Altération du développement psychomoteur chez le très jeune enfant, provoquée par un placement prolongé en institution (établissement de cure, hôpital, crèche, etc.) ou par une carence affective grave.
L'hospitalisme a été décrit par le psychiatre américain René A. Spitz en 1945. Comparant un groupe d'enfants élevés en prison par leur mère et un groupe d'enfants élevés en orphelinat, il constata que ces derniers, privés du contact maternel, finissaient par présenter des signes de dépression : tristesse, agitation, mouvements stéréotypés, anorexie, insomnie puis retard de croissance et difficultés scolaires, enfin épuisement général. Cependant, si l'enfant peut bénéficier à temps d'un substitut maternel, ces troubles régressent.
À l'autre extrémité de la vie, un sujet âgé peut, à l'occasion d'une hospitalisation, qui le sépare de son environnement et de ses habitudes matérielles et affectives, être victime des mêmes troubles (dépression, anorexie, insomnie), souvent appelés syndrome de glissement et qui demandent une prise en charge énergique, tant physique que psychologique, par l'équipe de soins.
L'hospitalisme survient donc lorsque l'enfant reste privé de sa mère avec laquelle il entretenait une bonne relation, au-delà de trois à cinq mois sans pour autant bénéficier de la présence d'un substitut acceptable. Contrairement à la dépression anaclitique qui est transitoire, les effets de l'hospitalisme sont durables, voire irréversibles. On constate un arrêt du développement psychologique de l'enfant, puis des dysfonctions psychologiques s'installent parallèlement à des changements somatiques. Au stade suivant, ces enfants sont exposés à des risques croissants d'infection et lorsque la carence affective se poursuit pendant la deuxième année, leur taux de mortalité s'élève de façon spectaculaire.
L’hospitalisme est un état dépressif (dépression anaclitique) se manifestant chez certains enfants séparés précocement de leur mère. Ce trouble affectif a été découvert par le psychanalyste René Spitz.
Spitz compare le développement psychoaffectif de deux populations d'enfants :
(A) des enfants nés de mères en prison, mais s'occupant de l'enfant pendant la journée, avec l'aide d'une soignante expérimentée ;
(B) des enfants nés et placés en orphelinat, recevant des soins, mais privés de toute chaleur humaine.
Il décrit alors trois phases de l'hospitalisme, apparu chez les sujets du groupe (B) et, temporairement, chez les sujets du groupe (A) lorsque les enfants étaient séparés de leur mère :
- phase de pleurs (car l'enfant sait qu'avant, les pleurs faisaient revenir sa mère) ;
- phase de glapissement, de perte de poids et d'arrêt du développement ;
- phase du retrait et du refus de contact, aboutissant alors à la dépression anaclitique.
Le film britannique de James et Joyce Robertson — « John (17 mois) - Séparation brève en pouponnière », durée 45 minutes, formation continue pour les professionnels de la petite enfance et de la famille, Paris : COPES, 2004 — montre de manière poignante ce processus.
Le travail de Spitz a été critiqué du point de vue méthodologique, mais l'effet de cette étude fut considérable sur toutes les questions touchant aux séparations de l'enfant et de sa mère. Cette découverte a permis de modifier les conditions de vie des nourrissons dans les services hospitaliers, pénitentiaires et autres.
L'hospitalisme est donc est la "régression mentale des malades hospitalisés pour de longues périodes".
Mais selon SPITZ, le terme "hospitalisme" recouvre "l'ensemble des troubles physiques dus à une carence affective par privation de la mère survenant chez les jeunes enfants placés en institution dans les dix-huit premiers mois de la vie."
C'est un état d'altération physique grave qui s'installe progressivement chez le très jeune enfant suite à une carence affective importante tandis qu'il est placé en institution.
- Si l'absence de la mère survient après 6 mois alors qu'une certaine forme de relation s'est déjà établie avec elle, mais sans que l'identification à une image stable soit encore possible, on verra s'installer une inhibition anxieuse, un désintérêt pour l'extérieur traduisant une dépression anaclitique. Cela pourra disparaître si l'enfant retrouve sa mère.
- Si la carence affective est totale et prolongée, les troubles iront jusqu'au marasme voire la mort.
Tableau évolutif :
Le premier mois de séparation, l'enfant va se mettre à pleurer sans raison, sera triste, s'accrochant à tout adulte de l'entourage, recherchant le contact.
Au deuxième mois, il y a arrêt de développement, perte de poids, et tristesse. L'enfant cherche le contact mais sans véhémence.
Au troisième mois, il y a un refus du contact. L'enfant reste couché à plat ventre sur le lit, a des insomnies, refuse la nourriture, attrape facilement des maladies, et demeure anxieux et indifférent. Le retard psychomoteur se généralise.
Après trois mois, le visage se fige, le regard est absent. Il n'y a plus de pleurs ni de sourires, plus de crise. On observera quelques gémissements plaintifs, des mouvements bizarres des doigts, des stéréotypies, et une mauvaise coordination oculaire. Le développement mental et physique est entravé mais la guérison sera rapide si l'Enfant retrouve sa mère ou un substitut avant la fin du quatrième, voire du cinquième mois. On note qu'après 3 mois de séparation, le tableau que présente l'enfant est proche de la dépression anaclitique.
Les études de SPITZ sur cette pathologie ont entraîné de profondes réformes dans l'hospitalisation des nourrissons ainsi que dans celle des mamans (mise en place des hospitalisations "mère-enfant" par exemple).
L’hospitalisme était très fréquent dans les pouponnières de la France d'après-guerre. La solitude rendait les jeunes enfants malades, ils dépérissaient peu à peu, tant physiquement que psychiquement.
L'enfant en carence affective passe par différentes étapes : le premier mois de séparation, il pleure, crie et cherche le contact. Le deuxième mois, il dort mal, perd du poids, sa croissance est ralentie. Le troisième mois, il semble détaché, indifférent et ne témoigne plus aucun intérêt ni pour les personnes ni pour le monde extérieur.
A l'époque, la psychologie des enfants n'était pas d'actualité. On pensait que leur comportement était dû à leur hérédité : parents alcooliques, syphilitiques ou pourquoi pas attardés de génération en génération. Ces explications ont été balayées par la découverte de l'hospitalisme, que l'on doit notamment à René Arped Spitz, un psychanalyste d'origine hongroise.
Après les psychologues, les scientifiques ont étudié ce syndrome et mis en évidence que l'hospitalisme était réversible. Quand l'enfant retrouve une stabilité affective, il va mieux.
L'hospitalisme est un syndrome qui a été particulièrement observé en orphelinat. Mais il faut ajouter tout de même un bémol. Tout dépend en effet de l'âge. Des périodes sont particulièrement sensibles pour le bon développement de l'enfant. Les séparations pendant les trois premières années sont les plus graves, et particulièrement entre le 6ème et le 15ème mois de l'enfant.
Des radiologues américains ont récemment étudié le cerveau d'enfants roumains âgés de 9 ans. Ces petits n'avaient connu que l'orphelinat avant d'être adoptés à l'âge de 3 ans. Leur cerveau présentait, des années après, des séquelles irréversibles : les zones cérébrales impliquées dans les émotions étaient moins développées que celles des autres enfants.
Même si on peut toujours émettre des réserves sur le principe du quotient intellectuel, l'étude indique que le QI de ces enfants se situait autour de 80, c'est-à-dire bien en dessous de la moyenne. A la pouponnière, un lien privilégié est nécessaire à l'enfant pour se reconstruire.
Aujourd'hui, les professionnels en contact avec des enfants sont particulièrement vigilants. On sait qu'il est indispensable de leur expliquer les raisons et la durée d'une séparation, même à un nouveau-né.
L'hospitalisme se fait plus rare. Les structures médicales ou sociales prennent désormais en compte l'importance de l'attachement, notamment dans la relation mère-enfant et font tout pour amoindrir le sentiment de manque ou d'abandon. En résumé : l'hospitalisme désigne un syndrome de régression mentale que développent des jeunes enfants séparés brusquement ou longuement de leurs parents et hospitalisés pendant de longues périodes. Seul remède : apporter à l’enfant l’attachement dont il a besoin pour grandir.
Les enfants et la guerre Louys Crocq Professeur de psychologie pathologique à l’Université René Descartes (Paris V) Créateur des Cellules d’Urgences Médico-Psychologiques
L’amour génital, concept introduit par M. Balint, désigne la forme d’amour que le sujet atteint en dépassant le complexe d’Œdipe.
On appelle « génital » tout ce qui se rapporte à la sexualité, non pas en tant qu’organes sexuels distincts, mais en tant qu’intégrité des sources des plaisirs de la vie. La fonction génitale est cette intégrité à proprement parler.
Le stade génital étant considéré comme le stade du développement psychosexuel caractérisé par l'organisation des pulsions partielles sous le primat des zones génitales et des plaisirs afférents, on peut discuter du fait de sa seule apparition à la puberté comme début ce stade, mais plutôt avec la vie même de l’individu.
Amour génital : forme de l'amour à laquelle le sujet parvient dans l'achèvement de son développement psychosexuel, d’une façon générale, comme celui du développement libidinal, qui doit conduire à la synthèse des pulsions partielles sous la primauté des organes génitaux; comme celui de la relation d'objet, qui suppose l'accomplissement de l'Œdipe et enfin comme celui de la rencontre singulière. Génitalement, adv., rare. Relativement à la fonction génitale. « Cette aspiration générale au pôle viril conçu psychiquement (et non génitalement) comme le pôle de la supériorité, constitue la « protestation virile » » (MOUNIER, Traité caract., 1946p. 597).
Selon Wilhelm Reich, le caractère génital (character, genital) est le caractère exempt de névrose qui ne souffre pas de stase sexuelle et est, en conséquence, capable d'une auto-régulation naturelle ayant pour base la puissance orgasmique tandis que le caractère névrotique (character, neurotic) est le caractère qui, à cause de sa stase sexuelle chronique, fonctionne selon les modalités des principes de la régulation morale compulsive.
L'amour génital est donc la forme de l'amour à laquelle parviendrait le sujet au terme de son développement psychosexuel.
Une des causes fréquentes de recours à l'analyse réside dans la difficulté, pour le sujet, de vivre comme il le souhaiterait son existence affective et sexuelle. Les inhibitions, insatisfactions, contradictions éprouvées sur ce plan sont d'autant plus mal supportées que le monde moderne est censé aussurer à chacun un droit égal à la jouissance. S. Freudcependant a fait valoir que ce type de difficultés n'est pas seulement référable aux aléas de l'histoire individuelle, mais qu'il repose sur des clivages induits par la structure subjective elle-même. Dans son article "Sur le plus général des rabaissements de la vie amoureuse", (1912 ; trad. fr. la Vie sexuelle, 1969), il relève ce fait connu que certains hommes ne peuvent désirer que des femmes qu'ils n'aiment pas. Ils aiment leur femme légitime -- ou, plus généralement, une femme idéalisée -- et ils désirent des femmes perçues comme dégradées, les prostituées par exemple. Freud explique ce clivage par le fait que la femme aimée, trop proche de la mère, se trouve interdite. Quant aux femmes, ajourte Freud, si l'on relève moins chez elles le besoin d'avoir un objet sexuel rabaissé, la sensualité reste souvent liée pour elles à la condition de l'interdit, ou tout au moins du secret. Cependant, Freud évoque aussi, toujours dans le même article, ce qu'il en serait d'une "attitude complètement normale en amour", attitude où viendraient s'unir le courant de la sensualité et celui de la tendresse. La psychanalyse pourrait-elle donc promettre, à l'homme comme à la femme, une harmonie du désir et de l'amour ? C'est ce qu'on a cru pouvoir théoriser sous le nom d'amour génital. M. Balint est sans doute l'auteur qui a proposé, sur ce point, l'analyse la plus élaborée (Amour primaire et technique psychanalytique). L'amour génital, pour lui, se définit d'abord en termes négatifs. Il serait épuré de tout trait prégénital, qu'il s'agisse de traits oraux (avidité, insatiabilité, etc.), de traits sadiques (besoin d'humilier, de commander, de dominer le partenaire), de traits anaux (besoin de salir, de le mépriser pour ses désirs et plaisirs sexuels) ou encore de particularités où se font sentir les effets de la phase phallique ou du complexe de castration.
