mercredi 12 janvier 2011

LE RETOUR DU RÊVE EN COSTUME DE REFOULE



Fut-ce pour mieux marquer le début d'une ère nouvelle que l'éditeur de Freud data de 19OO son "Traumdeutung" (l'Interprétation des Rêves), publié en fait dès 1899 ? Comme s'il voulait dénoncer un XIXème siècle pétri de certitudes scientistes, Freud y réfutait, par le biais de l'analyse des rêves, les tentatives des physiologistes d'objectiviser les phénomènes humains par des observations faisant fi de leur sens.
Car c'est bien de sens dont il s'agit, comme l'affirmait Freud dès les premières lignes de son avant-propos : "Je me propose de montrer dans les pages qui suivent qu'il existe une technique psychologique qui permet d'interpréter les rêves. Si on applique cette technique, tout rêve apparaît comme une production psychique qui a une signification et qu'on peut insérer parfaitement dans la suite des activités mentales de la veille."
Aux yeux de Freud, ses prédécesseurs immédiats avaient dénaturé le rêve. En partant du principe que l'apparente absurdité de ses images ôtait toute valeur à son contenu, ils avaient oublié celui-ci en chemin et réduit l'onirisme à un phénomène purement physiologique. Pour Freud, cette absurdité était précisément l'un des éléments constitutifs du rêve, le résultat d'une codification qui s'avérait au contraire pleine de sens, une fois mise à jour.
Il est encore courant, et souvent de bon ton, de critiquer Freud pour le dogmatisme avec lequel il fit de la sexualité l'unique moteur des processus inconscients. On lui reproche également de s'être montré aussi imprécis que ceux qu'il critiquait, en rattachant des objets rêvés pourtant fort disparates à un symbolisme qui ne fait guère cas de leur nature propre. Assimiler tout objet saillant au phallus permet mal en effet de comprendre pourquoi un individu rêve de couteau et un autre de montagnes.
De nombreuses raisons devraient cependant inciter les farouches détracteurs du freudisme à ne pas rejeter totalement sa conception du rêve. Elle a structuré toute la pensée moderne sur le rêve et a servi de base à son évolution. Qui dirait aujourd'hui le rêve totalement absurde, quel rêveur ignore qu'il lui parle de lui-même ? Le freudisme réconcilia l'âme moderne avec l'idée antique selon laquelle le rêve est susceptible d'apporter une connaissance, mais il en inversa les courants. Ce renversement fut d'abord temporel, faisant du rêve un témoin du passé plutôt qu'un messager de l'avenir. Une inversion également spatiale, pourrait-on dire, transforma en un produit exclusif de la psyché humaine le rêve autrefois offert par les esprits, les dieux ou les démons. Cela participait du large mouvement qui, niant la transcendance, voyait en l'individu le centre solitaire de tout. Les découvertes sur le rêve créatif, l'inconscient collectif ou les états modifiés de conscience rendent aujourd'hui sans doute la théorie freudienne un peu trop restrictive. Elle eut au moins le mérite de rendre les humains propriétaires de leurs rêves. L'interprétation devenait un outil dans la connaissance du psychisme. S'en servir n'impose pas d'adhérer à tous les fondements de la psychanalyse et s'applique aussi bien à la recherche sur soi-même qu'à une démarche thérapeutique.

D'OU VIENT LE RÊVE ?

