dimanche 13 mars 2011

Maurice Maeterlinck : «Onirologie»


Réminiscences

Onirologie
Of this at least I feel assured
that there is not such things as
forgetting possible to the mind.
Thomas de Quincey 
Je descends d'une vieille et placide famille hollandaise. Mon père était ce qu'on appelle en néerlandais adsistent-resident de Lebak en l'île de Java. J'ignore tout, hélas! de sa vie et de ses aventures, à l'exception de ses démêlés, célèbres à cette époque, avec le régent indigène, Radhen Adhipatti Karta Natta Negara, dont j'ai lu, bien des soirs, le bizarre et tranquille récit dans les collect ions du Javasche Courant et du Nieuws van den Dag d'Amsterdam. Il est allé aux colonies avec ma grand-mère et y mourut lorsque je n'avais pas encore atteint ma deuxième année.
Ma mère — une faible et pâle Anglaise que l'amour avait exilée en Holl ande — (j'ai recherché et appris tout ceci depuis l'inquiétante aventure), ma mère était restée à Utrecht, où nous habitions une étroite et antique demeure sur le Singel, ou canal d'enceinte, du côté du Pardenveld. Elle mourut peu de mois après mon père et peut-être à la suite même de l'accident qui a eu pour moi d'aussi troublantes émersions. J'étais alors l'enfant aux yeux clos et la pauvre âme aux bois dormants des grands espaces blancs et des limbes de la vie, en sorte que je n'ai naturellement (j'emploie naturellement au sens strict et ordinaire du mot), conservé aucun souvenir de ces jours où des visages amis s'éteignaient à jamais autour de moi.
Ensuite, et bien longtemps après, au réveil de cette immobile nuit de l'enfance, je m'entrevois en une vieille maison de la vieille et américaine Salem, et en face d'un oncle puritain, extraordinairement gros, pâle et taciturne. Enfin, cet oncle lui-même, que je n 'entendis jamais prononcer un seul mot et que je ne revis jamais plus, disparaît à son tour, sans autre souvenir que celui de son vague corps énorme en cette maison de bois verdi par les ans et si extrêmement, si insolitement petite, qu'il semblait la surcharger et en déborder comme un être d'autrefois, lorsqu'il se penchait des journées entières aux fenêtres ouvertes sur un sombre et humide jardin où j'errais seul. Ainsi, sans liens dans un passé presque inconsistant encore, sans visage et sans mains de femmes autour de mon enfance, je me vis, sachant à peine me tenir debout, au milieu d'une cour entourée des hauts bâtiments de pierre d'un antique orphelinat oublié au fond d'une immémoriale forêt du Massachusetts. Et maintenant j'arrive à des jours dont je me souviens trop nettement, et à des années sans issues, de tristesses et d'abandons sans horizons, entre ces moroses et mornes descendants des puritains d'Isaac Johnson, enfants au sourire blanchâtre et aux yeux obliques, égarés en ces dortoirs aux alcôves noires et voûtées sous l'effroi de cet édifice si souvent environné d'orages. Mais j'aime mieux ne plus me souvenir. Ici d'ailleurs finissent les antécédents nécessaires mais lointains, et il faut à présent examiner plus minutieusement les circonstances qui ont immédiatement précédé l'anormal incident et l'énigme dont les ailes ont laissé pour longtemps leurs ombres sur mon âme.
Entre tous ces enfants aux vêtements si lugubres qui habitaient avec moi ce terne orphelinat américain ; entre tous ces enfants presque muets, une pauvre âme affligée et affaiblie avait seule attiédi mon abandon. J'ai son cher nom sur mes lèvres, et son image en l'âme de mon âme ; mais on comprendra peut-être, et tout à l'heure, pour quelles tristes raisons il m'est impossible de le révéler ici. Je ne dirai même pas ce nom à ceux qui voudraient se donner la peine de faire une enquête sur l'authenticité de cette histoire, et à moins que mon malheureux ami ne parle lui-même, nul ne le saura jamais.
À cette époque, j'avais un peu plus de dix-huit ans, et mon unique ami —je l'appellerai Walter ici, ce nom d'ailleurs se rapproche un peu de son nom véritable — mon unique et mélancolique ami avait environ le même âge. J'étais alors un pauvre être maladif et extraordinairement émacié sous l'ennui sans interstices de cette vie claustrale, et je souffrais d'internes troubles nerveux, qui faisaient de mes nuits une trame de douleurs. Malgré mes plaintes, l'austère et malveillant médecin de la maison me laissait sans remèdes ; mais à la longue, mes maîtres s'inquiétèrent un peu, et s'ingénièrent à imaginer quelque distract ion à mon mal. Le pauvre Walter vint alors à mon aide. Walter avait une tante, Mrs W.-K. (je ne puis, actuellement, la désigner que sous ces initiales) qui occupait un éclatant cottage aux environs de Boston, et non loin de la mer ; et il obtint un soir l'autorisation de m'emmener chez elle. Il y avait plus de quinze ans que je n'avais franchi le seuil de la grande porte dont les battants s'ouvraient sur la vallée, et je n'oublierai plus cette soirée. À notre arrivée, Mrs W.-K. me reçut sans arrière-pensée apparente, nous ignorions d'ailleurs, en ce moment, les anormales occupations et les desseins étranges de cette femme, et il vaut mieux que ceux qui écoutent ceci en ignorent également, mais à jamais.
