mercredi 10 août 2011

L'hypnose et le rêve : deux phénomènes de l'inconscient




L'hypnose et le rêve sont deux activités du cerveau qui existent depuis des siècles. On trouve de nombreuses cultures différentes qui pratiquaient (et pratiquent encore) des rites basés exclusivement sur ces phénomènes. Evidemment, de telles cérémonies ont toujours pour cadre la religion, et les pratiques reposant sur l'hypnose ou l'interprétation des rêves sont laissées à l'entière responsabilité d'un gourou, qui a une fonction religieuse. Or, si l'on a la même activité inconsciente depuis que l'homme existe, celui-ci n'a jamais pu trouver une explication rationnelle, malgré la connaissance approfondie que l'on commence à avoir sur l'hypnose et sur le rêve.
Ainsi, le terme d'hypnose décrivait-il de nombreux phénomènes inexpliqués qui, maintenant, sont mieux définis (comme le magnétisme). On a aussi mieux compris par qui et pour qui l'hypnose est utilisée, de même que les différentes manières de l'exercer. Aujourd'hui on commence à mieux discerner ce qu'elle est réellement et on peut alors trouver des applications pour notre vie quotidienne.
Le rêve, lui, a suivi une direction similaire : son étude scientifique a permis de mieux le comprendre au niveau du fonctionnement du cerveau et des applications peuvent commencer à voir le jour. Mais il ne peut pas être expliqué que scientifiquement, c'est pourquoi il faut tout de même se tourner vers les psychanalyses, psychologues, neuropsychologues...
L'hypnose et le surtout le rêve ont posé le problème de l'inconscient, cette autre partie de nous-même, qui s'oppose au conscient qui dirige les scientifiques. Et, grâce à la puissance de l'inconscient, on pourrait expliquer les grands problèmes du monde moderne et remédier au malaise de notre siècle.

1. Qu'est-ce que l'hypnose ?
L'hypnose n'est considérée comme une science que depuis quelques dizaines d'années, bien qu'elle reste pour beaucoup une pratique mystérieuse empreinte de sorcellerie. Au cours des siècles, on a pu noter une évolution sur la terminologie de cette pratique. Au début, on parlait de magnétisme, ses résultats attirèrent l'attention de la communauté scientifique, ce qui conduisit au terme que l'on utilise actuellement, "hypnose" qui laisse lui-même place, aujourd'hui, à celui de "sophrologie".
Le mot "hypnose" est dérivé du grec upnos et signifie sommeil. Il s'agit, effectivement, d'un état modifié de la conscience où la personne hypnotisée tombe dans une sorte de somnolence. Ce n'est, pourtant, pas un sommeil naturel, mais plutôt un état d'hypersuggestibilité provoqué par une décontraction profonde. On peut donc considérer l'hypnose comme un état de relaxation librement consentie. Pendant l'hypnose, le patient entend parfaitement la voix de l'hypnotiseur, il assimile donc très bien ses instructions et y réagit. De ce fait, l'hypnotiseur peut parfaitement orienter la séance soit pour une thérapie en faisant se remémorer des faits oubliés, soit pour une démonstration en faisant réaliser des actions dictées. Mais il faut savoir qu'il est impossible par le biais de l'hypnose de faire réaliser une action que le sujet ne ferait pas s'il était dans son état normal, par exemple, une personne ayant la phobie des araignées ne pourra pas la vaincre sous hypnose.

2. Histoire de l'hypnose

Dans l'antiquité en Grèce, en Egypte ou dans la Rome antique, les anciens effectuaient couramment des actes de guérison en utilisant des pratiques très proches de l'hypnose. On retrouve des pratiques similaires aux quatre coins du monde depuis le début de l'humanité, des "chamans" de l'Asie aux sorciers africains. En Occident, c'est la science qui prévalut et avec son expansion on assista à un développement de ces techniques malgré les réticences de l'église qui s'opposait à toute pratique proche de la sorcellerie.
C'est un médecin allemand, Anton Massmer, qui donne le coup d'envoi en 1776, en publiant une thèse de doctorat sur le magnétisme. On ne peut pas considérer qu'il s'agit de l'hypnose comme on la conçoit de nos jours, car le docteur Massmer avançait le fait qu'il existe un fluide venant du cosmos qui influe sur le comportement de l'homme. Toutefois, dans ses expériences c'est bien un acte d'hypnose qu'il effectuait, et les personnes conviées entraient en transe hypnotique. Par ses méthodes, il obtint d'excellents résultats comme la guérison du président de l'Académie des sciences de Münich frappé de paralysie. Malgré ses résultats, la méthode du docteur Massmer fut l'objet de nombreux débats houleux et une commission nommée par Louis XVI, qui comprenait notamment Benjamin Franklin, Lavoisier et le docteur Guillotin, la condamna irrémédiablement. L'hypnose a, de tout temps, eu beaucoup de mal à s'imposer car bien que ses résultats soient indéniables, le problème de l'explication mit une barrière bien difficile à franchir.
Vers 1843, Braid change le terme de magnétisme en celui d'hypnotisme, c'est à cette période que l'hypnose connaît l'une de ses plus grandes progressions avec l'école de Nancy et l'école de la Salpêtrière. Les hypnothérapeutes commencent à expérimenter au grand jour, et le docteur Bernhein à Nancy jouit d'une réputation universelle. Il est le premier à introduire l'idée de la médecine psychosomatique et à faire le lien entre le sommeil hypnotique et le psychisme. La dernière phase du développement se déroule à la Salpêtrière, où Charcot, le pionnier de la psychologie, utilise l'hypnose dans le traitement de l'hystérie. Malheureusement les mésententes entre Charcot et Bernhein laissent décroître l'intérêt alors porté à ces expériences. Il y a deux causes principales à cette décroissance, ce sont:
 - la découverte de l'anesthésie par des moyens chimiques (jusqu'à présent l'hypnose était souvent utilisée pour l'anesthésie).
 - la découverte de la psychanalyse par Freud.
En France, curieusement, l'hypnose tombe progressivement dans l'oubli alors qu'à l'étranger elle est, au contraire, réhabilitée. A l'heure actuelle, elle est enseignée aux États-Unis et fait l'objet de recherches en ex-URSS. Le premier grand congrès international s'est tenu en 1970 à Barcelone. De nos jours, le terme d'hypnose a laissé place à un autre mot, celui de sophrologie (La sophrologie est reconnue comme une médecine légale depuis 1955, en Angleterre et depuis 1958, aux États-Unis). 
1. Qui est hypnotiseur ?
Il faut bien savoir qu'un hypnotiseur ne possède aucun pouvoir spécial. Même s'il est fréquent d'entendre des gens affirmer qu'ils ont vu les yeux de l'hypnotiseur tourner, il ne faut voir ici que des manifestations de leur imagination. Ce n'est pour la plupart des cas que la manifestation de la fascination qu'exerce tout phénomène "magique" sur l'homme. Et l'hypnose, malgré nos efforts de rationalisation, fait resurgir de l'inconscient cette fascination issue de l'enfance. De nos jours, les hypnotiseurs sont plus souvent des médecins, ce qui prouve que l'hypnose n'est pas un don, mais bien le résultat de l'apprentissage d'une technique.

