jeudi 10 mars 2011

Après-coup


Définition :
Réactualisation dans le présent du sens attribué par le passé à un évènement oublié. Un fantasme, une expérience ou un souvenir de l'enfance peuvent être perçus totalement différemment à l'adolescence lors de l'apparition des pulsions sexuelles adultes ou sous le coup de l'acquisition de connaissances donnant un sens nouveau à l'évènement refoulé.
Certains souvenirs parasites peuvent réapparaître et ainsi se voir donner un sens qui ne peut être admis par le conscient. Refoulé sous le coup de son nouveau sens, le souvenir devient alors parasite.
Lorsque d'anciennes impressions et traces mnésiques sont remaniées ultérieurement, elles se voient conférer à ce moment un nouveau sens et une efficacité psychique, grâce aux acquis du développement.
Exemple: Emma est envoyée, à 8 ans, faire des courses. Elle est victime d'attouchements dans un magasin, de la part d'un vendeur. Refoulé, cet évènement n'a pas de conséquence immédiate.
Mais plus tard, à l'adolescence, cet évènement ressurgit lorsqu'elle entre dans un commerce ou des commis rigolent.
Elle s'enfuit et développe ensuite une phobie des magasins.
Emma a en fait associé inconsciemment l'ancienne trace mnésique, inactive, avec ce nouvel épisode en fait sans rapport.
Emma a donc associé l'ancienne expérience pouvant maintenant être évaluée, du fait de son âge, avec la présence actuelle des commis. C'est "l'après-coup".

Freud a fait de l'après-coup (Nachträglichkeit) le caractère propre de la vie sexuelle. Parmi les souvenirs pénibles, certains seulement sont sujets au refoulement ; certains seulement peuvent susciter un affect que l'incident lui-même n'avait pas provoqué. L'explication de cette action différée propre aux images mnésiques de caractère sexuel est liée à l'hypothèse d'un « élément organique entrant en jeu dans le refoulement », plus précisément à celle d'un « changement de rôle » des sensations olfactives. Les stimuli périphériques et l'excitation organique interne étant insuffisants à déterminer la décharge sexuelle, il faut admettre l'effet à retardement de représentations spécifiques. « Nous devons supposer, écrit Freud, qu'à l'âge infantile les décharges sexuelles ne sont pas encore localisées, comme elles le seront plus tard, de sorte que les zones ulté […]

I- Depuis son premier repérage par J. Lacan dans le texte de L’homme aux loups, son déploiement initial par J. Laplanche et JB. Pontalis, puis l’extension et l’approfondissement qu’elle a connus grâce à de multiples et parfois remarquables travaux - notamment dans notre groupe - la notion d’après-coup est devenue une sorte de Schibboleth conceptuel de/pour la psychanalyse française. Elle paraît résumer, à travers la diversité des manifestations qui la font invoquer, la dimension temporelle, la forme de causalité les plus spécifiquement métapsychologiques.
Nul doute qu’une telle condensation soit propice aux malentendus : c’est pourquoi, il vaut la peine d’offrir à l’après-coup un après-coup à Deauville.
II- L’après-coup se saisit aisément à travers la théorie freudienne de la séduction et les deux temps du traumatisme. Il fait alors couple avec la mise en latence, et sous-tend la dynamique du refoulement. À partir de ce modèle première topique, l’après-coup habite toute la réflexion théorico-pratique sur le statut de la trace mnésique et les enjeux de ses remaniements. Le lien est dialectique entre remaniement pathogène et remaniement thérapeutique ; le postulat d’un après-coup symbolisant est un axe de l’association libre.
III- Sans doute est-ce à partir des remaniements métapsychologiques de 1920 - eux aussi après-coups des traumatismes de la clinique - qu’on peut réinterroger la problématique de l’après-coup en deuxième topique ; à la limite, la compulsion de pure répétition signerait la négativation de tout remaniement transformateur. Une manière de poser l’enjeu pratique face aux patients limites est de se demander comment faire émerger une capacité à l’après-coup.
Françoise Coblence et Jean-Luc Donnet 