Il y avait déjà bien des jours que je m'attardais en cette hospitalité maternelle dont je ne savais pas alors les dangers, et aux encouragements de ceux qui m'entouraient, je prenais un peu d'opium aux dernières heures des après-midi, parfois douloureuses, de cet octobre inoubliable. Maintenant, il faut que j'énumère très méticuleusement tous les détails de la soirée et de la nuit de l'incident, car plusieurs d'entre eux pourraient avoir une importance spéciale au point de vue de l'explication et de l'éducation du phénomène, encore qu'il soit triste d'avoir à s'arrêter en d'aussi obscurs intervalles de l'événement.
Un soir, après l'heure du thé, j'étais en cet état de béatitude invisible et subtile que s'imagineront seuls les mangeurs d'opium. Mrs W.-K. vers laquelle je me retournais parfois, comme on se retourne vers un pas dans une rue déserte, Mrs W.-K., accoudée sous les tilleuls de la terrasse, regardait s'allumer les étoiles sur la ville américaine. Walter était absent, et j'étais allé avec Annie, Annie, unique enfant de la tante de Walter, oh ! sans doute innocente Annie ! elle ne savait rien alors des tristes destinées! J'étais allé avec Annie, au fond du jardin, où il y avait un bois ancien, profond et obscur ; un bois où l'on pouvait s'attendre à mainte aventure et si vieux, que nous avions l'habitude d'y parler à voix basse. Après avoir suivi de lointaines musiques éparses en ce bois comme des fils de soie multicolore, nous nous assîmes là ; et à présent, laquelle des émergences de ce soir influa sur ma nuit? Fut-ce ce bassin de marbre avec sa fontaine aux reflets de tilleuls? ou les arbres, extraordinaires à travers ma mémoire, et auxquels Annie appliquait un mot : Verdurous gloom, qui semblait les mettre sous verre? ou la lune, sur l'Atlantique au loin semblable à une fleur muette? ou tout ce bois hanté de triste avenir? ou fut-ce, avant tout, le départ prochain d'Annie, un départ déjà sans retour, et dont ses frêles mains aux gants de ténèbres, semblaient m'avertir comme d'un mal entre le mal qu'on allait me vouloir? ou fut-ce, enfin, un anneau d'or, qu'elle laissa choir dans le bassin où elle éveilla une autre et étrange elle-même en le reprenant à travers l'eau froide ? Savait-elle quelque chose? Je ne sais, je ne sais, je ne saurai jamais, car à présent tant de terre et d'années sont sur elle !
J'ai noté exactement ceci, parce qu'en l'éducation dont j'ai parlé, il importerait peut-être de tenter un grand nombre d'expériences analogues, afin d'attoucher ainsi, un peu au hasard, quelque scène endormie au fond de l'âme et que cette espèce d'incantation pourrait éveiller. J'ajoute enfin un antécédent accessoire, mais dont il ne faudrait cependant pas négliger l'aide ; au reste, on verra plus loin.
En ce moment, les lumières de la ville lointaine s'éteignaient comme tombaient les feuilles de la forêt automnale. En rentrant dans ma chambre après cette soirée au jardin, je pris — induit peut-être à cette idée par l'image de la fontaine — je pris un volume de l'insolite et aquatique poète anglais, Thomas Hood, en flottant ainsi, jusque très avant dans la nuit, au fil albumineux des visions sous-marines de son admirable Water Lady, du Lycus the Centaur et de Hero and Leander. Avant tout (et c'était sans nul doute un effet de l'opium), ce dernier poème m'attarda, à cause de la descente du malheureux Léandre à travers toute la mer, en une immersion infinie, aux bras de la sirène, au milieu d'êtres muets aux yeux ronds, de plantes en jaune d'œuf, d'anémones d'aniline et de dahlias d'albumine, pendant qu'un vers monotone énumère entre les strophes les évolutions de leur passage en glauque spirale vibratile :
Down and still downwards through the dusky green.
Et tout au long de cette spirale d'eau verte, la sirène aux yeux où meurt le corps de Léandre et aux seins en bulles translucides, embrasse son involontaire amant, sur les lèvres duquel s'éteint en énormes perles le nom de Héro, jusqu'à ce qu'arrivés au fond lunaire des prairies sous-marines, la naïve vierge des mers s'étonne comme un enfant de voir le beau corps presque immobile et les yeux déjà clos, et s'agenouille à ses côtés en admirant ses derniers efforts pour échapper aux mailles bleues de l'Océan.
C'est ainsi que je m'endormis, en accueillant en mes yeux les rives hantées de la glace de la cheminée où je voyais s'enfoncer la spirale de Léandre —jusqu'au sommeil — et voici ce que je vis immédiatement après :
Sans nul préliminaire, je fus au fond d'un puits, ou du moins, je fus au fond d'une eau autour de laquelle régnait une impression de murailles, d'éminentes et étroites murailles, et je m'y voyais sans interruption, à travers un infini déroulement de transparences au milieu de ces efforts immobiles qui forment un des supplices propres aux songes et sans analogues dans la vie volontaire. En ce moment, j'étais assez près de la mort, et ici, il faut que j'explique très soigneusement un des plus singuliers phénomènes de mon rêve.