Peut-on alors risquer une définition positive ? L'amour génital, en tant que phase accomplie d'une évolution, supposerait une relation harmonieuse entre les partenaires, et celle-ci, pour Balint, nécessite un travail de conquête puis un travail d'adaptation qui prennent en compte les désirs de l'autre. Mais Balint reconnaît que l'accommodement à la réalité de l'autre ne peut être le dernier mot de l'amour génital. "Certes, le coït, écrit-il, est un acte altruiste au départ ; mais, à mesure que l'excitation croît, l'attention accordée au partenaire diminue, de sorte qu'à la fin, pendant l'orgasme et dans les moments qui le précèdent, les intérêts du partenaire sont totalement oubliés."
La théorie de l'amour génital a eu un rôle non négligeable dans la psychanalyse : conduire jusqu'à lui a pu apparaître comme un des buts concevables de la cure. Mais il faut bien relever que Balint n'explicite pas vraiment cette "conviction d'être uni au partenaire dans une harmonie complète". Dès lors, elle paraît liée plutôt à une représentation imaginaire de l'amour comme réciprocité qu'à ce qui se présente en fait dans l'acte sexuel. Freud, d'une certaine façon réfutait par avance la théorie de Balint lorsqu'il envisageait "la possibilité que quelque chose dans la nature même de la pulsion sexuelle ne soit pas favorable à la réalisation de la pleine satisfaction".
L'une des tâches de toute éducation, et tout particulièrement de celle en vigueur dans notre type de civilisation, est sans aucun doute d'apprendre à l'individu à aimer, c'est-à-dire de l'amener à réaliser cette sorte de fusion. Ce que nous appelons amour génital n'a vraiment pas grand-chose à voir avec la génitalité ; en fait, ce type d'amour utilise seulement la sexualité génitale comme un tronc, pour y greffer quelque chose d'essentiellement différent.
Bref, on attend de nous et nous espérons recevoir de la gentillesse, de l'attention, de la considération, etc., même lorsqu'il n'est pas question de désir génital ou de satisfaction génitale. Ceci est contraire aux mœurs de la plupart des animaux, qui ne montrent de l'intérêt pour l'autre sexe que lorsqu'ils sont en chaleur. Par contre, on présume que l'être humain manifeste constamment pour son partenaire un intérêt et une considération inaltérables.
On peut mettre en parallèle cette demande de considération permanente et l'enfance prolongée de l'homme. Les animaux, lorsqu'ils ont atteint la maturité sexuelle, ne manifestent plus d'attachement filial ou émotionnel à leurs parents, mais seulement le respect dû à leur force et à leur puissance. Mais nous, nous exigeons une reconnaissance éternelle et, en fait, l'homme demeure un enfant aussi longtemps que ses parents vivent, sinon jusqu'à la fin de ses jours.
Toute sa vie il est supposé éprouver, et éprouve en général, de l'amour, de la considération, du respect, de la crainte et de la gratitude envers ses parents. En amour, on exige quelque chose du même genre: un lien émotionnel continu, perpétuel, non seulement tant que dure le désir génital, mais longtemps après, durant toute la vie du partenaire, ou même après sa mort.
Vu sous cet angle, ce qu'on appelle « amour génital » est un artefact de la civilisation, comme l'art ou la religion. Cela nous est imposé, sans égards pour notre nature et pour nos besoins biologiques, par le fait même que l'homme est obligé de vivre en groupes socialement organisés. L'amour génital est même doublement artificiel. Premièrement, son interférence constante avec une satisfaction sexuelle libre (génitale et pré-génitale) établit des résistances externes puis internes contre le plaisir, et favorise ainsi le développement des passions, pour que l'homme puisse, à certains moments privilégiés, vaincre ces résistances.
Deuxièmement, l'obligation de faire preuve de considération et de gratitude de façon prolongée et durable nous force à régresser à la forme archaïque, infantile de l'amour tendre, voire nous empêche de jamais nous en éloigner. L'homme peut donc être considéré comme un animal qui, même à l'âge mûr, s'attarde à une forme d'amour infantile.
Il est intéressant de savoir que les anatomistes ont découvert bien avant nous des faits semblables. Ils ont découvert que, sur le plan anatomique, l'homme ressemble à l'embryon du singe plutôt qu'au singe adulte. Les anatomistes en ont conclu que l'homme présente un retard du développement biologique, que du point de vue de sa structure c'est un fœtus, ou plutôt qu'il est foetalisé, mais que, nonobstant, il a atteint un fonctionnement génital complet.
Il y a beaucoup d'autres exemples dans le règne animal où un embryon acquiert des fonctions génitales bisexuelles pleinement développées ; ce sont des embryons dits néoténiques. L'amour génital est le parallèle exact de ces formes. On trouve une fonction génitale pleinement développée, associée à un comportement infantile ; en d'autres termes, l'homme est un embryon néoténique non seulement sur le plan anatomique, mais aussi sur le plan psychique.
Ce raisonnement explique certaines particularités de la génitalité chez l'homme. On sait à quel point l'amour génital est instable, surtout si on le compare aux éternelles formes « pré-génitales ». Fonction phylogénétiquement nouvelle, il n'est pas encore solidement établi l'homme n'a pas encore eu assez de temps, pour ainsi dire, pour s'adapter à cette forme d'amour ; en fait il doit y être éduqué à chaque nouvelle génération. L'amour oral, par exemple, ne demande manifestement aucune éducation de cette sorte. Et réciproquement, l'amour oral ne risque pas la faillite, tandis que l'amour génital est beaucoup plus précaire.
Une autre particularité est l'attitude contradictoire de la société à l’égard de l'amour génital. D'une part, la société admire et révère le séducteur sans scrupule ou la femme fatale, même si c'est avec crainte et méfiance; d'autre part, elle rend hommage à l'amour génital durable, elle enregistre et célèbre les noces d'argent et les noces d'or, mais souvent aussi ridiculise ces relations de fidélité et les qualifie de prudentes, sentimentales et larmoyantes.
Fuite dans la maladie On trouve chez FREUD des expressions comme « fuite dans la psychose » ; « fuite dans la névrose » ; puis celle de « fuite dans la maladie ». La notion dynamique de « fuite dans la maladie » exprime la même idée que la notion économique de bénéfice de la maladie. Ont-elles exactement la même extension ? Sur ce point, il est difficile de trancher d’autant plus que la distinction, au sein du bénéfice de la maladie, entre une partie primaire et une partie secondaire, n’est pas aisée à établir. Il semble que FREUD situe la fuite dans la maladie du côté du bénéfice primaire ; mais il arrive que l’expression soit employée dans un sens plus large. Quoi qu’il en soit, elle illustre le fait que le sujet cherche à éviter une situation conflictuelle génératrice de tension, et à trouver, par la formation des symptômes, une réduction de celles-ci. Selon J.Laplanche et J-B Pontalis ; Vcocabulaire de la psychanalyse.
En face de certains conflits, la formation de symptômes peut être la
solution la plus commode : le névrosé s’évite le travail intérieur dur et pénible
de renoncer au narcissisme de l’enfance et à la domination du principe de plaisir.
Le retour à l’enfance sous forme de fantasmes et d’accomplissement symbolique
de désirs compense les échecs sur le plan de la réalité. Aussi la psychanalyse
parle-t-elle de « fuite dans la maladie », et même de « bénéfice de la maladie »,
dans la mesure où celle-ci constitue un nouvel équilibre, une protection contre
l’angoisse, une manière de satisfaire la libido. Mais le névrosé a fait une
mauvaise affaire. Les actes symptomatiques sont toujours exécutés avec
aversion et accompagnés d’un sentiment pénible de souffrance : le névrosé sait
qu’ils sont profondément inutiles et pourtant il ne peut s’en passer. Et puis,
n’oublions pas que la production de symptômes absorbe presque toute l’énergie
du malade, qui est incapable de faire face aux exigences ordinaires de la vie. La
guérison de la névrose présuppose que le malade reconnaît cette attitude de
fuite. -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Cinq leçons sur la psychanalyse
Sigmund Freud Traduction par Yves Le Lay compilation de Gemma Paquet
Cinquième leçon
Nature et signification des névroses. La fuite hors de la réalité. Le refuge dans la maladie. La régression. Relations entre les phénomènes Pathologiques et diverses manifestations de la vie normale. L'art. Le transfert. La sublimation.
La découverte de la sexualité infantile et la réduction des symptômes névrotiques à des composantes instinctives érotiques nous ont conduit à quelques formules inattendues sur l'essence et les tendances des névroses. Nous voyons que les hommes tombent malades quand, par suite d'obstacles extérieurs ou d'une adaptation insuffisante, la satisfaction de leurs besoins érotiques leur est refusée dans la réalité. Nous voyons alors qu'ils se réfugient dans la maladie, afin de pouvoir, grâce à elle, obtenir les plaisirs que la vie leur refuse. Nous avons constaté que les symptômes morbides sont une part de l'activité amoureuse de l'individu, ou même sa vie amoureuse tout entière; et s'éloigner de la réalité, c'est la tendance capitale, mais aussi le risque capital de la maladie. Ajoutons que la résistance de nos malades à se guérir ne relève pas d'une cause simple, mais de plusieurs motifs. Ce n'est pas seulement le « moi » du malade qui se refuse énergiquement à abandonner des refoulements qui l'aident à se soustraire à ses dispositions originelles; mais les instincts sexuels eux-mêmes ne tiennent nullement à renoncer à la satisfaction que leur procure le substitut fabriqué par la maladie, et tant qu'ils ignorent si la réalité leur fournira quelque chose de meilleur.
La fuite hors de la réalité pénible ne va jamais sans provoquer un certain bien-être, même lorsqu'elle aboutit à cet état que nous appelons maladie parce qu'il est préjudiciable aux conditions générales de l'existence. Elle s'accomplit par voie de régression, en évoquant des phases périmées de la vie sexuelle, qui étaient l'occasion, pour l'individu, de certaines jouissances. La régression a deux aspects : d'une part, elle reporte l'individu dans le passé, en ressuscitant des périodes antérieures de sa libido, de son besoin érotique ; d'autre part, elle suscite des expressions qui sont propres à ces périodes primitives. Mais ces deux aspects, aspect chronologique et aspect formel, se ramènent à une formule unique qui est : retour à l'enfance et rétablissement d'une étape infantile de la vie sexuelle.
Plus on approfondit la pathogenèse des névroses, plus on aperçoit les relations qui les unissent aux autres phénomènes de la vie psychique de l'homme, même à ceux auxquels nous attachons le plus de valeur. Et nous voyons combien la réalité nous satisfait peu malgré nos prétentions ; aussi, sous la pression de nos refoulements intérieurs, entretenons-nous au-dedans de nous toute une vie de fantaisie qui, en réalisant nos désirs, compense les insuffisances de l'existence véritable. L'homme énergique et qui réussit, c'est celui qui parvient à transmuer en réalités les fantaisies du désir. Quand cette transmutation échoue par la faute des circonstances extérieures et de la faiblesse de l'individu, celui-ci se détourne du réel; il se retire dans l'univers plus heureux de son rêve; en cas de maladie il en transforme le contenu en symptômes. Dans certaines conditions favorables il peut encore trouver un autre moyen de passer de ses fantaisies à la réalité, au lieu de s'écarter définitivement d'elle par régression dans le domaine infantile ; j'entends que, s'il possède le don artistique, psychologiquement si mystérieux, il peut, au lieu de symptômes, transformer ses rêves en créations esthétiques. Ainsi échappe-t-il au destin de la névrose et trouve-t-il par ce détour un rapport avec la réalité . Quand cette précieuse faculté manque ou se montre insuffisante, il devient inévitable que la libido parvienne, par régression, à la réapparition des désirs infantiles, et donc à la névrose. La névrose remplace, à notre époque, le cloître où avaient coutume de se retirer toutes les personnes déçues par la vie ou trop faibles pour la supporter.
Je voudrais souligner ici le principal résultat auquel nous sommes parvenus, grâce à l'examen psychanalytique des névrosés : à savoir que les névroses n'ont aucun contenu psychique propre qui ne se trouve aussi chez les personnes saines, ou, comme l'a dit C. G. Jung, que les névrosés souffrent de ces mêmes complexes contre lesquels nous aussi, hommes sains, nous luttons. Il dépend des proportions quantitatives, de la relation des forces qui luttent entre elles, que le combat aboutisse à la santé, à la névrose ou à des productions surnormales de compensation.