L’après-coup, défini par Freud, où des évènements traumatiques ne prennent sens et signification pour un sujet que dans un contexte historique et subjectif postérieur qui leur donne une signification nouvelle, contient l’idée d’un déplacement de contexte à l’origine de la signification, laquelle signification va répondre à des évènements traumatiques, c’est à dire , des évènements en quête de représentation psychique. Cette définition renvoie à l’étymologie même de la métaphore, « porter au-delà » et les lie obligatoirement.
Sous l’influence de l’après-coup, la trace, notion statique, latente, dénuée de vie propre, prend vie, se ranime et, mobile, plastique, force agissante avec tous les caractères d’actualité et de réalité du présent, répète et transforme, impose au psychisme traumatisme, ouverture et déploiement. L’ « origine au présent » devient source permanente du devenir. L’association du refoulement à l’après-coup propose du refoulement une représentation qui est moins d’ouverture que de transformation, jusqu’à la métamorphose, et où se déploie la psyche.
Le contexte, littéralement ce qui entoure le texte, c’est l’éclairage, d’un texte , sa vivification. Le traumatisme est alors traité par le psychosoma comme un appel à la représentation. Cette conception où le vivant ne peut se développer que vers l’accès à la représentation va vers la créativité et peut offrir une voie où le salut se situerait dans la représentation et le langage.
La notion de l’après-coup interroge le fonctionnement linguistique et la position du sujet. Pour la philosophie taoïste, et les langues à prédicat, tout est dicté par le paysage , là où, les langues centrées sur le sujet insistent sur la part de maîtrise et de décision du je , ou du ich freudien. Lee Ufan , philosophe et sculpteur coréen envisage que pour que la pensée puisse être plus ouverte ( donc « créative »), il faudrait que le langage , dépassant le sujet ou le prédicat se consacre à la mise en valeur des relations dynamiques. Ce que Bion a mis en valeur, concentrant son intérêt non sur les choses mais sur l’analogie et le type de lien entre les choses.Sa notion de capacité négative complémentaire à l’attention flottante, permet un pont avec la philosophie des langues à prédicat et de l’Orient.
Bion, comme Meltzer, introduit des implications techniques à partir de l’idée d’existence d’une dimension esthétique de l’esprit, et envisage le cabinet psychanalytique comme un « atelier » à l’écoute des créations de forme ( en analogie avec les formes artistiques capables d’articulations avec les expériences émotionnelles qu’elles peuvent héberger, dont la signification n’est pas fixée et qui ont un degré élevé de non saturation et d’ombres. Cette dimension esthétique, poïétique, peut s’exprimer de façon noble dans la voie métaphorique au sein de l’espace multidimensionnel de la rencontre analytique marqué par l’altérité.
La notion freudienne d’après-coup se heurte à celle de Vérité. Il semble peu probable qu’il existe une vérité déposée en un lieu de notre psyche et que l’on exhumerait telle quelle , car si Freud emploie la notion de « stratification », il a déjà l’intuition que « les matériaux présents sous formes de traces mnémoniques se trouvent de temps en temps remaniés suivant des circonstances nouvelles » Or, il apparaît aujourd’hui que ce remaniement serait constant tant dans la psyche que dans son inscription dans le corps et les processus mnésiques. Il semble plutôt s’agir, dans ce qui fait retour, d’un matériel déjà transformé par l’autoérotisme ou la symbolisation de l’analyse ce qui rejoint l’idée de J. André de l’après-coup opérateur, transformateur , passeur, et le met au centre de création psychique.Freud livra un après-coup intime dans son souvenir d’enfance sur l’Acropole.
Les traces, constructions ou préconstructions, sont déjà reconstructions par rapport à d’autres suivant la place où nous les situons sur le curseur du temps et dans l’actualisation de la séance Freud, découvreur des théories actuelles de la science y eut sûrement réagi et, sa théorie, liée à la notion tant de trace que de localisations cérébrales issue des théories neurologiques de son temps eût pu en être remaniée dans l’après-coup des transformations des hypothèses biologiques. Si les processus de mémoire cérébraux traitent et choisissent les informations au fur et à mesure qu’ils les enregistrent , on a donc toujours affaire à du reconstruit , quelle que soit la forme « archaïque » qu’il puisse prendre dans les tableaux cliniques que nous sommes amenés à rencontrer.
La créativité est alors essentielle au vivant et aux processus psychiques, au sein même de la notion d’après-coup qui serait la mise en lumière de construction par reviviscence en séance et à travers celle-ci d’une création déguisée, pourvoyeuse ou non de formes dites artistiques. La créativité est représentée par quelque chose qui va « se faisant », un « ce faisant » porté par l’axe transféro-contre-transférentiel, un « first being » au sens de Winnicott , qualité du vivant et non événement, elle nuance l’aspect ponctuel et instantané du traumatisme.
L’interprétation mutative, « coup interprétatif », dont le pouvoir de création relance des potentialités restées virtuelles s’inscrit dans l’idée de la création. Elle serait métaphorisante par excellence.
Dans la perspective Freudienne, le créateur littéraire est un héros qui« écrirait son personnage de l’intérieur » et le soumettrait fictivement – et en mobilisant un jeu identificatoire – aux cheminements douloureux de son destin pulsionnel. On pourrait comparer la création d’un héros littéraire à un travail similaire à celui du rêve qui répartirait l’émotion éprouvée sur différents rôles. Par analogie fonctionnelle , l’analysant peut être entendu comme auteur d’une fiction privée et intime inscrite dans le lieu de la séance dans laquelle les personnages qui nous sont évoqués , reconstruits par l’imaginaire du patient dévoilent, en parole ou en geste, différentes identifications comme différents rôles du moi dont le processus ne serait pas sans analogie avec celui décrit par Proust « chaque être est détruit quand nous cessons de le voir , puis son apparition suivante est une création nouvelle différente de celle qui l’a immédiatement précédée, sinon de toutes »
Cette affirmation , qui suggère des constructions successives( donc un rôle de l’après-coup) éclaire le paradoxe philosophique qu’à chaque instant de la vie coexiste , sous le joug de l’après coup , je suis le même/ je ne suis pas le même . Paradoxe du vivant auquel n’échappe pas la biologie puisque toutes nos cellules meurent au fur et à mesure , et notre corps d’aujourd’hui , s ‘il est entièrement renouvelé par rapport à celui d’hier est pourtant toujours notre corps.
L’interprétation mutative est un cas particulier , « érigé », de la voie métaphorique, permanente de l’auteur de la psychanalyse. Le danger de la théorie de l’après-coup ne consisterait il pas à croire que l’analyse a élucidé la rétroaction pour mettre en évidence le lien entre un événement et le traumatisme et de mettre l’accent sur ce qu’aurait de trop obsessionnel l’après coup oubliant ce que sa découverte devait aux patientes hystériques, -et sans doute pas par hasard-. N’aurions nous pas avantage parfois à ré-hystériser le concept freudien d’après-coup ? L’une des racines de l’hyper-théorisation n’est elle pas la façon de réagir à l’obscur de la transformation psychique là où Freud lui-même définissait sa métapsychologie comme les échafaudages autour d’une construction que l’on puisse remettre en question à tout moment, autrement dit une métapsychologie au service de la clinique et pas l’inverse comme la séduction théorique risque parfois de nous y conduire, de nous y invertir ?