On n'ignore pas que le rêve est toujours et exclusivement égoïste ; et que cet égoïsme est tellement intense, aveugle et convergent, qu'il annule le passé et l'avenir au profit du moment où il règne sur l'horizon du cerveau.
En d'autres termes, tout s'actualise dans la conscience du dormeur, et il n'y a pas de rêve que l'on sache prospectif ou rétrospectif au moment où il a lieu. Je remets ce principe en mémoire parce qu'il servira tout à l'heure à éclairer la situation assez embarrassée de mon esprit en cet instant ; sans avoir d'ailleurs l'intention d'élucider les mouvements si spéciaux et en apparence illogiques, de l'horlogerie du cerveau durant le sommeil. Au moment où je mourais ainsi au fond de l'eau, se produisit d'abord un phénomène extrêmement anormal, et dont je n'eus l'explication que bien des années après. Était-ce un souvenir de lectures anciennes, où j'avais appris que les noyés, à l'instant de leur mort, revoient, en une espèce de miroir, leur vie entière avec ses incidences les plus minutieuses? Ou cette vision de l'existence est-elle réellement inséparable de la mort par immersion et se trouvait-elle naturellement amenée ici? Je ne sais ; mais j'eus l'idée de cette espèce de miroir, et alors, comme l'esprit du songeur est assez analogue à celui d'un tout petit enfant, incapable d'abstraction, et en qui toute idée devient image et toute pensée se transforme en acte, j'eus immédiatement en main ce miroir même auquel j'avais songé, et je me mis à y regarder attentivement.
Ici, je voudrais pouvoir exprimer mon étonnement (car le jugement demeure souvent intact pendant le sommeil, et un rêve peut paraître comique par exemple, encore que le rire n'y naisse pas toujours d'une disproportion, ou de la relation brisée, comme dit Hello, et puisse avoir des causes plus mystérieuses), je voudrais pouvoir exprimer mon étonnement, lorsque je réfléchis à l'invraisemblable vision, car ce miroir était à peu près vide, et cependant, en comptant mes années, il eût dû être peuplé de tristes événements ! tandis que ce n'était qu'en un de ses angles que j'aperçus quelques vagues images à moitié dissoutes en des obnubilations mobiles et d'une couleur fade. On eût dit de ces dessins que tracent les enfants, et j'y reconnus les formes embryonnaires d'un certain nombre de seins, une ronde feuille verte, un rais de lumière, un morceau de lange et une petite main de nouveau-né entrouverte. Tout le reste se perdait en une obscurité que je n'eus pas le loisir d'examiner, et néanmoins, il devait y avoir là bien des choses inconnues et peut-être antérieures. Mais au bout de mon coup d'œil le miroir s'éteignit, et mon rêve continua. Je n'insiste donc plus sur cet incident accessoire.
Levant ensuite les yeux vers l'orifice du puits, j'y entrevis, penchés, au milieu d'un ciel orageux, un visage de femme, et en même temps un geste d'effroi où il y avait une multitude de fuites. En passant, il faut observer que, dans ce récit fait d'après des souvenirs atténués, ceci, comme tout ce qui est du ressort de la raison diurne, prend nécessairement une allure logique qui n'était nullement celle du rêve, où maints événements, successifs ici, s'emmêlaient ; on sait d'ailleurs que le rêve en apparence le plus long, dure à peine l'espace d'un battement de cœur, et n'est qu'un afflux extraordinairement bref d'aventures et d'images. Je venais donc d'entrevoir ce geste, qu'il s'évanouit ; et je fus immédiatement imprégné de l'idée qu'une espèce de cri spécial, inconnu et incompréhensible, devait avoir accompagné cet évanouissement. Mais avant d'aller plus loin, une brève glose est à ce propos strictement nécessaire.
Je ne crois pas qu'on entende ordinairement un son en rêve 2 , c'est-à-dire un véritable son de rêve, et non un bruit effectif et extérieur qui, grâce à la mobilité du songe, peut parfaitement s'adapter à l'un de ses épisodes. Il me semble, au contraire, que le rêve est presque toujours muet, et que tous ses personnages marchent, parlent et agissent au milieu d'une matière molle et singulièrement insonore. L'oreille du dormant est déjà inutile, et il use exactement de cette invention au bord de laquelle nous attendons encore pendant le jour, et qui rendra superflues, avant peu, les découvertes assez puériles du télégraphe et du téléphone. Je veux parler de la communion des esprits ou de l'introspection réciproque de toutes les intelligences et de ce qu'on pourrait appeler la Télépsychie, qui permettra à toute âme, à un moment donné, de communiquer avec telle autre qu'elle voudra, située n'importe où dans l'espace ou le temps, après qu'on aura retrouvé les liens qui nous unissent les uns aux autres et dont le magnétisme et la télépathie rattachent actuellement les premiers fils épars.
Ainsi, je sus, grâce à cette intuition du dormant, qu'une clameur étrange avait été poussée. Après de longues années, je reconnus la nature et le sens exact de cette clameur ; mais je la donnerai plus loin, telle qu'elle m'apparut à mon réveil, et que je la notai dès le lendemain, au moment où j'ignorais tout de ma famille, de mon enfance et de mes origines. Je n'aurais du reste pas osé rapporter ce détail presque enfantin, mais significatif, si je n'étais à même de le prouver d'une manière irréfragable.