2. Tout le monde peut-il être hypnotisé ?

C'est la question la plus importante. Car les deux extrêmes existent: il y a les sujets facilement hypnotisables et ceux qui sont plus récalcitrants. D'après les différentes études et expériences menées à ce sujet, les personnes les plus facilement hypnotisables sont la plupart du temps des personnes équilibrées, c'est-à-dire relativement stables et bien intégrées. Ceci implique que les névrosés sont plus difficilement hypnotisables. Et parmi les névrosés, les hystériques sont les plus résistants. On peut donc définir le profil des personnes facilement hypnotisables:
 - assez équilibrées;
 - se détendant facilement;
 - ayant pratiqué des techniques de relaxation;
 - sachant pratiquer la concentration (les arts martiaux par exemple).
En ce qui concerne les personnes difficilement hypnotisables, il y a en tout premier lieu les gens qui ne veulent pas être hypnotisés. Ils ne pourront en aucun cas y être astreints. On a pu noter que les personnes qui ont offert le plus de résistance aux traitements du sommeil hypnotique étaient souvent inadaptées socialement et très perturbées.
L'hypnose est, toutefois, une question d'apprentissage, le patient doit avoir confiance et ne doit pas avoir peur de ce qui peut se passer. Même s'il n'est pas rare de pouvoir être hypnotisé dès la première séance, la plupart des personnes y parviennent à la deuxième ou la troisième. Dans certains cas, il faut plus de persévérance puisque qu'un chercheur allemand a fini par hypnotiser un patient récalcitrant à la 300ème séance...
Ainsi, à force d'entraînement, une personne entre très facilement et très rapidement en état de transe hypnotique et, dans certains cas, un sujet bien entraîné peut immédiatement entrer en état hypnotique à l'aide d'un mot-clé.

3. L'hypnose est-elle dangereuse ?

L'hypnose n'est pas une pratique dangereuse dans la plupart des cas. Toutefois, une personne en mauvais équilibre psychique peut difficilement entrer dans cet état et si elle le faisait, elle pourrait courir quelques risques. Car cette personne fragile psychologiquement peut faire passer de l'inconscient au conscient des choses qu'elle supporterait mal.
Dans les autres cas, l'hypnose n'est pas dangereuse elle est même très bénéfique, car il faut savoir que si le sommeil hypnotique est différent du sommeil naturel, il en est quand même suffisamment proche pour que le sujet s'endorme réellement. La crainte de ne pas se réveiller n'a donc pas lieu d'exister.

4. La transe hypnotique

L'état dans lequel se trouve une personne hypnotisée se nomme transe hypnotique. Ce mot ne signifie pas que le sujet entre dans un état second, mais il parvient à augmenter considérablement son degré de concentration. Il sera donc possible à ce patient de se concentrer sur ce qui lui est demandé et rien d'autre ne pourra le perturber, même pas des bruits extérieurs. On peut croire qu'il existe une contradiction entre la relaxation et la concentration car, pour beaucoup de gens, ces deux termes s'opposent. Il n'en est rien, en effet la concentration n'est pas le résultat d'une forte tension comme on pourrait le croire, mais le résultat d'une grande relaxation.
On distingue quatre niveaux de transe hypnotique: état hypnoïde, transe légère, moyenne et profonde. Il n'est pas nécessaire d'entrer dans une transe profonde pour obtenir des résultats, la plupart du temps, on obtient les mêmes résultats avec léger sommeil hypnotique. C'est la raison pour laquelle l'hypnose réussit sur la plupart des personnes qui le désirent.
L'état hypnoïde représente le premier degré c'est, en fait, un état de relaxation modéré. Lorsque l'on passe, ensuite, à la transe légère, les symptômes sont plus prononcés, comme différentes formes de catalepsie. En accédant aux étapes supérieures, l'état du sujet sera beaucoup plus modifié comme on peut en juger d'après le tableau présentant les étapes fondamentales et les éléments qui les caractérisent.

Etat hypnoïde
     relâchement
     battement de cils
     fermeture des yeux
     relâchement psychique complet

Transe légère
     catalepsie oculaire
     catalepsie des membres
     catalepsie rigide
     anesthésie

Transe moyenne
     amnésie partielle
     amnésie post-hypnotique
     changements de personnalité
     suggestion simple post-hypnotique
     amnésie totale

Transe profonde
     capacité d'ouvrir les yeux sans modification de transe
     suggestion post-hypnotique
     somnambulisme complet
     hallucinations visuelles positives post-hypnotiques
     hallucinations post-hypnotiques systématisées
     hallucinations visuelles négatives
     hyperesthésie
     hallucinations auditives négatives

Ces différents stades représentent, en réalité, les degrés de concentration du sujet. Dans la majorité des expériences, la transe légère ou moyenne est suffisante, c'est notamment le cas pour les séances d'hypno-analyse. Il n'est pas rare qu'un patient change d'état au cours d'une séance, il faut également noter que plus la transe est profonde, plus les résultats sont rapides.
D'après des statistiques, on estime que seulement 25 % des personnes peuvent atteindre l'état de transe profonde, tandis 90 à 100 % arrivent à un état de transe légère et 60 % à celui de transe moyenne

Pour atteindre la transe hypnotique, il faut passer par certaines phases et ce, quelle que soit la méthode employée:
 - l'induction;
 - l'approfondissement;
 - le réveil. 
Les méthodes :
1. L'induction
L'induction est la première phase de l'hypnose, elle est purement physique. En effet, l'induction doit agir sur le physique du sujet, en prenant en compte la relaxation du corps et la détente musculaire. Pour y parvenir, il existe beaucoup de méthodes, nous allons en voir quelques unes.