Je dois encore mentionner le fait le plus important qui confirme notre hypothèse des forces instinctives et sexuelles de la névrose. Chaque fois que nous traitons psychanalytiquement un névrosé, ce dernier subit l'étonnant phénomène que nous appelons transfert. Cela signifie qu'il déverse sur le médecin un trop-plein d'excitations affectueuses, souvent mêlées d'hostilité, qui n'ont leur source ou leur raison d'être dans aucune expérience réelle ; la façon dont elles apparaissent, et leurs particularités, montrent qu'elles dérivent d'anciens désirs du malade devenus inconscients. Ce fragment de vie affective qu'il ne peut plus rappeler dans son souvenir, le malade le revit aussi dans ses relations avec le médecin ; et ce n'est qu'après une telle reviviscence par le « transfert » qu'il est convaincu de l'existence comme de la force de ses mouvements sexuels inconscients. Les symptômes qui, pour emprunter une comparaison à la chimie, sont les précipités d'anciennes expériences d'amour (au sens le plus large du mot), ne peuvent se dissoudre et se transformer en d'autres produits psychiques qu'à la température plus élevée de l'événement du « transfert ». Dans cette réaction, le médecin joue, selon l'excellente expression de Ferenczi, le rôle d'un ferment catalytique qui attire temporairement à lui les affects qui viennent d'être libérés.
L'étude du « transfert» peut aussi vous donner la clef de la suggestion hypnotique, dont nous nous étions servis au début comme moyen technique d'exploration de l'inconscient. L'hypnose nous fut alors une aide thérapeutique mais aussi un obstacle à la connaissance scientifique des faits, en ce qu'elle déblayait de résistances psychiques une certaine région, pour amonceler ces résistances, aux frontières de la même région, en un rempart insurmontable. Il ne faut pas croire, d'ailleurs, que le phénomène du « transfert », dont je ne puis malheureusement dire ici que peu de chose, soit créé par l'influence psychanalytique. Le « transfert » s'établit spontanément dans toutes les relations humaines, aussi bien que dans le rapport de malade à médecin; il transmet partout l'influence thérapeutique et il agit avec d'autant plus de force qu'on se doute moins de son existence. La psychanalyse ne le crée donc pas; elle le dévoile seulement et s'en empare pour orienter le malade vers le but souhaité. Mais je ne puis abandonner la question du « transfert » sans souligner que ce phénomène contribue plus que tout autre à persuader non seulement les malades, mais aussi les médecins, de la valeur de la psychanalyse. Je sais que tous mes partisans n'ont admis la justesse de mes suppositions sur la pathologie des névroses que grâce à des expériences de « transfert », et je peux très bien concevoir que l'on ne soit pas convaincu tant qu'on n'a pratiqué aucune psychanalyse ni constaté les effets du « transfert ».
J'estime qu'il y a deux principales objections d'ordre intellectuel à opposer aux théories psychanalytiques. Premièrement, on n'a pas l'habitude de déterminer d'une façon rigoureuse la vie psychique; deuxièmement, on ignore par quels traits les processus psychiques inconscients se différencient des processus conscients qui nous sont familiers. Les critiques les plus fréquentes chez les malades comme chez les personnes en bonne santé se ramènent au second de ces facteurs. On craint de faire du mal par la psychanalyse, on a peur d'appeler à la conscience du malade les instincts sexuels refoulés, comme si cela faisait courir le risque d'une victoire de ces instincts sur les plus hautes aspirations morales. On remarque que le malade a dans l'âme des blessures à vif, mais on redoute d'y toucher, de peur d'augmenter sa souffrance.
Adoptons cette analogie. Il y a, certes, plus de ménagement à ne pas toucher aux places malades si on ne sait qu'aggraver la douleur. Mais le chirurgien ne se refuse pas d'attaquer la maladie dans son foyer même, quand il pense que son intervention apportera la guérison. Personne ne songe à reprocher au chirurgien les souffrances d'une opération, pourvu qu'elle soit couronnée de succès. Il doit en être de même pour la psychanalyse, d'autant plus que les réactions désagréables qu'elle peut momentanément provoquer sont incomparablement moins grandes que celles qui accompagnent une intervention chirurgicale. D'ailleurs, ces désagréments sont bien peu de chose comparés aux tortures de la maladie. Il va sans dire que la psychanalyse doit être exercée selon toutes les règles de l'art. Quant aux instincts qui étaient refoulés et que la psychanalyse libère, est-il à craindre qu'en réapparaissant sur la scène ils ne portent atteinte aux tendances morales et sociales acquises par l'éducation ? En rien, car nos observations nous ont montré de façon certaine que la force psychique et physique d'un désir est bien plus grande quand il baigne dans l'inconscient que lorsqu'il s'impose à la conscience. On le comprendra si l'on songe qu'un désir inconscient est soustrait à toute influence; les aspirations opposées n'ont pas de prise sur lui. Au contraire, un désir conscient peut être influencé par tous les autres phénomènes intérieurs qui s'opposent à lui. En corrigeant les résultats du refoulement défectueux, le traitement psychanalytique répond aux ambitions les plus élevées de la vie intellectuelle et morale.
Voyons maintenant ce que deviennent les désirs inconscients libérés par la psychanalyse ? Par quels moyens peut-on les rendre inoffensifs? Nous en connaissons trois.
Il arrive, le plus souvent, que ces désirs soient simplement supprimés par la réflexion, au cours du traitement. Ici, le refoulement est remplacé par une sorte de critique ou de condamnation. Cette critique est d'autant plus aisée qu'elle porte sur les produits d'une période infantile du « moi ». Jadis l'individu, alors faible et incomplètement développé, incapable de lutter efficacement contre un penchant impossible à satisfaire, n'avait pu que le refouler. Aujourd'hui, en pleine maturité, il est capable de le maîtriser.
Le second moyen, par lequel la psychanalyse ouvre une issue aux instincts qu'elle découvre, consiste à les ramener à la fonction normale qui eût été la leur, si le développement de l'individu n'avait pas été perturbé. Il n'est, en effet, nullement dans l'intérêt de celui-ci d'extirper les désirs infantiles. La névrose, par ses refoulements, l'a privé de nombreuses sources d'énergie psychique qui eussent été fort utiles à la formation de son caractère et au déploiment de son activité.
Nous connaissons encore une issue, meilleure peut-être, par où les désirs infantiles peuvent manifester toutes leurs énergies et substituer au penchant irréalisable de l'individu un but supérieur situé parfois complètement en dehors de la sexualité : c'est la sublimation. Les tendances qui composent l'instinct sexuel se caractérisent précisément par cette aptitude à la sublimation : à leur fin sexuelle se substitue un objectif plus élevé et de plus grande valeur sociale. C'est à l'enrichissement psychique résultant de ce processus de sublimation, que sont dues les plus nobles acquisitions de l'esprit humain.
Voici enfin la troisième des conclusions possibles du traitement psychanalytique : il est légitime qu'un certain nombre des tendances libidinales refoulées soient directement satisfaites et que cette satisfaction soit obtenue par les moyens ordinaires. Notre civilisation, qui prétend à une autre culture, rend en réalité la vie trop difficile à la plupart des individus et, par l'effroi de la réalité, provoque des névroses sans qu'elle ait rien à gagner à cet excès de refoulement sexuel. Ne négligeons pas tout à fait ce qu'il y a d'animal dans notre nature. Notre idéal de civilisation n'exige pas qu'on renonce à la satisfaction de l'individu. Sans doute, il est tentant de transfigurer les éléments de la sexualité par le moyen d'une sublimation toujours plus étendue, pour le plus grand bien de la société. Mais, de même que dans une machine on ne peut transformer en travail mécanique utilisable la totalité de la chaleur dépensée, de même on ne peut espérer transmuer intégralement l'énergie provenant de l'instinct sexuel. Cela est impossible. Et en privant l'instinct sexuel de son aliment naturel, on provoque des conséquences fâcheuses.
Rappelez-vous l'histoire du cheval de Schilda. Les habitants de cette petite ville possédaient un cheval dont la force faisait leur admiration. Malheureusement, l'entretien de la bête coûtait fort cher; on résolut donc, pour l'habituer à se passer de nourriture, de diminuer chaque jour d'un grain sa ration d'avoine. Ainsi fut fait ; mais, lorsque le dernier grain fut supprimé, le cheval était mort. Les gens de Schilda ne surent jamais pourquoi.
Quant à moi, j'incline à croire qu'il est mort de faim, et qu'aucune bête n'est capable de travailler si on ne lui fournit sa ration d'avoine.
Sigmund Freud
(Cinq leçons prononcées en 1904 à la Clark University, Worcester (Mass.) publiées originalement dans l’American Journal of Psychology en 1908. Cet essai a été précédemment publié dans la « Bibliothèque Scientifique des Éditions Payot, Paris ». « Cinq leçons sur la Psychanalyse » a été traduit par Yves LE LAY.
La frustration est une réponse émotionnelle à l'opposition. Liée à la colère et la déception, elle survient lors d'une résistance perçue par la volonté d'un individu. Plus l'obstruction est grande, ainsi que la volonté de l'individu, plus grande sera la frustration. Les causes de la frustration peuvent être internes ou externes. Chez un individu, la frustration peut surgir lors d'un objectif personnel et désirs fixés, de conduites ou besoins instinctifs, ou durant une lutte contre certaines déficiences, telles que le manque de confidence ou une peur de situations sociales. Le conflit émotionnel peut également être une source interne de frustration ; lorsque le but d'un individu interfère dans le but d'un autre individu, cela peut créer une dissonance cognitive. Les causes externes de frustration impliquent des conditions hors de l'individu, telles qu'une route barrée ou des tâches ménagères difficile à accomplir. Durant la frustration, certains individus peuvent s'engager dans un comportement passif-agressif, compliquant le moyen de savoir les causes de leur frustration. Une réponse plus directe et plus connue, est une propension envers l'agression.
Pour l'individu faisant face à une frustration, l'émotion est souvent attribuée aux facteurs externes qui sont au-delà de son contrôle. Bien que la frustration moyenne, suite aux facteurs internes (ex. paresse, manque d'effort), soit souvent une force positive (inspirant la motivation), elle est perçue comme un problème "incontrôlé" qui implique une frustration pathologique plus sévère. Un individu souffrant de frustration pathologique se sentira souvent impuissant à changer une situation dans laquelle ils sont impliqué, conduisant à la frustration, ou, si c'est incontrôlable, une très grande colère.
La frustration peut être le résultat d'un blocage de motivation. Un individu peut réagir de différentes manières. Il peut tenter d'éviter la frustration en tentant de résoudre les problèmes et en les surmontant sans trop de dégât. En échouant à ça, l'individu peut devenir frustrer et agir d'une façon irrationnelle.
La frustration peut être considérée comme un comportement problématique, et peut causer un nombre d'impacts, aux dépens de la santé mentale de l'individu. Dans certains cas positifs, cette frustration s'accroit jusqu'à un niveau durant lequel le patient ne la supporte plus et tente rapidement de trouver une solution aux problèmes qui causent cette frustration. Dans certains cas négatifs, cependant, l'individu peut percevoir la source de sa frustration au-dessus de ses moyens, et ainsi la frustration grandit, causant éventuellement des comportements problématiques (ex: réactions violentes).
La frustration sexuelle :
Le terme de frustration désigne l'état d'un individu n'obtenant pas ce qu'il attend c'est-à-dire quelque chose susceptible de satisfaire un désir voire une pulsion.
L'impossibilité de s'approprier ce que l'on désire, une personne, une chose, une relation, une situation, etc. concerne soit la personne elle-même, soit son entourage soit est liée à une problématique circonstancielle.
Parfois la frustration est le résultat d'une contrariété en terme de désire. Ceci survient par exemple quand l'objet convoité est sous la dépendance d'une autre personne ou encore est désiré mais ne peut être obtenu à cause de circonstances antithétiques (contraires).
Une des frustrations les plus connues du grand public est la frustration sexuelle correspondant à un idéal impossible. L'idéalisation d'une sexualité est de nos jours imposée par les médias, à travers la publicité par exemple, mais pas seulement.
Ainsi un individu est soumis à des pulsions de désire en visualisant les images fournies par le petit écran, Internet et la pornographie etc. Il sentira une frustration montée en lui quand il ne pourra pas réaliser ses fantasmes sexuels.
À l'intérieur du couple la frustration est relativement fréquente. En effet, soit le partenaire ne désire pas une relation sexuelle au même moment que l'autre soit les deux partenaires éprouvent en même temps la même frustration liée à une tension dans le couple évoluant au final, parfois, vers une séparation plus ou moins durable.