Pour les psychologues prédécesseurs de Freud, le rêve constituait un phénomène absurde, purement physiologique, résultant de l'excitation du cerveau par des stimuli externes, internes ou somatiques.
Alfred Maury, par exemple, déduisit de son célèbre rêve de la guillotine sa théorie des stimuli externes. S'étant éveillé soudainement d'un rêve au cours duquel il était victime de la Terreur révolutionnaire, il s'aperçut que la barre de son lit lui était tombé sur la gorge, et en conclut que le choc l'avait conduit à rêver qu'on lui tranchait la tête. Il se livra à une série d'expériences, pas toutes très concluantes reconnut-il d'ailleurs, destinées à prouver que les rêves sont le fruit d'événements extérieurs, bruits, changements de température, excitations tactiles ou olfactives. Admettre cette hypothèse, rétorquait Freud, n'explique pas pourquoi la sonnerie du même réveil-matin peut conduire à rêver une nuit à une cloche d'église, le lendemain aux grelots d'un attelage, ou encore à la chute d'une pile d'assiettes sur le sol !
La thèse des stimuli internes ne le satisfaisait pas non plus, car elle revenait à réduire les images du rêve aux hallucinations hypnagogiques de l'endormissement. Savoir que le cerveau peut transformer les poussières de la paupière en oiseaux bariolés ou qu'un affamé rêve plus souvent de nourriture qu'un être bien nourri n'éclaire ni le contenu du rêve ni son déroulement.
Les stimuli somatiques jouaient un grand rôle dans l'explication physiologique du rêve. La médecine du XIXème siècle les prenait très au sérieux, et reliait avec précision rêves et maladies. Le Larousse Universel de 1879 terminait sa liste des symptômes oniriques, qui aurait enchanté Hippocrate, en affirmant que "de toutes les affections, celles qui amènent avec elles les plus épouvantables cauchemars sont celles du coeur et des gros vaisseaux du cerveau et de l'appareil respiratoire".
On imagine sans peine l'embarras de Freud, lui-même médecin, face aux certitudes de son époque. Le Larousse qui les résumait comparait le rêve à "l'état de rêverie", aux "images séduisantes connues sous le nom de châteaux en Espagne", et terminait l'article dédié au rêve en concluant que "la psychologie est beaucoup moins avancée que la physiologie en ce qui touche l'explication des causes et du développement des rêves, et les données qu'elle fournit n'ont aucun caractère scientifique; ce sont de pures hypothèses qui n'ont, comme les rêveries de la psychologie, qu'une très mince valeur."
Freud n'était pourtant pas le seul à critiquer cette conception uniquement médicale, qu'il ne refusait pas mais trouvait insuffisante. D'autres auteurs, sans parler des pionniers solitaires comme Hervey de Saint Denys, attribuaient au rêve des sources psychologiques, telles que les préoccupations diurnes. Le génie de Freud fut de l'intégrer dans le système plus vaste de la psychanalyse, dont il venait de jeter les premières bases. Il constata que le rêve, par son absurdité, son mépris de la chronologie, ses confusions de personnes et de situations, présente de nombreuses similitudes avec les délires pathologiques, et il lui appliqua les techniques qu'il avait développées pour comprendre ceux-ci. Il en déduisit une véritable méthode d'interprétation, qui le conduisit à préciser la nature et le fonctionnement de l'onirisme.

UNE SCIENCE DE L'INTERPRÉTATION

Raconter son rêve, ou même y réfléchir, ne suffit pas selon Freud à comprendre ce qu'il est et ce qu'il cherche à dire. Il faut lui appliquer la technique de la libre association, base de la psychanalyse, qui consiste à reprendre chaque détail et à énoncer sans exception ni intention précise tout ce qui vient à l'esprit à son sujet. Le narrateur ne doit faire aucune critique, commentaire ou réflexion sur les "idées incidentes" que ces détails lui évoquent. L'auditeur doit rester muet. Rien n'indique d'ailleurs, dans "L'Interprétation des Rêves" ou le petit traité "Sur le Rêve" qui le résuma l'année suivante, que sa présence soit indispensable pour comprendre un rêve.
La pratique de la libre association montre tout d'abord que le récit des idées liées au rêve est toujours plus long, plus chargé en émotions et en significations que le rêve lui-même. Comme des fils de pensée, les associations s'enchevêtrent et se recoupent en une trame comportant des noeuds (les "points nodaux"), sorte de lieux de cristallisation des préoccupations inconscientes du rêveur. Aborder ces noeuds suscite souvent de sa part des réticences, qui le poussent à prétendre que ses associations n'offrent aucun intérêt, sont un fruit du hasard sans rapport avec le rêve. Les différences entre le contenu manifeste du rêve (son récit) et son contenu latent (les idées incidentes), les résistances que provoque la découverte progressive de celui-ci furent à la base de la théorie freudienne du rêve.
 
