lundi 10 janvier 2011

Deux livres de Freud sur le rêve



SUR LE REVE Sigmund Freud En poche Folio/essais

Après avoir magistralement écrit « L’interprétation des rêves » paru un an plus tôt, au contenu dense et foisonnant, Freud est invité par son éditeur à en rédiger une version abrégée. Nous pouvons remercier cet éditeur de cette intention bien qu’il ne s’agit absolument pas de croire que cet abrégé remplacera avantageusement notre somme onirique, mais qu’il lui apporte un éclairage plus technique, plus didactique. Freud nous propose de l’accompagner dans son travail de déchiffrage du rêve munis d’outils d’analyse : déplacement, condensation, dramatisation, refoulement, censure, contenu manifeste et contenu latent. Il est très agréable de (re-)découvrir un Freud pédagogue, avançant à pas comptés, préférant poser des jalons que de briller par de sublimes envolées. Qui a dit que le rêve nous transporterait ? Non il n’est qu’un des multiples lieux de compréhension du psychisme, ni plus, ni moins.
 Olivier Jarreton

SUR LE REVESigmund FreudEn pocheFolio/essais
Freud a écrit ce livre peu de temps après « Die Traumdeutung » en 1901. Il est préfacé par Didier Anzieu. C’est un ouvrage court qui met en relief les grandes lignes de l’interprétation des rêves.Freud explique dans la première partie du livre comment peut être appliqué l’interprétation des rêves en psychanalyse, puis il nous éclaire sur les différents procédés nécessaires à la conception d’un rêve.Il faut savoir que le rêve est l’accomplissement d’un désir et distinguer les rêves des enfants, accomplissement d’un désir simple sans voile, des rêves des adultes qui expriment des désirs refoulés.Le travail du rêve qui est la transformation de la pensée latente du rêve en contenu manifeste est constitué de quatre procédés : le déplacement, la condensation, l’arrangement visuel du matériel psychique et une composition de rêve.Les rêves se divisent en trois catégories : les rêves qui sont sensés et compréhensibles ; les rêves cohérents et de sens clairs mais déconcertants ; et les rêves incohérents, confus et absurdes.Dans la dernière partie du livre, Freud explique que l’analyse de la  plupart des rêves faits par des adultes ramène à des désirs érotiques. Le rêve est alors déformé par la censure et a des modes de figuration indirecte qui correspondent à des symboles.A l’aide d’une connaissance de la symbolique des rêves, il est possible de comprendre le sens d’une partie du contenu du rêve ou même le sens du rêve entier.L’interprétation du symbole ne suffit pas à la compréhension du rêve, il faut aussi l’analyser selon la technique de la libre association.Cet ouvrage clair et concis rend accessible à tous, la théorie du rêve de Freud.
 Véronique MELOT