Certains professionnels conseillent dans ce cas la masturbation afin de dissiper la frustration. En réalité il s'agit d'un pis-aller et il semble plutôt nécessaire de conseiller une thérapie de couple afin de tenter de résoudre la problématique. Les conseils de sexologie sont également bienvenus dans la plupart des cas.
Parfois le couple est soumis à des tiraillements dans la mesure où l'un des deux partenaires (parfois les deux) recherche non plus à l'intérieur du couple met en dehors une éventuelle partenaire susceptible de lui procurer une réponse à son excitation et à son désir sexuel.
Une autre manière d'apaiser sa frustration est la recherche de compensation à travers le travail, les enfants. Il s'agit dans ce cas de sublimation.
On définit la sublimation comme l'action d'élever de purifier un sentiment ou un acte le plus souvent inconsciemment visant à détourner et de leur objet premier des pulsions socialement réprouvées que celles-ci soient de nature sexuelle, agressive etc. et orientées vers des buts considérés par l'individu comme plus appropriés aux normes morales qu’il reconnaît. Ce sont plutôt les femmes qui apaisent leur frustration à travers une éventuelle sublimation.
En réalité la frustration sexuelle ne doit pas être entendu uniquement à travers sa connotation génitale c'est-à-dire en rapport avec le coït ou relation sexuelle mais aussi, et là est sans doute l'essentiel, sa tonalité affective. La boulimie et différentes addictions ainsi que certains comportements compulsifs comme les mensonges, les achats compulsifs le jeu etc. peuvent être des réponses inadaptées à ce type de frustration liée à une perturbation psychoaffective. C'est la raison pour laquelle de façon générale la frustration sexuelle au sens large du terme est généralement mal tolérée. Elle doit donc donner lieu à une prise en charge thérapeutique de type psychologique afin de tenter de trouver les tenants et les aboutissants de la problématique d'une personne soumise à une frustration sexuelle au sens large du terme.
En ce qui concerne l'enfant la frustration d'un désire semble faire partie de l'éducation en permettant à un enfant se sublimer en apprenant ainsi à différer les désirs de satisfaction de ses pulsions. Ainsi il apprendra l'attente et la frustration qui en découle en tout cas de manière momentanée.
Cette approche de la frustration ne doit pas être confondue avec la véritable atteinte narcissique liée à une frustration permanente généralement le fruit de carence affective ou de refus répétés voire de rigueur, de brimades ou d'abus de toutes sortes.
Comme on peut le voir la difficulté est donc la gestion de la frustration et surtout de la tolérance à la frustration. Si celle-ci représente un moteur dans la mesure où elle va orienter vers certaines revendications, elle peut également devenir délétère (toxique, dangereuse) et aboutir à une forme d'agressivité si elle s'installe sur un long terme ou bien si elle n'est pas prise en charge psychologiquement voire psychanalytiquement, entre autres.
La frustration a-elle une utilité ?
Freud lui-même avait émis le constat que la frustration a une utilité. Elle est à la racine de la plupart des plaisirs. Car ce manque que vous pouvez ressentir, c'est bien lui qui vous permet de faire monter le désir et percevoir la valeur de certaines choses et de ressentir du plaisir lorsque vous les obtenez.
Lorsque vous êtes enfant, vous attendez votre fête d'anniversaire avec impatience pour vous amuser. Et c'est très long d'attendre, vous vivez une frustration. Idem pour la sexualité. Ce qui lui donne autant de valeur, c'est en partie qu'à l'adolescence, on ne peut vivre immédiatement une vie sexuelle. Il est obligatoire d'attendre d'oser se lancer et bien sûr de rencontrer un ou une partenaire disponible pour vous.
Cette frustration est souvent mal ressentie, interprétée comme une douleur, alors qu'elle fait simplement partie de la vie.
En effet, il est utile d'apprendre à supporter cette frustration et c'est un des rôles des parents que de l'apprendre à leurs enfants.
L'intérêt dans cet apprentissage de la frustration est bien sûr de trouver du plaisir à des activités, des rencontres, des loisirs, qui n'auraient pas eu le même prix si l'enfant avait tout reçu tout de suite sans avoir eu le temps de faire grandir son désir, son envie.
Rencontrer et accepter les limites
Et puis, dans la vie, vous ne pouvez avoir tout ce que vous voulez. Il existe des limites physiques, sociales, financières à vos désirs. Et vous les rencontrez tôt ou tard. Plus vous rencontrez tôt ces limites, dans votre enfance, plus il vous est facile de les accepter, de les intégrer comme naturelles. Si enfant, vous avez toujours tout eu tout de suite, la souffrance d'une petite frustration pourra vous sembler horrible, insupportable et vous empêcher d'être heureux, alors que d'autres, pendant ce temps, ont depuis longtemps appris à la digérer.
Expérimenter la frustration volontairement
Et vous devez aussi savoir vous donner à vous-même des frustrations pour un plaisir plus grand, ou pour réaliser de grands projets. Vous souhaitez faire des études longues ? Peut-être que vous ne pourrez pas sortir autant que les autres, car vous aurez besoin de réviser avant vos examens. Vous voulez être champion de haut niveau ? Vous choisirez de limiter vos loisirs pour vous donner à vos ambitions. Vous voulez jouer d'un instrument de musique ? Vous devrez y consacrer un temps de travail que vous ne pourrez plus consacrer à des occupations plus faciles … Il s'agit d'être capable d'un effort frustrant parce que vous vous projetez dans l'avenir. Ainsi, ceux qui réalisent de grands projets à long terme ont tous cette capacité d'accepter de se frustrer en certains domaines pour en développer d'autres. Ce n'est après tout qu'un choix de vie. Et si l'on continue à tout désirer sans accepter certaines frustrations, on risque simplement de ne rien gagner.
Comment la frustration peut-elle être la cause d'un manque d'énergie ?
Qu'est ce que la frustration a avoir avec notre énergie ?
Un des adages d'aujourd'hui, que l'on retrouve à chaque coin de rue est « Consommez avec modération ». Notre premier réflexe est de penser à notre consommation d'alcool ou de sucre par exemple. Et pourtant, la modération va beaucoup plus loin...
Une chose très importante à consommer avec modération est l'énergie négative. Nous sommes les rois pour gaspiller inutilement notre énergie, et la frustration en fait partie.
Les éclats d'humeur, les brimades ou les agressions sont fatales et, au delà de nous faire beaucoup de mal, elles nous pompent toute notre énergie. Il est important d'apprendre à ne jamais se laisser « maltraiter » et de faire savoir à notre entourage que cela nous rend malheureux et nous fatigue.
Les frustrations en famille
La mère de famille se sent souvent débordée par les responsabilités qui pèsent sur elle. Elle n'a plus d'énergie et se sent frustrée de passer tout son temps dans les tâches ménagères.
Il est intéressant de remarquer que les pires frustrations que nous vivons ne viennent pas toujours du monde du travail. Les brimades de notre patron, la concurrence avec nos collègues, les sautes d'humeur de notre client... ne sont parfois rien en comparaison de ce que nous vivons chez nous, à la maison, en famille.
La mère de famille se sent exploitée par son conjoint et ses enfants en ayant sur le dos toutes les responsabilités des tâches ménagères. Il n'est pas rare qu'elle s'occupe seule de préparer le repas ou de faire le linge pendant que le reste de la famille est devant la télé en attendant que tout soit prêt. Il serait pourtant simple d'aller lui donner un coup de main ou de lui proposer de la remplacer un jour sur deux.
Les frustrations accumulées par cette mère de famille lui volent son énergie : elle est alors fatiguée, au bout du rouleau et se met en colère facilement.
Le père de famille quant à lui a toujours, selon le cliché de notre société qui mine de rien est encore très présent, les responsabilités de tondre la pelouse, de réparer la voiture et le vélo, ou encore de ramener de l'argent à la maison, plus que la femme. Cette pression quotidienne a des effets très négatifs et transforme l'énergie qui lui reste en frustration et stress croissants.
Quant aux enfants, une des pires frustrations est le fait de ne pas avoir la présence de leurs parents à la sortie de l'école pour les écouter raconter leur journée si importante à leurs yeux. Nous n'avons plus le temps d'écouter leur dernier exploit, la dernière blague de l'école ou la bonne note qu'ils ont reçus, crevés par une journée remplie.
Notre siècle est propice à la frustration
Il existe des tas de situations frustrantes qui pourraient disparaître si chacun de nous faisait l’effort de prendre en compte les besoins de l’autre. Ne mélangez pas caprice et besoin ! L’attention, l'écoute, le regard, l’assentiment, le fait de se sentir exister... tout cela semble disparaître au fur et à mesure que nous avançons dans ce 21e siècle.
La frustration génère du stress, du mécontentement et de l'agressivité. Nous concentrons alors toute notre énergie dans notre colère au lieu de l'utiliser à bon escient.
Pourtant, la frustration génère beaucoup de stress, de mécontentement et d’agressivité. Tous ces « énergivores » sont pénibles à supporter au quotidien. Ne recevoir que de l'énergie positive et ne pas la gâcher inutilement et de manière négative est une question importante. Il s'agit d'abord de s'occuper de nous pour ensuite prendre en compte les personnes qui nous entourent. Faites vous respecter des autres en vous respectant d'abord.
Tenter de vivre sans frustration n'est pas si difficile. L'ebook « Adieu Fatigue! Vol 1 » vous donne 52 trucs simples à pratiquer où et quand vous voulez et vous permettront de retrouver une énergie nouvelle au quotidien. Avoir de l'énergie permet de mieux vivre, et de mieux gérer son stress et ses frustrations.
Frustration et échec devant le succès :
Freud s'inspire d'une description de Friedrich Nietzsche : celle de Ceux qui échouent devant le succès (HTH Tome 2 en GF). Selon cette petite vignette presque clinique, certains échouent au moment où ils allaient enfin triompher. Ils ont tant attendu, et au moment où se présente l'occasion, ils deviennent fous, ne peuvent la saisir.
Pour Freud, il est clair que la frustration pouvait s'endurer, pouvait soutenir le désir et son sujet, tant qu'elle se présentait comme externe. La satisfaction était attendue, elle viendrait du dehors, plus tard. Dès lors que la frustration interne s'approche d'être révélée, elle en devient insoutenable. Le manque n'est plus susceptible d'être comblé — comment saurait-il demeurer manque de l'objet ?
nom masculin singulier(physiologie) :fait de faciliter le flux nerveux dans les conducteurs par répétition.
En général, le frayage est le fait de se frayer une voie. On trace le chemin en se frottant, parfois violemment, aux rochers, aux branches ou aux lianes. On parle de percolation dans le cas d'un liquide.
En Biologie et en Sciences cognitives, le frayage est le fait de faciliter le flux nerveux dans les conducteurs par répétition. Cette idée biologique est à la base de l'apprentissage et de la reconnaissance de caractères (OCR) par les réseaux de neurones informatiques.
Sigmund Freud (1856-1939), médecin de Vienne, avait la spécialité de neurologue. Utilisant l'hypnose (Martin Charcot) et la catharsis de Joseph Breuer (1842-1925), Freud devient psychothérapeute et fonde la psychanalyse. Dès 1895, dans les Etudes sur l'hystérie, Breuer et Freud font référence à ce que "Exner nomme frayage par l'attention". Ils ne connaissent pas la réalité de la synapse (le mot est proposé en 1897, mais la preuve n'est apportée qu'en 1921, par Otto Loewi), mais ils en ont l'intuition. Freud emploie très souvent la notion de frayage à propos de l'énergie de la pulsion ou de l'affect. Dans son "Projet de psychologie scientifique" Freud parle de "barrières de contact". Pour André Bourguignon, le parallèle est frappant avec ce que nous savons maintenant des synapses (mot qui signifie "liaison", en grec) dans les réseaux de neurones.
Freud emploie le terme « frayage » pour indiquer la résistance que l’excitation doit vaincre dans son passage d’un neurone à un autre.
Chez Freud donc, la notion de frayage s'appuie sur une métaphore spatiale : la trace mnésique fait effraction, elle se perce un chemin contre des résistances, elle fait irruption. Route est associée à rupture (rupta, via rupta). Il faut une violence, un travail, pour que la trace inscrive son chemin. Jacques Derrida fait ici remarquer qu'elle ne produit sa route qu'avec retard, après-coup. La première trace n'a jamais été perçue par la conscience. Elle ne le sera que dans un second temps. Ce décalage ou retardement supplémentaire est originel. Notre cerveau nous sert à penser et à produire des connaissances. Nous l'utilisons pour échanger des informations précises avec des ordinateurs méticuleux. Mais, que nous en ayons conscience ou non, notre cerveau nous sert aussi (surtout ?) à réaliser la percolation des émotions. C'est pourquoi la cure psychanalytique s'intéresse surtout aux bêtises, lapsus, actes manqués, traits d'esprits, saillies, fulgurances et impromptus.