      1.1 Les méthodes de fixations

La méthode de fixation est un procédé d'induction assez efficace. La fixation du regard sur un point fixe, de préférence dans une position fatigante pour les yeux, va rapidement entraîner une fatigue oculaire. A mesure que la vision devient floue et que la fatigue s'accroît, la vigilance du sujet diminue et sa concentration augmente. Il faut préciser que cette méthode peut être employée avec un stimulus visuel, mais aussi auditif, ou bien les deux à la fois. On peut apparenter cette méthode à des événements de la vie de tous les jours, comme la voix monotone du conférencier qui endort son audience ou les sons lancinants des musiques de tribus indigènes avec leur tam-tam utilisé pour induire la transe.

Simple fixation:
On demande au patient confortablement installé, assis ou allongé, de fixer un point légèrement au-dessus de sa tête, de manière qu'il soit obligé de lever légèrement les yeux, Puis on lui parle. Dès que le patient commence à fermer les paupières, il faut l'encourager à rester dans cet état. C'est l'une des méthodes les plus simples et des plus efficaces qui soit pour induire la transe. Il faut, quand même, ajouter que la pièce dans laquelle se situe la séance a une importance, elle doit être bien chauffée, car un courant d'air pourrait faire échouer la phase d'induction et la lumière ne doit pas être trop forte pour ne pas détourner l'attention du sujet.
Méthode de distraction avec fixation:

Parfois, la simple fixation n'est pas suffisante pour obtenir l'induction, par exemple si le sujet est trop tendu, la méthode de distraction est alors utilisée. L'hypnotiseur soumet au patient un exercice mental, pendant qu'il s'y adonne, son attention est fortement accaparée, aussi l'induction se passe sans qu'il y prête attention. Dans un laboratoire américain, on demande au patient de faire un compte à rebours de 300 jusqu'à zéro. L'opération semble facile, mais il est très difficile de penser à autre chose en même temps et, obligatoirement, la vigilance du sujet quant à l'induction s'en trouvera amoindrie.

Méthode de fixation de deux points:
Cette méthode mélange le principe de la simple fixation et de la distraction. On demande au sujet de fixer deux points. Le patient va devoir utiliser ses yeux indépendamment l'un de l'autre, ce qui va représenter une fatigue beaucoup plus grande, car les yeux ne sont pas habitués à cette gymnastique. Cet effort aboutit à une diversion et l'induction s'en trouve facilitée.

Il existe aussi la méthode de fixation par le regard ou fascination. Cette méthode n'est pratiquement plus utilisée, car elle est beaucoup plus dure à réaliser, mais c'est de loin la plus impressionnante. Elle a fait la réputation des grands hypnotiseurs qui hypnotisaient leur sujet par le regard.

        1.2 Méthodes dites actives

Ces autres méthodes qui n'utilisent pas la fixation font appel à une participation active du patient. On demande d'effectuer certains gestes ou mouvements, qui répétés de façon rythmique et régulière, vont entraîner une certaine fatigue musculaire et donc faciliter l'induction.

Technique du ballon:
Cette méthode fait appel à la participation active du patient. La méthode dite du "ballon de plage" consiste à faire croire au patient qu'il est sur une plage et que tout va bien, il fait beau, la température est parfaite. Puis on lui dit qu'il tient un gros ballon de plage et qu'il le fait rebondir de façon régulière sur le sol. Le patient mime le geste, petit à petit, il sent sa main devenir lourde, l'hypnotiseur lui dira que cette sensation le gagne agréablement et le patient entrera calmement en état hypnotique. Il faudra alors continuer avec l'approfondissement de la transe.

Le tableau noir:
Cette méthode demande au patient un effort de concentration tout comme dans le compte à rebours, mais avec des différences. Le patient va être appelé à se représenter un tableau noir et à l'aide de sa main non-dominante, la gauche pour un droitier, il va imaginer qu'il écrit un chiffre sur le tableau. Il écrira d'abord un premier nombre, puis il l'effacera. Il recommencera cette opération à plusieurs reprises et sa main se fatiguera vite; la concentration apparaîtra alors (il convient de comprendre que le patient mime le geste auquel il pense).

      1.3 Méthode sans préparation physique

Ces méthodes s'appliquent aux personnes qui n'ont pas besoin de phase de relaxation ou bien qui sont très entraînées à l'hypnose. Elle leur permet d'entrer très rapidement en état hypnotique.

Méthode par confusion:
C'est l'une des méthodes les plus difficiles, mais c'est, certainement, l'une des plus efficaces. Elle consiste à raconter au patient une histoire qui n'a rien à voir avec l'induction et lui faire effectuer un effort physique ou cérébral complètement incohérent. Son esprit sera très occupé à comprendre, ou tout au moins à essayer de comprendre ce qui lui est dit. A mesure qu'il doit se concentrer pour comprendre, sa vigilance diminue et sa frustration augmente, il est alors très facile d'induire le patient.

2. L'approfondissement de la transe

Après l'induction, le sujet va se trouver dans un état de repos et d'immobilité (état hypnoïde). A partir de ce moment l'hypnotiseur va pouvoir approfondir la transe en déclenchant des symptômes tels que la catalepsie des yeux, des membres, l'anesthésie, ou bien l'amnésie. Pour y parvenir il existe là aussi différentes méthodes, voici quelques symptômes qui peuvent être commandés.

  Lourdeur du bras :
Dans un premier temps, l'hypnotiseur va faire croire que le bras du patient lui semble lourd, si lourd qu'il ne pourra plus le bouger. Pour y parvenir, l'hypnotiseur va parler au patient d'un poids de plus en plus lourd. Si après cette phase, le sujet peut bouger le bras, c'est qu'il n'est pas hypnotisé, il faudra donc reprendre la séance depuis le début.