Il y eut quelque confusion dans les événements suivants, ainsi qu'il arrive parfois aux endroits les plus importants des songes, car la raison nocturne a bien des détours ignorés. Mais je revois distinctement qu'une autre femme m'apparut, extraordinairement nette, à l'exception du visage, où des traits, en tout semblables à ceux d'Annie, luttaient et se mêlaient sans interruption avec d'autres traits d'une indéfinissable impression, que j'appellerai, peu approximat ivement, de réticence, et à la fois implicite et virtuelle (et ce visage, je le reconnaîtrais néanmoins sans hésitation, mais uniquement, je pense, durant la nuit ; au surplus, il vaut mieux ne pas approfondir ces interpénétrations d'identité dans les songes). Je me rappelle ensuite que je fus arraché à l'eau du puits par un geste analogue à celui d'Annie à la fontaine, en considérant uniquement le reflet de ce geste, c'est-à-dire, qu'il me sembla être sauvé par un bras nu qui sortait de l'eau. Et après une incolore lacune, je me trouvai tout à coup en plein air, sous un ciel de pluie, d'orage et de soir, et celle qui m'avait sauvé, et qui m'embrassait en me parlant une langue que je ne comprenais plus, m'emportait le long de rues et de quais éclairés.
En cet endroit, je note une exception assez bizarre aux habitudes du songe : c'est que je vis une partie du paysage que je traversais. Il faut observer, en effet, que le paysage du sommeil est presque toujours utile, en ce sens qu'il n'existe que pour autant qu'il fasse partie intégrante de l'action, et au fur et à mesure de cette action. Il est sobre en outre comme un décor de Shakespeare, et les personnages n'ont que le morceau de terrain strictement nécessaire à leurs évolutions, tandis que ces fragments d'entours indispensables accompagnent le drame pas à pas. C'est ainsi qu'en un rêve où j'étais poursuivi par une pullulation de serpents blancs, je vis s'élever successivement devant moi, les taillis, les touffes de plantes et les haies au travers desquelles je passais pour leur échapper, sans avoir une vision d'ensemble de la plaine où je fuyais. Une autre fois (mais cet exemple est néanmoins d'une nature différente, et l'égoïsme du dormeur n'est pas ici la cause de l'annulation du paysage), ayant acheté un très vieux château, et ne parvenant pas — à cause de l'une de ces impossibilités arbitraires du rêve — à me rendre compte de l'étendue du domaine, je montai sur un grand arbre, pour jeter de là un coup d'œil sur le parc ; mais, à mon insu, tout le terrain s'élevait avec moi, et il me fut impossible d'apercevoir quelque chose au-delà de l'avenue où j'étais. À part ceci, il peut arriver toutefois, que le paysage serve de Leitmotiv, à quelque acteur, et que celui-ci se présente avec le milieu où il se meut à l'ordinaire, par exemple, un forgeron apparaîtra parfois avec sa forge, un malade avec son lit, un horticulteur avec sa serre, sans que ces accessoires subtils encombrent l'action ou le théâtre nocturne. Mais je doute des songes descriptifs et des sites où le dormant n'est pas mêlé, et cependant ce que j'entrevis, n'agissait pas en ce dernier épisode.
C'était un paysage comme celui qu'un homme effrayé regarde ; un ciel de cyclone où une lune se révélait par intervalles, des quais et des canaux d'eaux noires, marges d'arbres très vieux et bouleversés, des ponts-levis dressés comme des bras de terreur, des petites maisons à pignons avec des poulies aux lucarnes, une multitude de barques avec des lanternes, mais surtout (car il se peut que les précédentes apparitions aient été éveillées depuis, tandis que cette dernière est d'une inquiétante et inébranlable certitude), deux moulins noirs, l'un, aux ailes titaniques et immobiles, et l'autre, un peu en arrière, dépouillé, sombre, nu, abstrait, et sans ailes, et énormes tous deux, énormes et hauts comme des tours à l'angle de la ville, oppressaient une violente et ténébreuse touffe d'arbres extrêmement grands et anciens.
Au détour d'une rue antique, je fis un effort pour revoir encore ces deux extraordinaires témoins, et, avec ce déséquilibre des mouvements et cette absence de mesure ordinaires au sommeil, en me retournant, je heurtai le fer du lit et je m'éveillai.
En cet état spécial entre la veille et le sommeil, qui est comme l'entracte des songes, et où la volonté renaît un peu, j'essayai d'analyser ma vision et de la fixer ainsi dans un demi-réel, car la mémoire du sommeil est inexplicablement fugace et fragile, et tandis qu'on peut se rappeler indéfiniment et exactement telle pensée ou image, créée pendant le jour, les images des songes, alors même qu'on a eu soin de les établir nettement au réveil, et de les acclimater ainsi dans la vie diurne, ne se laissent pas évoquer plus de deux ou trois fois, et à chacune de ces évocations elles s'affaiblissent jusqu'à confluer en une mort indistincte, comme si on les entrevoyait à travers quelque verre grossissant qui s'éloigne outre mesure. Je ne m'attarde pas à cette énigmatique anomalie de la mémoire, elle n'eut pas entièrement lieu du reste dans le rêve en question et le lendemain et depuis, je pus éveiller assez minutieusement tous ses souvenirs.