En résumé, dans le domaine psycho-physiologique, le frayage est lepassage d'une excitation d'un neurone à l'autre, qui se réalise par une voie déjà empruntée, correspondant ainsi à une moindre résistance (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Un stimulus (...) peut, à la fois profiter de la perméabilité plus grande des synapses et la confirmer en l'accentuant, par effet de frayage ou d'accord des chronaxies (Ruyer, Cybern., 1954, p. 73).
− P. anal.,en psychol.Passage, cheminement facilité du fait de son itération. Les aboutissants pathologiques de certains frayages psychologiques (Mounier, Traité caract., 1946, p. 273).
Prononc. : [fʀεja:ʒ]. Étymol. et Hist. 1946 (Mounier, loc. cit.). Dér. de frayer1*; suff. -age*.
Au premier abord, la substitution est un terme qui renvoie à l’idée de remplacement ou d’échange provisoire de quelque chose par une autre, identique ou ayant la même utilité : le substitut.
En psychanalyse et donc au niveau psychique, la substitution est un moyen de défense du moi. Elle consiste alors à remplacer (avant le refoulement), une représentation, une pensée ou un objet souvent inatteignables et sources de conflit pour le moi par un substitut.
D’un point de vue économique, la substitution intervient en fait pour apaiser les tensions sous tendues par la libido : la satisfaction est alors illusoirement remplacée par une autre mais le besoin ou le désir, c’est-à-dire les pulsions frustrées, restent les mêmes. C’est en cela que la substitution ne peut offrir qu’une solution provisoire.
De plus, au niveau symbolique on peut voir que le symptôme et le substitut sont liés par une chaîne associative faisant intervenir également les processus de condensation et de déplacement.
Formation substitutive :
Procédé qui consiste à remplacer une satisfaction visant à entraîner une réduction des tensions par une autre. Il s'agit le plus souvent d'une substitution symbolique. La formation des symptômes névrotiques est un exemple de ces formations substitutives .
La formation substitutive est un processus de formation des symptômes propres aux psychonévroses en tant qu'ils viennent à la place du procès pulsionnel par la voie du refoulement et du retour du refoulé.
La formation substitutive comme mécanisme de défense :
Mécanismes de défense: Définition: (Larousse, dictionnaire de psychologie Larousse N.Syllami, dictionnaire de psychanalyse Fayard E.Roudinesco): Mécanismes psychologiques dont la personne dispose pour diminuer l'angoisse née des conflits intérieurs dans la vie quotidienne, opération par laquelle un sujet confronté à une représentation insupportable la refoule, faute d'avoir les moyens de la relier(rationnellement), par un travail de pensée, à d'autres pensées.
Ce sont des activités du moi, pulsions et désirs non-acceptables par le moi sont refusés. Pour cela, le moi mets en place des mécanismes de défense en face de la réalité des pulsions. Les défenses fonctionnent en continu, elles deviennent pathologiques si un mécanisme de défense devient rigide et répétitif. Pour protéger le moi, les défenses maintiennent dans l'inconscient ou transforment les pulsions. Une pulsions a une représentation et un affect, les mécanismes de défense s'attaque à la représentation.
Les mécanisme de défense sont donc l'ensemble des options dont la finalité est de réduire ou de supprimer toute modification susceptible de mettre en danger, l'intégrité, la constance de l'individu. Selon Ionescu,, ce sont des processus psychiques inconscient visant à réduire ou annuler les effets désagréables ( dangers imaginaire ou réels ) en remaniant les réalités internes ou externes. Les manifestations de ces mécanismes de défense peuvent être inconscientes ou conscientes
Ce sont par exemple, les grimaces de l'élève qui imite le maître: en s'identifiant à ce dernier, il dédramatise la situation et maîtrise son anxiété. Il existe un grand nombre de mécanismes susceptibles de protéger le "MOI" contre les exigences des instincts et de réduire les tensions; S.Freud a dégagé de tels mécanismes, typiques pour chaque affection psychogène: la conversion somatique pour l'hystérie, l'isolation, les formations réactionnelles pour la névrose obsessionnelle, la transposition de l'affect pour la phobie, la projection pour la paranoïa, etc. Tous, donc, n'ont pas la même valeur adaptative; le refoulement(voir psychologie clinique IV), aura pour fonction de réprimer une tendance jugée dangereuse(agressivité, sexualité) et de la rejeter hors du champ de conscience. Dans l'œuvre de Freud, il a un statut particulier, il institue l'inconscient et est le mécanisme de défense par excellence, sur lequel les autres se modèlent.
Ces défenses jouent plus ou moins consciemment, et dans leur ensemble, elles sont mises en jeu pour éviter les agressions internes des pulsions sexuelles(voir dossier "pulsions") dont la satisfaction se révèle conflictuelle pour le sujet, ainsi que pour en neutraliser l'angoisse qui en dérive. On notera cependant que dans "Inhibition, symptômes et angoisse" (1926), Freud, à partir notamment d'une réinterprêtation de la phobie, a été conduit à privilégier "l'angoisse devant un danger réel", et à considérer comme dérivée "l'angoisse devant la pulsion".
Freud attribue au "MOI" l'origine de la défense, et dès lors ce concept renvoie nécessairement à toutes les difficultés liées à la définition du "MOI" (voir psychologie clinique XVII). Les mécanismes de défense ne sont donc ni plus ni moins que la réponse mentale de chaque individu aux conflits intérieurs entre exigences instinctuelles et lois morales/sociales.
Documentation: Sigmund Freud, Inhibition, symptômes et angoisse 1951 (Fra) (Pages 99 et suivantes) Otto Fenickel, La théorie psychanalytique des névroses 1945 (Ang), 1953 (Fra) Paris P.U.F. Anna Freud Le MOI et les mécanismes de défense 1936 (Ang), 1949 (Fra) Paris P.U.F. Spitz, Quelques prototypes précoces de défense du "MOI", Revue Fra. De psychanalyse, 28/02/1964.
Quelques mécanismes
Refoulement
C'est le mécanisme le plus important, opérant dès la différenciation du ça et du moi. Il repousse et maintient dans l'inconscient une représentation. C'est un mécanisme coûteux et actif, car durable ( il faut maintenir le refoulé dans l'inconscient ). L'énergie est alors libre, affect et représentation sont désinvestis, elle va donc investir autre chose ( contre-investissement ) : la décharge non-tolérée est opposée au moi et au surmoi., le contre-investissement empêche cette décharge.
Introjection
C'est le processus psychique par lequel un individu fait passer du dehors au dedans des aspects d'un objet ( qui peut être une personne ) par fantasme ; il les considère comme propre. Cela permet de supporter l'absence de l'objet.
Formation réactionnelle, substitutive, de compromis
La formation réactionnelle est l'opposition à un désir inconscient par l'envie consciente du contraire, les attitudes conscientes du sujet sont contraire à son inconscient, comme par exemple le désir inconscient de saleté peut entraîner la névrose obsessionnelle visant à la propreté abusive. La formation substitutive désigne des symptômes ou des formes équivalentes qui signalent le retour du refoulé. Elle est suffisamment changée pour ne pas être reconnue par les censures ( elle est un lapsus, un acte manqué, etc…) La formation de compromis se note lorsque le désir inconscient est assez déformé, donc non reconnu par le moi et accepté, cela équivaut parfois à un déplacement.
Identification
Cas à part, l'identification à l'agresseur se réalisent en prenant à son compte l'agression en tant que telle, soit en imitant physiquement ou mentalement, soit en adoptant certains symboles de puissance ( jouer au loup chez les enfants ). C'est ainsi que certains otages finissent par admirer leurs agresseurs, c'est le syndrome de Stockholm. Après coup, la plupart même ont des sentiments paradoxaux.
Clivage
C'est lorsque l'on scinde un objet en bon et mauvais objet. Il y a séparation, puis introjection de l'extérieur jugé bon et projection de l'intérieur jugé mauvais.
Annulation
Le mécanisme est le suivant : le sujet fait en sorte qu'un acte, une pensée, une parole ne soit jamais advenu, il fait comme si de rien n'était. il va alors agir en contradiction pour lutter contre cette angoisse. Dans la névrose obsessionnelle, par exemple, le sujet revient en arrière pour recommencer une action qu'il ne veut pas avoir commise.
Dénégation
Procédé par lequel un sujet, tout en formulant un désir, une pensée, continu à la nier, il s'en défend en la refusant. Le déni s'applique surtout aux névrosés et aux psychotiques. Le sujet refuse inconsciemment de reconnaître la réalité, il refuse ce qui existe.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Freud. 5 Leçons de la psychanalyse de Freud ,deuxième leçon
"Exprimons-nous maintenant sans images: l'examen d'autres malades hystériques et d'autres névrosés nous conduit à la conviction qu'ils n'ont pas réussi à refouler l'idée à laquelle est lié leur désir insupportable. Ils l'ont bien chassée de leur conscience et de leur mémoire, et se sont épargné, apparemment, une grande somme de souffrances, mais le désir refoulé continue à subsister dans l'inconscient; il guette une occasion de se manifester et il réapparaît bientôt à la lumière, mais sous un déguisement qui le rend méconnaissable; en d'autres termes, l'idée refoulée est remplacée dans la conscience par une autre qui lui sert de substitut, d'ersatz, et à laquelle viennent s'attacher toutes les impressions de malaise que l'on croyait avoir écartées par le refoulement. Ce substitut de l'idée refoulée - le symptôme - est protégé contre de nouvelles attaques de la part du « moi » ; et, au lieu d'un court conflit, intervient mainte*nant une souffrance continuelle. A côté des signes de défiguration, le symptôme offre un reste de ressemblance avec l'idée refoulée. Les procédés de formations substitutives se trahissent pendant le traitement psychanalytique du malade, et il est nécessaire pour la guérison que le symptôme soit ramené par ces mêmes moyens à l'idée refoulée. Si l'on parvient à ramener ce qui est refoulé au plein jour - cela suppose que des résistances considérables ont été surmontées -, alors le conflit psychique né de cette réintégration, et que le malade voulait éviter, peut trouver sous la direction du médecin, une meilleure solution que celle du refoulement. Une telle méthode parvient à faire évanouir conflits et névroses."
------------------------------------------------------------------------------------------------- Un exemple de formation substitutive : l'oubli de noms
Du mécanisme psychique de la tendance à l'oubli, S.Freud, 1898
(traduction de S.Yankélévitch, Petite Bibliothèque Payot, Paris 1972)
J'ai publié, en 1898, dans Monatsschrift für Psychiatrie und Neurologie, unpetit article intitulé "Du mécanisme psychique de latendance àl'oubli", dont le contenu, que jevais résumer ici servira de point de départ à mes considérations ultérieures. Dans cet article, j'ai soumis à l'analyse psychologique, d'après un exemple frappant observé sur moi-même, le cas fréquent d'oubli passager de noms propres ; et je suis arrivé à la conclusion que cet accident, si commun et sans grande importance pratique, qui consiste dans le refus de fonctionnement d'une faculté psychique (la faculté du souvenir), admet une explication qui dépasse de beaucoup par sa portée l'importance généralement attachée au phénomène en question.
Si l'on demandait à un psychologue d'expliquer comment il se fait qu'on se trouve si souvent dans l'impossibilité de se rappeler un nom qu'on croit cependant connaître, je pense qu'il se contenterait de répondre que les noms propres tombent plus facilement dans l'oubli que les autres contenus de la mémoire. il citerait des raisons plus ou moins plausibles qui, à son avis, expliqueraient cette propriété des noms propres, sans se douter que ce processus puisse être soumis à d'autres conditions, d'ordre plus général.