  Catalepsie des paupières :
Par le même principe l'hypnotiseur va faire croire que les paupières sont si lourdes qu'il sera impossible de les bouger.

  Hyperesthésie :
Avant de pouvoir travailler sur l'anesthésie, on passe par l'hyperesthésie qui est le principe inverse. C'est l'hypersensibilité d'une partie du corps, toutes les sensations sur la partie du corps concerné sont amplifiées (la chaleur, la douleur...). On pratique cette opération avant l'anesthésie, car il est plus simple d'arriver à cet état.

  L'anesthésie :
Si toutes les étapes précédentes se sont bien passées, alors l'hypnotiseur pourra tenter de pratiquer une anesthésie partielle. Cette pratique eut de très bons résultats, car on a déjà opéré sous une telle anesthésie.

  L'amnésie :
C'est une étape beaucoup plus profonde, il est difficile d'y arriver. L'amnésie n'est jamais irrémédiable et peut être interrompue. On utilise cette phase pour faire oublier des traumatismes survenus dans le passé.

3. Le réveil

Une fois la séance terminée, il va falloir ramener le sujet à son état normal, c'est la phase de réveil. Il ne s'agit pas réellement d'un réveil, mais d'une sortie de l'état hypnoïde. Pour ce faire, l'hypnotiseur va suggérer certaines choses. Il est important de le faire doucement, on lui indique qu'il va se réveiller; puis on annule toutes les suggestions faites pendant la séance (Il est très important de le faire). Il faut savoir qu'il est impossible de ne pas se réveiller, même si parfois cela peut être très long et se transformer en sommeil normal.
 Les applications :
Elles sont nombreuses, mais essentiellement à but thérapeutique; par exemple, en 1949, Messmer redonne la vue à un aveugle et la première opération sous hypnose a lieu en 1845. La France accuse un certain retard en matière d'hypnose en raison d'un scepticisme excessif, mais beaucoup de pays la pratiquent. Parmi ses multiples usages, l'hypnose trouve sa place la plus importante dans les domaines psychologiques avec, notamment, l'hypno-analyse.
1. Hypno-analyse

C'est une pratique identique à celle de l'analyse psychiatrique classique, mais ici les barrières et les blocages du subconscient n'apparaissent plus. On peut donc obtenir des résultats beaucoup plus rapides (une séance d'hypno-analyse peut avoir les mêmes résultats que plusieurs semaines de travail par analyse classique).

2. Ecriture automatique

Le patient écrit sous hypnose un texte en rapport avec ses problèmes. Puis on lui demande de l'expliquer sous hypnose ou non. Cette méthode permet de laisser l'inconscient s'exprimer, ainsi on peut voir apparaître les problèmes de fond et le traitement par l'analyse simple s'en trouve donc simplifié.

3. Régression

Elle permet de revivre une situation du passé, ainsi tous les événements refoulés vont réapparaître et enfin pouvoir s'exprimer. On pourra donc agir sur ces événements qui sont négatifs et qui continuent d'agir sur le patient. Ces événements sont dits non terminés, car ils agissent sur l'inconscient, le médecin hypnotiseur pourra donc terminer ces événements en revenant au moment où ils ont commencé. Cette application est, toutefois, réservée aux très bons hypnotiseurs.

4. Thérapeutiques psychiatriques

L'hypnose est très efficace pour traiter les névroses simples comme la paralysie, le bégaiement ou bien l'amnésie. Dans certains cas, on peut soigner les névroses d'angoisse en déterminant d'où vient cette angoisse. Dans le cas d'une phobie, l'hypnose n'est pas très efficace, elle permet, quelquefois, de trouver les raisons à la phobie et donc d'employer un traitement efficace. Il existe certaines maladies psychiatriques qu'il est impossible de soigner par hypnose, comme la psychose (à cause du changement de personnalité) ou bien la schizophrénie pour laquelle l'hypnose est fortement déconseillée, car elle pourrait aggraver l'état du patient.

5. Autres applications

Les maladies dites psychosomatiques (maladies engendrées par le stress de la vie moderne) sont très bien soignées par l'hypnose et même beaucoup mieux que par les médicaments, car l'hypnose permet de décontracter le patient et d'éliminer son stress. Les effets des maladies psychosomatiques sont la fatigue (première cause de souffrance des Français), l'insomnie, la nervosité ou bien encore la contrariété qui peut se traduire par des troubles digestifs (ulcère). En Europe, ces maladies sont prédominantes et on voit, petit à petit, apparaître une technique proche de l'hypnose qui se nomme la sophrologie qui permet d'élimer ces problèmes par le biais d'une grande relaxation.

Le rêve :
1. Place du rêve dans la société
Depuis toujours, les peuplades humaines rêvent, on le sait. Mais, suivant les cultures et suivant les époques, on a plus ou moins prêté attention à cette partie de nous qui reste secrète. Pour les peuples "primitifs", ils ont souvent été pris au sérieux, pouvant révéler des avertissements. Délaissés ces derniers siècles dans notre population "civilisée", on a cru qu'il n'y avait que deux états du cerveau : l'éveil (activité) et le sommeil (l'inactivité). Il y a 60 ans seulement, la science commençait à étudier en détail ce grand mystère qui attise la curiosité des plus grands chercheurs actuels.

2. Apport de la science pour comprendre le rêve

L'invention de l'électroencéphalogramme (E.E.G.) a permis de découvrir que, durant le sommeil, il y a des phases d'intense activité cérébrale. De plus, pendant cette période, il y a de forts mouvements oculaires de gauche à droite, d'où le nom de "Rapid Eye Movement" ou "REM". De nombreuses expériences montrent que c'est dans cette phase que les rêves se créent : en réveillant un dormeur à ce moment, on s'aperçoit qu'il se souvient très bien de son (ou ses) rêve(s). Un des grands chercheurs en onirologie (et aussi en neurobiologie), Michel Jouvet, a découvert que le rêve s'accompagne d'une activité physique nulle, en contradiction avec une activité mentale qui réclame beaucoup d'énergie (d'où le terme souvent employé de "sommeil paradoxal").