Annie, ce lendemain qui était un samedi, allait rejoindre Walter à New Haven, sans avoir eu le temps de me dire adieu. Elle devait revenir le mardi suivant, mais elle ne revint jamais plus. Je lui écrivis ce jour même une lettre, où je lui parlais incidemment de ce rêve auquel elle me semblait si ineffablement mêlée. Je traduis littéralement de l'anglais, en omettant simplement les propos inutiles ou inefficaces. — On me pardonnera, j'espère, la gaucherie de cette traduction, car il importait de rendre Verbatim le texte américain qui m'a été restitué et que j'ai conservé par devers moi.
«... À propos, j'ai rêvé de toi, Annie, mais ô d'une étrange, étrange toi! Sache d'abord que je me noyais au fond d'un insondable puits, alors vint une très vieille femme regarder dans le puits, en levant les bras, et en exclamant une incompréhensible phrase en fort mauvais anglais : The kind is in the pit! the kind is in the pit ! ou une chose analogue.
« Qu'est cela? — Après vint une autre femme, semblable à toi Annie, ou du moins, une presque en tout semblable à toi, sauf quant au visage qui était bien plus triste. Alors toi ou elle m'as tiré de l'eau en te penchant sur le puits comme tu fis vendredi soir à la fontaine, et tu m'emportas en tes bras (moi si grand et si lourd cependant) dans une ville que je n'avais jamais vue auparavant, et où à droite surtout, il y avait une vieille forêt de très hauts arbres, et au-delà, deux effrayants moulins à vents, tels qu'il n'en existe pas ici, et dont un absolument sans ailes... »
L'enveloppe de cette lettre (elle n'adhère malheureusement pas à la lettre même, mais l'écriture est si parfaitement identique, que nul doute n'est possible), porte le timbre vert des états de l'Union. Il a été oblitéré à Boston le 25 octobre 1880, 11 p.m. À la réception à New Haven, un timbre humide a marqué : New Haven, Wharf 25 10.80.4 n. Je mets ces deux pièces à la disposition de ceux que cet événement psychique pourrait inquiéter. J'ai été obligé d'effacer de l'enveloppe le nom patronymique d'Annie, et de découper l'angle gauche de la lettre, car il portait en exergue le nom entier de Mrs W.-K. avec sa devise at last shut to fears (enfin close aux peurs) que je ne me suis jamais absolument expliquée.
Je passe à présent bien des années, des tristesses et des pièges, sans relations avec le sujet actuel, et j'arrive ainsi au moment où j'atteignis enfin ma majorité.
Vers cette époque —j'avais quitté le morne orphelinat, et je veux désormais garder le silence sur tout ce qui concerne Mrs W.-K. —, vers cette époque, je reçus de Hollande, par l'intermédiaire du recteur de cet orphelinat, un volumineux envoi, comprenant des comptes de tutelle minutieux et compliqués, les procès-verbaux des délibérations du conseil de famille, des titres de propriété et de rentes, et une foule de papiers divers et anciens.
Il était de règle en la maison que je venais d'abandonner — afin de sauvegarder toute égalité et d'écarter tout leurre d'avenir, et à moins de quelque incident inévitable, comme ce qui eut lieu pour Walter — de ne révéler aux orphelins quoi que ce fût, au sujet de leurs familles et de leurs antécédents.
Je fus donc singulièrement étonné à l'examen de cet envoi d'apprendre que j'étais hollandais, et maître d'une fortune assez importante ; c'est plus tard seulement que je sus à la suite de quelle négligence et de quels mauvais vouloirs, j'avais été délaissé au fond du Massachusetts, mais ces détails n'ont aucun rapport avec le récit d'aujourd'hui.
J'ai dit tout à l'heure à l'examen de cet envoi, malheureusement cet examen fut plus tardif que je n'aurais voulu. J'ignorais complètement le néerlandais, et à Salem, où j'étais retourné, je me mis vainement en quête d'un traducteur. Je résolus alors d'apprendre une langue qui s'était si subitement décelée maternelle, et grâce à l'anglais, et surtout à l'allemand que je possédais, je fus à même, au bout de deux ou trois semaines, de lire assez couramment les pièces les plus importantes.
Une nuit, en feuilletant ainsi une liasse de papiers au timbre colonial de Java, je tombai — graduellement en proie à une crise de monstrueux étonnement et d'effroi — je tombai sur la brève et d'ailleurs très simple, mais pour moi, pour moi seul, vraiment insolite et incroyable lettre suivante, écrite de la main de ma mère, et dont l'influence a réellement et à jamais déplacé l'axe de ma vie. Je traduis mot à mot du hollandais, en omettant, comme tantôt, tout ce qui n'est pas essentiel.
« Utrecht, 23 septembre 1862.
«... Nous étions allés cet après-midi-là (très probablement le 17 septembre d'après le contexte, qui n'est cependant pas absolument décisif) avec la cousine Meeltje et Madame van Brammen, prendre le thé chez la tante van Naslaan, et l'agneau 3 était au jardin avec Saartje — elle l'avait laissé seul un clin d'œil, sur le gazon ; et quand elle revint, plus d'agneau ! Elle va regarder dans le puits ; le pauvre innocent agneau était au fond ! Elle, au lieu de l'en tirer tout de suite, vint crier à notre fenêtre : « ‘t Kind is in den put! 't kind is in den put!  » (L'enfant est dans le puits ! l'enfant est dans le puits !) Je saute alors par la fenêtre du salon, et je tire de l'eau le cher agneau, qui pleurait toutes les larmes de son petit cœur, et je cours d'une haleine jusqu'à notre maison...»
