samedi 8 janvier 2011

le premier rêve de Dora


le premier rêve de Dora

mor_tisJe le rappelle, Dora est l'héroïne de la première des cinq psychanalyses. Ce texte de Freud devait d'abord avoir pour titre « Rêve et hystérie ». Deux rêves servent en effet de point d'appui pour décrire l'histoire de cette analyse.
Le premier rêve est un rêve à répétition qui donc d'emblée attire toute la curiosité  de Freud.
« Il y a un incendie dans une maison, me raconte Dora, mon père est debout devant mon lit et me réveille. Je m'habille vite. Maman veut encore sauver sa boite à bijoux, mais papa dit : « je ne veux pas que mes deux enfants et moi soient carbonisés à cause de ta boite à bijoux. » Nous descendons en hâte, et aussitôt dehors, je me réveille. »

Tandis que Freud poursuivait, avec les associations de Dora, le déchiffrage de ce rêve, il lui demanda soudain si elle savait pourquoi on interdisait aux enfants de jouer aux allumettes. Elle répondit bien sûr que c'était à cause du danger d'incendie mais  Freud lui en donna une autre explication : « on craint qu'ils ne mouillent alors leur lit [...] Ils rêveront de feu et essayerons alors de l'éteindre avec de l'eau. »

C'est donc ainsi, à propos de ce rêve, que Freud évoque l'énurésie infantile de Dora et suscite le souvenir de son père venant la réveiller pour lui éviter de mouiller son lit.
Dans les pages qui suivent Freud évoque aussitôt les liens de l'énurésie avec la masturbation infantile.
J'ai pris quelques notes sur l'arrêt de la masturbation et de sa conséquence, l'énurésie, sous l'effet du complexe de castration. Cela éclaire en effet un peu plus   ce que Freud raconte à propos ce premier rêve de Dora et comment son père venait la réveiller pour l'empêcher de mouiller son lit.

Freud dans deux textes "Le déclin du complexe d'Œdipe" et "Quelques conséquences psychologiques  de la différence anatomique entre les sexes", oppose le destin différent des filles et des garçons. Il faut je pense repartir de là :

Les garçons abandonnent leurs liens d'amour et de haine à leurs objets parentaux, du fait du complexe de castration, par peur de perdre leur organe.  Ils abandonnent du même coup la masturbation.
Pour les filles, la forme de leur complexe de castration, à savoir la découverte de leur manque phallique, les pousse au contraire à entrer dans l'Oedipe, c'est à dire à choisir leur père comme objet d'amour.
Avant cette entrée dans l'Œdipe, elles se comportaient exactement comme des garçons, avaient choisi leur mère comme objet d'amour et considéraient leur père comme un rival dans l'amour de leur mère. C'est ce que Freud appellera, un peu plus tard, dans les années 1930,  le pré-Œdipe.
L'activité masturbatoire de la petite fille est liée à ce lien à la mère. Elle est elle aussi abandonnée du fait de complexe de castration mais pas pour les mêmes raisons. C'est, d'après Freud, liée à la notion de l'insuffisance clitoridienne mesurée à l'aune de l'organe viril.
Donc c'est sous l'influence du complexe de castration que la petite fille entre dans l'Œdipe, après avoir renoncé à sa mère, et à la masturbation infantile.
Son envie du pénis se transforme en désir d'obtenir un enfant du père.

Dans ce rêve, de par l'opposition signifiante de l'eau et du feu, Freud commence donc le déchiffrage de ce rêve. Un autre élément de son récit peut    également être mis en évidence : par le fait que ce soit son père  qui réveillait Dora pour l'empêcher de mouiller son lit, ne pourrait-on pas  rajouter qu'il  l'empêchait ainsi de rester  assujettie au désir de sa mère ?

S.Freud, Les cinq psychanalyses, P.U.F. 
Posté par Fainsilber

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