3. Structure du sommeil

L'analyse d'une nuit de sommeil avec l'E.E.G. nous a montré que le rêve n'apparaît pas d'une façon aléatoire dans la nuit. Tout est bien structuré en 4 phases, l'éveil étant caractérisé par des ondes bêta :
 - d'abord le cerveau émet des ondes alpha (avec un rythme moins élevé),
 - ensuite il émet les ondes thêta (ondes beaucoup plus lentes),
 - puis viennent les ondes delta,
 - et après, on est dans un sommeil profond.
Puis le cerveau repasse par toutes ces étapes en sens inverse, et on arrive à la phase "REM". Plusieurs fois dans la nuit, le cerveau refait le même comportement.

4. Recherches en cours

Grâce à l'E.G.G., on a aussi vu que les rêves pouvaient durer plusieurs minutes, contrairement à ce que l'on entend dire comme quoi ils ne dureraient que quelques dixièmes de secondes. Une autre constatation est que les animaux qui rêvent sont les animaux dont la température du corps est constante et indépendante de leur environnement; espérons que ces observations serviront à mieux connaître notre activité onirique quotidienne.
Les récentes recherches en onirologie ont même été plus loin : Stephen LaBerge, docteur en psychologie et chercheur à l'université de Stanford a trouvé des techniques systématiques pour faire des rêves lucides, ces rêves que l'on faisait rarement et par le fait du hasard. 

Le rêve lucide : 
1. Une histoire déjà ancienne...
En effet, Stephen LaBerge s'est consacré à l'étude scientifique des rêves lucides dès 1977. Mais avant, les Tibétains, avec le yoga de l'état de rêve, ont déjà essayé de contrôler les rêves et, plus récemment, on peut se demander dans quelle mesure l'autohypnose est proche du rêve éveillé.

2. Expériences du marquis d'Hervey de Saint-Denys

Les travaux du marquis d'Hervey de Saint-Denys, vers 1860, ont fait avancer notre compréhension du rêve, alors que son époque ne "produisait" que des matérialistes qui pensaient que le rêve était dû à des troubles psychologiques. Ses multiples expériences reposent sur des souvenirs émotionnels très liés aux sens. Ainsi, Hervey de Saint-Denys a beaucoup utilisé le sens auditif et le sens olfactif. Par exemple, pendant des vacances paisibles dans l'Ardèche, le marquis respirait toujours le même parfum déposé sur un mouchoir. Quand il rentre chez lui, à Paris, il met dans une boite le mouchoir, et ne se sert plus de ce parfum, durant des mois. Un jour, il dit à son valet de choisir un jour au hasard pour déposer du parfum sur son oreiller pendant son sommeil. Et la nuit où le valet le fait, le marquis rêve alors de châtaigniers, de montagnes, et de la roche de basalte de sa région de vacances. Aussi, ce rêve, s'il n'est pas lucide prouve que l'on peut modifier le comportement du rêve par des agents extérieurs.

3. Découvertes de Stephen LaBerge

Ce qu'a inventé Stephen LaBerge va beaucoup plus loin : grâce à des techniques, on peut être conscient de son état onirique et agir comme on l'entend. L'E.E.G. est formel : cet état de sommeil reste bien la phase de sommeil paradoxal. Il ne s'agit pas de l'état de sommeil léger que tout le monde peut expérimenter. De plus, l'hypothèse concernant d'éventuels micro-réveils est, elle aussi, écartée car un rêve lucide pouvant durer une demi-heure, l'E.E.G. montre toujours des ondes alpha, caractéristiques de la période où se situe le rêve. Daryl Hewitt, qui fait des expériences au Lucidity Institute de Palo Alto en Californie, dit avoir déjà eu des rêves lucides depuis ses 18 ans. Et c'est depuis qu'il travaille avec Stephen LaBerge, qu'il arrive à les provoquer. Mais quelles sont les techniques employées?

4. Voyage dans un rêve lucide

Dans un laboratoire, on relie l'"onironaute" ("voyageur dans les rêves") à un polygraphe, qui enregistre l'activité du cerveau. Quand le dormeur entre en état de sommeil paradoxal, il reçoit un signal discret, que ce soit une impulsion lumineuse envoyée avec des lunettes, ou un simple son, ce signal doit attirer l'attention de "l'onironaute" tout en ne le réveillant pas. D'après les études concernant le sommeil en phase REM, Stephen LaBerge a compris que l'on pouvait bouger facilement les yeux tout en étant endormi, il a alors convenu avec l'onironaute d'un dialogue possible en faisant des mouvements oculaires verticaux (par exemple, en morse). En réponse au signal reçu, le dormeur peut ainsi communiquer avec les chercheurs. Il devient à la fois acteur de ses propres rêves et cobaye pour des expériences qui risquent d'apporter beaucoup à la science et à l'homme. En effet, on comprend aisément les implications de telles expériences avec la science.

5. Utilités du rêve lucide

Les possibilités sont extrêmement variées : les rêves lucides permettent de faire des choses "virtuellement", comme si on les vivait réellement. Ils ont, en fait, le même but que la fameuse "réalité virtuelle", technique créée par l'ordinateur qui permet une "immersion" complète dans un monde qui peut être idéal. Dans une certaine mesure aussi, ils ressemblent, par leurs effets, à ces drogues chimiques qui satisfont tous les désirs de l'homme. Pourtant, bien que danger il puisse y avoir, les rêves lucides peuvent servir à des choses plus utiles : apprendre une langue étrangère par exemple, en récitant de nombreuses fois les mots nouveaux, on peut aussi surmonter des cauchemars fréquents qui nous taraudent. Et la création artistique pourrait en tirer un grand profit, quand on pense à ce que disait Frederik Van Eeden en 1913 : "Mon imagination n'aurait jamais été capable d'inventer ou de créer une image aussi complexe que celle de la perspective changeante de petites branches que je voyais quand je volais". D'après des psychologues américains, des personnes qui font souvent des rêves conscients sont plus équilibrées et indépendantes que les autres. Et comme l'a dit le maître soufi Ibn el-Arabi au XIIème siècle, "L'individu doit pouvoir contrôler ses pensées alors qu'il rêve. L'exercice de cette vigilance [...] rapportera de grands bénéfices à l'individu." Mais on ne sait toujours pas pourquoi on rêve, bien qu'on essaye d'utiliser le rêve à bon escient. 