QU'EST-CE QU'UN RÊVE ?

Appliquée à ses propres rêves comme à ceux de ses patients, l'analyse des contenus latents démontraient selon Freud que le rêve est avant tout l'accomplissement d'un désir. Il en prenait pour preuve les rêves des enfants, chez qui l'absence de toute censure rend le message évident. Les adultes font parfois des rêves aussi clairs, pour satisfaire un désir immédiat, autorisé car non culpabilisant. L'assoiffé rêve qu'il boit, l'affamé qu'il festoie, le voyageur anxieux se voit déjà parvenu à bon port. Le plus souvent l'adulte, dont les désirs intimes ont été refoulés dans l'inconscient, les transforme en des rêves apparemment absurdes et cherche à éviter d'en prendre conscience au cours de l'analyse, par des résistances s'appuyant précisément sur cette absurdité. Désir et refoulement constituent donc pour Freud les bases de l'activité onirique. La nature du premier conditionne l'intensité du second, qui permet au rêveur de "vivre" son désir, sans se l'avouer puisqu'en le déformant, faute de quoi son sentiment de culpabilité provoquerait le réveil. En ce sens, écrivait Freud, "le rêve joue le rôle de gardien du sommeil". Il est aussi intimement lié à la mémoire, car désir et censure enchevêtrent des souvenirs dans leur jeu de cache-cache. Toujours présent dans le rêve, un résidu diurne déclenche le rappel de désirs plus anciens, que des téléscopages temporels contribuent à transformer en images acceptables, au sein d'un processus de codage dont Freud s'efforça d'éclairer les mécanismes.
 
 
CATÉGORIES DE RÊVES
 
"Nous diviserons les rêves en trois classes, selon leur comportement à l'égard de l'accomplissement du désir. D'abord ceux qui figurent sans voile un désir non refoulé; ce sont les rêves de type infantile, qui deviennent toujours plus rares chez l'adulte. Deuxièmement, ceux qui expriment, sous une forme voilée, un désir refoulé. (...) Troisièmement, les rêves régulièrement accompagnés d'une angoisse qui interrompt le rêve. L'angoisse est ici le substitut de la déformation du rêve." "Sur le Rêve" p. 118.
 