Cette lettre était adressée à mon père, alors, ainsi que je l'ai dit plus haut, adsistent-resident à Java. La date qu'elle porte, est légalement certaine, car, à son retour de l'île, quatre mois après, avec d'autres papiers délaissés par mon père, elle fut déposée chez le notaire Hendrik Joannes Bruis, et elle est mentionnée dans un inventaire enregistré à Utrecht le 3 février 1863.
Au soir de cet accident où je dus la vie à l’angélique vitesse de ma mère, j'étais âgé de quatre mois et neuf jours, ce qu'il m'est, naturellement, facile de prouver.
Ainsi donc, cette nuit d'octobre, j'avais communié sans intermédiaire, avec l'invisible et l'inexplicable, et mon âme en est demeurée pâle et malade et sujette à toutes les inquiétudes et à tous les effrois. Je n'essaierai nulle élucidation aujourd'hui ; et je classe ce phénomène parmi tant d'autres aux causes latentes dont les lois sûres seront inventées quelque jour. En attendant, je veux les ignorer, comme j'ignore, par exemple, l'innombrable inconnu des pressentim ents, ou pourquoi la mort, lorsqu'elle a été dans une maison, y revient inévitab lement peu après. Thomas de Quincey affirme en son étude On the knocking at the gate in Macbeth que l'intelligence est une faculté inférieure de l'esprit humain, et je crois qu'il faut s'en défier avant tout en ces zones d'événements. Au reste, il vaut mieux peut-être ne pas y réfléchir outre mesure, de peur de délier à la fin les cavales blanches de la folie dans ce qu'un médecin illustre appelle étrangement le grand territoire de la substance grise 4.
Mais si je crains d'approfondir cette vision, et surtout d'attoucher je ne sais quelles subtiles relations entre Annie et ma mère ; au point de vue purement objectif, je voulus entièrement me plonger en la joie de ma peur ; et c'est pourquoi, je résolus de visiter presque immédiatement après le théâtre de mon rêve.
Malheureusement d'impérieuses circonstances abrégèrent subitement mon voyage en Hollande, et il me fut impossible de séjourner à Utrecht plus de sept à huit heures.
J'y descendis aux dernières heures d'une après-midi d'hiver sombre, de nuages et de neige. En sortant de la gare du Rhijnspoorweg je devais être extraordinairement pâle, car j'entrevis, à mon aspect, une sorte d'hésitation et de méfiance sur le visage des employés et des passants. Après avoir traversé la place, on prend, pour se rendre en ville, la Stationstraat. Jusque-là rien ne m'étonna, non plus, d'abord, que sur le canal d'enceinte nommé Stad's buiten gracht qui coupe cette rue à angle droit. Mais après quelques pas le long des berges de ce canal, et au bout de ce canal désormais ineffaçable et éternel pour moi, j'ai éprouvé alors, pour la première fois, cette espèce de soudaine et polaire pâleur de l'esprit, qui n'est heureusement réservée qu'à quelques hommes, et mon âme, déjà si souvent agitée par ce songe, chancela littéralement dans mon cœur ! En face de moi subitement et si près que mes yeux semblaient les toucher (encore qu'en réalité ils fussent assez éloignés, car c'était un effet d'optique dû à leur disproportion), au milieu de l'irréel paysage d'une métropole de neige sous un ciel obscurci et comme autrefois analogue à un glas, avec ses eaux engourdies entre les talus, ses barques écloses à fleur des marais morts, ses ponts levis en mouvement le long des rues d'ouate, et pleines de maisons et de personnages muets au niveau des pignons, jeles reconnaissais enfin, effrayants et indubitables, mobiles aujourd'hui en une nuageuse trémulation d'aquarium et d'éclipsé, identiques, mais plus imminents peut-être, plus funestes et plus oppress eurs de la ville et du bois ternement nuptiaux au-dessus desquels ils tournaient en envoyant de leurs épaisses ailes, des signes très tristes à une âme qu'ils attendaient patiemment depuis tant d'années!
Après l'hallucinant coup d'œil, je voulus d'abord éperdument courir vers eux, au hasard des eaux et des quais ; mais l'instinct de l'étranger m'interdit de troubler comme une pierre cette multitude malléable et stagnante qui s'étalait autour des ponts-levis ; puis en route, à mesure que j'approchais des vieux arbres du Pardenveld, mon enthousiasme glissait le long de moi, comme un ancien manteau de flammes, et j'éprouvais une désillusion graduelle en observant une à une de notables différences.
Je ne parlerai pas de l'aspect éclatant et pascal des entours d'aujourd'hui, qui avait remplacé l'aspect si néfaste et comme à travers des glaces obscurcies d'autrefois, ni des ailes qui viraient actuellement dans le ciel du second moulin, jadis si immobile, et dont la présence avait mis un malaise en mon coup d'œil, mais le premier des géants noirs, celui que j'avais toujours vu le plus exactement, me semblait incomparablement plus élevé qu'en ma nuit d'octobre, comme s'il avait grandi plus vite que les arbres, ou qu'un insolite événement eût troublé ses proportions par rapport à la ville, et je voulus immédiatement examiner cette infidélité.
