mercredi 19 janvier 2011

Rêve de Renata


 
La toile de l’araignée noire

[ ...] le cauchemar, cette pensée du viol de l’étudiante dans le dortoir d’un kibboutz, était-ce là l’image qui l’avait tenaillée pendant ces quelques instants où elle s’était endormie, peu de temps après que l’Antillais eut pris la fuite, qu’elle eut entendu le bruit mat de la goutte de pluie, sur la feuille du palmier, pendant cette courte somnolence, n’avait-elle pas rêvé qu’une araignée noire tissait sa toile sur son sein gauche, et en se réveillant, elle avait pensé, c’est ainsi que l’étudiante a ressenti cet étirement de la toile que formaient les onze jeunes gens, toutes ces fibres, ces membranes étrangères sur son corps, c’était entre les murs glauques de la maison louée, quand étincelaient dans l’aube les fleurs d’une végétation luxuriante, l’araignée noire tissant encore sa toile sur son sein gauche [ ...]

Marie-Claire Blais
Soifs
Québec   1995 Genre de texte
roman
Contexte
Ce rêve se situe au tiers du roman. Renata, une avocate dédiée à la défense des pauvres, des minoritaires et des femmes, est en convalescence sur une île aux abords du golfe du Mexique. Les injustices contre lesquelles elle lutte la poursuivent jusque dans ses rêves.
Notes
Kibboutz : mot hébreu qui signifie collectivité et qui désigne une exploitation agricole de forme coopérative en Israël. L’Antillais : homme rencontré lors de soirées au casino. Un soir, il se rend à la demeure de Renata et la viole.
Texte témoin
Soifs, Montréal, Boréal (Compact), 1997, p. 120.
Édition originale
Soifs, Montréal, Boréal, 1995. Ce roman constitue le premier volet d’une trilogie.

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