Il ne se passe rien et beaucoup de choses changent


Il existe cependant des indices pour suspecter à l’origine de ces changements dont l’analyste ne sait pas « par où ça passe » selon l’expression de P.Marty, un fonctionnement intrinsèque au langage lui même, la métaphore.
Paul Valéry affirmait « les évènements sont l’écume des choses » , soulignant la fascination de l’être humain pour l’événement. Pourtant dans l’analyse, souvent, il ne se passe rien et beaucoup de choses changent. La métaphore permet de se dégager du contexte tout en conservant des liens d’ancrage avec lui , d’éviter la tautologie illustrée par Gertrud Stein dans sa formule célèbre« une rose est une rose est une rose est une rose ».
De façon métaphorique, analyste et analysant bâtissent une demeure éphémère vouée à l’oubli, mise en abyme de l’éphémère intrinsèque à l’existence, de la même manière où Jabès écrivain en exil affirme que son œuvre poétique constitue sa demeure et où la patiente de J.André énonce « ici a été mon premier chez moi ».
Le « ramonage de cheminée » de l’hystérique se fait par le langage, même s’il est des après- coup dans la représentation silencieuse, le « happening analytique « est alors une métaphore en mouvement. L’idée de condensation est d’ailleurs commune à la métaphore et au rêve où la condensation onirique est un déguisement. La métaphore traduit la créativité déguisée.