Ce qui m'a amené à m'occuper de plus près du phénomène de l'oubli passager de noms propres, ce fut l'observation de certains détails qui manquent dans certains cas, mais se manifestent dans d'autres avec une netteté suffisante. Ces derniers cas sont ceux où il s'agit, non seulement d'oubli, mais de faux souvenir. Celui qui cherche à se rappeler un nom qui lui a échappé retrouve dans sa conscience d'autres noms, des noms de substitution, qu'il reconnaît aussitôt comme incorrects, mais qui n'en continuent pas moins à s'imposer à lui obstinément. On dirait que le processus qui devait aboutir à la reproduction du nom cherché a subi un déplacement, s'est engagé dans une fausse route, au bout de laquelle il trouve le nom de substitution, le nom incorrect. Je prétends que ce déplacement n'est pas l'effet d'un arbitraire psychique, mais s'effectue selon des voies préétablies et possibles à prévoir. En d'autres termes, je prétends qu'il existe, entre le nom ou les noms de substitution et le nom cherché, un rapport possible à trouver, et j'espère que, si je réussis à établir ce rapport, j'aurai élucidé le processus de l'oubli de noms propres.
Dans l'exemple sur lequel avait porté mon analyse en 1898, le nom que je m'efforçais en vain de me rappeler était celui du maître auquel la cathédrale d'Orvietodoit ses magnifiques fresques représentant le "Jugement Dernier". A la place du nom cherché, Signorelli, deux autres noms de peintres, Botticelli et Boltraffio, s'étaient imposés à mon souvenir, mais je les avais aussitôt et sans hésitation reconnus comme incorrects. Mais, lorsque le nom correct avait été prononcé devant moi par une autre personne, je l'avais reconnu sans une minute d'hésitation. L'examen des influences et des voies d'association ayant abouti à la reproduction des noms Botticelli et Boltraffio, à la place de Signorelli, m'a donné les résultats suivants :
a) La raison de l'oubli du nom Signorelli ne doit être cherchée ni dans une particularité quelconque de ce nom ni dans un caractère psychologique de l'ensemble dans lequel il était inséré. Le nom oublié m'était aussi familier qu'un des noms de substitution, celui de Botticelli, et beaucoup plus familier que celui de Boltraffio dont le porteur ne m'était connu que par ce seul détail qu'il faisait partie de l'école milanaise. Quant aux conditions dans lesquelles s'était produit l'oubli, elles me paraissent inoffensives et incapables d'en fournir aucune explication : je faisais, en compagnie d'un étranger, un voyage en voiture de Raguse, en Dalmatie, à une station d'Herzégovine ; au cours du voyage, la conversation tomba sur l'Italie et je demandai à mon compagnon s'il avait été à Orvieto et s'il avait visité les célèbres fresques de...
b) L'oubli du nom s'explique, lorsque je me rappelle le sujet qui a précédé immédiatement notre conversation sur l'Italie, et il apparaît alors comme l'effet d'une perturbation du sujet nouveau par le sujet précédent. Peu de temps avant que j'aie demandé à mon compagnon de voyage s'il avait été à Orvieto, nous nous entretenions des moeurs des Turcs habitant la Bosnie et l'Herzégovine. J'avais rapporté à mon interlocuteur ce que m'avait raconté un confrère exerçant parmi ces gens, à savoir qu'ils sont pleins de confiance dans le médecin et pleins de résignation devant le sort. Lorsqu'on est obligé de leur annoncer que l'état de tel ou tel malade de leurs proches est désespéré, ils répondent : " Seigneur (Herr), n'en parlons pas. Je sais que s'il était possible de sauver le malade, tu le sauverais." Nous avons là deux noms : Bosnien (Bosnie) et Herzegowina (Herzégovine) et un mot : Herr (Seigneur), qui se laissent intercaler tous les trois dans une chaîne d'associations entre Signorelli - Botticelli et Boltraffio.
c) J'admets que si la suite d'idées se rapportant aux moeurs des Turcs de la Bosnie, etc., a pu troubler une idée venant immédiatement après, ce fut parce que je lui ai retiré mon attention, avant même qu'elle fût achevée. Je rappelle notamment que j'avais eu l'intention de raconter une autre anecdote qui reposait dans ma mémoire à côté de la première. Ces Turcs attachent une valeur exceptionnelle aux plaisirs sexuels et, lorsqu'ils sont atteints de troubles sexuels, ils sont pris d'un désespoir qui contraste singulièrement avec leur résignation devant la mort. Un des malades de mon confrère lui dit un jour : "Tu sais bien, Herr (Seigneur), que lorsque cela ne va plus, la vie n'a plus aucune valeur." Je me suis toutefois abstenu de communiquer ce trait caractéristique, préférant ne pas aborder ce sujet scabreux dans une conversation avec un étranger. Je fis même davantage : j'ai distrait mon attention de la suite des idées qui auraient pu se rattacher dans mon esprit au sujet : "Mort et Sexualité." J'étais alors sous l'impression d'un événement dont j'avais reçu la nouvelle quelques semaines auparavant durant un bref séjour à Trafoï un malade, qui m'avait donné beaucoup de mal, s'était suicidé, parce qu'il souffrait d'un trouble sexuel incurable. Je sais parfaitement bien que ce triste événement et tous les détails qui s'y rattachent n'existaient pas chez moi à l'état de souvenir conscient pendant mon voyage en Herzégovine. Mais l'affinité entre Trafoï et Boltraffio m'oblige à admettre que, malgré la distraction intentionnelle de mon attention, je subissais l'influence de cette réminiscence.
d) Il ne m'est plus possible de voir dans l'oubli du nom Signorelli un événement accidentel. Je suis obligé de voir dans cet événement l'effet de mobiles psychiques. C'est pour des raisons d'ordre psychique que j'ai interrompu ma communication (sur les moeurs des Turcs, etc.), et c'est pour des raisons de même nature que j'ai empêché de pénétrer dans ma conscience les idées qui s'y rattachaient et qui auraient conduit mon récit jusqu'à la nouvelle que j'avais reçue à Trafoï. Je voulais donc oublier quelque chose ; j'ai refoulé quelque chose. Je voulais, il est vrai, oublier autre chose que le nom du maître d'Orvieto ; mais il s'est établi, entre cet "autre chose" et le nom, un lien d'association, de sorte que mon acte de volonté a manqué son but et que j'ai, malgré moi, oublié le nom, alors que je voulais intentionnellement oublier "l'autre chose". Le désir de ne pas se souvenir portait sur un contenu ; l'impossibilité de se souvenir s'est manifestée par rapport à un autre. Le cas serait évidemment beaucoup plus simple, si le désir de ne pas se souvenir et la déficience de mémoire se rapportaient au même contenu. - Les noms de substitution, à leur tour, ne me paraissent plus aussi injustifiés qu'avant l'explication ; ils m'avertissent (à la suite d'une sorte de compromis) aussi bien de ce que j'ai oublié que de ce dont je voulais me souvenir, et ils me montrent que mon intention d'oublier quelque chose n'a ni totalement réussi, ni totalement échoué.
e) Le genre d'association qui s'est établi entre le nom cherché et le sujet refoulé (relatif à la mort et à la sexualité et dans lequel figurent les noms Bosnie, Herzégovine, Trafoï) est tout à fait curieux. Le schéma ci-joint, emprunté à l'article de 1898, cherche à donner une représentation concrète de cette association.
Le nom de Signorelli a été divisé en deux parties. Les deux dernières syllabes se retrouvent telles quelles dans l'un des noms de substitution (elli), les deux premières ont, par suite de la traduction de Signor en Herr (Seigneur), contracté des rapports nombreux et variés avec les noms contenus dans le sujet refoulé, ce qui les a rendues inutilisables pour la reproduction. La substitution du nom de Signorelli s'est effectuée comme à la faveur d'un déplacement le long de la combinaison des noms "Herzégovine-Bosnie", sans aucun égard pour le sens et la délimitation acoustique des syllabes. Les noms semblent donc avoir été traités dans ce processus comme le sont les mots d'une proposition qu'on veut transformer en rébus. Aucun avertissement n'est parvenu à la conscience de tout ce processus, à la suite duquel le nom Signorelli a été ainsi remplacé par d'autres noms. Et, àpremière vue, on n'entrevoit pas, entre le sujet de conversation dans lequel figurait le nom Signorelli et le sujet refoulé qui l'avait précédé immédiatement, de rapport autre que celui déterminé par la similitude de syllabes (ou plutôt de suites de lettres) dans l'un et dans l'autre.
Il n'est peut-être pas inutile de noter qu'il n'existe aucune contradiction entre l'explication que nous proposons et la thèse des psychologues qui voient, dans certaines relations et dispositions, les conditions de la reproduction et de l'oubli. Nous nous bornons à affirmer que les facteurs depuis longtemps reconnus comme jouant le rôle de causes déterminantes dans l'oubli d'un nom se compliquent, dans certains cas, d'un motif supplémentaire, et nous donnons en même temps l'explication du mécanisme de la fausse réminiscence. Ces facteurs ont dû nécessairement intervenir dans notre cas, pour permettre à l'élément refoulé de s'emparer par voie d'association du nom cherché et de l'entraîner avec lui dans le refoulement. A propos d'un autre nom, présentant des conditions de reproduction plus favorables, ce fait ne se serait peut-être pas produit. Il est toutefois vraisemblable qu'un élément refoulé s'efforce toujours et dans tous les cas de se manifester au-dehors d'une manière ou d'une autre, mais ne réussit à le faire qu'en présence de conditions particulières et appropriées. Dans certains cas, le refoulement s'effectue sans trouble fonctionnel ou, ainsi que nous pouvons le dire avec raison, sans symptômes.
En résumé, les conditions nécessaires pour que se produise l'oubli d'un nom avec fausse réminiscence sont les suivantes : 1° une certaine tendance à oublier ce nom ; 2° un processus de refoulement ayant eu lieu peu de temps auparavant ; 3° la possibilité d'établir une association extérieure entre le nom en question et l'élément qui vient d'être refoulé. Il n'y a probablement pas lieu d'exagérer la valeur de cette dernière condition, car étant donné la facilité avec laquelle s'effectuent les associations, elle se trouvera remplie dans la plupart des cas. Une autre question, et plus importante, est celle de savoir si une association extérieure de ce genre constitue réellement une condition suffisante pour que l'élément refoulé empêche la reproduction du non cherché et si un lien plus intime entre les deux sujets n'est pas nécessaire à cet effet. A première vue, on est tenté de nier cette dernière nécessité et de considérer comme suffisante la rencontre purement passagère de deux éléments totalement disparates. Mais, à un examen plus approfondi on constate, dans des cas de plus en plus nombreux, que les deux éléments (l'élément refoulé et le nouveau), rattachés par une association extérieure, présentent également des rapports intimes, c'est-à-dire qu'ils se rapprochent par leurs contenus, et tel était en effet le cas dans l'exemple Signorelli.
La valeur de la conclusion que nous a fournie l'analyse de l'exemple Signorelli varie, selon que ce cas peut être considéré comme typique ou ne constitue qu'un accident isolé. Or, je crois pouvoir affirmer que l'oubli de nom avec fausse réminiscence a lieu le plus souvent de la même manière que dansle cas que nous avons décrit. Presque toutes les fois où j'ai pu observer ce phénomène sur moi-même, j'ai été à même de l'expliquer comme dans le cas signorelli, c'est-à-dire comme ayant été déterminé par le refoulement. Je puis d'ailleurs citer un autre argument à l'appui de ma manière de voir concernant le caractère typique du cas Signorelli. Je crois notamment que rien n'autorise à établir une ligne de séparation entre les cas d'oublis de noms avec fausse réminiscence et ceux où des noms de substitution incorrects ne se présentent pas. Dans certains cas, ces noms de substitution se présentent spontanément ; dans d'autres, on peut les faire surgir, grâce à un effort d'attention et, une fois surgis, ils présentent, avec l'élément refoulé et le nom cherché, les mêmes rapports que s'ils avaient surgi spontanément. Pour que le nom de substitution devienne conscient, il faut d'abord un effort d'attention et, ensuite, la présence d'une condition, en rapport avec les matériaux psychiques. Cette dernière condition doit, à mon avis, être cherchée dans la plus ou moins grande facilité avec laquelle s'établit la nécessaire association extérieure entre les deux éléments. C'est ainsi que bon nombre de cas d'oublis de noms sans fausse réminiscence se rattachent aux cas avec formation de noms de substitution, c'est-à-dire aux cas justiciables du mécanisme que nous a révélé l'exemple Signorelli. Mais je n'irai certainement pas jusqu'à affirmer que tous les cas d'oublis de noms peuvent être rangés dans cette catégorie. Il y a certainement des oublis de noms où les choses se passent d'une façon beaucoup plus simple. Aussi ne risquons-nous pas de dépasser les bornes de la prudence, en résumant la situation de la façon suivante : à côté du simple oubli d'un nom propre, il existe des cas où l'oubli est déterminé par le refoulement.
