage. Un cauchemar sans doute?
Comme elle paraissait souffrir, je la réveillai doucement. Elle mit longtemps à émerger, ouvrant sur moi de grands yeux effrayés. Je m'employai à la réconforter, lui disant que ce n'était qu'un mauvais rêve.
Elle finit par se calmer, mais ce ne fut pas sans difficultés. Tandis que je serrais son corps apaisé dans mes bras, elle me raconta son rêve abominable.
«Je marchais au bord d'une route de montagne lorsqu'une grosse voiture lancée à pleine vitesse surgit, dérapa dans un virage, à l'instant où Toby voulait traverser. Complètement paniquée, je le retins du mieux que je pus, mais il tirait si fort que je me sentis entraînée à sa suite et que nous allions nous faire écraser...»
Toby était le nom que notre fils Gil avait donné à son jouet préféré, un chien en peluche, qui ressemblait à Boby, notre caniche.
«Dans mon rêve, dit Laurence, il ne s'agissait plus d'un jouet. Je sentais qu'il fallait absolument que je sauve Toby...»
- Tu vois bien chérie, dis-je, que ce rêve n'a ni queue ni tête! Il ne faut pas prendre tout ça au tragique! Allez, on dort!
«Mais non, maintenant j'ai peur!»
Mue par une appréhension incompréhensible, Laurence se leva, alla voir dormir notre fils dans la chambre voisine.
«Dieu merci! dit-elle en revenant, il dort profondément.»
Comme je ne voyais pas le rapport entre Gil et son rêve et que je le lui dis, Laurence haussa les épaules.
«C'était "son" chien en peluche que je voulais sauver!»
 
Nous passons une très mauvaise nuit.
 
Laurence ne parvenait pas à se rendormir malgré tout ce que je pus lui dire pour la rassurer. Aucun de mes arguments ne parvint à convaincre ma femme que son rêve n'avait aucune signification précise.
 
Les jours passent. Nous ne parlons plus de ce cauchemar.
 
Un mois plus tard, c'étaient les grandes vacances et Laurence se trouvait en Bretagne avec Gil, alors que mon travail me retenait à Paris. Je ne pouvais les rejoindre qu'aux week-ends.
 
L'accident me fut rapporté par les gendarmes.
 
Mon épouse se promenait sur une petite route de campagne, sinueuse, en compagnie de Gil et de Boby. Le chien, apercevant un chat dans un pré, de l'autre côté de la route, s'élança pour la traverser, au moment où survenait une voiture. Gil, courut après son chien. Consciente du danger, Laurence se précipita à son tour, afin de retenir l'enfant.
L'automobile les percuta avec violence et tous deux furent tués sur le coup. Boby qui avait réussi à atteindre l'autre côté de la route était sauf.
 
Il est là, couché près de moi, et soupire dans son sommeil peuplé de rêves, tandis que j'écris ce témoignage de la tragédie qui brisa ma vie.
 
Quant à Toby, le chien de peluche, je l'ai donné aux Compagnons d'Emmaüs, en même temps que toutes les affaires de ma femme et de mon fils.

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