Je gravis le grand tertre à la cime duquel il s'épanouissait et je vis que cette énorme tour n'avait pas de porte, ni aucune ouverture, à l'exception, vers le haut, d'une étroite fenêtre déjà éclairée. Après avoir hélé longtemps en vain, à la longue, un visage de jeune fille, anormalement vaste et aux allures inexplicables et cependant virginâtrement hollandaise, se pencha en révulsant ainsi une chevelure presque blanche qui coulait le long du moulin, mais à chacun de mes cris, elle se mettait muettement un doigt sur la bouche ; et je n'en pus rien obtenir.
Aux explications d'un paysan, je compris enfin, péniblement, que la porte était au bas du tertre, et que le meunier habitait seul le moulin avec sa petite-fille hydrocéphale. J'y allai frapper, mais comme je parlais un hollandais encore inintelligible, et sans doute aussi parce que j'avais l'air las, maladif et anxieux, l'homme m'écouta avec méfiance par l'entrebâillement de la porte et je ne recueillis aucun éclaircissement. Toutefois, en jetant un dernier coup d'œil sur la tour, j'ai noté un détail qui explique peut-être la disproportion observée : c'est que les briques s'étendant depuis la toiture jusqu'à la petite fenêtre, semblaient plus rouges et par conséquent plus récentes que les autres. Malheureusement il faisait déjà nuit et ceci n'est qu'une allégation incertaine.
Ensuite, j'allai vers le second moulin afin d'apprendre à quelle époque on en avait rétabli les ailes ; mais il avait cessé de tourner depuis un quart d'heure et semblait absolument désert. Cependant on m'affirma assez évasivement en une tapperij ou auberge voisine que les ailes actuelles existaient depuis une vingtaine d'années.
Il fallut me contenter de ces renseignements incomplets ; et je voulus en dernier lieu éclairer une autre obscurité. On n'a pas oublié que le premier visage à l'orifice du puits m'avait apparu dans un ciel orageux et que toute ma fuite avait traversé un paysage entièrement bouleversé par la tempête ; or, selon la lettre de ma mère, j'étais au jardin au moment où l'accident eut lieu. Il y avait là une anomalie qu'il fallait indispensablement s'expliquer. Grâce à d'exactes indications de l'inventaire, je savais que la maison de la tante van Naslaan en laquelle j'avais eu une part de propriété indivise, était située au n°33 de l'Oude Gracht. Par malheur, la soirée était fort avancée, et la maison habitée par deux vieilles dames, en train de prendre le thé, qui n'entendirent rien à mes interrogations d'ailleurs timides et maladroites et me répondirent avec inquiétude, en verrouillant la porte, que leur demeure n'était pas à louer.
Peut être y avait-il là une serre ou une partie du jardin était-elle vitrée à la manière hollandaise, ce qui serait une explication après tout suffisante. Au reste, au sujet de l'orage du 17 septembre 1862, j'ai noté l'entrefilet suivant dans le numéro du vendredi 18 du Rotterdamsche Courant. — Je traduis : « Hier, vers 6 heures du soir, la goélette anglaise The faithfull Helen, capitaine Milford de Goole, a rompu ses amarres sous la violence du vent et est allée échouer au Willems Kade après avoir abordé une tjalk de Vlissingen. Les dégâts sont insignifiants. »
Il reste un dernier desideratum. J'ai trouvé dans les papiers de famille envoyés à Salem, une quittance signée de la main du peintre belge François-Joseph Navez, qui doit avoir peint le portrait de ma mère entre les années 1859 et 1860. Ce portrait a été vendu pour une somme de 12 florins lors de la liquidation. Or, il m'importerait extrêmement de retrouver ses traces, pour apaiser ou confirmer d'étranges inquiétudes, et c'est pourquoi je supplie tous ceux qui seraient à même de donner quelque indice à ce sujet, et en général au sujet de tous les desiderata de cet éclaircissement, de vouloir, au nom de tout ce qu'ils ont aimé un jour, adresser leurs renseignements à M. Balfour Stuwart, presi­dent of the Society of psychical inquiries, 75, Catherine street, Strand, London, qui se chargera de me les transmettre. Ils rendront ainsi service à une science nouvelle (car on ne sait jusqu'à quelles découvertes pourrait mener l'éducation de cette faculté spéciale de la mémoire, en l'appliquant par exemple à la période embryonnaire, et même préembryonnaire), et à une âme inquiète qui a consacré sa vie à la solution de ces problèmes.

Maurice Maeterlinck
«Onirologie»
Belgique   1889 Genre de texte
Conte
Contexte
Maeterlinck s'est beaucoup intéressé à la psychologie des rêves : voir notamment son Introduction à une psychologie des songes qui précède de huit ans la publication de l'ouvrage de Freud.
Notes
  1 Maeterlinck emprunte la citation au célèbre ouvrage de Thomas de Quincey, Confessions of an English opium-eater : « du moins suis-je assuré qu’'oublier est chose impossible pour l’'esprit » (traduction de Pierre Leyris, Les Confessions d'’un mangeur d’'opium anglais, Paris, Gallimard, 1990, p.136).
  2 Kind, en anglais : genre, espèce; ou l'adjectif : bon, bienveillant, etc. [Cette note est de Maeterlinck lui-même. On notera aussi le paragraphe insistant sur l'idée qu'on n'entend pas de son en rêve: les perceptions auditives sont de fait rares et souvent déformées. Mais l'insistance de l'auteur est ici nécessaire pour faire admettre au lecteur l'idée que la phrase en anglais et celle en néerlandais sont similaires, alors que la prononciation en est très différente.]
