nom masculin singulier (physiologie) :fait de faciliter le flux nerveux dans les conducteurs par répétition.
En général, le frayage est le fait de se frayer une voie. On trace le chemin en se frottant, parfois violemment, aux rochers, aux branches ou aux lianes. On parle de percolation dans le cas d'un liquide.
En Biologie et en Sciences cognitives, le frayage est le fait de faciliter le flux nerveux dans les conducteurs par répétition. Cette idée biologique est à la base de l'apprentissage et de la reconnaissance de caractères (OCR) par les réseaux de neurones informatiques.
Sigmund Freud (1856-1939), médecin de Vienne, avait la spécialité de neurologue. Utilisant l'hypnose (Martin Charcot) et la catharsis de Joseph Breuer (1842-1925), Freud devient psychothérapeute et fonde la psychanalyse. Dès 1895, dans les Etudes sur l'hystérie, Breuer et Freud font référence à ce que "Exner nomme frayage par l'attention". Ils ne connaissent pas la réalité de la synapse (le mot est proposé en 1897, mais la preuve n'est apportée qu'en 1921, par Otto Loewi), mais ils en ont l'intuition. Freud emploie très souvent la notion de frayage à propos de l'énergie de la pulsion ou de l'affect. Dans son "Projet de psychologie scientifique" Freud parle de "barrières de contact". Pour André Bourguignon, le parallèle est frappant avec ce que nous savons maintenant des synapses (mot qui signifie "liaison", en grec) dans les réseaux de neurones.
Freud emploie le terme « frayage » pour indiquer la résistance que l’excitation doit vaincre dans son passage d’un neurone à un autre.
Chez Freud donc, la notion de frayage s'appuie sur une métaphore spatiale : la trace mnésique fait effraction, elle se perce un chemin contre des résistances, elle fait irruption. Route est associée à rupture (rupta, via rupta). Il faut une violence, un travail, pour que la trace inscrive son chemin. Jacques Derrida fait ici remarquer qu'elle ne produit sa route qu'avec retard, après-coup. La première trace n'a jamais été perçue par la conscience. Elle ne le sera que dans un second temps. Ce décalage ou retardement supplémentaire est originel. Notre cerveau nous sert à penser et à produire des connaissances. Nous l'utilisons pour échanger des informations précises avec des ordinateurs méticuleux. Mais, que nous en ayons conscience ou non, notre cerveau nous sert aussi (surtout ?) à réaliser la percolation des émotions. C'est pourquoi la cure psychanalytique s'intéresse surtout aux bêtises, lapsus, actes manqués, traits d'esprits, saillies, fulgurances et impromptus.En résumé, dans le domaine psycho-physiologique, le frayage est le passage d'une excitation d'un neurone à l'autre, qui se réalise par une voie déjà empruntée, correspondant ainsi à une moindre résistance (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Un stimulus (...) peut, à la fois profiter de la perméabilité plus grande des synapses et la confirmer en l'accentuant, par effet de frayage ou d'accord des chronaxies (Ruyer, Cybern., 1954, p. 73).
− P. anal., en psychol. Passage, cheminement facilité du fait de son itération. Les aboutissants pathologiques de certains frayages psychologiques (Mounier, Traité caract., 1946, p. 273).
Prononc. : [fʀεja:ʒ]. Étymol. et Hist. 1946 (Mounier, loc. cit.). Dér. de frayer1*; suff. -age*.
Sigmund freud
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