La voie métaphorique


Au sein du processus analytique, existe, éclairé par l’après-coup, un travail de transformation aboutissant à une auto-création. Découverte et création fictive se combinent dans le révélation de sens nouveaux et l’élucidation du transfert. La prescription faite par Bion à l’analyste de supprimer toute mémoire et tout désir offre la voie à l’inconnu, à l’émergence d’une élaboration créative à deux, dans, par , au delà et en-deça de la répétition.
Le transfert peut y être considéré comme la métaphore par où s’effectue la mutation de sens. La métaphore, invention, transformation, transfiguration d’expérience multiples, illusion, voile certains registres pour en privilégier d’autres.
Tout langage, métaphorisant, crée et recrée, dans l’ambiguité et la polysémie, jette un pont, depuis le présent de l’énonciation, entre passé et futur en une intégration novatrice . Le contre-transfert de l’analyste influence le trajet de la transformation d’un processus créé par la patient en une représentation affective et idéelle . En ce sens il influe sur le transfert. Emerge alors , dans l’expérience ( c’est le propre du vrai self) de la séance, une formulation de ce qui n’était jamais advenu à l’existence psychique, jamais pensé.
La liberté de l’analyste est fondamentale pour se laisser toucher par des représentations informelles ou archaïques, par l’aspiration impérieuse à l’existence d’un jamais advenu ou accompli, en deçà de la répétition.
Si la métaphore est une voie royale pour l’analyse, elle n’est pas toujours possible d’emblée pour certains patients : si l’analyste est l’objet, chez les patients psychotiques par exemple , ou encore s’il n’a rien à voir avec lui,chez ceux décrits comme opératoires, la capacité de métaphorisation peut être très faible et avec elle le flux vital de l’analyse.
L’analyste tente alors de la favoriser ou de l’induire, imagine l’inimaginable, propose des formes à ce qui n’a encore que le statut d’une trace psychique et n’est pas né à la conscience du patient en tant que représentation. Une sorte d’hystérisation, où la construction interprétative sous-jacente est implicite, incombe alors à l’analyste pour donner forme à un irreprésentable dans un contexte de perte partielle de ses repères familiers et de vacillement recevant violemment la charge d’excitation liée aux expériences archaïques qui déborde le patient pour tenter de la mettre en scène et de lui donner forme métaphorique, au sein de son propre psychisme , dans le cadre contenant de la séance.
Anzieu qui lit le Freud de l’interprétation du rêve de l’injection faite à irma relève le passage du paysage(une vue) à une formule, « bellevue » une inscription, un panneau, quelque chose qui relève de l’ordre du code, du travail théorique, de la symbolisation déplaçable. Il reconnaît dans cette démarche et dans le travail créateur la capacité , -dont témoigne l’emploi de la métaphore -, de dépasser l’enlisement en court-circuitant les étapes intermédiaires sur le cheminement entre la perception et le registre du code théorique. Dans l’après-coup se dévoilent, à travers le trajet métaphorique, les significations masquées par le refoulement ou parfois par la projection.
Si la métaphore est la voie de choix pour l’accès aux contenus refoulés, de nombreux auteurs ont souligné l’intérêt des systèmes paradoxaux (et donc de la figure de l’oxymore) dans les clivages. Les interprétations paradoxales qui font varier le registre de l’après-coup dans une économie de chaos fécond, sont de maniement transférentiel délicat et nécessitent une confiance suffisante dans une relation de base.Dans les bons cas, elles rendent possible ensuite le recours métaphorique sur un matériau remanié donc l’analysabilité.
Parfois, chez certains artistes par exemple, le fonctionnement métaphorique est , en quelque sorte inactivé par un mode d’utilisation particulier multipliant les métaphores. Trop de métaphores y tue la métaphore. Elle y est néanmoins présente et audible .L’analyste alors doit renoncer transitoirement à l’exploiter directement et ,comme dans les arts martiaux accompagner le mouvement sans le contrer et sans forcément dévoiler son écoute ni interpréter en dépit d’un flux de matériel surabondant et lié de façon très ,sinon trop, claire. Le temps que s’établisse aussi un contact en deça de la parole. La parole est alors selon les termes de V. Novarina, metteur en scène et poète, « comme une danse d’attente en attente de la parole ».
Dans l’idée de déplacement de contexte à l’origine de la signification, le but c’est le chemin, pour qu’advienne la possibilité, à travers la métaphore de déployer de nouveaux espaces de significations. d’un scénario partagé, d’un espace commun pour l’écoute et l’observation, une sorte de « sens commun non commun » où l’analyste fait une transformation de la transformation qu’il entend du patient combinant son intuition psychanalytique avec l’utilisation de ses théories implicites. L’utilisation de la métaphore , dont la formulation peut être délibérément différée, est un acte où l’analyste met en scène sa créativité et se lie intimement à la notion d’après-coup. Forme de joute oratoire poétique avec ce qu’elle comporte de geste et de jeu ( au sérieux Winnicottien) la psychanalyse, lorsqu’elle interroge la notion de l’après-coup se doit, comme l’énonçait déjà C. David de rendre à la poésie ses droits.La traduction anglaise de « deferred action » serait compatible avec cette hypothèse.
(Texte de discussion au sein d'un atelier au 69 ème congrès des psychanalystes de Langue Française des Pays Romans sur le thème de l’Après-coup, atelier intitulé « Après-coup : la création déguisée ? Texte publié dans les Communications préalables au Congrès, avril 2009, PUF Editeur.)