 
LE TRAVAIL DU RÊVE
Pour faire passer le barrage de la censure au désir qu'il cherche à exprimer et le transformer en un scénario tolérable, le rêve procède à une mise en scène que Freud divisa en quatre opérations distinctes.
En premier lieu vient la condensation, qui explique pourquoi le récit d'un rêve est toujours plus court que son analyse. Plusieurs idées ou images inconscientes sont comprimées en une seule représentation, par exemple celle d'un personnage composite possédant les traits physiques d'une personne connue du rêveur, le comportement d'une autre et le nom d'une troisième. A défaut de caractéristique commune, la condensation peut se faire par le biais du langage. Freud estimait en effet que l'onirisme considère les mots comme des objets réels. On donne à un lieu le nom d'une personne, on rassemble deux souvenirs en attribuant à une situation des propos tenus dans une autre occasion. L'emploi d'assonances verbales, de jeux de mots, rimes, lapsus, ou termes possédant plusieurs sens, voire même la création de mots étranges ou comiques permettent de regrouper en un seul élément des idées disparates. La condensation représentait pour Freud le procédé privilégié de la codification onirique, qui l'incitait à conseiller : "Là où, dans l'analyse, quelque chose d'indéterminé peut se résoudre par un ou bien - ou bien, on substituera à l'alternative un et pour l'interprétation, et on prendra chaque élément de cette apparente alternative comme point de départ indépendant d'une série d'idées incidentes."
La deuxième opération, appelée déplacement, permet de comprendre pourquoi le contenu latent d'un rêve semble si différent de son contenu manifeste. Grâce au déplacement, le rêveur censure les pulsions de son désir inconscient en transférant l'émotion qu'elles suscitent sur des éléments apparemment sans rapport ni importance. On passe un rêve entier à ergoter sur des bagatelles incompréhensibles revêtant sur le moment une importance extrême, alors qu'un détail apparemment infime se révèlera porteur de tout le sens du rêve. Le meilleur exemple de ce renversement des valeurs réside dans le choix, parmi les événements de la journée précédant le rêve, de la circonstance qui le déclenche. Elle paraît souvent très banale, mais l'analyse montre qu'elle rappelle souvent un autre événement plus ancien, plus riche émotionnellement, et bien plus significatif. Plus le déplacement est important, plus le rêve est confus. Il expliquait selon Freud pourquoi l'onirisme a suscité tant de mépris.
Le travail onirique ajoute la mise en scène au codage de la censure. Il s'agit en effet de recomposer en un scénario les idées latentes qui forment à la fois le coeur et la raison du rêve. Réduits à leur plus simple expression par la condensation, déformés par le déplacement, les fragments de pensée sont assemblés en images par un processus dit de figuration, dans lequel l'imaginaire propre à chaque rêveur rejoint la symbolique de la théorie freudienne de la sexualité. Des associations par ressemblance, juxtaposition spatiale ou temporelle permettent au rêve de traduire de façon visuelle des cheminements logiques privés des enchaînements rationnels que fournit d'ordinaire le langage. La contradiction, par exemple, se manifeste fréquemment par la transformation d'un élément en son contraire. Ainsi pour Freud tout non-sens patent cache une intention inconsciente : "L'absurdité signifie contradiction, sarcasme et dérision dans les pensées du rêve".
Malgré l'impression d'absurdité et de confusion que donnent de nombreux rêves, leur scénario adopte en général un minimum de cohérence, sinon de réalisme, ne serait-ce que dans le déroulement de chacune des séquences. On ne rêve pas d'une succession d'images sans suite ni rapport entre elles. Freud qualifia de secondaire ce processus d'élaboration, parce qu'il porte sur des éléments déjà transformés par les autres mécanismes (condensation, déplacement, figuration). Il intervient cependant au cours même du rêve et constitue un cryptage supplémentaire rendant l'analyse d'autant plus difficile qu'il apporte au rêve une logique interne pouvant détourner de son véritable sens. "Le rêve obtient ainsi une façade qui, cependant, ne recouvre pas partout son contenu," prévenait Freud qui dénonçait cette "tentative d'interprétation" et comparait cette cohérence apparente aux "fantaisies de désir" des rêveries diurnes.
Freud déduisit de son étude des modalités du travail onirique une conception du rêve qui semble s'opposer aux visions romantiques d'un onirisme exprimant les qualités supérieures de l'humain. En cela, il se situe paradoxalement dans la logique de son époque. "Le travail du rêve n'est pas créateur, il ne développe pas de fantaisie qui lui soit particulière, il ne porte pas de jugement, n'apporte pas de conclusion." Pour Freud, héritier du rationalisme, le rêve est une régression, seule l'analyse apporte sens et valeur. Pourtant, reconnaissait-il dans une note en bas de page, "il y a dans tout rêve de l'inexpliqué, il participe de l'inconnaissable".
 
 
 