(in Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1972, traduction de S.Jankélévitch)
Terme utilisé pour la première fois par S. Freud en 1903.
Il s’agit de lutter contre des représentations psychiques pénibles en les remplaçant par un contre-symptôme (un symptôme contraire à celui qui serait plus en adéquation avec la représentation).
Ce symptôme à l’envers devient alors un trait de caractère du sujet (de la personne). Ces formations réactionnelles prennent valeurs symptomatiques lorsqu’elles deviennent rigides, compulsionnelles.
Par exemple, on suppose qu’un individu a une attirance inconsciente envers une autre personne de culture, ou de religion différente, ou encore d’une certaine orientation sexuelle. Ne pouvant pas assumer cette attirance, considérée comme déviante soit au sein de sa communauté, soit par rapport à une morale acquise, il pourra montrer de la peur, de l’agressivité et une haine forcenée envers la communauté de cet "autre" différent, même si inconsciemment il reste attiré par lui.
Ce comportement est une formation réactionnelle par rapport à une attirance inconsciente et refoulée.
Une formation réactionnelle est une transformation d'attitudes, ou plus généralisée, du caractère, permettant de substituer des comportements acceptables en opposition à des pulsions inacceptables. Elles font donc l'économie du refoulement. Elles sont symptomatiques dans leur rigidité, fixation, parce qu'elles sont compulsives et exagérées.
Il s'agit d'un contre investissement, dans une attitude autorisée, de l'énergie pulsionnelle retirée aux représentations interdites : par exemple la sollicitude peut être une formation réactionnelle contre des représentations violentes ou agressives, de même que les exigences de propreté de l'obsessionnel constituent une formation réactionnelle contre son désir de souiller. C'est un mécanisme précoce mais fragile qui se développe avec prédilection pendant la période de latence au profit des valeurs mises en avant par les contextes historiques, sociaux et culturels, et au détriment des besoins pulsionnels frustes, agressifs ou sexuels directs, tout en cherchant à les draîner de façon indirecte. Cet aspect fonctionnel et utilitaire contribue à l'adaptation du sujet à sa réalité ambiante. À un degré de plus, ce mécanisme conduit aux originalités du caractère propre du sujet par rapport à celui des autres. Si les formations réactionnelles deviennent trop systématiques, trop impératives, trop rigides, on entre alors dans la pathologie caractérielle. Dans les névroses classiques, ces formations demeurent puissantes mais limitées à un type déterminé spécifique du mode de relation d'objet et de chaque norme de névrose. (Source : Sous la direction de Jean Bergeret. Psychologie pathologique. Théorique et clinique. 8e édition, Masson, Paris).
La formation réactionnelle est donc un mécanisme de défense consiste en la transformation d'un trait de caractère en un autre, généralement mieux admis sur le plan social : plutôt que de lutter contre une pulsion, risquant ainsi de la refouler et de subir les conséquences symptomatiques du refoulement, le sujet inverse celle-ci.
Les comportements ou les pensées issus du trait de caractère contre lequel s'est développée la formation réactionnelle, sont supprimés. L'énergie qui accompagnait ces anciens comportements est quant à elle réinvestie sur les nouveaux.
En général, un trait de caractère issu d'une formation réactionnelle se distinguera par son aspect excessif et son développement subit.
Il est important de noter que les nouveaux comportements adoptés suite à une
formation réactionnelle sont en rapport, voir à l'opposé, de ceux qui ont été abandonnés par le sujet, ou dont ce dernier cherche à se défaire : l'habituel client des prostitués milite dans des associations de lutte contre la prostitution, l'individu réputé avare se prend à effectuer des dons importants, la personne dite "sale" lave subitement avec excès tous ses objets personnels, etc... Mais dans tous ces cas de figure, nous constatons que les nouveaux comportements sont valorisants socialement, au contraire de ceux qu'ils remplacent.
Une remarque ou une situation désagréable et impromptue, peuvent se trouver, par exemple, à l'origine d'une formation réactionnelle.
La formation réactionnelle comme mécanisme de défense
La tradition freudienne désigne par Formation réactionnelle l'attitude ou l'habitus psychologique de sens opposé à un désir refoulé, et constitué en réaction contre celui-ci (par exemple la pudeur s'opposant à des tendances exhibitionnistes). En termes économiques, la formation réactionnelle est un contre-investissement d'un élément conscient, de force égale et de direction opposée à l'investissement inconscient. Les formations réactionnelle peuvent être très localisées et se manifester par un comportement particulier, ou généralisées jusqu'à constituer des traits de caractère plus ou moins intégrés à l'ensemble de la personnalité. Du point de vue clinique, les formations réactionnelles prennent valeur symptomatiques dans ce qu'elles offrent de rigide, de forcé, de compulsionnel, par leurs échecs accidentels, par le fait qu'elles aboutissent parfois directement à un résultat opposé à celui qui est consciemment visé. (LAPLANCHE et PONTALIS).
C'est dans les Trois essais sur la théorie sexuelle de 1905 que Sigmund FREUD donne à la formation réactionnelle une signification générale. Il la considère comme une voie vers la sublimation, avec la différence (avec cette sublimation) que la formation réactionnelle ne change pas seulement de but (satisfaction "culturelle" contre satisfaction directe des pulsions), mais choisit le but directement opposé au but originel. Cette formation réactionnelle, de plus, ne réussit pas complètement ce détournement de but.
Michèle BERTRAND insiste beaucoup sur le versant généralisé de la formation réactionnelle : "la formation réactionnelle peut aussi devenir un trait de caractère permanent et sa signification est alors plus générale : elle n'est pas seulement le symptôme d'une pathalogie particulière (qui peut être anodin et courant), mais l'un des processus sociaux en acquérant, comme trait de caractère permanent, des "vertus" qui vont à l'encontre de nos buts sexuels.". Ce que nous nommons, caractère, écrit Sigmund FREUD, "est en grande partie construit avec un matériel d'excitations sexuelles et se compose de pulsions fixées depuis l'enfance, de constructions acquises et d'autres constructions destinées à réprimer les mouvements pervers qui ont été reconnus non utilisables. Il est ainsi permis de dire que la disposition sexuelle de l'enfant crée, par formation réactionnelle, un grand nombre de nos vertus". C'est cette voie de recherche que suit ensuite Wilhelm REICH dans sa notion de "cuirasse caractérielle".
Dans Les Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort, publié en 1915, Sigmund FREUD montre que l'altruisme peut avoir pour origine l'égoïsme, et la compassion la cruauté. Des motifs "nobles" peuvent avoir le même effet que des motifs "non nobles". Il explique comment nombre de circonstances, dont la guerre, peuvent révéler cette transformation : la formation réactionnelle est fragile, et la pulsion refoulée peut faire un retour éclatant dans des actes de barbarie. (Michèle BERTRAND).
Pour les rédacteurs de Vocabulaire de la psychanalyse, le terme de formation réactionnelle invite "à un rapprochement avec d'autres modes de formation de symptôme : formation substitutive et formation de compromis. Alors que dans la formation de compromis, nous pouvons toujours retrouver la satisfaction du désir refoulé conjuguée à l'action de la défense (dans l'obsession par exemple), dans la formation substitutive n'apparaît que l'opposition à la pulsion.
Pour les rédacteurs de Les mécanismes de défense, la formation réactionnelle est la transformation du caractère permettant une économie du refoulement, puisqu'à des tendances inacceptables sont substituées des tendances opposées, qui deviennent permanentes. Ils insistent donc, encore plus que Michèle BERTRAND sur l'aspect structurel de la formation réactionnelle sur la personnalité. Les formations réactionnelles citées par Sigmund Freud, indiquent-ils, ont un point commun : être valorisées par la société, ce que relève Jean BERGERET (1972/1986).
Les auteurs s'attardent sur ce qui distingue un trait de caractère dû à ce mécanisme de défense d'un trait de caractère spontané. Ils dégagent trois particularités qui, selon eux, "permettent de distinguer les traits de caractère spontanés des traits réactionnels" :
- L'exagération et la rigidité du trait de caractère (manière d'être stéréotypée, selon Roger MUCCHIELLI (1981) ;
- La propension des instincts inhibés à réapparaître (Pierre JANET, 1903/1976) ;
- L'expression des pulsions instinctives refoulées peuvent s'exprimer indirectement : "un homme rigide et puritain, qui refoule ses désirs sexuels manifestera un intérêt prétendument désintéressé pour la lutte contre la prostitution et la pornographie" (citation savoureuse, sauf erreur, de Sylvie FAURE-PRAGIER, 1973).
Il est entendu que la distinction entre sublimation et formation réactionnelle n'est pas facile à faire, et nous avons tendance à penser que cela dépend beaucoup de l'environnement social (de sa perception par l'individu et de la perception de l'individu par cet environnement)... Une société qui favorise l'autorité aura sans doute tendance, selon nous,à ne pas considérer certains formations réactionnelles conduisant à une propreté rigoureuse, à une discipline constante, à un respect de la hiérarchie comme pathologique, même si dans d'autres contextes, les observateurs peuvent juger exagérés ces types de comportement.
C'est lorsqu'elle est rigide, selon les auteurs de Les mécanismes de défense, que la formation réactionnelle peut être très invalidante. dans la névrose obsessionnelles par exemple. C'est le cas, dans la "cuirasse du Moi" , particulièrement étudiée par Wilhelm REICH.
Serban INONESCU, Marie-Madeleine JACQUET, Claude LHOTE, Les mécanismes de défense, Nathan Université, 2003 ; Michèle BERTRAND, article La formation réactionnelle, dans Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette Littératures, 2002 ; Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1976.
C’est un mécanisme de défense* qui permet au sujet de maintenir refoulé un désir archaïque inacceptable en adoptant l’attitude psychologique exagérée de la tendance inverse. L’énergie psychique utilisée par la formation réactionnelle montre, en terme économique*, une intensité d’investissement de l’élément conscient à la fois opposée et égale à celle de l’élément inconscient.
S. Freud remarque rapidement la présence de ce mécanisme dans la névrose obsessionnelle* où il est amplement utilisé par le sujet jusqu’à en transformer la structure de sa personnalité. Ainsi et pour exemple, la formation réactionnelle protège de façon constante le sujet contre ses tendances scatologiques en attribuant à sa personnalité une attitude permanente d’extrême propreté toutefois, plus cette attitude est remarquable (dans sa force de contre-investissement), plus elle désigne, en elle-même, la pulsion à laquelle elle s’oppose.
La formation réactionnelle apparaît aussi, à un certain moment, comme un mécanisme utile au bon déroulement de la construction psychique de l’individu.
Ainsi, S. Freud émet-il dans Trois Essais sur la théorie sexuelle une hypothèse sur le mécanisme de la sublimation* qui « détourne » l’énergie des motions sexuelles infantiles : « Les motions sexuelles de ces années d’enfance seraient (…) perverses en soi (…) et portées par des pulsions qui, (…) ne pourraient susciter que des sensations de déplaisir. Elles éveillent ainsi des contre-forces psychiques (motions réactionnelles) qui, afin de réprimer efficacement ce déplaisir, édifient les digues psychiques (…) : dégoût, pudeur et morale. »
En résumé, la formation réactionnelle est un mécanisme de défense psychologique qui pousse quelqu'un face à état émotionel difficile à supporter, à adopter un comportement opposé à celui qui lui est naturel.
En anglais "reaction-formation". Cela consiste à réagir en formant une attitude artificielle et exagérée à l'opposé du sentiment de départ.
L'exemple le plus simple consiste, face à quelqu'un que l'on déteste, à adopter une attitude particulièrement amicale et qui obnibule les sentiments réels que l'on éprouve à son égard.
Ce n'est pas un comportement conscient et délibéré visant à un but, mais un mécanisme de défense inconscient pour combattre une anxiété, un inconfort mental.
Cela ne fait pas disparaître le sentiment initial, il perdure et alimente le besoin de tenir cette conduite exagérée.
Exemples de formations réactionnelles
Quelques exemples très communs.
La mère dont l'enfant est anormal et qui le chérit particulièrement.
L'homosexuel qui exhibe avec ostentation ses relations féminines et va même jusqu'à critiquer les gays.
A l'opposé le gay qui voit un homosexuel dans un hétérosexuel voudrait être comme lui.
L'alcoolique qui clame les vertus de la sobriété.
Celui qui est effrayé par la guerre veut promouvoir le pacifisme et tente de dissuader les autres, plutôt que s'avouer ses propres peurs.