Pourquoi le sommeil et pourquoi le rêve ?  
1. Interprétations scientifiques
      1.1 Hypothèse de Francis Crick

Selon Francis Crick, prix Nobel de médecine (c'est le co-inventeur de la double hélice de l'ADN), le cerveau est construit comme un super-ordinateur. Ce chercheur, dont le matérialisme est si grand, va même penser que le cerveau agit comme un ordinateur; il a donc des places de mémoires limitées qui s'effacent durant le sommeil. Ainsi, c'est l'hypothèse du "rêve-oubli". Mais elle n'est pas convaincante à bien des égards, car, entre autres, des expériences ont montré que le dauphin n'a pas de sommeil paradoxal et pourtant il a un cortex cérébral presque aussi gros que celui de l'homme.

      1.2 Hypothèse de Michel Jouvet

Pour Michel Jouvet, qui a sérieusement étudié les rêves, l'activité onirique sert à une reprogrammation génétique de l'individu et à une mémorisation de nos attitudes quotidiennes. Les expériences troublantes concernant des jumeaux séparés dès la naissance ont montré qu'ils avaient des points communs concernant certaines caractéristiques intellectuelles. Cela pourrait donc appuyer la thèse de Jouvet, qui explique que le rêve servirait à reprogrammer l'identité personnelle. De surcroît, il est prouvé que les rêves accélèrent la fixation des souvenirs : des observations sur des souris ont montré que des souris "normales" (qui ont un sommeil paradoxal) apprennent plus vite un circuit dans un labyrinthe que des souris qu'on a privées de sommeil paradoxal; de même, des animaux sans activité onirique n'apprennent jamais rien (par exemple, les poissons). Michel Jouvet s'est toujours appuyé sur la neurologie : cette science, tout de même assez récente, s'implante de plus en plus, car elle permet de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau.

      1.3 Expériences en neurologie

Par ailleurs, la neurologie a fait des progrès énormes durant ces dernières années, notamment concernant les fonctions du cerveau. Avant la fin du XVIIIème siècle, personne ne s'y intéressait, certainement parce qu'il était considéré comme trop compliqué. Et un jour, un médecin germano-autrichien, Gall, a commencé cette recherche fabuleuse sur la conscience de l'homme. Evidemment, ses recherches ont conduit à peu de choses : il croyait qu'il y avait une relation directe entre les bosses du cerveau et l'intelligence. La neurologie nous a permis de mieux comprendre le cerveau : les maladies "mentales" sont des maladies neurologiques qui sont dues à une mauvaise communication entre les neurones. On a pu également comprendre un peu mieux le rôle de certaines parties du cerveau : l'hémisphère droit du cerveau gère toute la partie du corps à gauche, et l'hémisphère gauche, la partie droite. Mais plus que cela, Roger Sperry, prix Nobel de physiologie-médecine en 1981, a fait des opérations chirurgicales pour couper les fibres nerveuses reliant les deux hémisphères. Les "split-brain" ou "cerveau-coupé", grâce à leur comportement particulier, ont mis en évidence des résultats impressionnants : le cerveau gauche est "linéaire" et sert pour le calcul, la logique, le langage, et le cerveau droit est "spatial" et sert pour la musique, la reconnaissance de formes, l'imagination, les émotions, les sentiments. Or les neurologues, se penchant sur le rêve, ont observé que, durant le sommeil paradoxal, les connexions entre cerveau gauche et cerveau droit étaient coupées. Mais les recherches en sont là et on ne peut élaborer d'autres hypothèses scientifiques sans preuves. C'est pour cette raison que l'on va se tourner vers l'analyse que proposent les psychologues.

2. Interprétations psychanalytiques

      2.1 Début de la psychanalyse : analyse freudienne

Face aux questions - sans réponses catégoriques de la part des scientifiques, surtout vers le début du XXème siècle - que le rêve engendre, les psychanalystes commencèrent à proposer des réponses. Le précurseur de la psychanalyse est Sigmund Freud, qui a mis au goût du jour l'interprétation des rêves. Ceux-ci étaient considérés comme incompréhensibles et sans intérêt. Freud est le premier à considérer l'inconscient (tout ce que le conscient ne peut contrôler). Pour lui, l'inconscient est le siège des désirs refoulés par la conscience et, pour lui, "le désir représenté dans le rêve est nécessairement infantile". Pour expliquer l'aspect désordonné et décousu du rêve, Freud croit à une censure du conscient qui force l'inconscient à choisir une apparence moins rationnelle pour exprimer une idée dans un rêve. La technique de la métaphore est souvent utilisée. Dans une première approche, il veut établir des règles d'interprétation des rêves pour essayer de guérir ses malades, tels des névrosés. Ensuite, on pourra peut-être mieux expliquer le psychisme de l'homme grâce à ses études. Il y a toutefois un reproche qu'on peut lui faire : son interprétation des rêves se sert des éléments des rêves comme s'ils étaient indépendants entre eux; on peut alors trouver des désirs inavouables dans n'importe quel symbole, même si les associations d'idées sont très éloignées. De plus, restreindre l'interprétation des rêves à cette seule fin est tout de même bien abusif.

      2.2 Analyse jungienne

On comprend alors pourquoi Carl Gustav Jung, ancien disciple de Freud, proposa une autre analyse, différente de celle de Freud. Freud a eu un grand impact : pionnier en la matière, il présenta une hypothèse séduisante et qui marchait pour tous les rêves. Mais justement, c'est à ce niveau que Jung s'oppose à Freud. De nombreux patients de Jung lui ont permis d'étudier en détail l'inconscient. Et il a alors considéré l'inconscient comme une force puissante et bénéfique. Il peut nous révéler nos défauts et nos qualités, ce qui permet d'en prendre conscience et d'agir ainsi en conséquence. Le rêve nous montre aussi des archétypes, modèles idéaux qui transcendent l'homme, et qui ne dépendent ni du temps ni de l'espace. Ceci est expliqué par des études comparatives entre différents peuples.
De plus, l'inconscient peut avoir une profondeur plus subtile grâce aux rêves prémonitoires. Ce que Jung ne savait pas, c'est que des expériences très récentes faites par le docteur Montagne Ullman à New-York ont prouvé scientifiquement l'existence des rêves prémonitoires. La cause du dernier livre de Jung ("Essai d'exploration de l'inconscient") était simplement un rêve, qui signifiait que Jung devait rendre ses recherches accessibles à tout le monde, et, vers la fin du livre, il juge le monde en utilisant sa conception.
Pour lui, le conscient et l'inconscient sont deux forces internes de l'homme qui doivent se respecter pour une vie équilibrée : les peuples dits "primitifs" vivaient en étant heureux, l'inconscient trouvait sa place dans des croyances irrationnelles. Mais aujourd'hui, le conscient (avec l'esprit rationnel) est tout puissant. 