L'ÉCOLE FREUDIENNE A L'ASSAUT DES RÊVES PRIMITIFS

Ce n'est pas pour rien que le plus connu des concepts freudiens s'appelle complexe d'Oedipe. Dès le départ, les peuples pré-scientifiques servirent de champ d'application aux théories freudiennes. Tout chez les "primitifs" semblait témoigner de l'omniprésence de la sexualité dans la symbolique humaine. Ainsi se constitua l'anthropologie psychanalytique, dont l'ambition était, nouvel avatar des prétentions occidentales, d'observer in vivo l'archaïsme des mécanismes inconscients. L'étude de l'onirisme indigène conduisit les émules du maître à élaborer le concept de "rêve de base", qu'ils déduisirent des nombreux rêves recueillis au cours de leurs voyages. Le sommeil est proche de la vie intra-utérine, confortable et isolant du monde. La conscience étant inactive, cette régression rencontre l'instinct de mort, contre lequel le corps se rebelle en rêvant. Le rêve provoque une tension érotique pour contrer l'anxiété qu'implique l'abandon des sensations venues du monde extérieur. Le shéma du rêve de base s'applique aux rêves de chute, d'envol et de dédoublement, si courants, selon les anthropologues psychanalytiques, chez les peuples pré-scientifiques. Il est à l'origine de l'animisme (le rêve est un voyage au monde des esprits), du chamanisme (certains en rapportent des pouvoirs), de l'extrême sexualisation des rites, des pratiques et des mythes, non encore soumis aux censures morales des sociétés modernes. L'importance que les cultures dites primitives accordent au rêve conduisit Géza Roheim, le chef de file de cette école, à conclure : "Il semble que dans le rêve réside l'une des sources les plus importantes de la culture humaine. La gigantesque structure imaginaire que nous avons édifiée au cours des siècles prend effectivement naissance dans nos rêves, ou plus précisément dans le besoin qu'éprouve l'être humain de raconter son rêve à un autre".
 
 
 
PARTAGE DES RÊVES ET THÉRAPIE FAMILIALE

"Chez les Esquimaux, l'ensemble des songes d'une même nuit dans un même igloo était considéré comme un seul discours tenu par la collectivité à travers chacun de ses membres", écrivait le psychanalyste Didier Anzieu, spécialiste de la psychologie des groupes. Ses travaux et l'étude des symbioses entre la mère et le nourrisson (cf. "à quoi rêvent les bébés"), ont donné naissance depuis deux décennies, principalement en France et en Italie, à la pratique de la thérapie familiale psychanalytique.
Reçue ensemble par un ou plusieurs thérapeutes, la famille se présente souvent elle-même comme un tout indifférencié, une sorte de psyché unique à plusieurs corps. Ses membres sont "unis, soudés", des causes purement objectives, chômage, déménagement, incompréhension et rejet de la part de l'entourage, expliquent tous leurs problèmes. Les rêves sont rares (leur apparition progressive constitue d'ailleurs pour le freudisme le signe de déclenchement du "travail" analytique). Ils symbolisent la confusion des rôles, par exemple entre parents et enfants, et font référence aux pôles opposés de l'osmose : baignades et groupes d'anges en communion parfaite, mais aussi noyades et monstres dévorants. Ils deviennent peu à peu plus nombreux, dénotant l'accession de la famille à de nouveaux stades de la cure, notamment au transfert. On rêve de médecins, d'inspecteurs, de chiens de garde, parfois des thérapeutes eux-mêmes.
D'associations libres en résistances, l'illusion groupale tend à s'estomper. Les différences surgissent, d'abord sexuées, puis personnelles. "J'ai rêvé que je sortais avec un garçon et que je me faisais gronder par maman", dit une jeune anorexique qui n'a jamais eu d'amis et vit dans une famille où toute mention du sexe est taboue. "J'ai rêvé qu'un taureau noir et furieux me poursuivait", raconte une maman fatiguée d'avoir à tenir le rôle du père. Souvent, un dialogue onirique s'instaure, direct ou indirect. On aborde en rêvant des discussions impossibles le jour, les rêves des uns reprennent et poursuivent les rêves des autres. Des rêves significatifs viennent aussi marquer la fin du processus : rêves de Belle au Bois Dormant, de grillages, de passages de frontières.
Un tel partage des rêves n'est pas sans danger. De nombreux psychologues considèrent comme contraire au but recherché l'exposition publique d'un bien aussi intime que la vie onirique. Les défenseurs font valoir leurs succès, et soulignent qu'au départ ces familles se caractérisent précisément par la pauvreté de leur activité imaginaire, source de plus grands dangers. Ils démontrent en tout cas que le rêve n'est pas étranger à l'évolution d'une famille vers l'autonomie de ses membres, et peut être salutaire lorsque des mécanismes inconscients tendent à s'y opposer.

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