vendredi 28 janvier 2011

L'interprétation selon Jung



Jung avait coutume de poser une simple question, à ses patients qui se débattaient dans des problèmes d'apparence insolubles :
" Et que disent vos rêves ? "

Il racontait alors combien il était frappé de lire sur leur visage une expression de perplexité mêlée d'étonnement, comme si pour eux il était évident que le rêve ne représentait rien de sérieux, rien qui en tout cas soit digne d'attention.
     Tout à l'inverse, Jung y accordait le plus grand crédit, et allait même jusqu'à affirmer que le rêve contient le diagnostic, le pronostic et le traitement.
Après Freud, Jung voit dans le rêve la voie royale pour aller à la rencontre de l'inconscient.
     Le rêve, en compensant une attitude consciente trop unilatérale, constitue souvent une invitation à élargir notre personnalité en accueillant les contenus de l'inconscient.












En effet, Jung pencherait vers une hypothèse selon laquelle le rêve serait le gardien du sommeil. Il fait place à une certaine compréhension intuitive, sa psychologie est une science de l'âme en tant que réalité immatérielle et transcendante.
Selon Jung, si le rêve peut paraître incohérent ou sans sens, c'est qu'il a son propre langage. Un langage Symbolique et limité. Alors que pour Freud, le récit du rêve cache des idées chroniques inconscientes.
Pour Jung, le récit imagé du rêve ne peut être le déguisement d'un message inconscient mais bien le message inconscient lui-même exprimé dans un langage de symboles.
Ils peuvent nous révéler un sens caché à nos épreuves, à nos souffrances. Les symboles qu'ils recèlent nous permettent d'entrevoir des voies nouvelles là où notre moi ancien restait bloqué et stagnait dans des problèmes apparemment sans issue. Ils nous guident vers la découverte de notre créativité vivante.


















Cette gravure alchimique illustre, selon Jung, la relation de transfert qui se noue sur le plan inconscient entre analyste et analysant.
C'est aussi l'image du dialogue qui s'instaure entre notre moi conscient et l'inconscient.













Un autre point sur lequel se base Jung sur son étude du rêve est la symbolique. En effet, le point de vue finaliste Jungien, qui succède à la théorie freudienne se fonde sur le fait que les images oniriques sont le reflet de situations psychologiques très variées. Il considère que les symboles pendant l'activité onirique n'ont pas de sens secret.

Dans la théorie Jungienne, l'inconscient s'exprime directement dans le rêve, dans son propre langage, sans l'intervention de refoulements qui viennent transformer les idées inconscientes qui tentent de s'actualiser par le rêve.
Contrairement à Freud qui interprète les rêves comme des désirs refoulés, Jung pense que c'est plutôt le contexte qui est à l'origine de l'activité onirique.
Jung propose d'abord de considérer le rêve comme une activité s'exerçant involontairement en nous pendant la nuit. Outre la fonction compensatrice du rêve qui relie le conscient et l'inconscient, Jung distingue la fonction prospective du rêve.
Nous avons vu que Freud accordait au rêve une fonction d'équilibre psychique grâce à la réalisation de désirs refoulés souvent liés à la sexualité infantile alors que pour Jung le rêve est plus que l'expression du désir :
- Il contient un sens prospectif, c'est-à-dire tourné non seulement vers le passé mais vers le devenir global de la personnalité.
Il s'agit d'une anticipation d'activité diurne à venir faite par l'inconscient. C'est une préparation, une simulation de la future activité qui perturbe (consciemment ou pas) une personne.

C'est d'ailleurs parce qu'il a souligné cette dimension "prospective" de l'inconscient que Jung a dû se séparer de Freud. Il est donc porteur d'un dynamisme de changement intérieur, d'un processus de transformation de la personnalité présent dans l'inconscient, que Jung a appelé "processus d'individuation".
Nos rêves sont donc des balises qui éclairent et jalonnent notre cheminement intérieur. Ils émanent d'une sorte d'intelligence secrète à l'œuvre au plus profond de nous et, tel un fil d'Ariane, nous guident vers un renouvellement de notre être, vers une métamorphose intérieure.
Si le rêve cherchait à résoudre un conflit, ce ne serait peut-être pas par anticipation mais bien en remplacement d'un souvenir inconscient, marquant et douloureux.

D'après Jung, la fonction compensatrice du rêve servirait à l'équilibre psychique
des individus relativement stables à un moment de leur vie tandis que la fonction prospective entrerait plutôt en jeu lorsqu'une personne est en proie à des problèmes psychiques et que sa conduite est ressentie comme inadaptée.

Par exemple, lorsque Jung interprète un rêve il procède de la façon suivante : il divise une page en trois colonnes :
- Dans la première, il inscrit le récit du rêve.
- Dans la deuxième, la plus large, il inscrit le contexte alimenté par les associations du rêve, c'est à dire ce que signifient les images oniriques pour lui et les liens qu'il peut faire avec sa vie consciente.
- Dans la troisième, une fois le contexte établi, il note les hypothèses de conclusions qu'il peut établir en tenant compte des liens entre les divers éléments.

Cette définition Jungienne des archétypes et leur caractère inné s'accorde avec la "programmation génétique des comportements instinctifs", proposée par M. Jouvet comme fonction du sommeil paradoxal lors de la maturation cérébrale :
"Tout comme le corps humain est une collection complète d'organes, de même nous trouvons dans l'esprit une organisation (fonctionnelle) analogue... L'archétype est une tendance instinctive naturelle, aussi marquée que l'impulsion qui pousse l'oiseau à construire son nid, et les fourmis à s'organiser en colonies.
Si le caractère inné des archétypes étonne, que dire de la complexité des fonctions symbiotiques des insectes, car la plupart d'entre eux ne connaissent pas leurs parents, et n'ont reçu d'enseignement d'aucune sorte."

Ainsi, la neurobiologie moderne et la conception Jungienne du psychisme, de l'inconscient et du rêve se complètent pour décrire le sommeil paradoxal et le rêve comme une fonction psycho-physiologique naturelle.










« C'est la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante. »

L'alchimiste Paulo Coelho



















La fontaine mercurielle, dans cette gravure
alchimique, représente
l'inconscient, fontaine de vie, matrice de renaissance, source du renouvellement intérieur de la personnalité.

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