Explications du malaise actuel  
1. Hier : espoirs en la science
Tout d'abord, il est indéniable que, durant ces dernières décennies, la science a progressé d'une façon admirable et à une vitesse surprenante. Ce siècle, avec l'arrivée de nouvelles technologies, a changé les modes de vie des pays qui ont subi cette révolution industrielle. Mais plus qu'un changement, la "tempête scientifique" a bouleversé le monde en balayant du même coup les interrogations des gens sur les problèmes d'éthique et leurs interrogations philosophiques. On se disait : "La science arrive avec ses nombreuses découvertes. Attendons, et nous pourrons tout savoir.".
Et maintenant, quel constat peut-on dresser? La science a fait des progrès incroyables dans tous les domaines : de l'infiniment petit (les atomes, l'ADN,...) à l'infiniment grand (l'espace...). Et on a cru pouvoir tout contrôler, tout maîtriser. L'homme devenait libre de toute contrainte, de tout destin puisqu'on allait choisir jusqu'à l'enfant que l'on pouvait avoir (dans la perspective de changements génétiques). Pour le coup, l'église catholique, qui n'a pas su intégrer les nouvelles recherches scientifiques dans sa religion, s'est décrédibilisée. Et toutes les religions (pour les pays industrialisés) sont devenues moins populaires. Les lois sociales ont défini ce que l'homme devait être, en confondant l'homme avec Dieu. En effet, pour toute cette société, l'homme était au centre des lois, au centre des espoirs. Et, avec la science qui représentait l'Intelligence, celle-ci croissait donc en même temps que les progrès scientifiques. Mais la science montre maintenant ses limites : elle ne peut pas tout expliquer.

2. Aujourd'hui : perte des repères

Après de tels "progrès", on arrive, cependant, à des frontières : la Vérité ne peut être révélée par les seuls des analyses scientifiques. Et on s'aperçoit, maintenant, que l'Esprit Rationnel n'est pas Dieu : il n'a pas fait le monde. La société dans laquelle nous vivons s'est basée sur elle, et, malheureusement, presque exclusivement. Alors, pouvons-nous nous étonner des grandes crises économiques actuelles? Puisque l'argent est devenu, avec le pouvoir, le plus grand des désirs de l'homme moderne (en généralisant abusivement...), celui-ci s'est rattaché à ces valeurs factices, créées par l'esprit cartésien. Désormais, on voit de nombreuses personnes qui n'y attachent plus d'importance : la recrudescence des suicides en est une des plus flagrantes preuves. Mais à quelles valeurs peut-on alors se rattacher? 

Remèdes

1. Réunion de l'interprétation des 2 cerveaux et de l'interprétation jungienne
Ce qui est étrange, c'est de voir une prise de position analogue de la part du professeur Israël, célèbre cancérologue, et de Jung, psychiatre. Comment, en effet, est-ce possible qu'un scientifique, se basant sur les dernières recherches concernant l'étude de notre cerveau, et qu'un psychiatre trouvent la cause du mal de notre siècle? Pour le Pr Israël, l'hémisphère gauche, rationnel, a été trop sollicité par rapport à l'autre hémisphère. Il y a donc eu une atrophie de la partie du cerveau qui est plus irrationnelle et artistique. Pour Jung, le conscient a gouverné l'homme, sans demander la parole à l'inconscient. Il nous faut écouter l'inconscient et dialoguer avec lui pour retrouver un équilibre sain. Et alors, on se pose la question : comment faut-il faire?

2. Point de vue proposé par le Pr. Israël

Le Pr Israël s'est penché sur l'évolution de notre société, à l'occasion de son livre Cerveau droit, cerveau gauche. Cultures et civilisations, et a étudié la place que l'art a actuellement dans la civilisation moderne.
L'analyse de la peinture au travers des différents mouvements incite à penser que l'hémisphère droit du cerveau dirigeait l'art avant l'ère moderne, alors que maintenant, d'après le Pr Israël, la notion du beau est en train de se perdre. En effet, lorsque Rembrandt peignait, par exemple, il transcrivait sur une toile l'atmosphère d'une scène (l'hémisphère droit perçoit le monde d'une manière plus synthétique, plus globale). Maintenant, quand le Pr Israël voit l'architecture de notre époque et l'"art" moderne, il pense que le laid triomphe lamentablement au détriment du beau. Et, pour que l'on retrouve le besoin du beau, il faut condamner le laid : il espère que son livre pourra servir aux hommes politiques, qui influenceront toute la société.
En faisant un travail d'ethnologue, le Pr Israël en vient à penser que tout peuple, pour avoir une forte cohésion sociale, doit avoir sa propre culture, et aussi ses propres rites. Une société multiculturelle est trop morcelée pour avoir une unité propre, et les guerres peuvent ainsi s'immiscer irrémédiablement. Pour le Pr Israël, donc, il faut que l'on développe le sens de l'appartenance à une communauté, et en cela, Jung a une approche similaire.