Dans la psychanalyse et la psychiatrie
Ce phénomène a été longuement décrit par Freud car il fait partie des activités inconscientes (subconscientes selon la terminologie psychanalytique). Dans le livre "Instincts et leurs vicissitudes" écrit en 1915, il distingue la formation réactionnelle, la formation substitutive et la formation de compromis.
Ce comportement peut atteindre des formes extrêmes auxquelles sont confrontés les psychiatres. Il se rapproche des névroses obsessionnelles.
Le syndrome de stockholm, ou l'on a vu les otages prendre le parti des geoliers contre les sauveteurs, adopter leur cause et leurs slogans, peut être considéré comme une forme de formation réactionnelle.
Et dans le mentalisme...
En détectant un comportement réactionnel, on retrouve la tendance réelle à laquelle obéit la personne. Et on le détecte de par son exagération ou son intransigeance.
Une attitude de sollicitude peut par exemple dénoter une tendance à la cruauté. Un idéal affiché de vertu peut être une tendance à la débauche.
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La névrose obsessionnelle
D'autres mécanismes de défense : Isolation, annulation et formation réactionnelle
L'altération typique du caractère des obsédés n'est pas toujours due directement à la régression. Elle est aussi causée par l'emploi d'autres mécanismes de défense : la formation réactionnelle, l'isolation et l'annulation. L'utilisation de ces mécanismes dépend également, il est vrai, de la régression pathognomonique, la formation réactionnelle, l'isolation et l'annulation étant beaucoup plus destinées à combattre des désirs prégénitaux, alors que le refoulement est un mécanisme plus en rapport avec la génitalité. Les formations réactionnelles sont profondément enracinées dans chaque personnalité obsédée. En combattant une hostilité inconsciente, l'obsédé tend à être une personne agréable dans tous ses rapports et de façon générale. Ceci peut lui apporter une grande satisfaction narcissique rendant malheureusement difficile le traitement psychanalytique.
Les formations réactionnelles sont cependant rarement efficaces l'esprit de l'obsédé reste occupé par la lutte perpétuelle entre la formation réactionnelle et l'impulsion originelle toujours effective.
Quelques exemples supplémentaires d'isolation typiques peuvent être donnés. Un patient présentant des doutes obsessifs, trouvait très difficile de se soumettre â la cure analytique, protestant violemment contre la règle fondamentale de l'association libre. Il apparut qu'il agissait ainsi afin de garder secrète l'existence d'une petite amie - non parce qu'il se refusait à en parler, mais parce qu'au cours de son traitement il avait parlé de masturbation, et il souhaitait que l'image de cette amie fat éloignée de tout ce qui pouvait avoir rapport avec la masturbation.
Il sentait qu'il pourrait parler d'elle si, pendant la même séance, il était sûr de ne pas penser à la masturbation. Plus tard, il apparut combien cette isolation avait peu réussi; un symptôme compulsif ressenti douloureusement par le patient et dissimulé à grand peine était l'obligation de penser « petite putain » chaque fois qu'il voyait cette jeune fille, ou qu'il entendait son nom. Ce symptôme provenait d'exigences instinctuelles incestueuses contre lesquelles le Moi se défendait. Ceci est un exemple de tentative infructueuse d'isoler la tendresse de la sensualité.
Il était intéressant d'observer comment le patient, qui avait des tendances aux réactions paranoïdes, combinait dans ses défenses contre l'instinct les mécanismes d'isolation et de projection. Une fois, pour démontrer l'absurdité de la psychanalyse, il déclara que l'association libre était un non-sens, les gens n'ayant que les pensées qu'ils désiraient, puisque la pensée « petite putain » n'était pas voulue par lui.
Quelques jours plus tard il accusa l'analyste de sensualité et de vulgarité, de traiter son amie de petite putain, et de faire mauvais usage de sa confession en lui trouvant un comportement vil. Quelquefois, les obsédés effectuent une remarquable isolation au moyen du mariage. Ils décident que leur vie conjugale n'a aucun rapport avec leur sexualité infantile. « Maintenant je suis marié, je n 'ai plus à me tourmenter au sujet de la sexualité. » Ces mariages ne peuvent être heureux. Les patients érigent de sévères obsessions et compulsions dès que les désirs sexuels infantiles apparaissent dans le mariage, en dépit de l'isolation.
Il a été dit que le cas spécial le plus important d'isolation consiste dans l'isolation du contenu idéique de son investissement libidinal. Les cas typiques d'obsession apparaissent froids, abstraits et sans émotion ; en fait, leurs émotions peuvent trouver expression par quelque voie incongrue.
L'exemple d'une telle isolation est donné par un patient qui notait qu'il ne devait pas « oublier qu'il était en colère ».
Les difficultés présentées par les obsédés dans la pratique de la libre association pendant l'analyse, sont dues à leur penchant à l'isolation. Ils ne peuvent pas associer librement, étant toujours en garde pour ne pas relier entre elles des choses qui auparavant étaient en contact. Ils ne peuvent pas se laisser surprendre, soit par des sentiments, soit par des perceptions qui n'ont pas encore été classés en catégories.
Cette façon de penser par classement en catégorie est une caricature de la pensée logique. Cette dernière est aussi basée sur l'isolation, mais l'isolation logique est au service de l'objectivité, l'isolation compulsive au service de la défense. L'isolation, comme il l'a déjà été dit, est en rapport avec l'ancien tabou du toucher.
De nombreux symptômes obsessionnels ont pour but de déterminer les objets qui peuvent ou ne peuvent pas être touchés. Les objets représentant les organes génitaux ou la saleté. Les choses « propres » ne peuvent communiquer avec les « sales ». Une application du tabou du toucher à la peur magique du changement d'une situation pour une autre est présente dans les fréquents rituels du seuil.
Fréquemment, l'isolation sépare les constituants d'un ensemble les uns des autres, alors que des personnes non obsédées n'auraient remarqué que l'ensemble et non les constituants. C'est pourquoi les obsédés ont fréquemment l'expérience de sommes et non d'unités, et bien des traits du caractère compulsif s'expriment exactement dans les termes « inhibition de l'expérience de la Gestalt ».
Répétitions et « chiffres favoris »
il existe encore la « répétition » en tant que forme d'annulation. L’idée contenue dans l'annulation est la nécessité de répétition d'une action dans un but différent. Ce qui a été fait avec une intention instinctuelle peut être refait sur l'instigation du Surmoi. Les instincts refoulés cependant, tentent de pénétrer également dans la répétition aussi, la répétition doit être répétée.
En général, le nombre de répétitions augmente rapidement. Les « chiffres favoris », dont le choix peut avoir une raison inconsciente séparée, sont déterminés et règlent le nombre de répétitions nécessaires ; en dernier lieu, les répétitions peuvent être remplacées par le fait de compter.
Les chiffres favoris sont, en régie générale, toujours les mêmes. Ce ne sont que les mêmes chiffres qui peuvent donner la garantie que ni les instincts, ni le Surmoi l'emporteront. La plupart des compulsions « symétriques » ont la même signification.
On aurait tort cependant de croire que le compter « compulsif » est toujours ainsi motivé. Compter peut avoir des sens variés. Il représente fréquemment le compter des secondes, c'est-à-dire du temps. Le besoin de mesurer le temps peut avoir plusieurs déterminants. Quelquefois c 'est un moyen de rendre une isolation certaine. Il peut être interdit de commencer une activité après une autre, et compter assure ainsi l'intervalle nécessaire. Les connexions de base entre le temps et l'érotisme anal ont déjà été mentionnées. La mesure du temps, à l'origine espace de temps entre deux défécations, peut être utilisée comme moyen de défense contre la tentation de la masturbation anale et peut éventuellement devenir un substitut de masturbation anale.
Le compter compulsif peut être également une défense contre des souhaits de meurtre; en comptant on s'assure que rien ne manque. Mais la défense peut être envahie par l'impulsion, et le compter devenir, inconsciemment, un équivalent de tuer; il peut être alors refoulé à son tour. Ceci est facilité par le fait que compter a, en lui-même, la signification de prise de possession, de maîtrise; compter peut signifier « compter ses propres possessions ».
Un exemple simple du mécanisme de l'annulation est la compulsion névrotique fréquente du lavage. Le lavage est rendu nécessaire pour annuler une action sale antérieure (réelle ou imaginaire).
Cette action dégoûtante est, en régie générale, la masturbation ou, plus tard, une idée de possibilité éloignée de masturbation. La régression anale est responsable de la conception sale de la sexualité. La masturbation anale dans l'enfance était, de fait, trahie par des mains sales et malodorantes; cette possibilité de trahison peut être évitée par le lavage. Occasionnellement, des obsédés peuvent faire disparaître tous leurs scrupules en se baignant et en changeant de vêtements, les mauvais sentiments étant conçus comme de la saleté pouvant être supprimée par le nettoyage.
Le bain rituel, comme moyen de nettoyage des péchés, est aussi un procédé d'annulation. Il est probable que c'est pour cette raison que le cérémonial névrotique, durant la période de latence, est si souvent en rapport avec le lavage. Les enfants obstinés qui refusent la toilette, refusent, en réalité, l'abandon des impulsions instinctuelles plaisantes. Il est vrai cependant que les rituels en rapport avec le déshabillage et le coucher sont aussi prévalents pour une autre raison: cette occasion présente une tentative de se masturber.
Un exemple de déplacement : la « rumination mentale »
Bien des symptômes typiques d'obsession luttent pour défaire des actions agressives, en général imaginaires. Cette intention est quelquefois manifeste, comme dans la fermeture compulsive des robinets à gaz, ou dans l'éloignement des pierres de la route ; quelquefois, l'intention de pénitence se révèle pendant l'analyse dans de nombreux symptômes. Il n'y a pas de frontière nette entre les symptômes de pénitence et les sublimations créatrices réalisées comme actions antagonistes de désirs sadiques infantiles.
L'usage de la régression, de formations réactionnelles, d'isolation et d'annulation, rend superflu l'emploi du mécanisme de défense du refoulement. Ceci répond à la question : comment se fait-il que, dans l'obsession, des impulsions offensives parviennent à la conscience ? L'impulsion consciente de tuer, par exemple, est, par l'isolation, tellement éloignée de l'impulsion motrice, qu'elle n'a aucune chance de se matérialiser et peut devenir consciente en toute tranquillité.
C'est pourquoi, lorsque l'idée devient consciente, elle est dénudée de toute émotion. Le résultat de la rupture de la connexion originale est que la connaissance spontanée des événements pathogènes de l'enfance ne peut pas être utilisée directement par l'analyse. Aussi longtemps que les émotions correspondantes manquent, l'analyste ne sait pas plus que le patient quels souvenirs de l'enfance sont importants et en quoi réside leur importance ; même s'il en est averti, il ne peut en informer le patient avant que ce dernier n'ait surmonté sa résistance contre la vision de cette connexion.
Le manque de refoulement dans l'obsession est cependant tout relatif. Les compulsions et les obsessions elles-mêmes peuvent entreprendre un processus de refoulement secondaire. Quelquefois les patients ne peuvent pas expliquer en quoi consistent leurs compulsions, ces dernières ont des qualités vagues, incolores, embrumées, et il faut un certain temps de travail analytique pour dégager la compulsion du refoulement et la rendre compréhensible.
Quelquefois, les symptômes compulsifs sont secondairement refoulés, le patient ne les sentant plus appropriés à son système c'est-à-dire ne représentant plus uniquement des formes défensives, mais également des impulsions qui s'y sont introduites. En essayant d'approprier ses compulsions à son système, il falsifie et obscurcit leur contenu originel. Ses propres compulsions, comme le monde entier, doivent s'adapter à son système qui est sa seule garantie de sécurité.
Le déplacement dans l'obsession est souvent un déplacement au petit détail. Bien des obsédés s'inquiètent de petites choses, apparemment insignifiantes ; à l'analyse ces petites choses apparaissent comme étant de grosses choses. La plus connue est la « compulsion à penser » (Gruebelzwang) dans laquelle le patient est obligé de passer des heures à ruminer des pensées abstraites.
Ce symptôme a son origine dans une tentative d'éviter des émotions répréhensibles par la fuite du monde des émotions dans celui des concepts intellectuels et des mots. Cette fuite échoue, les problèmes intellectuels dans lesquels le patient cherche une échappatoire à ses émotions acquérant, par un retour du refoulé, une valeur émotionnelle élevée.