SUR LE REVE Sigmund Freud En poche Folio/essais
C’est en 1900 que parait le livre de Sigmund Freud : L’Interprétation des rêves, mais depuis juillet 1895 Freud découvre que le sens des rêves est un accomplissement de désir, et plus particulièrement un souhait issu de la petite enfance, et non une résolution qui est exécutée.  En 1896, Freud forge le motPsycho-analyse pour désigner sa méthode d’investigation de l’inconscient et le corpus des énoncés théoriques qu’il commence d’établir. Il auto-analyse le bouleversement intérieur qu’il ressent à la suite de la mort de son père en 1896, et qui déclenche chez lui une importante activité de fantasmatisation, par le biais de rêves. Cela constitue le terreau où vont germer dans sa réflexion les concepts nouveaux relatifs aux processus préconscients et inconscients et à leur articulation, dans l’appareil psychique avec le système perception-conscience. Freud à ce moment commence tout juste à émerger lentement d’une période dépressive.
            Freud analyse le contenu du rêve et en déduit que celui-ci contient des restes diurnes, et que le personnage principal peut être une « image composite » c'est-à-dire une « personne multiple » ; Freud décrit également un processus de condensation de scènes et de mots dans le travail du rêve, ainsi qu’un processus de retournement en son contraire et de dramatisation ou de déplacement. Il en déduit alors l’opposition fondamentale du contenu manifeste et du contenu latent, ainsi que le retour du refoulé sous un déguisement. Par exemple aussi, il découvre que,  sous le désir conscient d’un amour désintéressé, peut se glisser le regret inconscient d’avoir fait des dépenses et le refus d’expliquer pourquoi. Il peut donc y avoir une notion inconsciente de « coût ».et d’investissement, ainsi que de crainte de se ruiner. Freud traduit également la présence d’interdit de l’inceste en lien avec des racines pulsionnelles. Il parle également de traces d’homosexualité et de bisexualité ; et l’amour a parfois un goût d’amertume…Toutes ces remémorations oniriques sont symbolisées par des transferts renvoyant à un aveuglement conscient et à une connivence inconsciente…Freud représente sous forme figurative les caractéristiques fondamentales de la situation psychanalytique. Il en déduit une hypothèse permettant un type de lecture du rêve. Il s’agit d’une initiation à l’inconscient.   De plus, toujours d’après Freud, plus un rêve est obscur et confus, plus on est en droit d’attribuer un grand rôle au facteur déplacement dans sa formation. Ce qu’il nomme déplacement du rêve, désigne : la transvaluation des valeurs psychiques ; c’est-à-dire qu’en fait, ce qu’il y a de plus net dans le contenu du rêve, semble être le plus important, alors que c’est justement dans un élément indistinct du rêve qu’il est possible de reconnaître le rejeton le plus direct de la pensée essentielle de ce rêve. En défaisant par l’analyse le déplacement du rêve, nous parvenons à des informations tout à fait certaines sur deux problèmes très discutés du rêve : l’excitateur et la corrélation rêve-vie de veille. On peut alors démontrer par l’analyse que chaque rêve, se rattache à une impression des jours précédents ; et n’oublions pas qu’une bonne partie du mépris qu’inspire le rêve découle de ce que son contenu favorise ainsi ce qui est indifférent et sans valeur : il s’agit justement de l’évènement important, générateur d’excitation qu’il faut substituer à l’évènement indifférent avec lequel il a noué de nombreux liens associatifs. Voici bien un effet du travail de déplacement du rêve. Car, en définitive, le rêve ne s’occupe pas des choses qui ne nous affectent pas dans la vie diurne ; et, de plus, chaque élément du contenu du rêve est surdéterminé, par le matériel de pensée du rêve.C’est à dire, qu’il ne dérive pas d’un seul élément des pensées, mais de toute une série d’entre eux.  Sachant, qu’une représentation de pensée peut pénétrer dans le contenu du rêve à la manière d’un ‘’compromis ‘’par une condensation et un déplacement simultanés, formant une « résultante ».On peut dire aussi que le contenu du rêve consiste le plus souvent en situations visualisables : c'est-à-dire appartenant à un mode de figuration qui a reçu une accommodation pour être utilisable par la pensée et l’analyse. Il s’agit d’un processus de régression. D’autre part, les rêves produits au cours d’une même nuit révèlent à l’analyse qu’ils proviennent du même cercle de pensées. Leur figuration est souvent renversée : le début du rêve fournit la conséquence, et sa fin la prémisse ; la transformation d’une chose à une autre semble figurer la relation de « cause à effet ».      Le rêve exprime toujours la corrélation de coordination : « et », et non « ou bien », car la relation d’inversion trouve une figuration des plus remarquables dans le rêve. Nous pouvons parler d’une manière d’exprimer la contradiction qui traduirait un conflit des volontés. Dans le rêve, l’absurdité signifie contradiction,sarcasme et dérision dans les pensées du rêve. Freud affirme également  qu’aucun rêve ne procède de motions autres qu’égoïstes : le moi y est prépondérant, même déguisé, et les fantasmes, ou désirs, se révèlent souvent comme des répétitions et remaniements de scènes infantiles. Au niveau de l’interprétation du rêve, n’oublions pas que les opérations intellectuelles ont déjà eu lieu dans les pensées du rêve, et qu’elles ont été seulement reprises par le contenu du rêve.     Pour conclure, Freud souligne que l’opération la plus particulière, qui est le noyau du problème du rêve, réside dans le déplacement ; et que la condition essentielle qui détermine le déplacement est psychologique : elle est dans la nature d’une motivation.  Il en arrive à la déformation du rêve, qui est l’œuvre du refoulement des pensées prohibées et qui sert à la dissimulation, à l’intention de cacher, car non cachée, donc non déformée par le contenu du rêve, elle susciterait la plus violente opposition de la part du rêveur. C’est cette opposition déguisée qui est porteuse de somatisations diverses qui trouvent leur résolution ainsi que la levée des défenses, à l’acceptation de l’interprétation du travail du rêve contenant le ‘’refoulé’’. En réalité, le rêve ne nous montre pas l’avenir qui va arriver, mais celui que nous aimerions voir arriver , sachant que les rêves accompagnés d’une angoisse s’interrompent ; il s’agirait d’un désir ancien qui a été refoulé.    De façon très précise, ce livre passionnant éclaire le lecteur sur le travail remarquable que fait le psychisme pour dissimuler le désir, en le déplaçant. Il s’agit bien du travail de lacensure, qui ne laisserait passer dans le contenu du rêve que la partie agréable, et maintiendrait le reste dans l’état de refoulement. Ceci étant un travail entre l’inconscient et le conscient ; néanmoins, dans certaines conditions dont l’une est l’état de sommeil, le rapport des forces entre les deux instances se modifierait de telle manière que le refoulé ne peut plus être entièrement retenu.Mais, le refoulé devra subir des modifications qui atténueront ses aspects choquants. Il s’agit d’un compromis. L’’’oubli ‘’du rêve s’expliquerait par un renforcement de la censure…Le rêve serait donc bien « le gardien du sommeil » !D’autre part, Freud termine son analyse sur le rêve en rappelant que presque tout homme civilisé a conservé en un point quelconque la configuration infantile de la vie sexuelle, ce qui permet d’admettre que de ce fait, les désirs sexuels infantiles refoulés fournissent les forces pulsionnelles les plus nombreuses et les plus puissantes qui concourent à la formation des rêves, et qui sont représentés par des symboles intelligibles au-delà de la communauté de langue, servant à figurer des personnes, des parties du corps et des activités marquées d’un intérêt érotique.     Cette lecture à forte tonalité psychanalytique satisfait la curiosité du ‘’rêveur’’en apportant un éclairage précieux par l’analyse des symboles dans le contenu latent du rêve ; elle s’adresse donc à un public d’initiés auxquels je la recommande.

 Isabelle BERARD

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