   3‘t Schaapje. la petite brebis, l'agneau, terme hollandais pour désigner les enfants, etc. [Cette note est de   4Avec l’'ouvrage de De Quincey, l’'article « Songe » du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales du docteur Amédée Dechambre est une source de la nouvelle. Maeterlinck y puise la plupart des références médicales de son récit. Sur la genèse et les sources d’'Onirologie, voir la pertinente analyse de Fabrice Van de Kerckhove dans Maurice Maeterlinck, Carnets de travail (1881-1890), Édition établie par Fabrice Van de Kerckhove, Tome I et II, Bruxelles, AML Editions – Éditions Labor, Collection « Archives du futur », 2002, p.57-78 ;
5. Balfour Stuwart renvoie ici à Balfour Stewart, savant écossais, collaborateur de l'Encyclopaedia Britannica et président de la Society for Psychical Research de 1885 à 1887, date de sa mort. Voir Rainier Grutman, « Maeterlinck et la pente de la rêverie symboliste », dans R. Grutman et C. Milat, Lecture, rêve, hypertexte. Liber amicorum Christian Vandendorpe, Ottawa, Éditions David, 2009, p. 121-135.

Texte témoin
Éditions
Maurice Maeterlinck, « Onirologie », Revue générale, Tome 49, juin 1889, p. 771-787.
Maurice Maeterlinck, Deux contes [Le Massacre des innocents. Onirologie], Paris, Georges Crès, 1918, p. 35-85.
Maurice Maeterlinck, Deux contes [Le Massacre des innocents. Onirologie], Paris, Éd. Baudinière, 1927, p. 25-49.
Maurice Maeterlinck, Onirologie, Anvers, Éditions du Parc, 1936, 52 p.
Maurice Maeterlinck, Onirologie, [Suivi d’un essai de H. Wagenvoort sur « Maeterlinck et les Pays-Bas], Utrecht, « De Roos », 1967, 45 p.
Maurice Maeterlinck, « Onirologie », in Introduction à une psychologie des songes et autres écrits, 1886-1896, Textes réunis et commentés par Stefan Gross, Bruxelles, Labor, Collection Archives du futur, 1985, p. 25-36.
Maurice Maeterlinck, « Onirologie », in Œuvres I, Édition de Paul Gorceix, Bruxelles, Complexe, 1999, p. 127-142.
Maurice Maeterlinck, Onirologie — Le miracle des mères — Joyzelle — La princesse Isabelle — Les fiançailles , Tome 2, Textes réunis par Paul Gorceix, Paris, Euredit, 2006.
Manuscrit / Genèse
Ancienne collection Carlo de Poortere, Courtrai, Onirologie [Manuscrit complet], [1889]. Voir la description complète dans le catalogue de la Bibliothèque Carlo de Poortere, Liège, H. Vaillant-Carmanne, 1985, p. 143.
Fondation Maurice Maeterlinck, Gand, S. 495, Onirologie [épreuves corrigées], [1889].
Maurice Maeterlinck, Carnets de travail (1881-1890), Édition établie par Fabrice Van de Kerckhove, Tome I et II, Bruxelles, AML Éditions – Éditions Labor, Collection « Archives du futur », 2002.

Bibliographie
Études
Présence – Absence , Colloque de Cerisy, 2 – 9 septembre 2000, Actes publiés sous la direction de Marc Quaghebeur, Bruxelles, AML – Labor, 2002, 496 p.
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Dieterle, B., « L'abyme du rêve, A propos d'Onirologie de Maurice Maeterlinck », Travaux de littérature, 1997, n o10, pp. 295-309.
Gonzalez Salvador, A., « La pièce qui fait défaut. Lecture d’Onirologie de M. Maeterlinck », in « Les fantastiqueurs  », Textyles, 10, 1993, p. 59-71.
Gonzalez Salvador, A., « Du Massacre à L’Anneau : encore Onirologie », in Présence – Absence, Colloque de Cerisy, 2 – 9 septembre 2000, Actes publiés sous la direction de Marc Quaghebeur, Bruxelles, AML – Labor, 2002, p. 9-25.
Gorceix, p. , Maeterlinck, l’arpenteur de l’invisible, Bruxelles, Le Cri édition, 2005, p. 241-246.
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Hermans, G., « Onirologie. Conte de Maurice Maeterlinck », Le Livre et l’estampe, 1963, p. 241-247.
Lutaud, C., « Le mythe maeterlinckien de l’anneau d’or englouti. Un exemple de fonctionnement de l’imagination créatrice chez Maurice Maeterlinck (III) », Annales de la Fondation M. Maeterlinck, XXIV, 1978 [1979], p. 57-119.
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Pâque, J., « Onirologie ou délire contrôlé ; une thématique symboliste », in Itinéraires et contacts de cultures, vol. 20, 1995, pp. 25-32.
Pouillart, R., L’Orientation religieuse de Maeterlinck en 1887 et 1888, in Le Centenaire de Maurice Maeterlinck 1862-1962, Bruxelles, Palais des Académies, 1964, p. 245-274.
Pouillart, R., « Maurice Maeterlinck. Subconscient et « sadisme » », Les Lettres romanes, XXVII, 1973, p. 37-61.

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