Freud, dès 1895, dans l'Esquisse, avait pris comme modèle de l'après-coup précisément une problématique d'adolescence, celle bien connue d'Emma, cette jeune femme présentant la phobie d'entrer seule dans un magasin. Lors de l'investigation que Freud avait alors entreprise, était apparu le souvenir, à l'âge de 13 ans, d'être allée dans un magasin de vêtements où elle avait eu la conviction que les deux vendeurs se moquaient d'elle, riaient (il y en avait un en particulier qui semblait l'intéresser beaucoup mais qui la regardait d'un air goguenard), et c'est depuis ce moment-là, dit-elle, qu'avait surgi sa phobie des boutiques. Freud, très justement, s'interroge sur le lien de cause à effet entre les deux événements, lien qui n'allait pas de soi, d'autant qu'elle prétendait que c'était parce que ses vêtements étaient l'objet de moquerie qu'elle ne pouvait plus pénétrer dans un magasin: ce que Freud pointe comme proton pseudos (premier mensonge), c'est-à-dire comme une fausse connexion, un lien qui est fait là, apparemment en toute bonne foi, entre deux éléments dont le rapport de cause à effet est rien moins qu'évident. En poursuivant son investigation, il apprend que, quelques années auparavant, elle était allée se chercher des confiseries dans une boutique dont le patron avait essayé de lui caresser les organes génitaux à travers sa robe, avec une sorte de sourire sardonique. D'où le lien, alors établi par Freud, entre ce qui s'était passé à travers la robe et le sourire sardonique du marchand de bonbons d'une part, et les rires attribués aux vendeurs de vêtements d'autre part. Il montre ainsi comment le premier événement, effectivement traumatique, n'avait pu être intégré par l'enfant et que ce n'était que dans un second temps, dans un après-coup, que cette scène revêtait toute sa signification, dès lors qu'elle concernait une préadolescente prise dans sa problématique pulsionnelle et sa culpabilité. Cet épisode implique apparemment un traumatisme «réel.» Ultérieurement on s'est bien rendu compte que les choses étaient infiniment plus compliquées et que c'était à partir de tout ce qui était élaboration par le sujet, au niveau inconscient, de ses propres désirs, dans le registre de la séduction, de l'angoisse de castration, de la scène primitive, que les événements vécus se voyaient intégré au sein de cette problématique fondamentale, d'abord et avant tout pulsionnelle. L'après-coup ne s'en trouve pas pour autant remis en cause, dont l'adolescence constitue à juste titre le paradigme.




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