lundi 7 février 2011

Les somnifères ne servent à rien contre l'insomnie chronique



Essentiel santé : Quelles sont les principales causes de l'insomnie ?
Dr Joseph Dib : Pour la plupart, les insomnies sont liées à un défaut d'hygiène entraînant un décalage du rythme du sommeil : retard d'endormissement, réveil prématuré, allègement du temps du sommeil avec des réveils multiples. L'anxiété, une émotion, une rupture… sont le plus souvent à l'origine d'une perturbation de notre rythme du sommeil et responsables de beaucoup d’insomnies chroniques. Par ailleurs, l'insomnie peut aussi être un des symptômes de certaines maladies, psychiatriques ou neurologiques : dépression, psychose, maladies du système nerveux central ou maladies dégénératives, comme la maladie de Parkinson par exemple. Mais certains traitements peuvent aussi être à l'origine d'une insomnie : c'est le cas de certains antidépresseurs qui peuvent entraîner une modification du rythme du sommeil ou une insomnie vraie. Enfin, tous les médicaments psychostimulants contenant de la caféine, des amphétamines ou d'autres molécules, peuvent également entraîner une insomnie.

 E .S : Quels sont les retentissements des insomnies sur notre santé ?
Dr J.D. :
La conséquence majeure des insomnies, c'est la fatigue dans la journée. Cette fatigue est le plus souvent associée à une baisse de la concentration et de la vigilance, à des accès de somnolence au cours de la journée, à des pertes de contrôle de véhicules par exemple. L'insomnie, quand elle perdure, peut-être à l'origine d'une véritable fatigue chronique, voire d'un syndrome de fatigue chronique.

E.S : Comment les médecins spécialistes du sommeil prennent-ils en charge les personnes victimes d'insomnies chroniques?
Dr J.D. :
Dès que l'insomnie retentit sur la qualité de vie au cours de la journée, il faut la traiter et consulter un médecin, spécialiste du sommeil. Nous arrivons à améliorer les personnes qui souffrent d'insomnie en leur apprenant les règles d'hygiène du sommeil. Aujourd'hui, nous insistons beaucoup sur les méthodes de relaxation qui évitent la consommation excessive des somnifères. Mais, il faut adapter ces méthodes au cas par cas. La relaxation facilite l'endormissement et la qualité du sommeil. Il faut éviter le plus possible la prescription de somnifères ou de tranquillisants, en dehors de l'insomnie aiguë qui peut entraîner une prise de somnifères de trois semaines au plus. Les somnifères ne servent à rien contre l'insomnie chronique. Ils posent surtout des problèmes : de dépendance, de désaccoutumance et de sevrage. En revanche, on peut prescrire certains médicaments régulateurs du sommeil comme les antidépresseurs.

E.S : En dehors de l'insomnie chronique, d'autres troubles du sommeil nécessitent-ils un bilan spécialisé ?
Dr J.D. :
Plusieurs troubles du sommeil nécessitent une approche spécialisée dans un laboratoire du sommeil. Certaines personnes sont victimes de troubles respiratoires au cours du sommeil. En fait, leur cerveau omet de déclencher leur respiration à certains moments. Ces "apnées du sommeil" provoquent des réveils multiples et peuvent entraîner des problèmes cardio-vasculaires. La narcolepsie mérite aussi que l‘on consulte. Cette maladie du sommeil se caractérise par des endormissements soudains au cours de la journée et un excès de somnolence diurne, elle s'accompagne quelque fois d'une chute de tonus. Maladie génétique à transmission familiale, la narcolepsie est très fréquente et son diagnostic est réalisé dans un laboratoire du sommeil. Il est ensuite confirmé par une étude des groupes génétiques. Actuellement, on gère cette maladie par des médicaments d'éveil, véritables stimulants du système nerveux qui n'entraînent pas d'accoutumance. Les impatiences, encore appelées "syndrome des jambes sans repos", sont un autre trouble du sommeil dont on ne connaît pas l'origine. Ce sont des contractures musculaires au niveau des jambes qui obligent la personne à se lever et à marcher, au moment de l'endormissement ou en pleine nuit. Nous traitons aussi les problèmes de sevrages difficiles aux somnifères, de ronflement et des troubles de la mémoire chez les personnes âgées.

Entretien avec le docteur Joseph Dib, neurologue et spécialiste du sommeil

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