3. Point de vue proposé par Jung

Jung propose une solution au mal-être que notre civilisation "civilisée" nous inflige. La recrudescence des suicides est la preuve flagrante que la société impose un mode de vie qui n'est pas adapté à la plupart des gens. Pourquoi? La baisse de la croyance religieuse est pour Jung la raison principale : en prenant exemple sur des civilisations dites primitives qui n'ont (ou n'avaient) pas de troubles psychiques (comme la nôtre), il prouve que l'on a besoin de "croire". La spiritualité est essentielle pour vivre, et, dans une vie, on ne peut pas manquer de se poser des questions métaphysiques, autrement dit, des questions sans réponses (actuellement...). La croyance à une religion permet de transcender toutes ces questions et, particulièrement, celle sur la mort. La religion offre une direction à la vie : de la même façon, quand on marche dans un tunnel où règne l'obscurité, on se sent perdu et le désespoir grandit et il suffit que l'on voit au loin une lumière, pour qu'on la suive, d'un pas assuré, alors qu'on ne voit rien alentour. On pourrait résumer abusivement par cette phrase : l'espoir croît quand on croit. Mais, plus que l'espoir, la religion donne la possibilité à l'homme de se sentir appartenant à une communauté. Et ce besoin peut facilement être exploité par des sectes, par exemple.

4. Solutions possibles et dangers de celles-ci

      4.1 Pourquoi de nouvelles recherches spirituelles?

Nous venons de le voir, pour "être de nouveau bien dans sa peau", on a besoin aujourd'hui de dialoguer avec notre inconscient et d'utiliser toutes ses fonctions (aux niveaux artistique et spirituel, essentiellement). Ce manque de spiritualité peut se révéler néfaste. Par exemple, on peut facilement imaginer quelqu'un qui est au chômage et qui n'appartient à aucune communauté. Cette personne a été rejetée par la société, et veut donc croire en "quelque chose", pour ne pas sombrer dans une désespérance profonde. A quoi peut-il croire? A des religions "classiques"? Non, parce qu'elles paraissent dépassées (catholicisme,...). Et c'est cela qui a permis le développement des sectes. Mais toutes les nouvelles religions ne sont pas des sectes, et les nouveaux mouvements spirituels dits Nouvel Age sont à analyser différemment.

      4.2 Le Nouvel Age (ou New Age)

De plus en plus, les gens se tournent vers la philosophie. L'exemple le plus récent est l'ouvrage du norvégien Jostein Gaarder, Le monde de Sophie (voir la revue Le Point du 4 mars 1995). Ce livre est le premier livre philosophique à avoir un tel succès mondial : aussi bien en Allemagne qu'aux Etats-Unis, au Danemark qu'en Italie. Ainsi, on veut croire plus à des idées philosophiques qu'à des religions proprement dites. L'attrait des religions orientales s'est donc développé, et on ne compte plus les personnes qui s'inspirent des concepts tibétains pour leur recherche personnelle, tout en tenant compte des recherches scientifiques actuelles. Et justement, le Nouvel Age, c'est cela : utiliser les conceptions profondément philosophiques des anciennes religions (on se servait alors beaucoup de l'hémisphère droit du cerveau) avec les dernières conceptions des scientifiques (on se sert énormément de notre hémisphère gauche). Ainsi, le Nouvel Age arrive à nous séduire, mais peut-être trop : il y a souvent des sectes qui, par exemple, se disent en accord parfait avec l'esprit tibétain et qui font leur commerce de cette façon. Mais les avantages du Nouvel Age, c'est qu'il permet de se remettre en question, et donc nous n'acceptons alors que ce qui est réellement bon pour chacun de nous.

      4.3 Le développement personnel

Les problèmes créés par la société, tels le chômage, incitent les gens à penser qu'ils sont de trop et qu'ils n'ont rien de plus que les autres. Les entreprises, en ne cherchant que des personnes productives ne prennent pas en compte toute la créativité potentielle que tout homme a. Et, comme le dit André Tubeuf dans la revue Le Point (n°1172), l'enseignement a aussi été touché, et on ne cultive plus les qualités essentielles de chacun, qui sont l'apanage de notre hémisphère droit. Alors comment retrouver sa personnalité propre et ses capacités créatives? Les techniques de l'hypnose que l'on vient d'étudier permettent de se ressourcer intérieurement et de se découvrir (ou plutôt, de découvrir notre inconscient). Souvent, en sortant d'une séance de sophrologie, on est étonné des effets positifs que cela engendre. En considérant l'inconscient comme une force à part entière, on peut alors trouver dans les rêves son expression créatrice.
Par conséquent, toutes les techniques basées sur l'utilisation de l'inconscient induisent une confiance en soi beaucoup plus grande : on voit que l'on est différent des autres, que l'on peut créer des choses que les autres ne peuvent créer. Les répercussions sont si positives, que des revues, telles Psychologies s'appuient sur ces techniques. Mais il faut faire très attention aux arnaques financières... 

Conclusion  

Nous avons vu l'hypnose et le rêve qui sont deux formes adoptées par l'inconscient pour se révéler à nos yeux, mais on a longtemps voulu ignorer leur réalité. On ne voulait voir dans le rêve qu'un mélange aléatoire de souvenirs, ne servant à rien d'autre qu'à reposer le cerveau. Par les recherches, on a montré qu'il y avait une activité cérébrale importante. Mais alors, pourquoi rêvons-nous? On peut alors concevoir que le cerveau a besoin de rééquilibrer l'utilisation du cerveau droit avec le cerveau gauche, c'est-à-dire retrouver l'équilibre entre l'inconscient et le conscient, trop présent dans la vie de tous les jours. Et, en cette fin de siècle, c'est comme si une ère se terminait : on ne considère plus la science, comme la seule vérité. En voyant la tendance actuelle des gens à se tourner vers des questions philosophiques, on peut prédire sans risque que la spiritualité et la religiosité vont jouer un rôle important dans les années à venir, l'inconscient va reprendre une place plus honorable.
Mais ce changement s'effectuera-t-il sans heurt, et que doit faire la société pour intégrer cette évolution? Quels sont les dangers? La puissance des sectes est très grande, et l'appât, de plus en plus attractif. Doit-on faire des lois pour bien distinguer les nouvelles religions avec les sectes? Ce sont des questions à élucider, avec toute la sagesse des anciens et avec la connaissance actuelle. 

Remarque
Ce mémoire a été réalisé en binôme,
pendant l'année scolaire 1994/1995,
dans le cadre de l'IUT informatique d'Orsay (2
nde année),
matière "techniques d'expression".
Le thème était libre.
  
 

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